COMMENT LA CHINE A FLINGUÉ LES ETATS-UNIS. Finance: L’AIIB, un poil à gratter

Posted on mar 26, 2015 @ 11:47

Allain Jules

Par Philippe Barret

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sipaL’Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB), lancée par la Chine en octobre dernier, divise l’Occident

La Chine considère qu’elle n’est pas traitée selon sa juste place dans certaines institutions internationales, comme le FMI ou la Banque mondiale, et que ce mauvais traitement, elle le doit aux États-Unis et à leurs alliés. Aussi a-t-elle pris la décision de créer une banque d’investissement à vocation régionale, destinée à investir, en Asie, dans les domaines des transports, de l’énergie, des télécommunications et d’autres infrastructures. L’AIIB – Asian Infrastructure Investment Bank – devrait être opérationnelle à la fin 2015. C’est une concurrence non seulement pour la Banque mondiale, mais aussi pour la Banque asiatique de développement, où les États-Unis et le Japon sont tout-puissants.

Le capital initial, de 50 milliards de dollars, a été apporté pour l’essentiel par la Chine, l’Inde, le Pakistan, le Vietnam et Singapour. Mais la plupart des pays d’Asie participent à cette initiative. Soumise aux pressions des États-Unis, la Corée du Sud réserve encore sa réponse, comme aussi l’Australie. Celle du Japon n’est pas attendue. Certains pays arabes se sont eux aussi joints à l’institution en gestation, comme l’Arabie saoudite, le Qatar, ou le Koweit.

L’entrée au capital de l’AIIB est ouverte aux pays occidentaux. Et l’on attendait de savoir quelle serait leur attitude. Les États-Unis ont vivement conseillé à leurs amis de s’abstenir, mettant en avant des arguments relatifs à l’insuffisance des normes de gouvernance ou de garanties sociales et gouvernementales. Mais ils ne les ont pas convaincus.

“La raison qui a conduit ces pays occidentaux à contrecarrer la recommandation américaine est claire : ils comptent bien faire profiter leurs entreprises de cette participation à l’AIIB dans les opérations qu’elle financera ”

Au début de mars, le ministre des Finances de la Grande-Bretagne, George Osborne, a fait connaître sa décision : son pays participera au financement de la nouvelle banque. Barack Obama n’a pas caché sa désapprobation. Et peu après, Wolfgang Schaüble, ministre allemand des Finances, a fait connaître la même décision : “Nous soutenons le projet chinois d’établir une banque d’investissement pour les infrastructures”. Et, comme pour répondre à l’objection américaine, il a ajouté : “Nous voulons contribuer avec notre vaste expérience en matière d’institutions financières internationales, afin de façonner la banque et d’aider cette nouvelle banque à construire une solide réputation internationale en respectant des normes élevées”. Après quoi la France et l’Italie ont aussi décidé d’adhérer au projet chinois. Le Luxembourg a suivi, et la Suisse pourrait y venir également.

La raison qui a conduit ces pays occidentaux à contrecarrer la recommandation américaine est claire : ils comptent bien faire profiter leurs entreprises de cette participation à l’AIIB dans les opérations qu’elle financera. Aux États-Unis, devant l’échec des pressions exercées par l’exécutif, des voix se font déjà entendre pour un renversement de la position du Président.

Par Philippe Barret

(lenouveleconomiste.fr) Publié le