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28 mars 2024

Les dossiers du BIP Site d’information politique


La montagne de dettes privées des entreprises sera au coeur de la prochaine crise financière

Mondialisation.ca, 09 novembre 2017
Moins de dix ans après la faillite de Lehman Brothers, survenue en septembre 2008, les ingrédients d’une nouvelle crise majeure sont déjà réunis.

Pourtant les gouvernements des principales économies de la planète avaient promis de rétablir une discipline financière qui respecterait l’intérêt général et éviterait de nouvelles crises aux effets douloureux pour la population. Afin de défendre ce système capitaliste qui écœure une majorité de l’opinion publique, ils ont multiplié les effets d’annonce de mesures fortes visant à réformer le système pour lui donner un “visage humain”, mais bien sûr sans que cela ne change quoi que ce soit en pratique. En réalité, la politique que les gouvernements et les dirigeants des banques centrales ont menée a ménagé et favorisé les intérêts du grand capital, notamment celui des grandes sociétés financières. Aucune mesure stricte n’a sérieusement obligé les capitalistes à mettre un frein à la prise de risque, à réduire la spéculation, à investir dans la production.

Les crises font partie du métabolisme du système capitaliste mais elles ne se ressemblent pas toutes. Dans le présent article, il ne s’agit pas de revenir sur les causes générales des crises capitalistes. Il s’agit ici de diagnostiquer des facteurs qui conduisent certainement à une nouvelle crise de grande ampleur.

Quand elle éclatera, les gouvernements, les dirigeants des banques centrales et la presse dominante feindront l’étonnement comme à chaque fois.

Pour les opposants au système, il est fondamental de pointer du doigt les responsabilités et de montrer comment fonctionne le capitalisme afin d’être en mesure d’imposer enfin une autre logique et de rompre radicalement avec ce système.

Depuis 2010, profitant de la politique de bas taux d’intérêt adoptée par les banques centrales des pays les plus industrialisés (Réserve fédérale des États-Unis, Banque centrale européenne, Banque d’Angleterre, Banque du Japon, Banque de Suisse…), les grandes entreprises privées ont augmenté massivement leur endettement. Aux États-Unis, par exemple, la dette des entreprises privées non financières a augmenté de 7 800 milliards de dollars entre 2010 et mi-2017.

Qu’ont-elles fait de l’argent emprunté ? L’ont-elles investi dans la recherche-développement, dans des investissements productifs, dans la transition écologique, dans la création d’emplois décents, dans la lutte contre le changement climatique ? Pas du tout.

L’argent emprunté a servi notamment à réaliser les activités suivantes :

I. Les entreprises empruntent pour racheter leurs actions en bourse. Cela produit deux avantages pour les capitalistes : 1) cela fait monter le prix des actions ; 2) cela permet de “rémunérer” les actionnaires sans que cela entraîne pour eux le paiement d’impôts sur les bénéfices. De plus, dans de nombreux pays, les plus-values sur les actions ne sont pas taxées ou le sont à taux très bas (en comparaison avec l’impôt sur le revenu ou avec la TVA). Déjà en 2014, les rachats d’actions aux États-Unis avaient atteint un montant mensuel de 40 à 50 milliards de dollars |1|. Le phénomène s’est poursuivi ensuite. Soulignons qu’on avait assisté, avant la précédente crise, à une augmentation très forte des rachats d’actions à partir de 2003, qui avait atteint un sommet en septembre 2007 en pleine crise dite “des subprimes”. Entre 2010 et 2016, les entreprises nord-américaines ont racheté leurs propres actions en Bourse pour un montant approximatif de 3 000 milliards de dollars |2|. Comme le titrait le quotidien financier Les Échos, “Les rachats d’actions record sont le moteur de Wall Street ». Une grande partie de la bonne santé des bourses, pas seulement celle des États-Unis, est due aux rachats massifs d’actions. C’est donc tout à fait artificiel.

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Evolution des rachats d’actions (« buybacks ») par 500 grandes entreprises privées des États-Unis de 1999 à 2017 en milliards de dollars (indice S&P 500)
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Evolution des dividendes versés aux actionnaires de 1999 à 2017 en milliards de dollars
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Evolution des rachats d’actions (en bleu) et des dividendes (en vert) de 1999 à 2017 en milliards de dollars. La courbe rouge indique l’évolution du S&P 500, un indice boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées sur les bourses américaines. L’indice est possédé et géré par Standard & Poor’s, l’une des trois principales sociétés de notation financière.

Dans le monde réel, les entreprises empruntent sur les marchés pour racheter leurs actions en Bourse afin d’enrichir leurs actionnaires

Dans le monde imaginaire du système capitaliste enseigné dans les manuels d’économie, les entreprises émettent des actions en Bourse pour collecter du capital afin de l’investir dans la production. Dans le monde réel, les entreprises capitalistes empruntent du capital sur les marchés financiers ou auprès des banques centrales pour racheter leurs actions en Bourse afin d’augmenter la richesse de leurs actionnaires et donner l’impression que la santé de l’entreprise est excellente.

Les dirigeants d’entreprise qui sont en partie rémunérés en stock-options, c’est-à-dire en actions qu’ils peuvent revendre, ont tout intérêt à inciter leur entreprise à racheter leurs actions… C’est par soi-même qu’on est le mieux servi.

Il faut également souligner que les dirigeants d’entreprise ont été très généreux en matière de distribution de dividendes. Entre 2010 et 2016, les dividendes versés aux actionnaires aux États-Unis ont atteint 2 000 milliards de dollars. Au total, si on additionne les rachats d’actions et les dividendes distribués, les actionnaires des firmes états-uniennes ont perçu 5 000 milliards de dollars entre 2010 et 2016.

Dans le compte de bilan des entreprises, du côté du passif, la part qui se réfère aux dettes de l’entreprise s’accroît tandis que diminue la part qui correspond aux actions de l’entreprise. Si jamais les taux d’intérêt sur la dette de l’entreprise augmentent, le paiement des intérêts risque de devenir insoutenable et mener à la faillite. Si le cours des actions – qui a été artificiellement gonflé par l’effet combiné des rachats et de la bulle boursière – baisse fortement, la faillite est aussi au coin de la rue.

À noter que le rachat massif de leurs propres actions qui a été largement pratiqué par de grandes entreprises nord-américaines comme Hewlett Packard (HP), IBM, Motorola, Xerox, Symantec ou encore JC Penney, n’a pas suffi à améliorer leur santé.

II. Les entreprises empruntent pour acheter des créances. Elles achètent des produits structurés composés de crédits octroyés à d’autres entreprises ou à des particuliers. Elles achètent surtout des obligations émises par d’autres entreprises privées ainsi que des titres publics. La firme Apple détenait à elle seule en 2017 des créances sur d’autres entreprises pour un montant de 156 milliards de dollars, ce qui représente 60 % du total de ses actifs |3|. Ford, General Motors et General Electric achètent également des dettes des autres entreprises. 80 % des actifs d’Ebay et 75 % des actifs d’Oracle sont des créances sur d’autres entreprises.

Les trente principales entreprises non-financières des États-Unis actives dans le marché des dettes détiennent ensemble 423 milliards de dollars de dettes d’entreprises privées (Corporate debt and comercial paper securities), 369 milliards de dollars de dettes publiques et 40 milliards de dollars de produits structurés (Asset Backed Securities et Mortgage Backed Securities).

Dans la mesure où les entreprises cherchent à maximiser les rendements qu’elles tirent des créances détenues sur d’autres entreprises, elles sont poussées à acheter des dettes émises par des entreprises les moins solides disposées à rémunérer les prêteurs plus fortement que d’autres. Le marché des dettes à risque s’amplifie.

Si jamais les entreprises débitrices entrent en difficulté de paiement, les entreprises créancières se retrouveront elles-mêmes en difficulté. En 2016, Apple a fait savoir aux autorités américaines qu’une augmentation d’1 % des taux d’intérêt pourrait entraîner une perte de 4,9 milliards de dollars |4|. D’autant que, pour financer ces achats de dettes, Apple comme les autres entreprises ont emprunté. Par exemple, en 2017, Apple a emprunté 28 milliards de dollars. Sa dette financière totale s’élève à environ 75 milliards de dollars. Par effet domino, pourrait survenir une crise d’une ampleur aussi importante que celle de 2007-2008 aux États-Unis.

Il faut également savoir que lorsque les taux d’intérêts montent, la valeur des titres de dette des entreprises baisse. Plus ces créances (c’est-à-dire les titres de dettes émises sous forme d’obligations par les entreprises privées) représentent une part importante des actifs des entreprises, plus la chute de la valeur peut avoir un impact négatif sur la santé des créanciers. Ces créanciers risquent alors de manquer de fonds propres pour compenser la dévaluation ou la décote des créances qu’ils possèdent.

La situation décrite correspond à une nouvelle progression de la financiarisation du capital : les grandes entreprises non-financières développent encore leurs investissements financiers.Apple, Oracle, General Electric, Pfizer, Ford ou General Motors renforcent leurs départements “Finances” et prennent à nouveau de plus en plus de risques pour augmenter leurs bénéfices. Alors qu’auparavant, elles prêtaient 60 % de leurs liquidités à des intermédiaires, notamment les money market funds, pour maximiser leur rendement, elles ne leur en confient plus désormais que 50% et prennent elles-mêmes directement le risque afin de maximiser leurs rendements.

De surcroît, une grande partie des créances détenues sur d’autres entreprises passent par des paradis fiscaux, ce qui augmente l’opacité des opérations réalisées et peut augmenter le risque. Les îles Bermudes et l’Irlande comptent parmi les principaux paradis fiscaux utilisés par les grandes entreprises des États-Unis qui misent à fond sur l’optimalisation fiscale.

Ce qui vient d’être décrit concerne l’ensemble du monde capitaliste même si les données présentées se rapportent à l’économie des États-Unis.

La montagne de dettes privées des entreprises sera au cœur de la prochaine crise financière. Mais crise ou pas, les comportements décrits justifient amplement l’action de tous ceux qui luttent pour en finir avec le capitalisme et le système de la dette.

Eric Toussaint

Photo par Rafael Matsunaga (CC)

Notes

|1Financial Times, “Return of the buyback extends US rally”, 5 décembre 2014.

|2Financial Times, “Buyback outlook darkens for US socks”, 22 juin 2017.

|3Financial Times, “Debt collectors”, 16-17 septembre 2017.

|4Financial Times, “Patcy disclosure gives investors little to chew on”, 28 septembre 2017.

La supercherie du droit-de-l’hommisme

Bruno Guigue

jeudi 24 août 2017, par Comité Valmy

La supercherie du droit-de-l’hommisme

Hormis les réactionnaires qui pensent que les hiérarchies sociales sont fondées en nature et qu’il y a des hommes faits pour commander et d’autres pour obéir, tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut défendre les droits de l’homme. Mais il faut admettre que les uns et les autres ne parlent pas de la même chose. Si l’on entend par cette expression la possibilité pour chacun de jouir du bien commun, alors l’accès à l’emploi, au logement, aux soins et à l’éducation fait partie des droits de l’homme – ou des droits humains, ne jouons pas sur les mots – au même titre que la liberté d’expression ou le choix de son orientation sexuelle. Prendre au sérieux les droits de l’homme, c’est y inclure les droits collectifs, c’est-à-dire la possibilité de vivre dans des conditions matérielles décentes.

Les militants des droits de l’homme, pourtant, ne s’intéressent qu’aux droits individuels et délaissent ostensiblement les droits collectifs. Que des individus soient emprisonnés ou empêchés de s’exprimer par des gouvernements autoritaires leur est insupportable, mais que des masses d’affamés subissent la loi d’airain du capital mondialisé leur est indifférent. Leur compassion pour l’humanité souffrante est étrangement sélective. Ils ne se mobilisent que pour des minorités ou des individus isolés, ils agissent au cas par cas en sélectionnant les individus ou les groupes qu’ils jugent dignes de leur attention, et on ne les voit jamais prendre fait et cause pour une classe socialement opprimée.

Le vocabulaire de la plupart des ONG – majoritairement anglo-saxonnes – en témoigne clairement. Elles entendent combattre la discrimination et non l’exploitation, l’exclusion et non la pauvreté, la privation de liberté infligée à quelques-uns et non la misère imposée au grand nombre. Leur philosophie est celle de l’individualisme libéral, qui ne connaît que des individus porteurs de droits et se soucie peu de savoir s’il y a parmi eux des riches et des pauvres. Ne parlons pas de la lutte des classes, ce gros mot qu’elles ne veulent même pas entendre prononcer. La seule lutte qui compte à leurs yeux, c’est celle qui vise à aligner des individus abstraits sur un standard restreint aux libertés formelles – et individuelles – en oubliant allègrement que ces libertés n’existent que sous certaines conditions.

Pour tout dire, le droit-de-l’hommisme ordinaire occulte le fait que ces libertés individuelles ne sont effectives que si les droits collectifs sont garantis par des structures sociales qui les favorisent. En d’autres termes, les droits individuels ne sont réels que si les individus sont correctement nourris, logés, éduqués et soignés, et ces conditions ne sont réunies à leur tour que si un rapport de forces entre classes sociales les inscrit dans la durée. Bref, les droits-de-l’hommistes oublient tout bonnement que les individus ne sont rien sans la société et que les droits individuels dont on réclame l’application ne sont que du vent si la société est divisée en dominants et dominés.

Cette indifférence aux conditions d’exercice des droits dont ils font pourtant leur fonds de commerce n’est pas étonnante. Petits-bourgeois des pays riches, les défenseurs des droits de l’homme défendent les droits dont ils jouissent, dont ils pourraient jouir ou dont ils voudraient que jouissent ceux qui leur ressemblent. Pourquoi dépenseraient-ils leur énergie à lutter contre la faim dans le monde quand leur assiette est pleine ? Pourquoi se battraient-ils pour l’appropriation collective des richesses puisqu’ils n’ont aucun problème de fin de mois ? En luttant pour les droits de l’homme, ils aspergent d’eau bénite leurs états d’âme de nantis que leurs conditions d’existence n’amènent jamais à interroger les ressorts de l’oppression et de l’injustice qu’ils ont constamment à la bouche, mais sans savoir de quoi ils parlent.

Que les pauvres soient pauvres importe peu à leurs yeux, car les pauvres revendiquent en général autre chose que la reconnaissance de droits individuels rendus impossibles par l’absence de droits collectifs. Lorsque l’extrême richesse côtoie l’extrême pauvreté, revendiquer la liberté d’expression avec un minimum de sérieux impliquerait d’exiger l’expropriation des capitalistes qui contrôlent la presse afin de créer les conditions d’une information plus objective. Mais on n’a jamais entendu un droit-de-l’hommiste formuler ce genre de revendication. Le contrôle des médias ne s’expose à sa foudre vengeresse que s’il est exercé par de méchants dictateurs qui défient le nouvel ordre mondial. Pour les autres, il n’y a pas de problème.

