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28 mars 2024

La télé en boucle : Un assassinat en direct dans nos salons


Je n’arrête pas de zapper pour éviter de regarder le spectacle dégradant que nos médias nous présentent en boucle depuis quelques jours. Que nous soyons alliés par intérêts avec des rebelles massacrant leur « dictateur » est une chose mais qu’on assiste au lynchage d’un homme parce que ça fait « nouvelle » est intolérable. Quel qu’il fut, Mouammar Kadhafi était d’abord un homme et au nom de l’humanité qu’il nous reste dans ce monde de gestionnaires, serait-il possible de ne pas être témoin d’un assassinat en direct dans nos salons en compagnie de nos enfants.

Justement, nos enfants, on leur enseigne de belles valeurs! On leur dit d’aimer les petits camarades avec leurs différences, les adversaires dans le sport et même les gros méchants loups. On leur dit qu’il faut pardonner pour être vraiment libre. On leur bourre le crâne avec des inepties comme : tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau. Et ils croient, ces petits, qu’ils sont guidés par des adultes évolués.

Qu’est-ce donc, être civilisé? Être de gauche et faire ses courses avec un sac recyclable pour sauver la planète? Ou bien organiser des élections où les politiciens vainqueurs vendront au plus bas prix les richesses du peuple à des groupes internationaux?

Ah! Oui, nous sommes fiers d’être du bon côté. Nous abandonnons parfois notre identité invoquant une seule culture, celle d’être humain. Wow! Ben! N’oubliez pas de lire le codicille au bas de la page qui stipule que la seule civilisation est celle du profit.

Les corporations et leurs complices ont inventé la mondialisation en nous faisant croire que les échanges entre terriens uniraient l’humanité. Yeah Right! Quelqu’un disait que la mondialisation c’était de faire travailler des esclaves pour vendre des trucs à des chômeurs.

Pour lier cette fricassée quoi de mieux comme corn starch que le mot « démocratie. » Quel rapport, me direz-vous, avec l’assassinat de Kadhafi? Le rapport est là et comment!

Pendant qu’on se gargarise avec des paroles creuses, la colonisation en Afrique continue sous une forme plus expéditive mais plus hypocrite que les précédentes. Le truc, en fait, pour avoir l’air détendu, c’est l’invention d’un principe flexible : le droit d’ingérence. Ce qui veut dire que lorsque qu’un dictateur  ne veut pas céder ses richesses, on accentue l’horreur du personnage et l’on intervient pour protéger la population en la bombardant sans complexe. On nettoie la place pour éviter des souffrances humaines. Ça fait rouler l’économie de nos pays déficitaires. Par contre, si un autre dictateur, voisin de celui-ci, est sans richesse, ou s’il a des alliés trop puissants, on oublie d’aller chez l’oculiste. Le jeu n’en vaut pas la chandelle et nos médias ne s’en scandalisent point.

Réjouissons-nous, la table est mise. Nos pays peuvent enfin se partager le gâteau nommé Libye. C’est à qui mettra son ambassade en premier. C’est à qui flattera le bon rebelle dans le sens du poil, peu importe s’il fait partie d’un groupe terroriste que l’on combat ailleurs. Le tout est de décrocher le plus de contrats, le plus de pétrole, le plus de commandes pour nos entreprises. Justement celles qui sont pro mondialisation. Les grosses. Pas les PME qui ferment leur porte.

Et l’on assiste malgré nous à une liesse populaire qui ressemble à s’y méprendre à un lynchage en règle. On trouve que ces scènes médiévales sont de bon ton et l’on perd le sens civique. Que vais-je dire maintenant à mes petits-enfants, sur les valeurs de tolérance après qu’ils aient assisté à la férocité des hommes en direct. Comment leur dire, maintenant de ne pas jouer à ces jeux vidéo trop violents, que cela pourrait les empêcher de dormir la nuit?

Où sont donc ces adultes évolués, phares de l’éducation de nos enfants? Pas derrière le petit écran, en tout cas. Mais oui, je sais, l’important, c’est de raconter des histoires qui font monter la cote d’écoute. Mais moi, ces images d’une cruauté indicible ont choqué ma condition d’être humain et je n’ai pas dormi de la nuit.

S.L.S
Publié par Le Poulet Libéré

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