Du Caire — Dans un luxueux appartement qui domine le Nil, la mémoire de feu  libyen Muammar Kadhafi est entretenue. Une photo passée accrochée à un mur le montre, jeune homme, se prélassant sous une tente. Sur une autre, vêtu d’un uniforme, il est assis dans un avion.

Chaque semaine, un groupe de ses anciens partisans se réunit ici pour débattre de l’avenir de la Libye et de leur propre sort. Et les rencontres se font sous l’égide du cousin de Kadhafi, le propriétaire de l’appartement. “Il vit dans le cœur de millions de gens”, affirme Ahmed Kadhaf Al-Dam en contemplant une des photos.

Il y a six ans [en octobre 2011], la chute et la mort de Kadhafi ont été la cause d’un revers de fortune pour son clan et ses alliés, qui, sous sa protection, avaient prospéré pendant plus de quarante ans. Des dizaines de milliers de ses fidèles sont partis en exil quand il a été tué, dont beaucoup dans l’Égypte voisine. Où ils se trouvent encore, rêvant de jouer un rôle dans l’édification d’une nouvelle Libye.

Les fils de Kadhafi étant recherchés, en exil, en prison ou morts, Kadhaf Al-Dam s’est affirmé comme le principal porte-parole de sa famille et de sa tribu. Il représente les espoirs de ces Libyens qui menaient autrefois des existences privilégiées. Mais il inquiète aussi tous ceux qui redoutent un retour de ceux qui soutenaient le régime autoritaire de Kadhafi.

Tribus influentes

Alors que la Libye sombre dans l’insécurité et la violence, Kadhaf Al-Dam pense que le moment est venu d’agir. Ses partisans et lui sont en contact avec des tribus influentes et d’anciens rivaux déçus par l’

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Sudarsan Raghavan et Heba Farouk Mahfouz