Sélective, cette indignation pseudo-humaniste choisit ses victimes. Les autres peuvent crever. Lors de la chute du communisme, en 1991, les organisations droits-de-l’hommistes ont crié victoire. L’idéologie des droits de l’homme ayant été inventée pour lutter contre l’URSS, cette victoire finale sembla consacrer leur vision du monde. Mais aucune de ces organisations n’a souligné que les prisons soviétiques étaient vides depuis longtemps et que le totalitarisme dont la philosophie politique des années 70 faisait un mal absolu était une coquille vide. On ne s’émut pas davantage, chez les humanistes, en constatant que sous la présidence Eltsine (1991-2000) l’espérance de vie régressa de dix ans sous l’effet des réformes structurelles dictées à la Russie par le FMI. C’est normal. Les petits vieux qui meurent en masse dans le paradis capitaliste n’intéressent pas les défenseurs des droits de l’homme.

L’humanité souffrante dont se soucient des ONG pétries d’humanisme se résume à un agrégat indistinct d’individus abstraits, atomisés, dont le sort n’est intéressant que s’il témoigne d’une violation de leurs droits individuels, de préférence dans un pays exotique dont le procès est instruit par la doxa occidentale. Mais on n’a jamais vu “Amnesty International” – dont le seul intitulé relève de la publicité mensongère – s’insurger contre le fait que 800 millions de personnes souffrent de malnutrition, ou que des centaines de milliers d’ouvrières sont surexploitées par les multinationales occidentales dans les “maquiladoras” de la frontière mexicaine. On répondra sans doute que ce n’est pas l’objet social de cette organisation, et je répondrai à mon tour que c’est précisément le problème sur lequel il convient d’insister.

Cette triple sélectivité dans le choix des droits en question, des individus concernés, et enfin des pays sur lesquels on braque le projecteur, explique donc beaucoup de choses. Elle explique que l’on fasse le tri parmi les victimes en évitant soigneusement d’incriminer les structures – celles de l’exploitation capitaliste mondialisée – qui sont responsables de 90% des malheurs qui frappent l’humanité. Elle explique aussi la fascination des ONG droits-de-l’hommistes pour la défense des LGBT. La lutte contre les discriminations qu’ils subissent est légitime, mais il faut être lucide sur l’effet de cantonnement qu’elle génère. Car cette cause, aux yeux du droit-de-l’hommisme petit-bourgeois, présente l’avantage de transcender la division sociale, d’évacuer la question des rapports de classe, bref de conférer à la lutte pour les droits humains une universalité abstraite qui sert les intérêts dominants.

La sélectivité du droit-de-l’hommisme permet aussi de comprendre pourquoi la condamnation des violations incriminées épouse toujours un axe nord-sud. Aucune ONG vénézuélienne ne mène campagne contre la mainmise d’une poignée de milliardaires sur la quasi-totalité des médias en France ou aux USA. En revanche, les ONG occidentales dénoncent sans relâche les violations de la liberté de la presse au Vénézuéla, alors que la presse, loin d’y être opprimée par le pouvoir, appartient à une poignée de capitalistes qui combattent le gouvernement. Machine de guerre contre les Etats récalcitrants, le droit-de-l’hommisme bénéficie donc de financements colossaux, à l’image de ces “Casques blancs” qui jouent au djihadiste côté cour et au brancardier côté jardin grâce aux 15 millions de dollars versés par des fondations britanniques. Moyennant une trousse à maquillage, ils arrivent même à fabriquer des victimes pour émouvoir le populo scotché devant les petites lucarnes.

Ces exemples montrent également que la fonction expresse de l’idéologie droit-de-l’hommiste – servie par ces appareils idéologiques de masse que sont les ONG – est de saper la souveraineté des Etats qu’elle a pris pour cibles. De la fondation de George Soros aux officines qui participent aux conflits armés sous couvert d’action humanitaire en passant par les révolutions de couleur organisées de l’étranger, la galaxie droit-de-l’hommiste intervient partout, distribuant subventions, éléments de langage et certificats de moralité à qui-mieux-mieux dans le seul but de semer le désordre dans des pays dont la liste est fournie par la CIA et dont le seul tort est de faire obstacle à l’hégémonisme occidental. La Russie en sait quelque chose, et on comprend qu’elle ait neutralisé cette poignée d’exhibitionnistes à moitié débiles (Femen) dont l’activisme desservait les intérêts du peuple russe.

Savamment orchestrée au nom des droits de l’homme, toute cette agitation a pour but de vider de sa substance le droit des peuples à s’organiser comme ils l’entendent. Dirigée contre le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, cette ingérence fait peser une menace d’implosion sur les sociétés dont l’essor ou la résistance déplaît à Washington, Londres ou Paris. Pratiquée à grande échelle, l’intervention militaire chez les autres n’a pas toujours donné les résultats escomptés. Elle est désormais remplacée par cette épée de Damoclès planant sur la tête de tous ceux qui osent défier l’Empire et contester le monopole du dollar. Faute de pouvoir vitrifier ses opposants étrangers à l’arme lourde, un Occident arrogant brandit alors l’étendard de l’internationalisme humanitaire. Relayé par un gauchisme qui dissout ses illusions perdues dans le pathos et oublie Trotsky avec BHL, il agite frénétiquement le miroir aux alouettes des droits de l’homme, éblouissant beaucoup de bonnes âmes qui ne voient pas que cette idéologie est le faux-nez de l’impérialisme.

L’Occident a beau croire qu’il a découvert la pierre philosophale, la conception des droits de l’homme, pourtant, n’est pas univoque. Pour les Chinois, le premier des droits est celui de ne pas mourir de faim. Cette priorité n’est pas celle de la gauche occidentale, sinon elle mobiliserait davantage d’énergie à lutter contre la faim dans le monde qu’à promouvoir les droits des minorités. Mais cette divergence n’est pas une raison suffisante pour dire que les idées chinoises ne valent rien. “A plusieurs, nous sommes moins sujets à l’erreur que lorsque nous sommes seuls à décider”, disait Aristote. On veut bien admettre qu’un milliard 379 millions de Chinois puissent se tromper, mais on peine à croire que ce soit le cas tout le temps, d’autant que leur pays qui était un champ de ruines en 1949 est aujourd’hui la première puissance économique du monde. A défaut de quelques coups bien mérités sur le museau, un peu d’humilité éloignerait homo occidentalis de son penchant indécrottable à donner des leçons à la terre entière.

Bruno Guigue
23 août 2017

Bruno Guigue, ancien élève de l’École Normale Supérieure et de l’ENA, Haut fonctionnaire d’Etat français, essayiste et politologue, professeur de philosophie dans l’enseignement secondaire, chargé de cours en relations internationales à l’Université de La Réunion. Il est l’auteur de cinq ouvrages, dont Aux origines du conflit israélo-arabe, L’invisible remords de l’Occident, L’Harmattan, 2002, et de centaines d’articles.

 


Le danger d’être pris au sérieux

Publié par Le Saker Francophone : http://lesakerfrancophone.fr/le-danger-detre-pris-au-serieux


Orlov
Orlov

Par Dmitry Orlov – Le 8 août 2017 – Source Club Orlov

Supposons que vous ayez Napoléon Bonaparte et Jésus-Christ chez vous pour le thé. Napoléon parle de conquête du monde alors que Jésus-Christ le regarde songeur. Une fois que Napoléon finit par se taire, Jésus-Christ l’entretient alors longuement sur le vrai royaume, LUI, qui n’est pas dans ce monde, mais dans le prochain, et comment il n’aura pas de fin. Avec lequel d’entre eux, le cas échéant, devriez-vous être d’accord ? Ce sont des hommes puissants avec de grands egos. Tout faux pas de votre part peut aboutir à ce que vos précieuses tasses de thé personnalisées aux couleurs d’Alice aux Pays des merveilles, délicatement peintes à la main par les dames qualifiées de Stoke-on-Trent, dans le Staffordshire, se brisent en morceaux. Contestez l’un d’entre eux, et cela se retournera contre vous. Renforcez les revendications de l’un contre l’autre, et la situation va dégénérer. Tout un dilemme !

Voici quelques conseils utiles :

1. Ne croyez pas spontanément que vous avez affaire à un couple de schizophrènes. C’est un diagnostic plutôt technique, et vous devriez laisser cela à des spécialistes. Oui, ces deux personnages sont installés dans des récits qui ne ressemblent pas à la réalité consensuelle. Mais peut-être ont-ils commencé un jeu de rôle et ont ensuite été emportés. Finalement, leurs rôles sont liés à leurs egos fragiles et endommagés, et qui n’a pas un ego quelque peu endommagé par les temps qui courent ? Tenter de dénigrer leurs récits fictifs et de démolir leurs identités artificielles peut les pousser à éprouver des ruptures psychotiques, des explosions de violence ou des épisodes de dépression. Il vaut mieux simplement les laisser parler.

2. Être respectueux, montrer de l’intérêt et de l’empathie. Napoléon Bonaparte et Jésus-Christ sont comme deux moutons qui ont perdu leur chemin ; Peut-être que vous pouvez les aider à le retrouver. Tout d’abord, ils sont tous les deux des dramatis personae très intéressants. C’est vous qui les avez invités à prendre le thé, et c’est vous qui, tout simplement par protocole et politesse, devez maintenant les écouter. Vous devez (semblez le faire du moins) les prendre à leur propre mot. Les deux (ils le pensent) ont déjà beaucoup de pain sur la planche, et vous devriez avoir de l’empathie avec cela. Construire un empire mondial dans ce monde, ou un royaume éternel dans le prochain, sont à la fois des tâches intimidantes, épiques dans leur portée, et ils méritent donc votre émotion (feinte) et votre respect.

3. Apaisez les contradictions et les tensions diffuses. Napoléon peut avoir son empire mondial dans ce monde – car, après tout, quelqu’un doit faire le sale travail de gouverner cette planète indisciplinée et difficile. Et Jésus peut laisser ce monde entre les bonnes mains de Napoléon et se concentrer sur la construction de son royaume éternel dans le prochain, ce qui est aussi une tâche formidable. Pour ajouter au côté solennel, citez les Écritures : « Rendez à César ce qui est à César ; et à Dieu ce qui est à Dieu » (Matthieu 22:21). Napoléon se sentira flatté d’être comparé à César, Jésus va sans doute rougir d’être appelé « Dieu » et vous allez apparaître érudit et sage : une affaire gagnant-gagnant-gagnant.

4. Résistez à leurs efforts pour tenter de vous rallier à leur cause. Pour résister efficacement, vous devez avoir une stratégie pour rester imperméable à leurs exigences. La meilleure démarche est d’avoir une cause bien à vous, que vous ne pouvez pas ne pas poursuivre de manière monomaniaque. Elle peut être assez triviale par rapport aux leurs, et vous devriez être humble et admettre cela facilement. Mais puisque vous respectez leurs causes, vous êtes en droit de demander qu’ils respectent la vôtre en retour, même s’il s’agit de rendre votre prochain lot de concombres marinés encore plus croquants ou d’inventer un jeu de trapèze impliquant des chats spécialement formés à la maison. Préparez-vous à discuter sans fin de votre cause spéciale, en insistant énormément sur la répétition. S’ils suggèrent que vous êtes fou, acquiescez doucement avec eux, mais soulignez que cette sorte de folie est parfaitement inoffensive.

5. Restez sur vos gardes en tout temps pendant que ces deux là sont dans le coin. Qu’ils soient dans des jeux de rôles, des schizophrènes délirants ou à part entière, ils ne jouent pas franc jeu et vous ne ne devez pas leur faire confiance. Ne les laissez pas hors de votre vue et assurez-vous qu’ils sont introduits et raccompagnés par vous-même et ne sont pas autorisés à se promener seuls dans les locaux. Regardez leurs yeux et leurs mains et ne laissez aucun élément important ou cher à proximité. Ne leur faites aucune promesse. Soyez poli mais vague sans vous compromettre. Évidemment, ne leur faites pas confiance avec des clés, des commandes, des outils et, encore moins, de l’argent.

6. Gardez ces deux là, et ceux qui les aiment bien, loin des enfants. Les enfants ne comprennent que vaguement qu’il y a une différence entre ce qui est réel et ce qui semble l’être, et ils sont facilement convaincus de choses qui ne sont pas vraies, surtout par des adultes imposants et autonomes. Le fait que de nombreux types de faux semblants soient beaucoup plus attrayants (au moins pour un esprit immature) que la réalité souvent difficile les rend encore plus séduisants. Si ce n’est pas possible, n’oubliez pas d’expliquer aux enfants qu’il s’agit d’un jeu mais que ces gens stupides ne savent pas que c’en est un et que c’est donc un secret. Une fois le jeu terminé, assurez-vous qu’ils comprennent bien que c’est fini, et assurez-vous qu’ils savent ce qui est réel et ce qui est faux. Si les enfants sont sérieusement attrapés par le jeu, vous avez une certaine déprogrammation à faire. Pour ajouter un peu plus de solennité : « Quand j’étais enfant, j’ai parlé comme un enfant, j’ai compris comme un enfant, j’ai pensé comme un enfant : mais quand je suis devenu un homme, j’ai mis de  côté les choses enfantines » (1 Corinthiens 11). Vous ne voulez certainement pas que vos enfants traversent la vie en voyant le monde « à travers un verre obscurci » (1 Corinthiens 13).

7. Réalisez que ces deux personnages ont le potentiel de causer des dégâts considérables ou d’être un gaspillage colossal des énergies et du temps de chacun, et veillez à limiter le temps et les ressources (ou de toute autre personne) qu’ils peuvent gaspiller avec leurs quêtes absurdes et sans fin. Cette Fête du thé complètement folle ne peut pas être sans fin : une fois que la théière est vide, c’est « Au revoir et Merci beaucoup d’être venus ». Essentiellement, vos interactions avec eux poursuivent l’objectif de les surveiller tout en leur offrant un traitement humain. Mais ils ne devraient pas être autorisés à s’entendre ou à vous dissuader ou à vous détourner d’aider ceux qui méritent également ou plus votre attention. Plus important encore, assurez-vous que leurs opinions et leurs efforts n’ont aucun effet néfaste sur la vie de votre communauté.

8. Gardez à l’esprit que les troubles qui nuisent à leur esprit peuvent être contagieux et qu’ils doivent être mis en quarantaine. Ce ne sont pas seulement les enfants qui préfèrent souvent un faux-semblant séduisant à une réalité beaucoup plus dure : les adultes les plus faibles et les plus influençables peuvent être séduits. Pour éviter une épidémie de pensées délirantes, il peut s’avérer nécessaire de consacrer beaucoup d’efforts à maintenir et à sauvegarder les limites de la réalité consensuelle basée sur les faits et à appliquer des normes d’adéquation mentale. La pensée délirante ne doit pas être acceptée comme un « désordre du spectre » où tout le monde est considéré comme un peu sénile et un peu délirant à un degré ou un autre, et est autorisé à faire circuler des « faits alternatifs » ou à injecter des hypothèses, des conjectures ou des insinuations à la place des faits. Plus précisément, tout soupçon d’une personne qui persiste dans l’illusion devrait automatiquement disqualifier celle-ci pour participer aux délibérations et à la prise de décision en groupe.

