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19 avril 2024

« Feu et Furie » : La collusion entre Trump et Israël


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Publié par Gilles Munier sur 24 Janvier 2018,

Catégories : #Trump, #Jérusalem, #Sionisme, #Palestine

Par Ali Abunimah (revue de presse : Electronic Intifada – 5/1/18)*

Depuis l’excommunion de Steve Bannon par Trump, après les commentaires provoqués par le livre « Feu et Furie… dans la Maison-Blanche de Trump», les médias ne parlent de rien d’autre.

Pour le président Trump, son ancien stratège et directeur de l’organe d’extrême-droite, Brietbart, a perdu « la tête » pour avoir déclaré qu’une réunion entre D. Trump junior, son fils, et son gendre Jared Kushner, avait eu lieu au cours de la campagne électorale de 2016 en présence d’un parlementaire russe, et que c’était une « trahison ».

La discorde a remis au goût du jour les allégations fausses, douteuses, sans fondement mais spectaculaires des médias américains de « piratage » et de « collusion » entre la Russie et Trump pour voler l’élection à Hilary Clinton.  Aussi étrange que cela puisse paraître, le « Russigate » reste l’élément principal de la « résistance » conçue par les Démocrates et les progressistes.

Cependant, Robert Mueller, conseiller spécial, a apporté la preuve d’une collusion certaine entre l’équipe de Trump et un pays étranger, Israël.

Au cours de la transaction pénale, le mois dernier, à propos de ses fausses déclarations  au FBI, Michaël Flynn admettait qu’il avait contacté certains gouvernements étrangers pour tenter de saboter le vote des Nations unies condamnant les colonies israéliennes. Cette initiative de dernière minute, sans base juridique, pour miner la  politique de l’administration sortante, avait été entreprise par Kushner à la demande du premier ministre israélien, Netanyahou.

Les experts n’en eurent cure, de même qu’ils manifestèrent peu d’intérêt pour les récentes révélations parues dans le livre de Wolff, à savoir l’existence de ce que l’on pourrait appeler un « Israëlgate ».

Loin de la folie entourant le livre, j’ai voulu y voir clair.

Donald Trump, Jared Kushner, Benjamin Netanyahou

Il en ressort que le « Feu et Furie » apporte la preuve que la politique de Trump n’est pas l’Amérique d’abord, mais Israël d’abord. Wolff rappelle que, lors d’un dîner à New York, début janvier 2017, Bannon et le chef déchu de Fox News, Roger Aisles, ont évoqué les « élus »  du Cabinet.

Bannon remarqua qu’ils n’avaient pas de « bonnes pioches », mais les deux hommes s’accordèrent sur l’intégriste pro-israélien, John Bolton, en disant qu’il était une bonne « recrue » en tant que conseiller à la sécurité nationale. « C’est un lanceur de bombes » dit Aisles de Bolton et « un étrange petit connard. Mais, on en a besoin. Qui d’autre est bon pour Israël ? »

« Le jour 1, nous transférons l’ambassade US à Jérusalem et Netanyahou est totalement pour » dit Bannon confirmant que le millionnaire et propriétaire de casinos, anti-palestinien, Sheldon Adelson, était aussi de la partie.

« Que la Jordanie s’empare de la Cisjordanie, et l’Egypte de la bande de Gaza. Laissons-les se débrouiller » a proposé Bannon, « Les Saoudiens sont dans l’expectative. Les Egyptiens aussi, tous sont morts de peur devant la Perse ».

Aisles a demandé à Bannon : « Est-ce que Trump le sait ? ». Ce dernier a simplement souri.

La position de Bannon est le reflet de la « nouvelle pensée de Trump » sur le Moyen-Orient. « Il y a en fait quatre joueurs » écrit Wolff « Israël, l’Egypte, l’Arabie Saoudite et l’Iran. Les trois premiers pensent s’unir contre le quatrième ». L’Egypte et l’Arabie saoudite  « auront ce qu’ils veulent » en fonction de l’Iran et, en contrepartie, « feront pression sur les Palestiniens pour conclure un accord ».

Une autre relation d’importance pour l’administration Trump s’appelle Mohamed Ben Salman, dit MBS, l’imprudent prince héritier et seul pouvoir en Arabie Saoudite qui s’est montré partisan du plan par un rapprochement avec Israël.

Selon Wolff, le manque d’éducation de Trump et de MBS en font des égaux, étrangement à l’aise l’un avec l’autre.

Trump, ignorant et constamment flatté par des dirigeants régionaux, semble naïvement, convaincu qu’il pourrait obtenir « la  plus grande percée dans les négociations israélo-palestiniennes jamais obtenue par le passé ».

Bannon : antisémite et pro-israélien virulent

Le livre prétend que les tensions récentes entre Kushner et sa femme, Ivanka Trump d’un côté et de l’autre, Bannon sont nées de la réflexion de Kushner que Bannon était anti-sémite. Mais cet antisémitisme n’a pas empêché Bannon de poursuivre un agenda viscéralement pro-israélien, l’ironie étant que Bannon accusait « Kushner de n’être pas assez déterminé dans sa défense d’Israël », alors que la famille avait contribué par des donations à soutenir les colonies.

L’allié de Bannon, hors de la Maison-Blanche – dont l’influence en son sein est donc primordiale – était Adelson, qui a financé la campagne de Trump à hauteur de 25 millions de dollars. Raison pour laquelle Bannon évince Kushner,  sur la droite d’Israël. Adelson a même dit à Trump que Bannon était la seule personne en qui on pouvait avoir confiance en ce qui concerne Israël.

Cette influence ne s’est pas évanouie avec le départ de Bannon, confirmée par les rapports qu’Adelson a poussé Trump à prendre cette fatale décision, de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël, éliminant par là-même, les quelque chances d’avancer un plan de paix.

Kushner s’est senti diminué par la manière dont le président « avait affirmé, jubilant, à tous, que Jared pouvait résoudre le problème du Moyen-Orient parce que les Kushners connaissaient tous les voyous de ce pays ».

Les preuves abondent qu’Adelson, principal financier de Netanyahou, qui a toujours placé les intérêts de ce pays avant tout, a beaucoup plus d’influence à la Maison-Blanche que la Russie puisse rêver.

Le livre de Wolff confirme que la présidence de Trump aide à ressusciter l’alliance historique  entre les antisémites et les sionistes pour mettre en œuvre un programme d’extrême-droite pro-israélien. Malgré cela, les politiques, les enquêtes du Congrès et les experts demeurent sans curiosité dans cette affaire.

Ali Abunimah a cofondé le site The Electronic Intifada. Il est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine.

*Version originale : Electronic Intifada

Traduction : Xavière Jardez

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