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Deux incendies à moins de 15 jours d’intervalle, les 27 septembre et 9 octobre 2017, se sont déclarés au sein de l’installation de décontamination radioactive « Triade » de la Société des Techniques en Milieu Ionisant (STMI) d’Areva à quelques centaines de mètres de la ville de Bollène, en bord du Rhône et en proximité d’une aire d’accueil des gens du voyage dans la zone d’activités du Sactar. 20 adultes et 15 enfants y vivent là.

Dans les deux cas, se sont des « copeaux » d’uranium dit « appauvri » qui sont à l’origine du départ des incendies qui ont rejeté dans l’atmosphère des fumées toxiques

2017-10-10_STMI-Areva-Triade.jpgLe terme « appauvri » accolé à celui d’uranium est une manipulation sémantique inventée de toute pièce par le lobby nucléaire pour masquer qu’il s’agit d’un enrichissement de l’uranium à 100% radioactif et toxique tant sur le plan radiologique que chimique. Seul le pourcentage d’uranium235 est légèrement inférieur à celui utilisé dans les centrales atomiques. Sa radioactivité est en effet de l’ordre de 40 millions de becquerels par kilogramme. Mortel. Surtout en cas d’inhalation ou d’ingestion.

Cet uranium « appauvri » tout comme l’uranium peut s’enflammer spontanément (propriétés pyrophoriques). C’est pourquoi Areva le fabrique pour un usage militaire, des armes de guerre et munitions de destruction épouvantable.

Le risque d’incendie, connu depuis les origines et particulièrement dangereux pour les travailleurs et les populations riveraines, nécessite ainsi pour les aficionados de l’atomisme des procédures de manipulation hautement sécurisées, une vigilance et un contrôle à toute épreuve et des moyens de prévention pleinement en adéquation.

Des activités de matières radioactives, dont peut-être du plutonium,  mais une installation qui échappe au statut d’installation nucléaire

L’installation « Triade » d’Areva, bien que manipulant des matières radioactives hautement dangereuses à des niveaux jusqu’à 100 millions de fois supérieurs aux seuils d’exemption fixés par la réglementation, échappe au statut d’Installation Nucléaire de Base (INB) et bénéficie d’un statut d’Installation Classée pour la Protection de l’Environnement (ICPE) moins exigeant. Pourquoi avoir décidé de la placer sous le contrôle de la Préfecture et de la Direction Régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) et non pas de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) ? Pourquoi cette entreprise n’est-elle pas concernée par le plan particulier d’intervention (PPI) du site du Tricastin ?

2017-10-10_STMI-Areva-Triade_greve-CGT.jpgUne série de questions se pose : quels sont les éléments et paramètres industriels qui définissent concrètement les risques radioactifs et pyrophoriques de cette installation d’Areva ? Quel est le contenu de l’étude de danger obligatoire et les prescriptions réglementaires impératives à mettre en œuvre sur ce site? Quels contrôles sont réalisés régulièrement et réglementairement sur les installations à l’intérieur comme à l’extérieur ? Sont-ils à la hauteur des risques générés par l’installation ? A l’issu du premier incendie du 27 septembre 2017 les analyses des causes ont-elles été clairement identifiées et corrigées ?

Pourquoi la direction de « STMI-Areva Triade » n’a-t-elle fourni publiquement aucune explication, n’a publié aucun communiqué pas plus que les autorités préfectorales ou encore l’ASN (Autorité de Sûreté Nucéaire)? Pourquoi alors que l’Autorité de Sûreté Nucléaire reste toutefois compétente sur les questions de radioprotection même pour une ICPE, pourquoi n’a-t-elle pas communiqué sur ces incidents radioactifs et la contamination éventuelle de salariés et les disséminations aérienne sur les villes alentours (Bollène, Codolet, et certainement jusqu’à Avignon…)? N’est-ce pas par ce que, aussi, le radioélément le plus radiotoxique du « combustible » nucléaire usé, à savoir du Plutonium 239, serait présent sur ce site et dans cette installation comme le prouverait les containers stockés discrètement derrière des blocs de béton (voir notre reportage à 2’30) ? En totale illégalité évidemment.

Si les contaminations internes sont confirmées, quel en est l’état de gravité et les suites délétères que les salariés vont subir ? On en évoque au moins 2 présentant des traces de contamination. Quelles garanties sont données pour que ces atteintes à la santé soient bien déclarées comme accident du travail et enregistrées dans les dossiers médicaux des salariés concernés et quelle qu’en soit la dose ? D’autant qu’il arrive souvent que des doses inférieures à 1 mSv (millisivert) soient purement passées sous silence. De quel suivi sanitaires les 70 salariés qui ont été confinés vont bénéficier ? Et quid des habitants possiblement contaminés et irradiés des villes et villages dans un rayon d’au moins 40km ?

De premiers contrôles non-officiels

Rhone_Avignon_carottage_mesure_DSCN7476.jpgDès le constat de l’incendie un périmètre de sécurité a été mis en place et les sapeurs-pompiers sont intervenus. Mais sans protection particulière, combinaison et masque. Le vent qui soufflait à 40km/heure parsemait pourtant l’air de particules potentiellement dangereuses.  Ce 9 octobre une équipe de l’organisation citoyenne « next-up » – en relation avec le CAN84 – s’est rendue sur les lieux et a procédé à de premières mesures et analyses ainsi qu’à des prises de vues de la situation (rush/reportage video ici) .

Le 10 octobre, le laboratoire de la Criirad a procédé à des contrôles radiologiques dans l’environnement du site STMI et des échantillons de sol superficiel et de mousse terrestre ont été prélevés pour analyse par spectrométrie gamma. Si « Il ne s’agit pas de déterminer l’impact radiologique de l’installation (ce qui nécessiterait une étude complète) » le but est « de vérifier l’absence de contamination importante et de disposer de résultats à comparer à ceux des contrôles réglementaires » qui tardent à venir et être rendu publics.