Quel est l’intérêt pratique de la discussion ci-dessus ? Par chance, je crois que les conseils décrits s’appliquent dans le domaine des relations internationales. Plus précisément, il existe actuellement un grand pays en particulier qui est particulièrement impliqué dans une illusion :

  • Il croit être riche alors qu’il est en faillite.
  • Il croit être prospère alors qu’il a dégénéré en une série de rackets.
  • Il estime être militairement puissant même s’il n’a pas pris l’avantage dans un seul conflit militaire depuis plus d’un demi-siècle.
  • Il croit être une « ville brillante sur une colline » même s’il est la nation la plus corrompue sur terre et ne peut servir d’exemple à personne.
  • Il croit être démocratique pourtant son système est mité et contrôlé par l’argent, y compris de l’argent étranger, au lieu d’être contrôlé par les préférences et les votes de ses citoyens.
  • Il croit être une nation souveraine malgré le contrôle de sa législature par une puissance étrangère, et plutôt petite d’ailleurs.
  • Il croit être gouverné par la règle du droit alors qu’il l’est en réalité par l’argent, ce qui le rend très peu fiable et très inefficace, avec un système de justice pénale qui transforme les citoyens en esclaves.
  • Il englobe des normes culturelles qui sont opposées à ce qui a été considéré comme normal dans l’histoire de l’humanité, déguisant la déviance sexuelle et toute sorte de vice en utilisant la rhétorique des droits de l’homme, attaquant le comportement vertical et la vertu traditionnelle comme formes d’oppression et incapable de voir que cela le rend abominable pour la grande majorité de la population mondiale.
  • Enfin, il croit avoir le droit de dire à tous les autres ce qu’il faut faire malgré le fait que, compte tenu de tout ce qui précède, personne ne veut plus l’écouter.

Dans le cas où vous ne l’avez pas encore deviné, ce pays, c’est les États-Unis d’Amérique. Il est déjà au milieu d’une crise mentale à l’échelle nationale, et son état mental se détériore chaque jour qui passe. Aucune combinaison d’antidépresseurs ou d’antipsychotiques (qui sont déjà distribués comme des bonbons lors d’une fête d’anniversaire pour enfants) n’est susceptible de le rendre meilleur.

Mais vous pourriez dire : « Alors, quoi ? Les pays et les empires grandissent et tombent, mais le monde continue de tourner de toute façon. Quelle différence cela ferait-il si les États-Unis traversent une crise mentale carabinée, s’effritent et ont cessé d’apparaître sur le radar de quiconque ? Les États-Unis ne représentent que le vingtième de la population mondiale et, pour la plupart des indicateurs, ce n’est même pas la meilleure partie (bien qu’elle soit la plus fortement armée, la plus fortement médicalisée avec des substances légales et illégales, et de loin la plus obèse). »

Je ne souhaite pas discuter de la déclaration ci-dessus. Ce que je veux faire, c’est résoudre un problème spécifique. Il y a un certain autre pays dont je me préoccupe, et il se trouve être au centre d’une hystérie de masse qui saisit actuellement les États-Unis. Ce pays, c’est la Russie. Après avoir lu et écouté les analyses offertes par les experts de la politique étrangère en Russie, j’en suis arrivé à la conclusion qu’ils ont une tendance indésirable à prendre les messages et les déclarations officielles qui arrivent des États-Unis à leur valeur nominale. Ceci, je crois, est une erreur très grave. Les personnes déclarées non compos mentis ne peuvent être parties prenantes dans des négociations de bonne foi ; ni les pays malades mentaux.

Il y a beaucoup de raisons qui expliquent la tendance russe à considérer les États-Unis comme ce qu’ils ont été autrefois plutôt que ce qu’ils sont devenus depuis. L’une des raisons, historiquement, est que la Russie a considéré les États-Unis comme un adversaire sérieux et un grand nombre de Russes ont construit leur carrière en les voyant de cette façon. S’il s’avère soudain que les États-Unis sont une mauvaise blague, ils perdraient indubitablement la face. Une autre raison est que la relation contradictoire avec les États-Unis a donné l’impulsion à la Russie pour pratiquer une certaine discipline personnelle dans ce qui a trait à la gestion de ses affaires intérieures. Mais s’il s’avère que les États-Unis doivent maintenant n’être plus dignes que de pitié au lieu d’être craints et combattus becs et ongles, cette impulsion serait perdue.

Ces raisons sont en quelque sorte légitimes. Mais il y a un danger derrière la tendance russe à continuer à prendre les États-Unis au sérieux. Considérez ce qui se passe si quelqu’un prend les désirs d’un schizophrène à leur valeur nominale et commence à agir en fonction de cela : le schizophrène se sent légitimé et habilité et devient encore plus dangereux, il peut provoquer des conflits mineurs en spirale et devenir hors de contrôle. Une meilleure stratégie pour y faire face est ce qui est indiqué ci-dessus : écoutez-les, plaisantez avec eux, détournez leur attention, gardez-les à l’œil, si besoin contraignez-les, mais surtout, ignorez-les et poursuivez la tâche que vous avez à accomplir. J’espère que les experts et les spécialistes de Moscou en prendront note.

Si la Russie continue à prendre les États-Unis au sérieux, cela menace à la fois les États-Unis et la Russie. Alors que l’élite dirigeante aux États-Unis convulse dans son agonie, il est primordial de considérer ses mots et ses actions pour ce qu’ils sont – les discernements et les frappes aléatoires de fous – plutôt que des provocations de bonne foi. Il est d’une importance vitale de les empêcher de tenter le « suicide par les armes nucléaires russes » [Allusion au suicide par policier, NdT], mais il devrait leur être permis de divaguer et de vitupérer.

Bien que le refus de prendre les États-Unis au sérieux soit une première étape nécessaire, le fait de ne pas les prendre au sérieux n’est guère mieux, car il est contraire à l’éthique d’utiliser les malades mentaux comme un divertissement. Au lieu de cela, un certain nombre de spécialistes devraient être affectés à la tâche d’observer de manière décontractée les États-Unis à une distance sûre et de communiquer avec eux sur la base d’un protocole psychiatrique approuvé. Au-delà, les États-Unis devraient tout simplement être mis sous camisole de force et en quarantaine – politiquement, économiquement et, surtout, culturellement. Les États-Unis représentent encore une menace formidable – une menace pour la santé mentale – et continueront à l’être dans un avenir prévisible, car il n’y a pas de limite pratique ou théorique à la durée ou à la gravité de leur état.

Dmitry Orlov

Les cinq stades de l'effondrementLe livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie », c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker Francophone


La Corée du Nord veut tirer quatre missiles près de Guam – Un pari risqué

Publié par Le Saker Francophone : http://lesakerfrancophone.fr/la-coree-du-nord-veut-tirer-quatre-missiles-pres-de-guam-un-pari-risque

Par Alexis Toulet  – Le 11 août 2017 – Source noeud-gordien.fr

THAAD.jpg
Le système de défense antimissile américain THAAD – déjà déployé sur l’île de Guam, et déjà testé contre un missile balistique de portée intermédiaire comme le Hwasong-12 nord-coréen

L’escalade verbale entre Donald Trump et Kim Jong Un vient d’aboutir à un nouveau palier. La Corée du Nord a annoncé le 10 août préparer à partir de la mi-août un essai de missiles particulièrement provocant, avec le tir de quatre missiles balistiques à portée intermédiaire Hwasong-12 juste à côté de l’île américaine de Guam dans le Pacifique ouest.

Décision surprenante et pari risqué, car c’est le système de défense antimissile américain qui est visé, et les paramètres choisis par Pyongyang pour cet essai lui sont défavorables. Le défi est en tout cas éclatant – tout se passe comme si Kim Jong Un voulait forcer l’Amérique à utiliser sa défense antibalistique, et était persuadé de la mettre en échec. Donald Trump pourra-t-il éviter de relever ce défi ?

Pourquoi l’on parle de guerre

Suite aux essais de missiles intercontinentaux réalisés par la Corée du Nord cette année, en particulier l’essai le 4 juillet d’un missile Hwasong-14 capable de lancer une charge de 500 à 600 kg suffisante pour une ogive nucléaire à une portée de 8 000 à 10 000 km – mettant donc sous le feu au minimum les États américains de l’Alaska et de Hawaï ainsi que la ville de Seattle, au maximum toute la moitié ouest du pays y compris la métropole de Los Angeles – le président américain a réitéré sa politique fortement exprimée en début d’année : la Corée du Nord parvenant à mettre au point une arme nucléaire capable d’atteindre les États-Unis, « Ça n’arrivera pas ! ».

Le jeu des pressions, notamment l’alourdissement des sanctions économiques, s’avérant insuffisant pour convaincre Pyongyang de renoncer à étendre sa dissuasion nucléaire au territoire américain, Donald Trump est passé aux menaces ouvertes, annonçant « feu et colère«  ainsi qu’« une puissance que franchement le monde n’a jamais vu jusqu’ici » si le dictateur nord-coréen ne faisait que continuer ses menaces.

En réalité, il serait très délicat pour les États-Unis de prendre l’initiative d’une attaque sur la Corée du Nord, car elle dispose de toute une échelle de ripostes possibles :

  • depuis des attaques voire un barrage d’artillerie qui s’avérerait extrêmement destructeur sur Séoul la métropole sud-coréenne, laquelle est toute proche de la frontière, ou
  • des attaques au missile à ogive classique sur les bases américaines en Corée du Sud ou au Japon
  • jusqu’à l’utilisation de l’arsenal massif d’armes chimiques, estimé entre 2 500 et 5 000 tonnes, y compris l’agent militaire le plus dangereux, le VX, lequel fut utilisé lors de l’assassinat par Kim Jong Un de son frère
  • de l’arsenal biologique, qui pourrait se prêter à des attaques de type terroriste, même sur le territoire américain
  • et maintenant nucléaire monté sur missile balistique, Pyongyang disposant suivant les évaluations de 20 à 60 armes d’une puissance équivalente à celle qui bombarda Hiroshima

La solution la plus raisonnable serait pour Washington d’accepter le fait de la dissuasion nord-coréenne, de même qu’il a accepté en leur temps le fait de la dissuasion soviétique puis russe et le fait de la dissuasion chinoise. Donald Trump cependant, ayant plusieurs fois exprimé l’idée déjà entretenue par Nixon qu’apparaître « fou » ou « incontrôlable »serait utile en cas de crise internationale – car permettant d’obtenir davantage de concessions de l’interlocuteur – a décidé de continuer d’appliquer cette posture. Ou cette tactique, c’est toute la question, et le jeu tel que semble le concevoir le président américain est de créer un vrai doute sur le fait qu’il pourrait réellement être « fou ». Donald Trump s’estime encore mieux qualifié que le « grand dirigeant » nord-coréen pour maintenir ce doute.

Le défi lancé par Kim Jong Un

La décision annoncée par la Corée du Nord de faire des essais de missile balistique « à 30-40 kilomètres de Guam » est évidemment suprêmement provocatrice. Légale en droit international – les missiles devant retomber hors des eaux territoriales américaines – elle est comparable à un homme armé d’un fusil lançant à un autre « Ne bouge pas… je vais tirer à dix centimètres de ta main ». Difficile d’imaginer message plus clair de Pyongyang comme quoi il ne cédera pas aux pressions américaines pour lui faire limiter, sans parler d’abandonner, sa dissuasion nucléaire.

Mais ce qui frappe avant tout, c’est que ce projet de tirs ressemble à s’y méprendre à une invitation aux États-Unis à réaliser un test en vraie grandeur de leurs systèmes anti-balistiques. Non seulement ils pourraient parfaitement le justifier devant leur opinion comme devant les autres pays, arguant par exemple d’un risque que les missiles nord-coréens ne frappent Guam par accident, ou simplement d’un risque pour la navigation. Mais ils se trouvent encore dans les meilleures conditions techniques pour le faire : ils connaissent précisément le lieu, ont une idée de la date ou du moins de la période dans laquelle le test aura lieu, le nombre de missiles assaillants n’est pas très élevé, et c’est précisément leur système anti-balistique a priori le plus fiable qui est déjà déployé sur place ! 1

Il est pour le moins osé, pour ne pas dire très risqué, pour Kim Jong Un d’avoir lancé un tel défi. Car enfin le THAAD est loin d’être dénué de capacités. En service depuis 2008, il a passé avec succès les 13 tests d’interception réalisés entre 2005 et 2017 avec la version finale.

Sans doute, sa vitesse maximale de 2,8 km/s est inférieure à la vitesse finale d’un missile balistique tel que le Hwasong-12 qui en se basant sur l’estimation de sa portée doit être de l’ordre de 6 km/s, mais cela n’empêche pas une interception à partir du moment où l’ogive du missile assaillant n’est pas manœuvrant, ce qui n’est presque certainement pas le cas des missiles nord-coréens à ce stade de leur développement.

Sans doute, le THAAD n’a été testé qu’une fois contre un missile de portée intermédiaire le 11 juillet dernier, étant à l’origine prévu pour parer des missiles de portée plus courte. Cependant, ce test fut un succès.

Ce test signe une amélioration du système de défense, qui jusqu’à (ce jour) n’avait intercepté que des missiles de portée plus courte. Quoique la simulation ait été planifiée depuis des mois, elle arrive au moment d’une menace internationale croissante de la part de la Corée du Nord, qui a testé son premier missile intercontinental le 4 juillet.

Même si cet essai unique laisse la porte ouverte à quelques doutes – il faudrait plusieurs essais, dans une variété de conditions différentes, pour vraiment donner confiance dans la capacité de défense contre l’attaque simultanée de plusieurs balistiques intermédiaires – il reste bon signe s’agissant d’un système qui est par ailleurs déjà au point. Et rien n’empêcherait les batteries de défense de lancer deux intercepteurs sur chaque assaillant, afin de renforcer la probabilité de succès.

Risque majeur pour la Corée du Nord

Le risque pour Pyongyang, et il est grand, c’est que les États-Unis parviennent à intercepter les quatre missiles. Ce serait pour la dissuasion nord-coréenne un revers très grave et en fait réellement dangereux, avec l’impression que la Corée du Nord est en fait impuissante, ses meilleures armes incapables de percer le bouclier antimissile américain.

Même si elle conserverait en tout état de cause sa capacité à frapper Séoul par barrage d’artillerie, tout comme sa capacité à saturer les défenses antimissile américaines et japonaises sous le nombre des missiles à courte portée, Washington pourrait en conclure que ce n’est en tout état de cause pas son territoire qui est sous le feu, du moins pour l’instant, et le calcul cynique et halluciné « mieux vaut les Coréens voire les Japonais aujourd’hui que nous demain » pourrait-il pousser Trump et son entourage à déclencher une guerre pour empêcher Pyongyang de mettre en service le missile intercontinental qu’il a testé le 4 juillet, acceptant les énormes pertes civiles du fait que ce seraient des alliés qui les subiraient plutôt que les Américains eux-mêmes ?

Certes, si Washington ne réussit pas à intercepter plus d’un ou au maximum deux missiles, ou s’il n’essaie même pas, Pyongyang aura donné une démonstration impressionnante et créé l’impression – pour longtemps ? – que la défense antimissile américaine n’est qu’un tigre de papier. Oui… mais à se baser sur les informations en source ouverte, ce n’est pas l’issue qui paraît la plus probable.
Sachant que la dissuasion est avant tout un effet psychologique qui se construit dans la tête de l’adversaire potentiel, il est surprenant que Kim Jong Un accepte de prendre un tel risque. Faut-il imaginer que le jeune dictateur ait un caractère téméraire ?

