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24 avril 2024

Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël, une décision historique et unilatérale


Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël, une décision historique et unilatérale

L’annonce du président états-unien a déclenché une vague de critiques de la part de la communauté internationale et fait craindre une nouvelle Intifada au Proche-Orient.

Le Monde.fr avec AFP |

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Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a ignoré les mises en garde face à sa décision.

Par une rupture spectaculaire avec ses prédécesseurs, Donald Trump, le 45président des Etats-Unis, a reconnu mercredi 6 décembre Jérusalem capitale d’Israël, suscitant la colère des Palestiniens et une vague de réprobation au Proche-Orient et bien au-delà.

Avec cette décision historique qui marquera son mandat, M. Trump tient l’une de ses promesses emblématiques de campagne. Mais il s’isole sur la scène internationale et prend le risque de saboter les timides espoirs de reprise des négociations de paix, au point mort depuis trois ans.

Le statut de Jérusalem est au cœur de ces négociations : alors qu’Israël a toujours exclu un éventuel partage de la ville sainte, les Palestiniens en revendiquent la partie orientale pour y installer aussi la capitale d’un éventuel Etat.

  • « Nouvelle approche » américaine

« L’heure est venue pour les Etats-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Alors que les présidents précédents avaient fait cette promesse de campagne, ils ont échoué à l’honorer. Aujourd’hui, je l’honore », a-t-il déclaré dans une brève allocution au cours de laquelle il a revendiqué « une nouvelle approche » sur ce dossier épineux et la nécessité de « reconnaître une réalité ».

« Les Etats-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix acceptable pour les deux parties », a-t-il martelé, s’efforçant d’adopter une tonalité conciliante après cette décision extrêmement controversée.

Donald Trump a aussi ordonné de préparer le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. Le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, a d’ailleurs précisé mercredi que le département d’Etat américain allait lancer « immédiatement » les préparatifs de ce déménagement, tout en renforçant la sécurité pour protéger les Américains au Proche-Orient. Ce processus devrait toutefois prendre entre trois et quatre ans. Pour l’heure, le président états-unien devrait signer un texte, valable six mois, maintenant provisoirement à Tel-Aviv l’ambassade américaine, faute de bâtiment disponible pour l’accueillir à Jérusalem.

Lire notre analyse :   Donald Trump contente Israël sans détailler sa vision de la paix

  • Les Etats-Unis « disqualifiés » pour les Palestiniens

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a vivement réagi, jugeant que les Etats-Unis sapaient « délibérément tous les efforts de paix ». « Par ces décisions déplorables, les Etats-Unis (…) proclament qu’ils abandonnent le rôle de sponsor du processus de paix qu’ils ont joué au cours des dernières décennies », a dit M. Abbas à la télévision palestinienne. Selon lui, l’annonce de M. Trump « ne changera rien à la situation de la ville de Jérusalem, la capitale éternelle de l’Etat de Palestine ».

M. Trump a « disqualifié les Etats-Unis d’Amérique de tout rôle dans un quelconque processus de paix », a renchéri le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat.

Lire aussi :   Pour les Palestiniens, les Etats-Unis ne sont plus légitimes comme médiateurs de paix

Le mouvement islamiste palestinien Hamas, de son côté, a jugé que cette annonce ouvrait « les portes de l’enfer » pour les intérêts américains dans la région. L’un de ses hauts responsables, Ismaïl Radouane, s’exprimant devant des journalistes, a appelé les pays arabes et musulmans à « couper les liens économiques et politiques » avec les ambassades américaines, et à expulser les ambassadeurs américains.

Dans la bande de Gaza, des centaines de Palestiniens en colère ont brûlé des drapeaux américains et israéliens et des portraits de Donald Trump. Un rassemblement est prévu jeudi à Ramallah, en Cisjordanie, territoire occupé par l’armée israélienne depuis cinquante ans.

Reconnaissant que son annonce était loin de faire l’unanimité, M. Trump a lancé un appel « au calme et à la modération », espérant que « les voix de la tolérance l’emportent sur les pourvoyeurs de haine ».

  • Nétanyahou salue un jour « historique »

Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, à la tête du gouvernement considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël, a lui salué un jour « historique », réaffirmant par ailleurs l’engagement israélien à maintenir le « statu quo » dans les lieux saints à Jérusalem. « Israël veillera à toujours faire respecter la liberté de culte des juifs, des chrétiens et des musulmans » a-t-il assuré.

M. Nétanyahou tâchait ainsi de dissiper les inquiétudes, notamment des musulmans, de voir Israël exercer son contrôle sur les lieux saints à la faveur de l’annonce de M. Trump.

Le premier ministre israélien a aussi appelé les autres pays à suivre l’exemple des Etats-Unis en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël et en y transférant leurs ambassades. Aucun pays n’a son ambassade en Israël à Jérusalem.

Lire aussi les réactions au Proche Orient :   Nétanyahou salue « un jour historique », le Hamas menace les Etats-Unis

  • Critiques de la communauté internationale

Les réactions internationales n’ont pas tardé. Le président français, Emmanuel Macron, a qualifié cette décision de « regrettable ». Lors d’une conférence de presse à Alger, il a rappelé « l’attachement de la France et de l’Europe à la solution de deux Etats, Israël et la Palestine vivant côte à côte en paix et en sécurité dans des frontières internationalement reconnues avec Jérusalem comme capitale des deux Etats ».

Le gouvernement allemand « ne soutient pas cette position, car le statut de Jérusalem ne peut être négocié que dans le cadre d’une solution de deux Etats », a déclaré de son côté la chancelière, Angela Merkel, citée dans un tweet de son porte-parole, Steffen Seibert.

Le ministère des affaires étrangères iranien a dénoncé dans un communiqué une « provocation et une décision insensée de la part des Etats-Unis (…) qui va provoquer une nouvelle Intifada et pousser à des comportements plus radicaux et à davantage de colère et de violence ». Le porte-parole du gouvernement jordanien, Mohammed Moumenié, a, lui, estimé que « la décision du président américain (…) constitue une violation des décisions du droit international et de la charte des Nations unies ».

Lire les réactions internationales :   Macron juge « regrettable » la décision de Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël

  • Réunion d’urgence du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) se réunira en urgence vendredi matin, une réunion demandée par huit pays sur les quinze qui forment le Conseil de sécurité : quatre européens (Suède, France, Italie et Royaume-Uni), deux sud-américains (Bolivie et Uruguay) et de deux africains (Egypte et Sénégal).

Le statut de Jérusalem ne peut être résolu que par une « négociation directe » entre Israéliens et Palestiniens, avait rappelé aussitôt après l’annonce américaine le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en disant avoir toujours été « contre toute mesure unilatérale ». « Il n’y a pas d’alternative à la solution de deux Etats » avec « Jérusalem comme capitale d’Israël et de la Palestine », a-t-il ajouté.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/12/06/statut-de-jerusalem-trump-juge-qu-une-decision-aurait-du-etre-prise-depuis-longtemps_5225798_3218.html#hXyku5V542G4TAj0.99

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