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20 avril 2024

Rechute coloniale de la France


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Au fil des jours et des lectures n°157

19.01.2013

 

Rechute coloniale de la France

Que Giscard se permette de dénoncer la politique néocoloniale de François Hollande et de son gouvernement est un coup de chapeau magistral tiré par un vieux routard du néocolonialisme à un jeune qui vient de faire des débuts remarqués dans cette discipline. Débuts très prometteurs et qui laissent espérer à la droite française  que l’ensablement prévisible des socialistes au Sahel va lui rouvrir sans trop tarder les portes du pouvoir, d’où la satisfaction gourmande de Giscard.

Souvenons nous qu’il a fallu 20 ans à l’exceptionnel manœuvrier qu’était Mitterrand pour faire oublier son passé algérien et se retrouver en position de challenger de la droite en 1974 et encore 7 ans pour parvenir au pouvoir.  Quelques mois après le 10 Mai 1981 le ministre Jean-Pierre Cot qui  proposait une politique nouvelle de la France en Afrique était remercié et le discours de Cancun allait vite tomber dans l’oubli.

Pour éclairer cette rechute deux documents :

–        quelques extraits du livre de Guy Labertit déjà cité dans AU FIL DES JOURS N°155, livre qui mérite d’être lu car il constitue un témoignage rare, sincère et sans acrimonie sur le fonctionnement interne du PS en matière africaine

–        une déclaration du PADS algérien au sujet de la visite de François Hollande à Alger publiée par ETINCELLES revue théorique du PRCF (Pôle de renaissance communiste de France) n°24 Janvier 2013.

 

Dans les coulisses du PS

Guy Labertit militant du Parti socialiste issu du PSU  fut, de 1993 à 2006, responsable Afrique au sein de ce parti.

Par analogie avec les partis de droite au pouvoir et pour le taquiner, ses camarades l’appelaient souvent « Monsieur Afrique » Il fut remplacé à ce poste en 2006.

Dans un livre (« Abidjan sur seine – Les coulisses du conflit ivoirien » Editions Autres temps 2008) consacré à cette expérience et particulièrement aux relations difficiles entre le PS français et le Front Patriotique ivoirien (FPI) adhérent à l’Internationale socialiste et son fondateur le Président de la Côte d’Ivoire élu en 2000, Laurent Gbagbo, il fournit quelques éclaircissements sur les leaders de ce parti et sur son mode de fonctionnement.

Le livre couvre la période où Français Hollande est Premier secrétaire du PS. Le témoignage de Guy Labertit publié en 2008 n’en est que plus éclairant et ne peut pas avoir été influencé par  les évènements de la période suivante. En effet quand Guy Labertit  écrit son livre  entre 2006 et 2008, François Hollande n’a pas encore été choisi comme candidat socialiste à l’Elysée.

François Hollande est souvent présent dans les chapitres successifs qui expliquent que les faveurs initiales dont jouit Laurent Gbagbo au sein du PS vont laisser place après la victoire de Chirac en 2002 et plus encore après celle de Sarkozy d’abord à une prise de distance du PS avec le Président ivoirien et son parti pour finir par un alignement complet du PS sur les positions de la droite au pouvoir au moment des présidentielles ivoiriennes de 2010 et du renversement de Laurent Gbagbo par un coup d’Etat militaire français le 11 Avril 2011.

François Hollande est au cœur de ce processus.

Quelques extraits :

: « François Hollande – sans doute celui qui, à la tête du PS, a éprouvé le moins d’intérêt pour les relations internationales, surtout extra-européennes – a toujours eu un rapport plutôt distant à tout ce qui touchait l’Afrique. En novembre 1998, il m’a dit tout de go après avoir rencontré un président africain : « Guy j’admire ta ténacité dans ton engagement, mais en Afrique, il n’y a que des coups à prendre. ».      

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Les accords de Marcoussis ont permis à Dominique de Villepin de « tordre le bras » ,selon ses propres termes, à Laurent Gbagbo  en lui imposant de partager le pouvoir avec la rébellion armée soutenue par la France.

Dés son retour à Paris, l’ambassadeur Renaud Vignal ne va pas se priver de régler ses comptes avec un chef d’Etat africain qui n’a pas apprécié ses manières de proconsul flamboyant. Issu comme Renaud Vignal du département de la Drôme dont il est député socialiste Eric Besson, nouvelle étoile de la galaxie Sarkozy va être son plus sûr relais au sein de la direction du parti socialiste. Au bureau national du 4 mars 2003, il déclare avec la fougue du néophyte en questions africaines : « Laurent Gbagbo est undictateur dont le pouvoir repose sur des milices fascistes ! » tout à fait dans le ton du point d’information produit par son ami Vignal le12 février précédent. Ce soir là il demande que le bureaunational entende le diplomate dans un mélange des genres qui ne le trouble pas. L’attitude à suivre par rapport à la situation en Côte d’ivoire déchire le parti socialiste et son premier secrétaire François Hollande dont on sait l’art consommé à esquiver les conflits, n’est plus en capacité de faire synthèse sur la question.

 

Dés lors chaque responsable socialiste  y est allé de sa petite phrase dont la plus malheureuse « Gbagbo est un personnage infréquentable » a été lancée par François Hollande lui-même surfant comme à l’accoutumée sur l’écume des vagues médiatiques de « l’affaire Julia »

Gbagbo a en effet prêté  un avion présidentiel au député RPR Didier Julia pour un sauvetage d’otages français en Irak opération qui capotera lamentablement.

Alors que peu à peu de plus en plus d’africains éprouvaient une sympathie nouvelle à l’égard de Laurent Gbagbo prenant conscience de l’acharnement du président français à son encontre, François Hollande n’a pas mesuré combien sa formule péremptoire assénée à un autre socialiste historique d’Afrique le disqualifiait aux yeux de toutes les gauches de ce continent et tachait sans doute de façon durable le parti socialiste français au regard des jeunesses d’Afrique. Bien des mois plus tard, Laurent Gbagbo m’a commenté le propos définitif en ces termes : « François a été en dessous de tout » ajoutant sous forme de boutade :  « Je le reverrai un jour, s’il est président ! »

——————————————————————————————————————————————————————————————-         Guy Labertit participe  au Congrès du mans du PS novembre 2005

Aux plus proches, je dis que c’est mon dernier  congrès de délégué national à l’Afrique, une responsabilité que j’exerce depuis 1993 à l’issue du Congrès du Bourget.  Je suis reconduit dans cette fonction, mais en octobre  2006, et parce que je m’engage dans une voie professionnelle, comme convenu avec Pierre Moscovici, Thomas Mélonio, nommé rapporteur spécial Afrique après le Congrès du Mans, me succède. Il a 27 ans, trente ans de moins que moi, de l’ambition et de l’enthousiasme. Il en faut beaucoup pour donner vie à cette charge au PS devenu au niveau de sa tête un parti très hexagonal et sans âme hors des frontières.

Premier jour de guerre pour le jeune Hollande


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