Il y a de quoi s’interroger : les responsables du programme balistique nord-coréen n’auraient-ils pas « bourré le mou » du jeune dictateur, en lui décrivant un système plus avancé et imparable qu’il ne l’est en réalité ? Si c’est le cas, ce serait très risqué pour les responsables concernés, Kim Jong Un n’ayant pas le profil d’un dirigeant qui pardonne facilement – l’enjeu pour les fautifs serait au minimum le camp de rééducation… Toutefois, ce ne serait pas sans précédent, les dictateurs ayant tendance à créer autour d’eux une bulle d’admirateurs et de sycophantes assurant leur position non seulement en l’assurant de son génie, mais encore en ne lui donnant que les bonnes nouvelles.

Ou bien savent-ils quelque chose sur les performances de leur missile que les autres ne savent pas, et qui resterait confidentiel ?

Enjeu pour les États-Unis – pourront-ils refuser le défi ?

Ce qui semble clair, c’est que maintenant que le défi a été lancé, aussi publiquement et aussi solennellement que possible, il serait difficile aux États-Unis de le refuser, c’est-à-dire de ne pas faire tout leur possible pour intercepter les missiles.

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Retrouvons-nous sur le pré demain à six heures, Monsieur !

On pourrait imaginer à première vue que les États-Unis se contentent de regarder les missiles s’écraser en mer pas loin de chez eux dans les eaux internationales. Seulement voilà, ils ont des alliés à rassurer, un système antimissile qui est directement mis au défi, donc ils n’ont le le choix qu’entre tenter l’interception – et courir le risque semble-t-il assez petit de tout rater et d’être ridicule – et ne pas la tenter – courant ainsi un risque majeur de convaincre le monde entier qu’ils n’ont pas eux-mêmes confiance dans les performances de la défense antimissile dont ils font tant de cas, et qu’ils proposent si bruyamment à leurs alliés dans la région (Corée du Sud, Japon) comme dans le reste du monde. Ce n’est vraiment pas le message que Washington souhaite envoyer.

D’autre part, le président américain a pour le moins l’orgueil chatouilleux, et il est engagé dans une compétition de provocations verbales avec son homologue nord-coréen. Il lui serait très difficile de refuser de participer à cette sorte d’explication et de duel technologique – missile contre missile, pas de vie humaine en jeu – que tente de lui imposer Kim Jong Un, alors même qu’il vante si volontiers la puissance américaine et la qualité de ses armes. Il semble très probable qu’il choisira d’utiliser les THAAD… sauf si ses généraux lui expliquaient qu’en fait ils seraient dépassés, mais rien dans les informations en source ouverte ne permet de le penser.

Il est surprenant que Kim Jong Un lance un tel défi avec son programme de missiles là où il en est. Mais le vin est maintenant tiré, il faut le boire. Pour la Corée du Nord, comme pour les États-Unis.

Ce sera le tout premier test en vraie grandeur du résultat de plus de trente ans de R&D américaine en défense anti-balistique !

La réaction américaine est pratiquement obligée…

Alexis Toulet

Note du Saker Francophone

A moins aussi que des alliés des Nord-Coréens ne leur aient donné des garanties que les systèmes THAAD seraient inopérants ou inefficaces ce jour-là. Il faut se souvenir comment les Russes ont "éteint" le système Aegis monté sur le Donald Cook en Mer Noire. Un sous-marin pourrait se trouver sur zone opportunément ce jour-là avec un système de contre mesure électronique ou un drone...

Cela pourrait décrédibiliser toute la politique de "défense" de l'US Army au Japon et en Corée du Sud qui vient d'élire un président tentant de bloquer le déploiement du système THAAD en Corée du Sud.
  1. L’interception d’un missile balistique est pensable lors de ses trois phases de vol : 1) Agir lors de la phase ascensionnelle pose beaucoup de problèmes intrinsèques – le temps de réaction, la possibilité même de rallier à temps l’endroit adéquat – il y a lieu de douter que les États-Unis en aient vraiment la capacité. 2) Le seul système capable de tenter une interception à mi-course est le GBI, lequel est basé en Alaska et en Californie, ce qui ne convient évidemment pas au cas d’un missile visant Guam depuis la Corée du Nord
    3) Mais quant à l’interception en phase terminale – lorsque le missile se rapproche de sa cible depuis l’espace – les États-Unis disposent de deux systèmes supposés en être capables : le SM-3 basé sur croiseur Aegis et surtout le THAAD.
    Or la base militaire de Guam a déjà son propre système THAAD – « Its components include what the Army calls the « world’s most-advanced mobile radar, » three truck-mounted launchers for the ballistic missile interceptors, a cooling and fire control system, as well as a 1.3-megawatt power generator. » Trois lanceurs, cela représente un total de 24 missiles, ce qui est bien assez pour lancer 2 intercepteurs sur chacun des quatre Hwasong-12 nord-coréens, afin de maximiser la probabilité d’interception. 

Macron-Libye : la Rothschild Connection

Manlio Dinucci

Il Manifesto

“Ce qui se passe aujourd’hui en Libye est en quelque sorte le noeud d’une déstabilisation à multiples visages” : a déclaré le président Macron en célébrant à l’Elysée l’accord qui “trace la feuille de route pour la paix et la réconciliation nationale”.
Macron attribue la situation chaotique du pays uniquement aux mouvements terroristes, lesquels “visent à profiter de la déstabilisation politique et de la manne économique et financière qui peut exister en Libye pour prospérer”. Pour cela -conclut-il- la France aide la Libye à bloquer les terroristes. Macron renverse, de cette façon, les faits. L’artisan de la déstabilisation de la Libye a précisément été la France, avec les Etats-Unis, l’Otan et les monarchies du Golfe.
En 2010, documente la Banque mondiale, la Libye enregistrait en Afrique les plus hauts indicateurs de développement humain, avec un revenu par habitant moyen-haut, l’accès universel à l’instruction primaire et secondaire et de 46% à l’enseignement supérieur. Environ 2 millions d’immigrés africains y trouvaient du travail. La Libye favorisait par ses investissements la formation d’organismes économiques indépendants de l’Union africaine.

Usa et France -prouvent les emails d’Hillary Clinton- s’accordèrent pour bloquer le plan de Kadhafi de créer une monnaie africaine, en alternative au dollar et au franc Cfa (monnaie que la France impose à 14 de ses ex-colonies africaines). Ce fut Clinton -documente le New York Times– qui fit signer au président Obama “un document qui autorisait une opération secrète en Libye et la fourniture d’arabes aux rebelles”, y compris des groupes jusque là classifiés terroristes.

Peu après, en 2011, l’Otan sous commandement USA démolissait par la guerre (ouverte par la France) l’Etat libyen, en l’attaquant aussi de l’intérieur avec des forces spéciales. D’où le désastre social, qui fera plus de victimes que la guerre elle-même surtout chez les migrants.

Histoire que Macron connaît bien : de 2008 à 2012 il fait une fulgurante (autant que suspecte) carrière à la Banque Rothschild, l’empire financier qui contrôle les banques centrales de quasiment tous les pays du monde. En Libye, la Banque Rothschild débarque en 2011, tandis que la guerre est encore en cours. Les grandes banques étasuniennes et européennes effectuent en même temps la plus grande rapine du siècle, en confisquant 150 milliards de dollars de fonds souverains libyens. Dans ses quatre années de formation chez Rothschild, Macron est introduit dans le gotha de la finance mondiale, où se décident les grandes opérations comme celle de la démolition de l’Etat libyen. Il passe ensuite à la politique, faisant une fulgurante (autant que suspecte) carrière, d’abord comme vice-secrétaire général de l’Elysée, puis comme ministre de l’économie. En 2016 il crée en quelques mois son parti, En Marche !, un “instant party” soutenu et financé par de puissants groupes multinationaux, financiers et médiatiques, qui lui ouvrent la voie à la présidence. Derrière le protagonisme de Macron ne se trouvent donc pas seulement les intérêts nationaux français. Le butin à partager en Libye est énorme : les plus grandes réserves pétrolifères africaines et de grosses réserves de gaz naturel ; l’immense réserve d’eau fossile de la nappe nubienne, l’or blanc en perspective plus précieux que l’or noir ; et le territoire libyen lui-même de première importance géostratégique à l’intersection entre Méditerranée, Afrique et Moyen-Orient.

Il y a “le risque que la France exerce une forte hégémonie sur notre ex-colonie”, prévient Analisi Difesa, en soulignant l’importance de l’imminente expédition navale italienne en Libye. Un appel à l’”orgueil national” d’une Italie qui réclame sa part dans la partition néo-coloniale de son ex-colonie.

 

Edition de mardi 1er août 2017 de il manifesto

https://ilmanifesto.it/macron-libia-la-rothschild-connection/ 

 


Napoléon Ier confondu avec Napoléon III : la nouvelle Macronnerie !

http://www.medias-presse.info/napoleon-ier-confondu-avec-napoleon-iii-la-nouvelle-macronnerie/77410/?utm_source=OxiMailing&utm_medium=e-mail&utm_campaign=mpi_202

Hristo Xiep  21 juillet 2017

L’inculture de notre Président est encyclopédique : il ne sait rien sans parler de ce qu’il ignore. Maman Gigitte devrait lui faire réviser son histoire-géo (entre autres) parce qu’il est passé sous la barre du niveau hollandais (son prédécesseur, pas les habitants des Pays-Bas…).

On avait appris avec le factotum de la banque Rothschild que Villeurbanne était dans la banlieue de Lille (son livre Révolution paru en novembre 2016).

On avait appris que la Guadeloupe était un pays étranger puisqu’on « s’expatriait » là-bas (tweet du 16 décembre 2016).

On avait appris qu’adolescent, il avait connu la misère en vivant avec 6.500 francs par mois (Explicite, 21 mars 2017).

On avait appris que la Guyane était une île (meeting à La Réunion, 26 mars 2017).

On avait appris que le Front National avait organisé des attentats contre De Gaulle… 10 ans avant sa fondation (attentats par ailleurs financés par Marcel Dassault, Valéry Giscard d’Estaing servant d’interface entre « Tonton Marcel » et l’OAS) (TF1, 27 avril 2017)

On avait appris que notre fierté républicaine et le Conseil National de la Résistance (fondé le 27 mai 1943) était nés à Oradour-sur-Glane (tragédie du 10 juin 1944) (Discours d’Oradour-sur-Glane, 28 avril 2017).

On apprend maintenant que c’est Napoléon Ier  qui a réalisé les grands travaux d’aménagement de Paris. Il n’était pas loin, c était Napoléon III (entretien avec Donald John Trump, 14 juillet 2017).

Emmanuel Macron avait déclaré dans son meeting de Lyon du 5 février 2017 qu’il « n’y avait pas de culture française ». En tout cas, une chose est sûre, il n’y a pas de culture macronienne. Normal, Macron est passé par l’ENA entre 2002 et 2004. L’anagramme d’ENA n’est-il pas âne ?

On connaissait les ânes bâtés, faite qu’en 2022 on ait un âne battu…

Hristo XIEP



 

Déclaration du Comité central du Parti communiste de Grèce (KKE) concernant le référendum du 5.7.2015

Appréciations concernant le référendum

et les développements politiques

  1. Le KKE salue les membres et amis du Parti et de la KNE [Jeunesse communiste de Grèce], les travailleurs qui se sont érigés contre les dilemmes fallacieux, tendus pour piéger le peuple. Il salue tous ceux qui dans une conjoncture de terrorisme idéologique, de pauvreté, d’angoisse quotidienne pour subsister, à cause des restrictions des opérations bancaires, des non-paiements, des licenciements, ont livré bataille, dans la mesure où le peu de temps alloué le permettait, pour que la position du KKE concernant le référendum soit connue largement, et qui est résumé par le slogan: «NON à la proposition de l’UE- FMI-BCE et NON à la proposition du gouvernement grec. OUI à la sortie de l’UE avec les peuple au pouvoir».

Les processus économiques et politiques qui ont suivi la proclamation du référendum, ont une fois de plus démontré la nature impérialiste antipopulaire de l’UE, ainsi que sa profonde iniquité, ses antagonismes aigus. Ils ont justifié la position du KKE. Dans leurs communiqués communs, tant les forces politiques qui ont appelé à voter «NON» (SYRIZA – ANEL, avec le soutien de l’AD), que celles qui ont appelé à voter «OUI» (ND, POTAMI, PASOK) se servent du vote populaire comme d’une soi-disant approbation pour un nouvel accord antipopulaire – un protocole d’accord ou mémorandum, avec l’UE-BCE-FMI. Ceci, en l’occurrence, était clairement apparu avec les nouvelles propositions mises sur la table de négociation tant par l’eurozone et le FMI, que par le gouvernement SYRIZA – ANEL quelques jours avant la tenue du référendum. Les petits changements aux anciennes et plus récentes versions ne changent guère le caractère antipopulaire des nouvelles et plus douloureuses mesures à venir.

Indépendamment des manœuvres et des slogans, là où se rejoignent les partis qui appellent à voter «NON» ou «OUI» est leur acceptation de l’UE et de l’eurozone, ainsi que de l’assujettissement du peuple aux monopoles, sous la bannière de la soi-disant unité nationale.

  1. Le gouvernement porte la responsabilité du refus de prendre en compte la question proposée par le KKE pour le référendum. Le gouvernement, voulait qu’il n’y ait que la sienne, rédigée en termes vagues, pour avoir les mains libres d’exploiter soit l’une soit l’autre réponse, qu’il interpréterait selon ses préférences politiques. La position du Parti communiste était la seule qui niait le dilemme bidon-piège du référendum, susceptible d’exprimer la volonté du peuple de se débarrasser de tous les mémorandums et non pas de valider l’une ou l’autre réponse.

C’est la seule position susceptible d’exprimer, sans ambiguïté ni mésinterprétation, les dispositions radicales parmi le peuple, contestant l’UE, qui peuvent s’identifier avec la proposition globale du KKE, à savoir la sortie de l’UE, l’annulation unilatérale de la dette avec le peuple aux commandes du pouvoir et de l’économie. Cette position du KKE concourt à l’émancipation ouvrière-populaire et répond aux desseins visant à impliquer le peuple dans différents scénarios antipopulaires.

Dès le départ, l’attitude du KKE au référendum n’avait pour cible une quelconque influence étroitement partisane. Il s’agissait d’une position de principe, il livrait un message politique au peuple de ne pas succomber au chantage, que ce soit celui de la troïka ou celui du gouvernement et des autres partis politiques bourgeois, pour que son «NON» – quel que soit le contenu – ne soit pas ajouté aux «OUI» pour l’UE, à l’accord, ni avec la proposition des «partenaires»[EE-BCE-FMI – NdT] ou du gouvernement SYRIZA-ANEL.

  1. Cette position de classe, nette, conséquente a été confirmée dès le lendemain quand tous – sauf le KKE – ont compris le but de l’accord avec ses conditions douloureuses pour le peuple, sous la forme d’un nouveau mémorandum avec de dures mesures antipopulaires.

Le gouvernement a convoqué un Conseil de dirigeants politiques sous la Présidence de la République, avec comme ordre du jour, d’informer les partis politiques. Le KKE a participé et s’est positionné lors de la réunion, au cours de laquelle le Premier ministre a informé quant aux positions et propositions du gouvernement pour les négociations. Le Parti communiste a clairement exprimé ses points de vue au cours de la réunion et immédiatement après fait un communiqué public, aussi bien sur le référendum que sur le cours des négociations et des problèmes qui attendent le peuple ainsi que sur la proposition de la troïka et celle du gouvernement.

