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20 avril 2024

INTERACTIF. Réfugiés : l’exil sans fin des migrants


Le Parisien

Ceux qui ont détruit la Libye et assassiné son guide sont responsables de ce drame. J’espère qu’il vont le payer

Ginette

>International|Camille Mordelet Et Charles De Saint Sauveur|31 août 2016,
Pozzallo (Sicile), en mai 2015. Des clandestins africains secourus en pleine mer par un navire de guerre italien.

(LP / Olivier Corsan.)

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Camille Mordelet Et Charles De Saint Sauveur
InternationalMigrantsEuropeRéfugiésFRONTEXLibye

Lundi, 6 800 Africains en route vers l’Europe ont été secourus au large des côtes libyennes. Parmi eux, de plus en plus d’enfants isolés.

Mer calme,horizon dégagé, pas d’avis de tempête en vue… Pour les migrants en quête d’Europe, la bonne fenêtre météo est le top départ d’une traversée périlleuse en Méditerranée. Depuis dimanche, une armada de petites embarcations de fortune se lance des côtes libyennes pour rejoindre le rivage européen le plus proche : l’île italienne de Lampedusa. Lundi, en seulement vingt-quatre heures, 6 800 migrants — sans doute un record — ont été secourus au large des côtes libyennes, principalement par les gardes-côtes italiens, mais aussi des navires de l’agence européenne Frontex ou des bateaux d’ONG. Hier, les secours ont porté assistance à 3 000 personnes. Un chiffre qui reste tout de même colossal. Et il n’y a aucune raison pour que les flux de la « route centrale » (celle qui part de Libye) se tarissent. En tout cas, pas tant que le chaos politique en Libye se poursuivra : depuis la chute de Kadhafi en 2011, le pays est ouvert à tous vents et les filières mafieuses de passeurs n’ont aucun mal à organiser leurs trafics.

 

 

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Qui sont-ils ?

 

Depuis le début de l’année, 112 000 personnes ont débarqué en Italie, à peu près autant que l’an dernier à la même époque (117 000). Sauf qu’en 2015, c’est entre la Turquie et la Grèce que le plus gros contingent de migrants était passé. Au total, des centaines de milliers de réfugiés avaient convergé vers l’Europe. Mais depuis l’entrée en vigueur des accords entre la Turquie et l’Union européenne en mars, cette route est presque coupée. Quelques centaines de personnes par mois parviennent à passer entre les mailles du filet : Syriens, Afghans, Irakiens… Ceux qui partent de Libye sont, eux, originaires d’Afrique subsaharienne ou de la Corne du continent : « Des ressortissants du Nigeria (20 %), d’Erythrée (12 %), du Soudan et de Gambie (7 %)… qui fuient des situations d’extrême pauvreté ou des zones de conflit », précise Céline Schmitt, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

 

 

 

 

Route de la mort

 

Cette mer, tant prisée des vacanciers, est devenue aussi le plus vaste cimetière marin du monde. Dans les huit premiers mois de 2016, les vies et les espoirs de 3 167 migrants ont été engloutis. Le pénible record de 2015 (3 771 décès) sera donc probablement dépassé. Pas étonnant, jugent les experts, constatant que les barcasses — souvent de simples bateaux pneumatiques mal gonflés — sont de plus en plus sommaires. « Les passeurs savent que leurs embarcations risquent de ne jamais leur revenir. Alors, ils les entassent sur des bateaux à moindre coût », explique Judith Sunderland, du bureau italien de Human Rights Watch. « Et ils économisent leur gazole avec l’idée que les autorités européennes iront les secourir. »

 

 

 

 

De plus en plus d’enfants

 

Le cynisme des passeurs n’est en rien attendri par le profil des migrants. Des femmes enceintes, des vieux, des malades… et désormais beaucoup d’enfants non accompagnés, s’alarment les associations. « Environ 15 % des passagers de ces bateaux voyagent sans leur famille. Ils n’ont parfois que 11 ou 12 ans. On ne sait pas expliquer ce phénomène assez nouveau. Peut-être que leurs parents n’ont pas assez d’argent à donner aux passeurs pour partir avec eux », soupire Céline Schmitt.

  Le Parisi

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