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25 avril 2024

Témoignage d’un soldat israélien à Gaza!


Publié par Candide le dans Chroniques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un soldat de l’armée israélienne a accepté de témoigner auprès de l’organisation non gouvernementale « Breaking the Silence » au sujet du nettoyage ethnique opéré par l’Etat sioniste en été 2014.
Il montre ainsi l’ampleur de la cruauté humaine au cœur d’une milice dite “morale” par les inconscients.

Le soldat, qui a préféré gardé l’anonymat, était tireur à bord d’un char de combat. Il abordait la dernière ligne droite de son service militaire lorsqu’il a été envoyé à Gaza, nous informe le site Le Monde. – See more at: http://www.alnas.fr/actualite/en_vrac/article/confessions-d-un-soldat-israelien?utm_content=bufferad9a7&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=buffer#sthash.slYXmwht.dpuf
« Lorsque j’ai été appelé début juillet [2014], on a été réuni dans le Golan [au nord d’Israël]. On a attendu que les camions arrivent, puis on est parti vers le sud, à proximité de la bande de Gaza. On a commencé à préparer les chars. Personne ne vous parle à ce moment-là de la mission. Tout est flou, on discute entre soldats, on parle de nos peurs, on partage nos pensées. On passe le temps. Un jour, le chef du bataillon nous a réunis, pour nous briefer. “Demain soir, on entrera dans la bande de Gaza, nous a-t-il dit. Il faut penser à nos familles, à nos foyers. Ce qu’on fait, c’est pour leur sécurité.” Il nous a parlé des règles d’engagement. « Il y a un cercle imaginaire de 200 mètres autour de nos forces. Si on voit quelque chose à l’intérieur, on a le droit de tirer. »

« J’étais le seul à trouver ça bizarre. Il m’a répondu : « Si une personne voit un char et ne s’enfuit pas, elle n’est pas innocente et peut être tuée. » A ses yeux, il n’y avait pas de civils. Si quelqu’un peut nous causer du tort, il est coupable. La marge de manœuvre était très large, ça dépendait de moi et de mon commandant. On n’enquêtait pas sur la cible, comme on me l’avait enseigné pendant la formation. C’était du genre : je vois quelque chose de louche à la fenêtre, ou bien cette maison est trop proche de nous, j’ai envie de tirer. « OK ! », disait le commandant. C’était la chaîne de décision, dans notre unité. »

« On est entré dans la bande de Gaza le 19 juillet. On cherchait des tunnels du Hamas construits entre Gaza et Israël. On devait aussi détruire les infrastructures du Hamas et causer les plus grands dégâts possibles au paysage, à l’économie, aux infrastructures, pour que le Hamas paie le prix le plus élevé pour le conflit et qu’ils y réfléchissent à deux fois, pour le conflit prochain. C’est de la dissuasion. On visait des fermes, des bâtiments, des poteaux électriques. Si des immeubles civils sont élevés, on peut les viser. Officiellement, on nous disait qu’il fallait éviter les victimes civiles, mais en même temps, faire le plus de dégâts possibles. J’étais le seul que ça dérangeait dans mon bataillon. Les autres disaient : “On doit le faire, c’est eux ou nous, ils finiront par nous tuer sinon, c’est OK…” C’était vraiment triste. J’essaie de comprendre pourquoi c’était comme ça. Je suis peut-être plus mature qu’eux, ou bien mon éducation veut ça. Beaucoup essaient de ne pas penser, de survivre au jour le jour, d’éteindre leur conscience. »

Le 12 avril à Beit Hanoun, une enfant palestinienne habite désormais avec sa famille dans une tente depuis que leur immeuble a été bombardé.

« Au lever du soleil, après notre arrivée, vers 8 heures ou 9 heures, le commandant a demandé à six chars de s’aligner devant Al-Bourej [vaste zone d’habitation au centre de la bande de Gaza]. J’avais réglé ma radio pour entendre les autres chars, chaque tireur pouvait choisir sa cible, au hasard. C’était du genre : “Moi, je vise le bâtiment blanc, là”. Et il fallait attendre le décompte. Personne ne nous avait tiré dessus avant, ni pendant, ni après. Le commandant a appelé ça “Bonjour Al-Bourej !” A moitié en plaisantant, il disait qu’il voulait leur adresser le bonjour de l ’armée. Officiellement, c’est de la dissuasion. On a donc tiré sur des bâtiments civils ordinaires, au hasard. Al-Bourej, c’est un nid de frelons du Hamas, nous a-t-on dit, il serait suicidaire d’y entrer. On le contrôlait par le feu. Chaque jour, toutes les trente minutes, un char s’installait en face et tirait. Lorsqu’un jour, l’un de nos soldats a été tué par un tir de mortier, le commandant nous a dit de le venger, en souvenir. On s’est mis en position. J’ai choisi au hasard un immeuble à 3-4 km, près de la mer, et j’ai visé le 11e étage avec un obus. On a peut-être tué des gens. »

« Il est arrivé, une fois, la 3e semaine, qu’on soit posté en un endroit d’où l’on voyait la route Salaheddine, la grande artère qui traverse la bande du nord au sud. Les gens y circulaient car elle était hors de la zone de combat. On était trois chars. On s’est dit : OK, voyons qui arrivera à atteindre un véhicule ou un vélo. Le commandant a dit : “OK, rendez-moi fier !” On a parié entre nous, mais c’était trop dur, personne n’a réussi. Mon char datait des années 1980, il ne peut atteindre des cibles se déplaçant vite. Je devais tout calculer dans ma tête en cinq secondes pour anticiper la trajectoire. Et je ne voyais qu’une partie de la route. Il y avait un cycliste. On l’a visé avec une mitraillette de calibre 50, une arme pas du tout précise. J’ai tiré à côté et devant lui. Je l’ai pas vraiment ajusté. Il a détalé si vite, plus vite qu’Armstrong, que tout le monde a ri. C’est l’épisode dont j’ai le plus honte. »

« Lorsque j’ai quitté Gaza, j’étais amer et triste de ce qui s’était passé. Mais j’étais soulagé de retourner à la vie civile. La plupart des gens de ma compagnie sont de droite. Ils considèrent Breaking the Silence comme une organisation antisioniste. “Crimes de guerre” ? C’est un grand mot. Mais j’ai le sentiment d’avoir fait des trucs amoraux, sur le plan international. J’ai visé des cibles civiles, parfois juste pour le plaisir. »

« J’ai essayé d’en parler. Mais dans mon environnement, personne ne veut entendre tout cela, ces mauvaises choses. “T’es un héros, t’as fait ce que tu devais faire…” Ce n’est pas l’armée qu’ils connaissent, “la plus morale du monde.” En Israël, tout le monde fait l’armée, et elle fait partie de nous. C’est quelque chose d’intime. Mes parents m’ont dit la même chose. « Tu as fait ce que tu devais faire, on est content que tu sois rentré. »

« Là-bas, tout le système des valeurs était tête à l’envers. Les gens dans la rue me disent que je suis un héros. Moi, j’étais juste assis dans un char toute la journée. Je me suis habitué à cette présence, à tirer. Vous prenez un homme libre, vous le transformez en esclave : au bout de quelques années, il s’habitue. C’est comme une promenade au parc ».
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