Le KKE a exprimé son désaccord global avec le communiqué conjoint, de tous les autres partis. Il a stipulé son désaccord avec les estimations du communiqué commun ainsi que sur l’orientation des négociations qui mènerait à de nouvelles sévères mesures. Il a souligné que le peuple n’a autorisé personne à avancer vers un accord–mémorandum douloureux, avec des mesures antipopulaires.

Le communiqué commun des cinq partis révèle que les forces du «OUI» ainsi que celles du «NON» ont un ciblage stratégique commun, le soutien au développement capitaliste. Ils soutiennent «le sens unique» de l’UE, vêtu du manteau bidon de «l’entente et du consensus national.»

  1. Le gouvernement a d’immenses responsabilités, parce qu’avec sa décision de définir les choix posés au référendum il a permis au capital et à ses porte-paroles politiques de renforcer encore plus le chantage et le terrorisme en direction du peuple afin de piéger les forces ouvrières-populaires dans le sens-unique de l’UE et des monopoles, que ce soit comme soutiens du «OUI» ou comme soutiens du «NON», dans un plan déterminé de l’eurozone.

Telle est la contribution de la SYRIZA à la bourgeoisie et à l’Union européenne: avec des manœuvres tacticiennes et aventuristes d’altérer les consciences radicales, pour désamorcer la protestation et la canaliser de manière à ce qu’elle soit indolore.

La Nouvelle démocratie et ses alliés ont utilisé les éléments opportunistes de la politique de SYRIZA pour renforcer les conceptions conservatrices, pour endiguer le courant de protestation de l’UE, et  déclencher un nouveau type d’anticommunisme, où Tsipras et SYRIZA ont été dépeints comme des expériences «communistes» échoués. Bien qu’ils n’aient rien à voir avec le socialisme-communisme.

Le gouvernement, pendant toute la période qui a précédé, ainsi que le jour du référendum, a continué à embellir l’UE, cette raillerie selon laquelle le seul choix pour les peuple est la «maison commune européenne», qui aurait soi-disant déviée de ses principes fondateurs de démocratie, de solidarité et de justice sociale, auxquels elle pourrait revenir grâce au «NON» du référendum. Parallèlement, il n’a pris aucune mesure de protection à l’égard du revenu ouvrier-populaire, tant par rapport aux conditions actuelles de blocage en Grèce du fonctionnement du système financier, que dans le cas de faillite de l’État et du passage à la drachme. Et tout cela dans une période où se renforce la tendance parmi les forces populaires de réaliser ou de se rapprocher de la vérité: que l’UE depuis sa création a été et reste une structure réactionnaire du capital, dans laquelle il n’y a pas de politiques en faveur des peuples. Le gouvernement, avec l’apparition de la résistance et de la dignité, n’a fait qu’inviter le peuple à se prosterner devant l’UE.

Le KKE appelle tous ceux qui ont voté «NON» et qui voulaient ainsi exprimer une véritable protestation populaire au memoranda et aux mesures impopulaires, de ne pas s’apaiser, de ne pas consentir à ce que le gouvernement utilise la dite «volonté populaire» pour mettre en place un nouvel accord-mémorandum antipopulaire en coopération avec les autres forces bourgeoises. Le KKE les appelle de ne pas accorder une nouvelle «période de grâce» de tolérance au gouvernement SYRIZA-ANEL, qui durant cinq mois a profité du vote populaire pour légitimer des plans antipopulaires, pour annuler toutes ses promesses électorales.

  1. Dans tous les cas, un nouvel accord sur la base soit de la proposition Juncker, soit sur celle de Tsipras, donnera un nouveau mémorandum, qui de l’avis de tous sera pire que tous les précédents, avec des mesures et des conditions difficiles, au détriment des couches populaires. Par ailleurs les désaccords avec l’UE-BCE-FMI, qui ont conduit au blocage des négociations, ne concernent pas tellement les mesures antipopulaires et leurs divers équivalents, mais plutôt des contradictions autour de l’aménagement de la dette publique, quelles parties du capital seraient taxées et quelles autres favorisées, la lutte pour la réforme de la zone euro. Dans ces contradictions s’impliquent le FMI, les États-Unis, l’OTAN pour leurs propres intérêts, en antagonisme avec l’eurozone et en particulier l’hégémonie de l’Allemagne.

Cette lutte renforce souvent aussi la tendance d’utiliser la Grèce comme une «expérience» pour la reconstruction de l’eurozone, tendance qui reste puissante. En réalité la direction de la Commission et en particulier la classe dirigeante allemande, met les pays lourdement endettés comme la Grèce, devant le dilemme: Le strict respect des règles et des objectifs de l’eurozone ou la sortie forcée. Ce dilemme est un dilemme pour le capital, pas pour les gens, parce que dans l’un comme l’autre cas, il leur est hostile. Bien que parmi la bourgeoisie de notre pays, semble prévaloir le souhait de rester dans l’UE, une section bénéficierait directement de la sortie de l’euro. Dans les deux cas, c’est le peuple qui paiera en s’appauvrissant encore plus avec de sévères nouvelles mesures.

  1. Le KKE continuera à informer le peuple concernant sa position et invite en même temps les travailleurs, les employés, les couches populaires moyennes, les retraités, les jeunes hommes et les femmes, de tirer les conclusions qui auraient un sens pour le lendemain:

¨ – Il ne peut y avoir de sortie de la crise et des solutions justes avantageuses pour le peuple dans la prison qu’est l’UE et la voie capitaliste de développement.

¨ – Tout gouvernement qui gère un régime exploiteur ne peut être favorable à la population et aux travailleurs, même s’il professe être de «gauche».

¨ – Le gouvernement, ainsi que la bourgeoisie en général, se moquent de nous quand ils parlent de «souveraineté populaire», alors qu’il y a des dominants et des dominés. Ils trompent consciemment, car ils savent que toutes les lois et toutes les institutions en Grèce, en UE, que les accords internationaux sont fabriqués de manière à garantir la dominance de groupes monopolistiques, la dominance de la classe bourgeoise, la manipulation des forces ouvrières-populaires – et leur neutralisation. Ce système est ainsi fait, parce que le gouvernement et la bourgeoisie savent précisément que si le pouvoir ouvrier-populaire réagit, il peut ouvrir la voie au renversement des exploiteurs.

¨ – Dans son noyau l’UE n’a pas de «démocratie», comme le prétend le gouvernement de SYRIZA-ANEL et d’autres partis, tentant de tromper la majorité populaire. Dans le cœur de l’UE se trouve l’exploitation capitaliste, la concurrence monopolistique, l’inégalité économique, la dictature des monopoles. Voilà ce qu’est la «démocratie» des monopoles, qui s’oppose aux peuples. Par ailleurs, il est connu que l’UE a à plusieurs reprises annulé des référendums qui ont eu un résultat opposé à ce qu’elle voulait, imposant un nouveau vote jusqu’à ce que le «NON» devienne «OUI».

  1. Nous nous adressons aux couches ouvrières-populaires, qui dans leur majorité écrasante ont voté «NON», croyant ainsi rejeter les mesures antipopulaires, l’austérité, qui ont cru que la crise économique était due à la mauvaise gestion, que pour l’austérité seuls les gouvernements grecs précédents et leurs alliés européistes étaient à blâmer  et non pas le gouvernement actuel. Nous les appelons de ne pas se laisser conduire à la désillusion, ne pas démissionner, à une nouvelle acceptation passive face au gouvernement et ses choix. Nous appelons à la lutte du lendemain, contre la détérioration de la vie du peuple.

Nous nous adressons également aux travailleurs qui ont voté «OUI» sous la pression des employeurs, devant la crainte des fermetures des banques pour leur salaire ou leur retraite, leurs petites économies.

Nous invitons tout le monde, dès demain, d’organiser ensemble la résistance contre la politique antipopulaire qui continue à mettre en faillite le peuple. Le mouvement ouvrier-populaire doit tracer sa propre ligne ainsi que le ralliement avec une orientation anticapitaliste antimonopolistique. Pour ne pas être pris au piège par les théories de la prosternation et de l’unité qui sont promus, parce que les intérêts de la classe ouvrière sont en contradiction avec ceux des capitalistes.

Soutenons tous les nécessiteux, les chômeurs et les faibles. Combinons la solidarité avec la revendication. Organisons la lutte par des Comités lutte, sur les lieux de travail, dans les usines, les hôpitaux, les services par des Comités Populaires dans les quartiers, par des Comités de solidarité et d’aide sociales, par des groupes et des comités de surveillance contre les fraudes, la possibilité de pénuries de produits alimentaires, médicaments et autres produits nécessaires à la survie de la famille populaire. Que les usines, les espaces de travail, les quartiers deviennent des centres de résistance et de solidarité; personne ne doit être seul dans cette crise; rejetons la logique du «chacun pour soi».

  1. Il reste plus nécessaire que jamais d’exprimer, par le ralliement au KKE, le vrai, le «NON» de classe des ouvriers et des salariés, des couches laborieuses contre tous les gouvernements du capital, leurs alliances impérialistes, les chantages de l’UE et du FMI contre les peuples. Ce qui est nécessaire est un mouvement ouvrier-populaire  émancipé des partis et des gouvernements bourgeois avec leur gestion antipopulaire, ainsi qu’une puissante Alliance populaire qui se battra pour une rupture réelle, ce qui mènera le pouvoir ouvrier-populaire, résultat de la rupture avec les monopoles, le capital, leurs alliances, à réaliser la sortie de l’UE, l’annulation unilatérale de la dette, l’organisation de l’économie et de la société sur la base de la propriété sociale, la planification centralisée, le contrôle ouvrier-populaire.

Cet objectif, s’il devient une conscience populaire massive, conduira à élever le mouvement ouvrier-populaire, à renforcer l’alliance sociale, à changer et renverser le rapport des forces, pour devenir le pouvoir  populaire antimonopolistique-anticapitaliste, impétueuse tempête dans le conflit avec les monopoles, leurs associations transnationales, leurs partis et gouvernements, une tempête de renversement pour la conquête du pouvoir ouvrier-populaire.

Seulement ce pouvoir mérite les sacrifices de notre peuple. DANS CETTE VOIE DE LUTTE ET DE CONFLIT LE PEUPLE DEVIENT VRAIMENT DIGNE ET FIER. Le KKE dans cette perspective appelle la classe ouvrière, les travailleurs indépendants, les agriculteurs pauvres, les femmes et la jeunesse à joindre leurs forces. Le KKE donnera dans cette lutte toutes ses forces. Son renforcement est la garantie pour la victoire finale.

Athènes 7 juillet 2015

Le Comité central du KKE

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[KKE, http://www.kke.gr/anakoinoseis_grafeioy_typoy/anakoinosh _ths_ke _toy_kke_gia_to_dhmopshfisma _ths_5hs_ioylh?morf=1]

[Traduction Alexandre MOUMBARIS

Relu par Marie-José MOUMBARIS]


Retrait belge de la coalition anti ISIS, signe de désillusion

Le 3 juillet 2015 – Source Spoutnik News

Les médias belges ont annoncé que la participation de leur pays à la mission de la coalition anti-ISIS était suspendue. Commentant cette annonce, un haut responsable syrien a déclaré à Spoutnik que la décision de Bruxelles n’est pas surprenante étant donné le fossé croissant entre les objectifs militaires énoncés de la coalition et ses activités réelles.

L’annonce de vendredi intervient après le retour [en Belgique] des six bombardiers F-16 de combat belges depuis leur base en Jordanie où ils avaient passé les neuf derniers mois en participant à la campagne de bombardement américaine contre ISIS en Irak. Bruxelles a déclaré qu’il ne pouvait plus se permettre de continuer à financer cette mission aérienne.

Interrogé par Spoutnik pour commenter cette actualité, Ali al-Ahmed, assistant syrien du ministre de l’Information, a déclaré que l’annonce de Bruxelles n’est pas étonnante suite aux rapports récurrents des Européens de plus en plus sceptiques quant à l’efficacité de la coalition et de ses opérations. Notant au passage que le gouvernement belge a été sujet à une large désapprobation de «cette dépense énorme et inefficace, al-Ahmed a aussi déclaré à Spoutnik que la décision belge illustre l’insatisfaction des pays européens concernant les actions de la coalition.»

La Grande-Bretagne pousse à bombarder la Syrie alors que chef de la Défense estime «illogique» la stratégie ISIS

Le fonctionnaire syrien a déploré que «dès le départ, cette coalition n’a pas mené sérieusement cette lutte contre les terroristes. Nous avons remarqué que la coalition ne frappe que des objectifs ISIS et al-Nusra qui menacent directement les intérêts occidentaux. L’aviation militaire de la coalition combat le terrorisme non pas pour vaincre le mal, mais sur la base d’intérêts égoïstes des parties concernées, ce qui explique pourquoi les frappes aériennes manquent régulièrement des cibles et des installations ISIS ou atteignent des cibles militaires des forces de la milice du peuple menant la vraie lutte contre ISIS».

Le conseiller note que «même les civils qui aident l’armée et la milice ont à plusieurs reprises été soumis à des frappes aériennes de la coalition».

Al-Ahmed a critiqué les pays occidentaux pour leur utilisation des ressource financières limitées dans des frappes aériennes coûteuses. Ces fonds auraient pu être dépensés plus efficacement en fournissant une assistance aux pays directement impliqués dans la lutte contre la terreur ISIS, y compris l’Irak et la Syrie.

En fin de compte, Al-Ahmed, dont le pays est impliqué dans une bataille contre les groupes islamiques radicaux depuis plus de quatre ans maintenant, a noté, désabusé que «le principal objectif de cette coalition est de préserver l’équilibre des forces sur le terrain, de sorte que personne ne puisse gagner, en perpétuant les effusions de sang le plus longtemps possible jusqu’à ce que les États-Unis soient en mesure de mettre en œuvre leurs intérêts dans la région».

Traduit par Evanis, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone.


Déclaration du secrétaire général du CC du KKE, Dimitris Koutsoumbas, pour le résultat du référendum

« Nous saluons les milliers de personnes qui ont répondu à l’appel du KKE à ne pas succomber à de dilemmes de chantage. En particulier, nous saluons tous ceux qui ont mis dans l’urne le bulletin de KKE, à savoir une proposition que le gouvernement a refusé à mettre en vote devant le parlement, en refusant ainsi à notre peuple le droit de voter massivement pour cette proposition, la possibilité de choisir entre de différentes propositions.

Contre la question incomplète et contestable du référendum « éclair », une partie du peuple a réussi à ne pas être enfermée dans de faux dilemmes ou se faire tromper, et a donné une première réponse, en votant nul, blanc, de même que plusieurs ont choisi de s’abstenir, y compris à cause des difficultés et du coût élevé des transports.

Dès le premier moment de la décision pour un référendum, nous avions correctement signalé que, que la réponse d’aujourd’hui soit NON ou OUI, il n’y a aucune véritable alternative populaire au sein de l’UE, au sein de la route capitaliste, de la reconnaissance de la dette, solutions choisies par toutes les autres forces politiques, du « block » de NON comme du « block » de OUI. Et ceci car les propositions des uns comme des autres considèrent comme nécessaire de respecter des directions le l’UE, de servir, chacun, les intérêts de divers partis du Capital..

