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29 mars 2024

des femmes palestiniennes empêchent une démolition de maison en Cisjordani



Natasha Roth

Les forces israéliennes qui s’étaient présentées pour démolir une maison dans le village cisjordanien de Budrus ont rencontré un obstacle inattendu : des dizaines de femmes palestiniennes protégeant la maison de leurs corps.

Les femmes de Budrus, un village palestinien de Cisjordanie, ont transmis un message très fort, mercredi, quand elles ont empêché physiquement l’armée israélienne de procéder à une démolition de maison. Une vidéo de l’incident, prise par le journaliste Issam Rimawi, montre des dizaines de femmes palestiniennes debout sur le porche et le toit de la maison, pendant qu’en face, les jeeps de l’armée israélienne et les hommes de la police des frontières ne savent trop que faire. Sur le côté, on voir un groupe d’hommes du village, qui observent la situation.

 

Les femmes de Budrus ne sont pas des néophytes, dans ce genre d’exploits. En 2011, la lutte du village pour résister à l’occupation avait attiré l’attention internationale suite à la diffusion d’un documentaire, Budrus, qui montrait les tentatives des militants et organisateurs locaux de remodeler le tracé initialement prévu de la clôture israélienne de séparation. Le combat pour empêcher que la clôture ne coupe le village d’une énorme partie de ses terres et que l’on ne détruise des milliers d’oliviers, avait pris une nouvelle dimension dès que les femmes de Budrus s’y étaient activement impliquées. Des images de femmes affrontant physiquement les bulldozers et véhicules israéliens sont parmi les plus édifiantes du film. Dans l’une des rares victoires de l’activisme contre l’occupation, le tracé de la clôture fut redessiné – permettant au village de garder 95 pour 100 de ses terres. (Pour compléter l’information : +972 avait signé un partenariat avec Just Vision, l’organisation qui avait produit le film Budrus, afin de lancer et de gérer Local Call, notre site frère en hébreu.)

Budrus, Cisjordanie, 4 janvier 2017. Des membres des forces de sécurité israéliennes prennent position lors d’une confrontation avec des protestataires palestiniens après une tentative de démolition de maison prétendument construite sans permis, selon les autorités israéliennes. On peut voir à l’arrière-plan des dizaines de femmes entourant la maison ou se tenant sur son toit. (Photo : Flash90)

Ce moment de grâce ne signifia pas la fin des ennuis pour Budrus, naturellement : la violence israélienne contre le village s’est poursuivie, tant structurelle – du fait même de la poursuite de l’occupation – que physique. Des arrestations violentes affectent gravement la communauté, comme c’est le cas dans d’innombrables villages palestiniens de Cisjordanie. L’incident le plus grave a eu lieu en janvier 2013, quand des militaires des FDI ont abattu et tué Samir Awad, un jeune résident – 16 ans – du village. Le procès des soldats responsables s’est terminé en novembre dernier. Les accusés n’ont reçu qu’une petite tape sur les doigts.

Deux mois plus tard, exactement, les femmes de Budrus ont été confrontées aux mêmes uniformes et aux mêmes armes et elles n’ont pas cédé. Par conséquent, la maison de quelqu’un est restée debout. C’est le genre de persévérance qui constitue la vie quotidienne sous l’occupation.


Publié le 6 janvier 2017 sur +972
Traduction : Jean-Marie Flémal

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