Aller à…
RSS Feed

29 mars 2024

Le silence sur les violations des libertés religieuses par Israël


Publié par Gilles Munier sur 25 Mai 2017,

Catégories : #Palestine, #Gaza, #Islam, #Israël

James Zogbyy; président fondateur de l'Arab American Institute

James Zogbyy; président fondateur de l’Arab American Institute

Par Dale Sprusansky (revue de presse : Washington Report on Middle East Affairs – 10/5/17)*

La Commission Américaine sur les libertés religieuses internationales (USCIRF) a été créée en 1998 avec pour mission d’évaluer les violations mondiales de la liberté de religion et de présenter des recommandations au Président, Secrétaire d’Etat et Congrès. Le rapport annuel de la commission répertorie les violations de la liberté religieuse dans un grand nombre de pays, y compris la Russie, la Chine et les pays du Moyen-Orient.

 

L’Israël n’a jamais été mentionné dans ce rapport.

 

Au cours de son mandat de quatre ans, le commissaire sortant, le Dr James Zogby – président fondateur du Arab American Institute (AAI) – a souvent requis de la commission qu’elle enquête sur le traitement des musulmans, chrétiens et juifs non-orthodoxes en Israël. A de nombreuses reprises, les représentants de ces communautés en ont appelé à la commission qui a, invariablement, rejeté leur demande. Profondément troublé par ce comportement, le Dr. Zogby a publiquement critiqué le peu d’empressement de cet organisme pour examiner les actions d’Israël.

 

Dans un document, Zogby déplore « le refus permanent et manifeste de certains commissaires d’admettre la possibilité même de considérer la liberté religieuse en Israël et dans les territoires occupés ». La commission, dit-il, a « l’obligation de soumettre à examen l’usage que fait Israël de la religion pour discriminer ses propres citoyens et les Palestiniens vivant dans les territoires occupés ». Lors d’une conférence de presse, le 26 avril, il a cité des témoignages poignants sur la préoccupation de groupes religieux en Israël et Palestine, balayés par la commission.

 

Peu après son arrivée à la commission en 2013, les neuf membres de la commission décidèrent de rédiger un article sur les chrétiens en se référant au Moyen-Orient comme « berceau de la chrétienté » et « notait qu’une tendance anti-chrétienne se manifestait en Irak, Syrie, Egypte, Pakistan et Nigeria mais pas en Israël » « J’ai dit qu’à ma connaissance, le berceau de la chrétienté était Jérusalem ». Il a rappelé qu’il avait, à maintes reprises, informé les dits membres des inquiétudes des Palestiniens chrétiens, qui furent totalement oblitérées. L’article fut publié sans aucune des remarques mentionnées.

 

En juillet 2014, Foaud Twal, patriarche latin de Jérusalem, a invoqué devant la commission le plan israélien d’appropriation de terres de Palestiniens chrétiens, l’obligation faite aux Arabes chrétiens par la Knesset de faire figurer sur leurs papiers d’identité leur religion, les lois qui rendent difficile pour les Palestiniens de continuer à résider à Jérusalem et d’être unis à leurs familles et les restrictions de circulation du clergé et des fidèles. « La commission a non seulement refusé d’entendre les préoccupations du patriarche mais l’a renvoyé brutalement, deux commissaires l’ayant pris à partie sur le Hamas et sur la raison pour laquelle il n’utilisait pas sa position pour s’en prendre à lui » Zogby notait « que le patriarche était reparti choqué et qu’aucune action n’avait été prise »

 

Drew Christiansen, jésuite et consultant auprès du Vatican pour les questions du Moyen-Orient qui, avec le patriarche, participait à la rencontre raconte : « ce qui a été remarquable lors de la rencontre du patriarche avec la commission a été le scepticisme et la défensive avec lesquels elle a reçu le message du patriarche. » La commission a manifesté « peu d’enthousiasme et fait aucun effort pour s’informer sur les inquiétudes des Arabes chrétiens d’Israël ou des Palestiniens chrétiens à Jérusalem, en Cisjordanie ou à Gaza ». Ayant eu à traiter de ces questions pendant des années, Christiansen n’a guère été surpris de l’attitude de la commission qu’il juge « en adéquation avec l’indifférence que j’en étais venu à attendre de cette institution sur les questions de la liberté de religion des Palestiniens ».

 

En début de l’année, la commission a reçu deux lettres lui demandant d’enquêter sur les pratiques et la politique d’Israël en la matière signées par 11 importantes communautés religieuses américaines et 34 groupes chrétiens de Cisjordanie, Gaza et Jérusalem et le rapport de 192 pages de Palestine Works, une association d’avocats pour la promotion des droits humains des Palestiniens. Ce rapport appliquant à Israël les critères de la commission constata que ce dernier violait sans vergogne plusieurs de ses normes.

 

Les signataires de la lettre furent qualifiés de personnages insignifiants, antisémites, uniquement centrés sur Israël, rappelle Zogby. « Ma réaction a été : je ne choisis pas Israël, vous le choisissez comme le seul pays que nous ne pouvons critiquer ».

 

La deuxième lettre provenait de Hiddush, un groupe de Juifs d’Israël et d’Amérique du Nord qui travaille à la promotion de la liberté de religion en Israël. Elle mettait en avant le « pouvoir excessif des groupes religieux orthodoxes en Israël sur les droits et la dignité de la population dans son ensemble ». Encore une fois la commission fit l’aveugle. Discutant de ces documents, Zogby rappelle que certains commissaires ont exprimé l’idée que toute enquête sur Israël entraînerait la commission dans un débat sans fin, et craignaient de perdre le financement du Congrès. « Nous avons été réduit au silence » et « c’est ce qui m’a décidé de venir vers vous ». Dans son message de désaccord, Zogby a accusé la commission de trahir son mandat en offrant à Israël une immunité contre toute critique : « En refusant d’examiner la conduite d’Israël nous disons aux Palestiniens chrétiens aux musulmans, aux juifs non-orthodoxes ou séculiers en Israël que nous ne défendrons pas leurs libertés et leurs droits ». …(…)…

 

Andreia Alexander, secrétaire générale adjointe au Conseil National des Eglises exprima la même pensée : « Quand l’USCIRF choisit arbitrairement de ne pas enquêter sur certains pays dont Israël, cela implique qu’elle est l’instrument de la politique étrangère des Etats-Unis, déterminée à matraquer les nations que notre pays a identifié comme ennemies et à protéger celles qu’il a qualifié d’alliés ».

 

Traduction et Synthèse : Xavière Jardez

Source: Dr. James Zogby Slams Religious Freedom Commission for Ignoring Israeli Violations (Washington Report – 10/5/17

Partager

Plus d’histoires dePalestine