Nous nous adressons en particulier à ceux qui aujourd’hui ont voté NON, en croyant que c’est la manière de cesser l’austérité, de répondre aux mesures antipopulaires, aux mémorandums. Nous les invitons, tous et toutes, qui aujourd’hui se sentent se faire justice par la victoire de NON, à ne passe sentir rassurés, à ne pas donner leur accord àla tentative du gouvernement à transformer ce NON en OUI à de nouveaux accords antipopulaires. Nous leur tendons la main pour les luttes du lendemain, contre la détérioration de leur vie.

De la même manière, nous nous adressons à ceux et celles qui ont voté OUI, sous la pression du grand patronat, sous la peur des banques fermées, pour leur salaire, pour leur retraite, pour leur faible épargne. Nous les appelons àrevisiter ces choix, à se battre contre les dilemmes dès maintenant, à ne pas reculer de manière conservatrice, réactionnaire, en faveur des partis des gouvernements des dernières années.

En ce qui concerne le gouvernement de coalition SYRIZA – Grecs Indépendants, qu’ils n’osent pas

exploiter le résultat du référendum pour imposer à notre peuple de nouveaux mesures, de nouveaux mémorandums de longue durée. La négociation que promettait M. Tsipras, sur la base de sa proposition, il y a trois jours, aux « trois institutions » c’est à dire à la Troïka, mène mathématiquement à un nouveau et pire mémorandum. Non seulement est-ce qu’il légalise les mémorandums antécédents, et leurs lois applicatifs, mais il n’hésite pas à mener notre peupleà une vraie banqueroute.

L’alternative qui pourrait potentiellement se réaliser, et pour laquelle a déjà parlé la Troïka, la mise en route d’une sortie de l’euro, est également une option qui va uniquement frapper la classe ouvrière, les couches populaires.

Il devient encore plus nécessaire que le mouvement, notre peuple adopte de manière massive et décisive la proposition du KKE pour la sortie de la crise à l’avantage des droits populaires, ce qui nécessite la socialisation des monopoles, le désengagement de l’UE, la non-reconnaissance de la dette et l’abolition univoque de celui-ci, avec une planification centralisé scientifique de l’économie pour le développement de la société pour le peuple et avec le peuple véritablement au pouvoir. Le KKE sera en première ligne de toutes les luttes à venir de notre peuple, en renforçant, dès demain, la ligne de lutte anti-monopole anticapitaliste, le rassemblement de forces avec le KKE.

Nous organisons la résistance, la vigilance, la préparation à l’éventualité de nouveaux développements négatifs. Nous soutenons tous les impuissants et misérables. Nous organisons, à travers des comités de lutte dans les lieux de travail, dans les usines, les hôpitaux, les supermarchés, les services sociaux, à travers les comités populaires dans les quartiers, des comités de solidarité et aide sociale, à travers d’équipes et de comités de contrôle pour la survie de la famille populaire.

Nous répondons à la tentative de séparer le peuple, avec l’unité de la classe ouvrière, avec le rassemblement de classe dans le mouvement, le renforcement de l’alliance populaire. La proposition du KKE réunit la majorité populaire, aujourd’hui et pour demain, contre le vrai adversaire, l’UE, le capital et leur pouvoir ».


Forum d’Athènes (26-28 juin 2015) – Vidéos & texte de l’intervention de Jacques NIKONOFF

INTERVENTION DE JACQUES NIKONOFF

REPONSES DE JACQUES NIKONOFF AUX INTERVENTIONS DE LA SALLE


Hollande enterre les Droits de l’Homme à Doha

Jacques-Marie BOURGET, Le Grand Soir, 4 mai 2015

Ainsi donc, François Hollande accompagné de son chambellan Fabius, a signé au Qatar la vente de vingt-quatre avions « Rafale ». Après avoir discrètement bu sa honte, sourire commercial aux lèvres, le Président normal s’en va honorer une dictature, la relevant par son geste au rang des Etats fréquentables.

Pas grave que la clique de l’émir de Doha, via la « zakat », la charité islamique, finance un terrorisme que Hollande et Vals affirment combattre. Pas plus grave que le Qatar sponsorise l’islam radical, versus wahhabite, dans nos banlieues. Doha vaut bien une messe. Basse où l’on susurre des mots d’amour à l’oreille de Tamim : « Tu as de beaux yeux en or, tu sais ». Pauvre François qui « déteste les affaires et l’argent ». Qui pense à cette souffrance qu’il offre au ciel pour la rédemption du chômage en France. A quelques mètres de ces mains qui, d’un stylo plume or, vont sceller le contrat « Rafale », derrière un haut mur, Mohamed Al Ajami est là. Il a tout son temps et peut attendre : quinze années de prison pour avoir écrit un poème qui a déplu à l’émir, ça apprend la patience. Pas grave. Hollande, expert en contrepèteries et petites blagues n’entend rien à la poésie. Et le français Jean-Pierre Marongiu, « retenu » à Doha depuis deux ans ? Lui aussi va entendre les flonflons du bal. Mais il est acquis que « son cas ne sera pas évoqué ». Quand il s’agit de Droits de l’Homme, s’il le faut, Hollande sait se montrer aussi flexible qu’un tuyau de douche. Ou à géométrie variable, comme un chasseur bombardier.

Ce qui est étrange, dans son rôle de VRP, c’est la versatilité de notre Président. Un jour il refuse de livrer à Poutine un Mistral, bateau commandé et partiellement payé, le lendemain il se déguise en mamamouchi pour l’avenir des avions de Dassault… Vous allez objecter que la France des Droits de l’Homme ne peut commercer avec le « néo-tsar » Vladimir… Pourquoi pas. Alors parlons chiffres, pas en euros ou dollars, mais en indice de liberté. Selon le classement mondial des démocraties dans le monde, la Russie termine la course en 117e position, alors que le Qatar se classe 138e entre le Kazakhstan et la Biélorussie. Qui sont de solides références.

Pour faire court, rappelons que le Qatar n’a pas de comptabilité publique, la caisse de l’Etat est celle de la famille régnante. Il n’est pas doté d’une constitution puisque Dominique de Villepin, chargé de la besogne avec, espérons-le une avance sur salaire, n’a toujours pas eu le temps de la rédiger. Les lois sont de circonstance, et les jugements aléatoires, prononcés par des magistrats qui sont des mercenaires étrangers obéissant au palais. La presse n’existe pas et la liberté donc pas d’avantage. Pour tout dire : Hollande met les pieds dans un monde assez peu « Charlie ». Pour mémoire, citons les centaines de milliers d’ouvriers étrangers, et exploités dans conditions dignes de l’esclavage, pour l’édification du paradis qatari.

Pourquoi une telle mystification est-elle aujourd’hui possible ? Celle de nous faire croire que la Qatar est le phare du « modernisme arabe », tellement nimbé de l’esprit des « Lumières » que, dans un bras de fer contre l’émir, Diderot pourrait aller se coucher ? J’ai sous la main une Bible secrète qui explique comment, de connivence avec Doha, nos édiles français ont fabriqué le masque qui cache la vraie nature de cette dictature, telle un aimable « Larva » du carnaval de Venise.

L’ouvrage, la fameuse « Bible » a été éditée chez Michel Lafon. Elle s’intitule sobrement : « Qatar-France, une décennie de diplomatie culturelle 2003-2013 », mais ne le cherchez pas en librairie, l’usage en est réservé aux amis.

Pour attraper des mouches, même volontaires pour leur capture, le Qatar utilise trois sortes de miel. Les appâts sont différents Prix remis à des personnalités éminentes, ou à des groupes méritants. On compte ainsi, remis à Paris par l’ambassadeur Al Kuwari, le Prix de poésie Max Jacob… Mais il va rester marginal dans ce micro pays où le destin des rimeurs est la prison. Peu de rêveurs seront récompensés par les lauriers de ce pauvre Max Jacob qui ne méritait pas cette infamie posthume. Comme une seconde mort.

Non les prix lourds, lâchés en chaine et lestés d’un chèque de dix mille euros, s’intitulent « Doha capitale culturelle arabe » ou encore « Solidarité ». Cette dernière récompense étant également soutenue par EADS. Après la préface écrite en langue de chêne par un nègre méritant, mais signée de l’ambassadeur, viennent assez vite, comme la tique sur le chien, deux autres textes introductifs de deux politiques qui ont, jusqu’à l’eau, mouillé le maillot pour Doha. J’ai cité Jack Lang, et Renaud Donnedieu de Vabres. Gauche droite ou droite gauche, c’est comme on veut. Ces deux-là sont comme un bol, ils n’ont pas de sens. Lang tire la première salve, y va de son extase. Le Qatar ? « Un pays de raffinement, d’ouverture et de créativité »…

Ici le raffinement n’est jamais loin du raffinage. Donnedieu de Vabres, marquant Jack à la culotte, nous plante « La culture est un respect, une liberté et un devoir »… Parler de liberté dans l’ambassade du Qatar c’est causer corde dans la maison d’un pendu.
RDDV, en forme, insiste « Il faut bâtir un arc-en-ciel où se conjuguent les talents, les origines, les perspectives, les contraires et les différences, au lieu de laisser s’antagoniser (sic) les peurs, les rancœurs et les haines, qui sont les réponses de plus en plus ordinaires et banales à la crise ; le terreau nauséeux dans lequel prospère intégrisme fanatisme et racisme » RDDV ose ! Il parle« d’intégrisme » dans la chancellerie qui représente Qaradawi, l’imam qatari qui fouette les femmes –mais avec discernement- et qui regrette qu’ « Hitler avec les juifs n’ait pas fini le travail »… Bravo Renaud votre bassesse mérite un Prix, vous l’aurez. Une fois encore dans ce « livre », plaignons les « nègres », les malheureux qui ont été contraints, esclaves du mensonge, d’écrire ces flagorneries à la brosse à reluire.

En 2010 les petits malins qui ont flairé que le Qatar peut être un loto où tous les numéros sont gagnants, ne sont pas encore nombreux.
Les stars ne sont pas encore au balcon et l’ambassadeur Al Kawari doit se contenter de distribuer ses Prix à des joueurs de troisième division. Ainsi les premiers lauréats de « Doha capitale culturelle arabe » sont-ils de sublimes inconnus. J’ai cité le professeur Mohamed Arkoun, professeur émérite de pensée islamique et Jean-Philippe Bras directeur de l’Institut de l’Islam. Ce Bras est bien petit. Mais nous ne sommes qu’à l’échauffement. Tahar Ben Jelloun, l’éternel arabe de service et Edmonde Charles-Roux, qui fait si chic sur le canapé du salon, arrivent très vite. Comme Paul Mongin, un « nouveau philosophe » sans chemise décolletée.

Avec les mois les « hirondelles », surnom jadis donné aux amateurs de cocktails mondains, se refilent l’adresse de l’ambassade qui donne sur l’Arc de triomphe. Pas de champagne mais les petits fours sont grands L’affiche devient de plus en plus people et politique et l’on se demande comment, sans doute pris par l’ivresse du désespoir, le merveilleux Emmanuel Todd se fait épingler par le chalut de la rue de Tilsitt. Pour avoir « levé plusieurs méprises sur les trajectoires respectives de l’Occident et de l’Orient musulman »…

Autres récipiendaires en pleine déprime, tombé là car il pensait y retrouver Marx ou Jésus, Régis Debray. Quand on le voit sur la photo, quand le mal est fait et le Prix remis, on sait qu’il marche sur des oursins et souhaiterait être ailleurs. Les notes de couvreurs ou de plombiers, souvent salées, peuvent donc vous conduire à accepter le Prix Doha. Nihil obstat : Régis va en paix. Et Jean Daniel, alors ! Notre Camus ressuscité, va lui aussi faire le chemin de Doha… Sans doute au titre des grandes consciences nécessiteuses. Le Nouvel Observateur est un monastère et il faut bien s’évader pour rire un peu.

Quand vient le tour « d’un des plus grands architectes du monde », Roger Taillibert, nous rentrons dans la quatrième dimension, celle du copinage et du renvoi d’ascenseur. Ce qui est logique pour un homme du bâtiment. Taillibert construit des stades à Doha et, puisqu’il n’est pas ingrat, il fait la pub du Qatar à Paris. Comme ce personnage est, bien sûr, membre de l’Académie des Beaux-Arts, il fait un lobbying suffisant pour que Cheikha Moza, femme préférée de l’émir et mère de Tamim, le prince aujourd’hui aux commandes, soit admise au sous la coupole. Et, le 24 juin 2009, sous les yeux pétillants du président Sarkozy la splendide première épouse (il en existe trois autres restées à la maison) fait un long discours. Ni la cheikha ni le pauvre Sarko ne comprennent ni ne connaissent le sujet. Il s’agit d’un hommage à Giörgy Ligeti, l’immense musicien qui a occupé le fauteuil de la reine avant elle. Pour un habitué de la gratte de Carla, c’est la barbe. Mais la barbe n’est-elle pas le symbole du Qatar ?

Ca y est, les politiques se bousculent et ont trouvé la route de l’ambassade comme le dromadaire celle du puits. Si les plus malins échappent à l’embuscade, celle de recevoir un prix que l’on sait infâmant, ils sont quand même là pour applaudir. Il faut connaitre la règle, et savoir que, dès la récompense attribuée, la photo de l’impétrant est clouée au mur d’un couloir de la chancellerie. Elle vient tenir compagnie aux autres fédérés de Doha qui sont déjà là, comme dans un mausolée à la soviétique. Recevoir 10 000 euros ne se fait pas impunément, ça laisse des traces. Dans notre livre d’or publié par Lafon et sur les murs.

Dans le lot des politiques les plus malins, ou les moins c’est comme on veut, nous trouvons, en tête, le plus excellentissime ami du Qatar : Dominique de Villepin. Lui c’est la famille ; d’ailleurs il a hébergé une fille de l’émir quand celle-ci faisait des études dans le si dangereux Paris. Dominique a son rond de serviette en or massif, gravé à son chiffre, dans la salle à manger de l’émir, quel qu’il soit. Je l’ai dit, Villepin, bradeur d’autoroutes en France, est chargé d’écrire au Qatar une constitution aux petits oignons. Regrettons que, pour ce faire, le temps lui manque plus que l’argent…

Dans les filets nous trouvons aussi un vieux poisson, Michel Rocard qui a des frais d’orthophoniste, et aussi le sublime Hubert Védrine. Ah ! Hubert. Arrivé à l’Elysée par Mitterrand, qui était un ami de son papa à Vichy, voilà notre humaniste aujourd’hui chez LVMH dont le V est celui de Vuitton, un homme qui aimait le Maréchal. Donc Hubert a un tropisme qatari, sans doute est-il pécheur de perles ?

