Aller à…
RSS Feed

23 avril 2024

Extradition d’Al Mahmoudi : crime d’Etat des autorités tunisienne Par Hans CANY


Extradition d'Al Mahmoudi : crime d'Etat des...
Kssi Kssou El Mariachi27 juin 2012
Extradition d’Al Mahmoudi : crime d’Etat des autorités tunisienne

Par Hans CANY

Le dimanche 24 juin 2012 restera une marque d’infamie qui souillera à tout jamais les nouvelles autorités tunisiennes, dominées par le parti islamiste Ennhada. Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, ancien secrétaire du Congrès Général du Peuple de la Jamahiriya libyenne (et non « ex-Premier ministre » comme on le lit trop souvent, la Jamahiriya n’ayant jamais eu de ministres en titres et encore moins de « Premier ministre ») a été livré en catimini aux renégats du CNT. Une initiative prise à l’insu même du président tunisien, qui s’opposait théoriquement à toute initiative de ce type tant que la Libye ne disposerait pas d’un gouvernement élu…

Sitôt arrivé à Tripoli, sitôt torturé : selon les rares informations dont on dispose, Al-Mahmoudi, tombé entre les griffes de membres d’Al-Qaïda tristement réputés, a immédiatement commencé à subir de mauvais traitements, sévices corporels et humiliations à la clé. Crachats collectifs, coups, insultes, menaces des pires supplices. Les séances de torture ayant d’ores et déjà commencé, on sait que le pauvre homme a le visage tuméfié, et qu’il aurait eu les ongles arrachés. Suite à un « interrogatoire » particulièrement musclé, ayant entraîné une hémorragie interne, il a déjà dû être évacué en urgence vers le service des soins intensifs d’un hôpital de Tripoli. Sans le moindre doute, il ne pourra survivre très longtemps à ce type d’exactions.

C’est donc en parfaite connaissance de cause que le gouvernement voyou de Tunis a décidé d’envoyer à la torture et à une mort quasi certaine un réfugié qu’il maintenait injustement en détention depuis neuf mois, ce qui constituait déjà une violation des traités internationaux en matière de droit d’asile. En le livrant ainsi pieds et poings liés aux bourreaux sanguinaires d’un autre Etat voyou, dirigé par une clique de criminels notoires, l’Etat tunisien se rend à présent lui-même complice -et coupable- d’un crime bafouant les règles les plus élémentaires du Droit international comme des Droits de l’Homme.
Ainsi que l’a immédiatement souligné Maître Ceccaldi, avocat français d’Al-Mahmoudi, cette extradition scandaleuse les viole en effet à au moins deux titres. D’une part, elle viole le droit tunisien lui-même, puisqu’elle aurait dû au préalable être avalisée par le président du pays. Et d’autre part, elle est aussi illégale puisque la Cour africaine des Droits de l’Homme avait précisément été saisie d’un recours contre cette extradition.

Maître Ceccaldi a notamment déclaré : « Il s’agit d’une extradition vers un État voyou de la part d’un gouvernement qui a des pratiques de voyous. » Il a en outre déploré le « double langage du gouvernement islamiste tunisien. Ce gouvernement parle de démocratie, de libertés et de droits de l’Homme mais dans la pratique, ils n’ont de cesse que de les violer car en Tunisie, aux termes des textes applicables, c’est le président de la République qui doit signer le décret d’extradition. (…) Organiser ce véritable rapt alors que la CADH était saisie relève de pratiques de gangsters et de voyous »

Maître Ceccaldi a rencontré son client pour la dernière fois le 16 juin 2012. Al-Baghdadi Al-Mahmoudi lui avait fait part de son intention de contacter prochainement avec le juge Van Ruymbeke, en vue de faire des révélations concernant notamment le financement de la campagne d’un certain homme politique français en 2007, ainsi que certaines questions d’enrichissement personnel. Cette condamnation à mort programmée via une extradition illégale vient-elle donc, à point nommé, faire taire une voix potentiellement très embarrassante ?… Le silence assourdissant des médias occidentaux -et français en particulier- quant au sort épouvantable d’Al-Mahmoudi, en tout cas, témoigne bien d’un parti pris complice sinon coupable, doublé d’une faculté d’indignation à géométrie décidément très variable…

Cette extradition honteuse vient de déclencher une crise politique majeure en Tunisie, le président de la république étant furieux d’être ainsi mis devant le fait accompli. La population tunisienne, quant à elle, est largement indignée par cet acte tout aussi odieux qu’inattendu. En guise de représailles, et en signe de protestation contre ce crime d’État d’une grande lâcheté, l’ambassade et le Consul de Tunisie a Tripoli ont d’ores et déjà été la cible de plusieurs attaques depuis le lundi 25 juin, dont une au cocktail Molotov.

Nous n’oublierons pas. Nous ne pardonnerons pas.

Partager

Plus d’histoires deLibye