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28 mars 2024

Extrême gauche impérialiste



Thierry Meyssan revient sur le soutien de l’impérialisme US aux extrêmes-gauches durant la Guerre froide et à ses conséquences actuelles. Les groupuscules qui ont travaillé avec Social Democrats USA ont par la suite constitué aussi bien le mouvement néo-conservateur que la caution progressiste des Frères musulmans et du « printemps arabe ». En outre, ils forment des espions de choix pour la NED.

| Damas (Syrie)

Faucon US
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Georges Sabra, président du Conseil national syrien, puis de la Coalition nationale syrienne, avec Laurent Fabius, alors ministre français des Affaires étrangères.

Sous les présidences de Lyndon Johnson et de Richard Nixon, la CIA tenta de débaucher des militants communistes, partout dans le mode, et de les retourner contre Moscou et Pékin. C’est ainsi que, durant la guerre civile libanaise, Riyad el-Turki se sépara du Parti communiste syrien avec une cinquantaine de militants, dont Georges Sabra et Michel Kilo.

Ne restant pas isolés, ceux-ci prirent contact avec un petit parti d’extrême-gauche états-unien, Social Democrats USA, auquel ils s’affilièrent.

Durant les « années de plomb » que la Syrie a connue de 1978 à 1982 avec la campagne terroriste des Frères musulmans, George Sabra et Michel Kilo furent chargés par le leader de Social Democrats USA, Carl Gershman, de soutenir la Confrérie. Ils publièrent un texte assurant que la révolution mondiale était en marche, que les Frères musulmans étaient l’avant-garde du prolétariat, et que le « Grand Soir » viendrait grâce aux États-Unis. Ils furent alors arrêtés en raison de leur liens avec les terroristes.

En 1982, le président Reagan créa avec ses partenaires des « Cinq yeux », c’est-à-dire l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, une nouvelle agence de renseignement chargée de soutenir les oppositions internes des États communistes, la National Endowment for Democracy (NED).

Il maquilla cette agence intergouvernementale en « ONG » et la fit financer directement par le Congrès, et non par le gouvernement fédéral, quoique sur la ligne budgétaire du département d’État. Il en confia la direction à Carl Gerhsman.

Des militants de ce parti trotskiste le suivirent dans son voyage de l‘extrême-gauche à la droite du Parti républicain. Parmi eux, une bande de journalistes de la revue sioniste Commentary, qui entreront dans l’Histoire sous le nom de « néo-conservateurs », et des intellectuels, comme Paul Wolfowitz, futur secrétaire à la Défense adjoint.

Le point de rencontre entre cette extrême-gauche anti-soviétique et l’impérialisme états-unien se fit autour de la notion de « révolution globale ». Les Trotskistes avaient carte blanche pour y parvenir pourvu que ce soit contre les Soviétiques et non contre Washington et ses alliés.

Ils constituèrent quatre branches de la NED, une pour les syndicats, une pour les patronats, la troisième pour les partis de gauche et la quatrième pour les partis de droite. Ils avaient ainsi un moyen de soutenir n’importe quelle faction sociale ou politique, n’importe où dans le monde.

Actuellement, la branche destinée à corrompre les Partis de droite, l’International Republican Institute (IRI), est dirigée par le sénateur John McCain, qui est donc à la fois parlementaire d’opposition et fonctionnaire de l’administration qu’il conteste. La branche destinée aux Partis de gauche, le National Democratic Institute (NDI), est dirigée par l’ancienne secrétaire d’État Madeleine Albright.

Durant la préparation du « printemps arabe », l’extrême-gauche arabe continua à travailler avec les Frères musulmans. Ainsi le professeur Moncef Marzouki, futur président tunisien, ou le professeur Burhan Galioun, futur président du Conseil national syrien. Ainsi, ce grand laïque écrivit les discours de l’Algérien Abassa Madani, le chef du Front islamique du Salut en exil au Qatar.

Le discours de cette extrême-gauche est fondé sur des amalgames comme la conviction que tous les États arabes se valent, que ce soit l’Arabie saoudite du roi Salmane ou la Syrie du président el-Assad. Les seuls gouvernements qu’ils respectent sont ceux de Washington et de Tel-Aviv.

Aujourd’hui, Galioun, Sabra et Kilo sont les seules cautions de gauche de la prétendue « révolution syrienne » ; une fausse gauche, non pas au service de l’Humanité, mais de la domination du monde par les États-Unis et Israël.

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