Comme le lecteur est étourdi et pressé, on demande maintenant aux journalistes d’écrire des papiers courts. En plus ça peut éviter des bêtises. Je vais donc procéder par rafle. Prié de se rendre sur le podium de Doha, nous allons trouver Monique Papon, sénatrice et adjointe au maire de Nantes Jean-Marc Ayrault. Un homme pourtant avisé qui a un jour déclaré : « moi, avant d’aller au Qatar, je me méfierai »… Eh bien sa coadjutrice n’a pas cette délicatesse. Disons que le coût de la jolie mosquée construite près du siège des biscuits Lu vaut bien une courbette. Pour l’occasion, Gérard Larcher, le vétérinaire de Rambouillet, mais aussi président du Sénat, vient faire sa visite. Passons vite aussi sur le cas de Maurice Leroy, un homme de conviction passé de l’extrême gauche à l’extrême centre, ce qui est plus proche de l’assiette au beurre. Leroy, que nous pourrions appeler Le Emir est un fou de Doha. Comme Johnny l’est du Tennessee. C’est mieux que de collectionner les étiquettes de camembert. Frédéric Mitterrand, Bertrand Delanoë, passent sous les fourches de l’ambassadeur. Pour convaincre Delanoë que le massacre de l’hôtel Lambert, chef d’œuvre architectural de l’île Saint Louis acheté par le Qatar, est vraiment indispensable, un voyage à Doha sera nécessaire. Bébert en reviendra convaincu. Doha c’est comme Lourdes, ça fait des miracles.

Dans l’intervalle, le Qatar étant devenu un must, l’employé diplomate de l’émir distribue des récompenses plus discrètes mais bien utiles. Des rafales de prix attribués à des associations de banlieues qui ont toutes la qualité de ne pas être hostiles à l’islam radical.

Pour finir sur une note d’humour. Nous allons évoquer le plus grand caricaturiste de tous les temps : Jean Plantu. Un journaliste qui, quoi qu’il arrive, trouve que Le Monde va bien. Oui, le coriace, l’inexpugnable Plantu montrant déjà son esprit Charlie va empocher le Prix Doha. Musique !

Après de tels efforts, que son excellence l’ambassadeur soit loué (il sévit maintenant à Washington), comment voulez-vous qu’au nom de la modernité du Qatar, et de celle de sa chaîne de télé Al Jazira (tenue par des intégristes religieux), nos députés et sénateurs refusent de voter une exemption de l’impôt sur les plus-values immobilières touchées par le Qatar en France ? La seule, pauvre malheureuse, qui n’a rien compris à ce bonneteau politique, c’est la députée socialiste du Finistère Chantal Guittet. Il faudrait songer un jour à lui dresser une statue. Alors que ses collègues rentrent de leurs séjours à Doha avec une mine harassée, minés par le travail des « colloques », elle, en est revenue épatée : « A Doha, je n’ai rien compris. Je suis venue pour un Forum mais nous n’avons fait que manger et visiter les souks ». Voilà, tu l’as dit Chantal, le Qatar c’est le souk.

Bonne journée donc à François Hollande et son appareil magique, celui qui sert à mesurer les Droits de l’Homme. Bonne journée à Laurent Fabius dont le meilleur ami, l’avocat Jean-Michel Darrois, avait un grand projet de fonds d’investissement, en commun avec Doha, Nicolas Sarkozy et Stéphane Courbit. Entre deux thés à la menthe, il n’y a pas de mal à faire des projets. Dommage que Nicolas, le frère de tous les émirs, n’ait pas été invité à la signature-partie. Doha, il connait c’est son sponsor. En sa présence on aurait pu évoquer le bon vieux temps. Comment Sarko et l’émir d’alors, le papa de Tamim, ont attaqué la Libye comme dans un hold-up. Pour en faire ce que ce pays est aujourd’hui, un chaos. A propos, que sont devenus les milliards que le naïf Kadhafi avait entreposés dans une banque de Doha ? Le prix d’un paquet de Rafales ?

Jacques-Marie Bourget

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Le captagon, la drogue dure du djihadisme en Syrie

RT en français

http://francais.rt.com/international/2650-captagon-drogue-djihadisme-syrie?utm_source=taboola&utm_medium=referral

Une pilule qui permet de combattre sans douleur et sans pitié, tels sont les effets du captagon, la drogue qui fait fureur dans les rangs des combattants djihadistes en Syrie. Au-delà, le trafic de captagon alimente aussi une économie de guerre.

C’est une toute petite pilule blanche, anodine en apparence. Pourtant elle est une part importante de la guerre qui se joue actuellement en Syrie.

Le captagon, aussi connu sous le nom scientifique de Fénétylline chlorhydrate, est un psychostimulant puissant de la famille des amphétamines. Elle est tout simplement devenue la drogue quotidienne des combattants djihadistes.

Rien de très religieux donc dans cette substance créée à l’origine pour soigner les troubles de la concentration et la narcolepsie. Le captagon est interdit dans la plupart des pays, y compris en France, où il est classé comme produit stupéfiant.

La crise syrienne, une guerre sous psychotropes

Mêlé à d’autres drogues, comme du haschich, le captagon est devenu le régime de base des djihadistes sur le front syrien, selon une enquête du Time.

Ses effets ? Rien de moins qu’une annihilation totale de la peur, de la douleur, de la faim et de la fatigue mais également de toute empathie. Autre effet avidement recherché par les membres d’Al-Nosra, les soldats de l’Armée syrienne libre (ASL) ou encore par ceux de Daesh : une euphorie intense et des vertus aphrodisiaques et hallucinogènes décuplées.

Ces soldats hallucinés en deviennent insensibles à toute violence, celle qu’ils infligent comme celles qui leur est infligée. Ainsi les analyses de la bande son des vidéos de Djihadi John, du nom de ce combattant britannique chargé d’exécuter les otages, indiquent qu’il avait agi sous l’effet d’amphétamines. Des témoignages de combattants kurdes recueillis par le Time font aussi état de djihadistes qui ne finissent par succomber qu’au bout de cinq ou six balles pourtant toutes supposées mortelles.

Mais cette drogue n’est pas consommée que par les seuls combattants. Les civils syriens, touchés de plein fouet par la guerre, par ses conséquences psychologiques et économiques, y ont également recours.

Le trafic de drogue, l’autre nerf de la guerre

Le trafic de captagon tient également une place non négligeable dans le financement de la guerre en Syrie, selon le dernier rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Daprès l’organisme onusien, en 2014, plus de 50 millions de pilules auraient été vendues. Ce business très lucratif rapporte, selon ses estimations, 10 à 20 millions de dollars.

Cette drogue s’avère en effet très rentable puisqu’il suffit de quelques milliers de dollars pour produire environ 200 000 pilules, lesquelles rapportent alors plus de 1,2 millions de dollars (un peu plus d’un million d’euros).

Du fait de sa position carrefour entre le Moyen-Orient et le Golfe, la Syrie est devenue la plaque tournante du trafic de captagon. Sa destination de prédilection? L’Arabie saoudite où ce type de drogue est très demandé. La pilule de captagon, qui ne coûte donc que quelques centimes à produire, se revend à hauteur de 20 dollars, soit 18 euros, dans le royaume wahhabite.

Des sommes faciles à obtenir qui peuvent alors être aisément réinvesties par les groupes djihadistes dans l’achat d’armes. Des revenus qui viennent également s’ajouter à l’argent tiré par ces mêmes groupes de l’exploitation du pétrole syrien et irakien, argent estimé par l’ONU entre 850 000 et 1,65 million de dollars par jour (entre 780 000 et 1,5 millions d’euros).


Discours de Georges Mavrikos, secrétaire général de la FSM à la Réunion syndicale internationale sur la pétrochimie

http://comaguer.over-blog.com

Au fil des jours et des lectures n°199

03.07.2015

La parole d’un autre citoyen grec, inconnu du grand public et (évidemment) ignoré des grands médias vu le discours qu’il tient.

George Mavrikos est grec et secrétaire général de la Fédération syndicale mondiale (FSM) . Il a été accueilli ces derniers jours en France par la FEDERATION NATIONALE DES INDUSTRIES CHIMIQUE CGT , nouvelle adhérente de la Fédération Syndicale mondiale, qui organisait une réunion syndicale internationale sur la pétrochimie.

(voir in fine erratum sur le n° 198)

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Discours de Georges Mavrikos, secrétaire général de la FSM à la Réunion syndicale internationale sur la pétrochimie

25 juin 2015

Chers amis et camarades,

Je vous salue avec plaisir à la réunion internationale, organisée par la FNIC en partenariat avec la FSM. C’est la première grande initiative hébergée par la FNIC, depuis qu’elle a intégré la grande famille de classe de la FSM. Il est clair que la réunion est un grand succès.

L’intérêt pour la participation était particulièrement élevé et on vous remercie de votre compréhension parce qu’à partir d’un certain moment on était obligés de réduire le nombre des participants.

La FNIC est une grande organisation avec une action importante pour la défense des droits des travailleurs de l’industrie chimique et sur tous les lieux de travail de ce secteur en France, laquelle est d’ailleurs un pays avec une position très importante sur la pyramide impérialiste.

Chers camarades de la FNIC, on vous souhaite encore une fois depuis cette tribune, avec une grande fierté, la bienvenue dans la famille de la FSM. Votre intégration à la FSM renforce encore le rôle du mouvement syndical de classe en Europe. En Europe, la FSM augmente régulièrement sa force, organise de nouveaux membres avec un caractère combatif et elle a une présence sensible et une parole forte sur tous les sujets intéressant les travailleurs.

En même temps, votre intégration à la FSM donne de la force, de l’espoir et de la perspective à la classe ouvrière de la France, qui renforce son rôle dans le mouvement syndical international. Elle donne également une nouvelle possibilité de renforcer le syndicalisme de lutte en Europe et de se battre contre le réformisme syndical en France, en Europe et dans le monde.

D’ailleurs, cette année pendant laquelle on commémore le 70ème anniversaire de la FSM, le meilleur endroit pour rappeler les liens forts de la FSM avec les travailleurs de la France, qui ont mené, lors des décennies précédentes des luttes importantes à portée mondiale pour les acquis des travailleurs, tels qu’on le connaît aujourd’hui, c’est à Paris, où la FSM a été créée le 3 octobre 1945.

Alors que le réformisme et l’eurocommunisme, au niveau des chefs syndicaux ont essayé de mettre des obstacles insurmontables entre la FSM et les syndicats français, il est évident qu’ils ont échoué. Le besoin d’une lutte commune à caractéristiques internationalistes de classe et de combat contre les monopoles et l’impérialisme, nous a inévitablement rapprochés.

Le sujet dont on discute aujourd’hui est d’une importance particulière. L’industrie de la pétrochimie est une industrie relativement nouvelle, développée notamment après la 2nde guerre mondiale. Les évolutions sur celle-ci concernent la vie de l’ensemble de la population. A partir du fuel et du gaz naturel, les produits pétrochimiques sont indispensables pour un grand ensemble de produits, de l’appareil électrique de la maison jusqu’aux médicaments, la technologie, la construction de bâtiments, l’habillement, l’élastique, le caoutchouc.

On veut souligner, en tant que FSM, trois problèmes principaux concernant ce sujet complexe de l’économie du pétrole, du gaz naturel et des produits pétrochimiques. Sur ces problèmes, on attend d’écouter, avec un grand intérêt, les positions, l’expérience, les questionnements de toutes les délégations. On veut donc se concentrer sur :

Premièrement, le sujet de la concurrence entre les centres impérialistes pour le plus grand contrôle des ressources naturelles pour le compte des grands groupes de monopoles de chaque pays. Cette concurrence est cruelle et barbare et elle ne s’arrête pas, alors que leur domination entraîne des massacres de peuples, des guerres civiles, sous le prétexte de différences raciales, religieuses et nationalistes. Dans ce contexte, on voit l’incitation, le financement et l’entraînement de groupes terroristes, la dégradation et la dépendance des économies des pays qui ont des ressources importantes. C’est le cas de l’ouverture ensanglantée des routes d’énergie en Ukraine, en Libye, au Mali, en Syrie. C’est aussi le cas des concurrences pour les conduites de transport d’énergie et pour la découverte des nouveaux gisements.

Les guerres civiles, locales et régionales deviennent plus fortes et constituent un grand danger pour les peuples.

Le mouvement syndical de classe et la FSM, en continuant leur solidarité internationaliste, ont toujours la tâche de révéler les véritables raisons des guerres et des conflits, d’avoir de positions anti-impérialistes claires et d’exprimer pratiquement la solidarité internationaliste en vue de terminer tout cela.

En même temps, la FSM pense que les ressources naturelles doivent être propriété des peuples et non pas de multinationales.

Deuxièmement, il y a un jeu compliqué sur le prix des produits pétrochimiques. Il s’agit d’un échiquier qui concerne, à un degré élevé, la qualité de vie des travailleurs partout dans le monde. Les prix ne sont pas du tout déterminés, avec le critère de la satisfaction des besoins de la population et de l’amélioration des conditions de vie. Ils ne sont pas au bout du compte déterminés en fonction seulement du jeu de l’offre et de la demande mais d’un ensemble de facteurs relatifs aux concurrences, aux l’embargo et aux exclusions qu’imposent les mécanismes impérialistes. La réduction contrôlée de la production imposée pour manipuler les prix contre le Venezuela l’Iran, et la Russie sont des exemples caractéristiques.

La position de la FSM, telle qu’on l’a exprimée récemment à une réunion internationale de la FSM, au sein des bureaux centraux de l’UE et aux Nations-Unies et dans le cadre de la 104ème réunion internationale de l’OIT c’est que l’embargo, les sanctions et les exclusions, comme ceux contre Cuba, le Venezuela, la Russie, l’Iran et la Syrie, sont d’emblée dirigés contre la vie des travailleurs et des couches populaires et doivent être supprimés.

Nous sommes contre les embargos, les discriminations et les exclusions.

Troisièmement, la FSM s’intéresse notamment comment ces évolutions ont un impact sur les travailleurs dans les secteurs de l’énergie et de la pétrochimie. Dans cette réunion, hébergée dans les meilleures conditions par la FNIC-CGT, des représentants de travailleurs de … différents pays de tous les continents, on va discuter tous ensemble, on va échanger notre expérience, et on va organiser la coordination et notre action commune.

Des évolutions, telles que déterminées par les résultats de la crise capitaliste mondiale, l’augmentation de la pauvreté et la dégradation des conditions de vie des travailleurs, à cause des mesures réactionnaires des gouvernements, de l’UE et du FMI ne peuvent pas rester en dehors de notre discussion. Cette situation a, par exemple, diminué la demande de produits et d’énergie à cause de réductions drastiques du budget familial. L’exploitation des gisements de gaz de schiste aux Etats-Unis a produit la fermeture de raffineries en France, quelque chose qui a envoyé au chômage des milliers de travailleurs.

Des milliers de travailleurs sont chaque année des victimes d’accidents de travail, qui sont très souvent fatals, dans le secteur de l’industrie pétrolière et de raffinerie. Ceci fait de ce travail un des plus dangereux. Dans mon pays, la Grèce, on a eu très récemment à l’entreprise Pétroles grecs (ELPE) un des plus terribles accidents, à cause de l’absence de mesure de sécurité. 4 travailleurs ont perdu leur vie. Presque en même temps, au Sud du Mexique, à la Baie de Campeche, il y a eu un accident dans une industrie pétrolière, qui a coûté la vie à 2 travailleurs. Les politiques des entreprises pétrolières, l’absence de mesures protectrices frappent les travailleurs partout dans le monde.

En même temps, les industries chimiques sont connues parce que les travailleurs, même les travailleurs précaires, souffrent de maladies au travail, comme l’asthme, des différents types de cancer, ou d’autres maladies, à cause des conditions de travail dans ces industries-là. La plupart de ces maladies et de ces problèmes de santé auraient pu être prévenus, si les mesures nécessaires à la protection de la santé avaient été prises.

S’agissant des industries du caoutchouc, on doit souligner, à part les maladies au travail, qui sont bien connues, les politiques barbares et inhumaines des grandes entreprises multinationales. Vu que le caoutchouc vient de plantations en Afrique, en Asie, en Amérique latine, les multinationales ont un passé très chargé sur l’esclavage, l’exploitation, la provocation de guerres civiles, sur d’autres crimes incroyables contre les peuples de ces régions. Jusqu’à nos jours, les multinationales du caoutchouc essaient de contrôler les gouvernements de pays, elles essaient d’être un vrai Etat au sein de l’Etat, jusqu’à ce que même le travail enfantin leur soit permis.

Le rapport du magasin américain First Word Pharma est caractéristique, puisqu’il mentionne que, entre 2008 et 2013, les 11 plus grandes entreprises pharmaceutiques ont réalisé 143.000 licenciements. Parmi celles-ci, on peut retrouver Astra, avec 27.733 licenciements, Merck, avec 46.140 licenciements, Pfizer, avec 16.517 licenciements et Glaxo avec 9.000 licenciements.

Autrement dit, au 21ème siècle, les profits du capital sont énormes et les ouvriers n’ont pas de travail. Au 21ème siècle, les matières premières sont abondantes et les ouvriers vivent dans le froid et la famine. Au 21ème siècle, les peuples n’ont rien l’un contre l’autre, mais des nouvelles guerres éclatent. La FSM et le mouvement syndical de classe sont contre ce paroxysme, qui s’explique néanmoins très naturellement par les lois de l’économie capitaliste. La FSM et le mouvement syndical de classe adressent à toutes les forces syndicales un très grand appel de combat anti-impérialiste et internationaliste commun, indépendamment de différences idéologiques, religieuses et raciales, pour la protection et la revendication de droits pour les travailleurs.

DE QUEL SYNDICAT ET DE QUELS LEADERS SYNDICAUX LE MOUVEMENT SYNDICAL A-T-IL BESOIN AUJOURD’HUI ?

Dans ce cadre et ces conditions très compliquées la question de syndicats et de quels leaders syndicaux la classe ouvrière a besoin aujourd’hui demeure une question fondamentale d’actualité.

On voit des syndicats aux niveaux national, sectoriel et international, qui sont compromis et bureaucratiques, qui sont des collaborateurs des gouvernements et des multinationales, du FMI et des impérialistes.

On voit par exemple que l’ITUC soutient les guerres impérialistes en Irak, en Libye, en Syrie, au Liban. Elle soutient la politique des gouvernements d’Israël contre l’héroïque peuple de Palestine et les diffamations impérialistes contre le Venezuela. Quel genre de syndicat peut être un syndicat, lorsqu’il collabore avec l’OTAN et lorsqu’il soutient les interventions impérialistes ?

On voit que des syndicats sectoriels sont loin de la base, loin des gens simples et qu’ils ne respectent pas la collectivité et les procédures démocratiques.

On voit des syndicalistes bureaucrates, carriéristes et corrompus, qui vivent comme des capitalistes, au détriment des travailleurs.

Tous ces phénomènes négatifs poussent les travailleurs simples et honnêtes loin des syndicats. Tous ces phénomènes négatifs n’aident pas les syndicats à avoir des contacts avec la nouvelle génération, les chômeurs, les réfugiés politiques, les immigrés.

On a la tâche très importante de résister contre ces phénomènes. On doit se battre contre la corruption, la collaboration de classe, le réformisme et le désarmement des syndicats.

En tant que FSM, on vous appelle à faire ensemble la guerre contre le réformisme, à unir les travailleurs sur la base de leurs intérêts de classe, à réorganiser le mouvement syndical de lutte. On doit unir les travailleurs, les jeunes, les femmes qui travaillent, les immigrés et les réfugiés dans le combat commun pour l’amélioration de nos droits de travail, de nos droits salariaux et de nos droits à la Sécurité sociale. On doit unir les gens simples contre la barbarie capitaliste.

En tant que FSM on se bat contre la privatisation des secteurs stratégiques de l’économie de chaque pays, pour un système et un réseau public de production et de distribution d’énergie pour des services pas chers et accessibles pour toute la population, pour des règles réduisant l’utilisation de substances chimiques dangereuses et carcinogènes. En même temps, on se bat pour le respect des négociations collectives et des droits sociaux et de travail des travailleurs du secteur. On se bat contre la désorganisation des conditions de travail, le travail en intérim, l’augmentation de l’âge limite pour la retraite, l’intensification des rythmes de travail. On se bat pour avoir des mesures modernes d’hygiène et de sécurité sur les lieux de travail.

On renforce la solidarité internationaliste, la coordination, la pression que le mouvement syndical peut exercer sur les monopoles sur des questions concernant les besoins modernes des travailleurs. On renforce la coalition avec les autres couches populaires qui sent victimes de la même politique, avec les paysans pauvres, avec les travailleurs indépendants, en vue d’ouvrir le chemin pour l’accumulation de forces qui vont imposer un monde sans exploitation capitaliste et sans barbarie impérialiste, qui vont mettre en place une société qui pourra donner des solutions substantielles et de long terme à tous ces problèmes complexes et cruciaux.

On continue donc notre combat à partir de meilleures positions, grâce à notre expérience accumulée après 70 ans d’histoire. Avec plus d’internationalisme, plus de grands combats, plus de détermination.

Chers camarades, on rend hommage aux luttes du passé en organisant des luttes plus fortes pour l’avenir, en vue de donner aux générations à venir un mouvement syndical moderne, démocratique, internationaliste et de classe.

Je vous remercie.

ERRATUM ( en rouge ) sur le bulletin 198 du 02.07

Athènes, le 30 juin 2015

La position de classe du mouvement syndical de la Grèce (PAME) face au référendum

Chers camarades,

Nous vous faisons parvenir 13 des deux propositions de mesures anti travailleurs et anti populaires, préparées d’une part par l’Union européenne-FMI-BCE, d’autre part par le Gouvernement grec de SYRIZA.

Lors du référendum du 5 juillet, le gouvernement grec appelle la population à rejeter uniquement le mémorandum de l’EU-FMI-BCE. De cette façon, le gouvernement de SYRIZA veut promouvoir ses propres propositions anti-travailleurs, pour qu’elles soient acceptées par la population comme une alternative.

Le mouvement syndical de classe de la Grèce, PAME, rejette ces deux options

Nous appelons la classe ouvrière à réclamer ses droits. Nous ne rejetons pas seulement un mémorandum, pour en accepter un autre. Nous appelons les travailleurs à mettre dans l’urne le bulletin de vote avec leurs exigences et pas les bulletins du gouvernement SYRIZA.

Comparez les deux propositions

Le mémorandum UE-FMI-BCE :

1. Age de la retraite à 67 pour tous les travailleurs, imposée pour 2022

2. Augmentation des cotisations des retraités pour soins de santé (qui seront prises sur leur pension) de 4 à 6 %

3. Augmentation des cotisations des salariés actifs pour les soins de santé (qui seront prises sur leur salaire) de 4 à 5 % même POSITION du gouvernement SYRIZA-ANEL

4. Coupes dans le Budget de l’Etat pour les retraites : 0,5 % du PIB en 2015, 1 % du PIB pour2016 * la même POSITION

5. Pénalité pour préretraite relevée de 10 % – même POSITION

6. Réduction du « Coût du travail » dans le secteur Public à partir du 01/01/2016 – même POSITION

7. Continuer l’imposition de la soi-disant « taxe de solidarité » – même POSITION

8. Salaire Minimum qui sera formé conformément aux règles du mémorandum – même POSITION

9. Continuer de perception de la taxe « immobilière unifiée »-ENFIA jusqu’en 2016 – même POSITION

10. Augmenter les revenus de la TVA pour atteindre 1 % du PIB

11. TVA à 23 % pour les aliments en conserve et emballés, 13 % pour les aliments de base, électricité et les Hôtels, 6 % pour les médicaments, les livres, 23 % pour tout le reste- même POSITION

12. Fiscalité des armateurs à imposer

13. privatisations des Ports, aéroports, des infrastructures et des propriétés publiques – même POSITION

Le mémorandum de SYRIZA

1. âge de la retraite à 67 pour tous les travailleurs, institué en 2025

2. relèvement de la cotisation des retraités pour soins de santé (qui seront prises de leur pension) de 4 à 5 %

3. augmentation des cotisations des salariés pour les soins de santé (qui seront prises sur leur salaire) de 4 à 5 % même POSITION

4. coupes dans le Budget de l’Etat pour les retraites : 0,5 % du PIB en 2015, 1 % du PIB pour

2016 même POSITION

5. pénalité pour préretraite relevée de 10 % même POSITION

6. réduction du « Coût du travail » dans le secteur Public à partir du 01/01/2016 même POSITION

7. continuer l’imposition de la soi-disant « taxe de solidarité » même POSITION

8. salaire Minimum qui sera formé conformément aux règles du mémorandum même POSITION

9. continuer de perception de la taxe « immobilière unifiée »-ENFIA jusqu’en 2016 même POSITION

10. augmenter les revenus de l’Etat par le biais de TVA à 0,93 % du PIB

11. TVA à 23 % pour les aliments en conserve et emballés, 13 % pour les aliments de base, électricité et Hôtels, 6 % pour les médicaments, les livres, 23 % pour tout le reste même POSITION

12. fiscalité des armateurs à imposer

13. privatisations des Ports, aéroports, des infrastructures et des propriétés publiques même POSITION

NON au référendum se traduira par Oui au mémorandum de SYRIZA

Nous rejetons les deux options !

La classe ouvrière doit relancer ses propres exigences !

Nous votons avec nos propres exigences !

Pas avec les bulletins de vote établis par les forces politiques pro-UE !


REFERENDUM DU 5 JUILLET EN GRECE

Quel que soit le résultat du vote, sa présentation médiatique a toutes les chances de donner lui à de grandes envolées politiques et journalistiques sur la démocratie, la dignité, l’Europe …

Pour mieux éclairer le choix des électeurs grecs qui ne se fera pas simplement sur ces grands mots car il est question concrètement de niveau de (sur)vie, de chômage, de soins, d’éducation et de rapports de classe …nous mettons en circulation la traduction du texte de la PAME, courant syndical de classe en Grèce.

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Athènes, le 30 juin 2015

La position de classe du mouvement syndical de la Grèce (PAME) face au référendum

Chers camarades,

Nous vous faisons parvenir 13 des deux propositions de mesures anti travailleurs et anti populaires, préparées d’une part par l’Union européenne-FMI-BCE, d’autre part par le Gouvernement grec de SYRIZA.

Lors du référendum du 5 juillet, le gouvernement grec appelle la population à rejeter uniquement le mémorandum de l’EU-FMI-BCE. De cette façon, le gouvernement de SYRIZA veut promouvoir la proposition de ses propres travailleurs anti, d’être accepté par la population comme une alternative.

Le mouvement syndical de classe de la Grèce, PAME, rejette ces deux options

Nous appelons la classe ouvrière à réclamer ses droits. Nous ne rejetons pas seulement un mémorandum, pour en accepter un autre. Nous appelons les travailleurs à mettre dans l’urne le bulletin de vote avec leurs exigences et pas les bulletins du gouvernement SYRIZA.

Comparez les deux propositions

Le mémorandum UE-FMI-BCE :

1. âge de la retraite à 67 pour tous les travailleurs, imposée par 2022

2. augmentation des cotisations des retraités pour soins de santé (qui seront prises sur leur pension) de 4 à 6 %

3. augmentation des cotisations des salariés actifs pour les soins de santé (qui seront prises sur leur salaire) de 4 à 5 % même POSITION du gouvernement SYRIZA-ANEL

4. coupes dans le Budget de l’Etat pour les retraites : 0,5 % du PIB en 2015, 1 % du PIB pour2016 * la même POSITION

5. pénalité pour préretraite relevée de 10 % – même POSITION

6. réduction du « Coût du travail » dans le secteur Public à partir du 01/01/2016 – même POSITION

7. continuer l’imposition de la soi-disant « taxe de solidarité » – même POSITION

8. salaire Minimum qui sera formé conformément aux règles du mémorandum – même POSITION

9. continuer de perception de la taxe « immobilière unifiée »-ENFIA jusqu’en 2016 – même POSITION

10. augmenter les revenus de la TVA pour atteindre 1 % du PIB

11.TVA à 23 % pour les aliments en conserve et emballés, 13 % pour les aliments de base, électricité et les Hôtels, 6 % pour les médicaments, les livres, 23 % pour tout le reste- même POSITION

12.fiscalité des armateurs à imposer

13. privatisations des Ports, aéroports, des infrastructures et des propriétés publiques – même POSITION

Le mémorandum de SYRIZA

1. âge de la retraite à 67 pour tous les travailleurs, institué en 2025

2. relèvement de la cotisation des retraités pour soins de santé (qui seront prises de leur pension) de 4 à 5 %

3. augmentation des cotisations des salariés pour les soins de santé (qui seront prises sur leur salaire) de 4 à 5 % même POSITION

4. coupes dans le Budget de l’Etat pour les retraites : 0,5 % du PIB en 2015, 1 % du PIB pour

2016 même POSITION

5. pénalité pour préretraite relevée de 10 % même POSITION

6. réduction du « Coût du travail » dans le secteur Public à partir du 01/01/2016 même POSITION

7. continuer l’imposition de la soi-disant « taxe de solidarité » même POSITION

8. salaire Minimum qui sera formé conformément aux règles du mémorandum même POSITION

9. continuer de perception de la taxe « immobilière unifiée »-ENFIA jusqu’en 2016 même POSITION

10. augmenter les revenus de l’Etat par le biais de TVA à 0,93 % du PIB

11. TVA à 23 % pour les aliments en conserve et emballés, 13 % pour les aliments de base, électricité et Hôtels, 6 % pour les médicaments, les livres, 23 % pour tout le reste même POSITION

12. fiscalité des armateurs à imposer

13. privatisations des Ports, aéroports, des infrastructures et des propriétés publiques même POSITION

NON au référendum se traduira par Oui au mémorandum de SYRIZA

Nous rejetons les deux options !

La classe ouvrière doit relancer ses propres exigences !

Nous votons avec nos propres exigences !

Pas avec les bulletins de vote établis par les forces politiques pro-UE !


Silence médiatique: Une mission humanitaire au secours du peuple yéménite

Témoignage de Caleb Maupin(Extrait – Forum Mondial des Travailleurs – New York – 19 juin 2015)*

Mai 2015: …(…)… J’ai tout fait pour aller au Yémen. J’ai passé treize jours sur un bateau loué par la Société duCroissant rouge de la République Islamique d’Iran. Le bateau portait le nom d’ Iran Chahed et transportait 2 500 tonnes d’aide humanitaire pour le peuple yéménite, rien que des produits médicaux, de la farine, des boites de conserve et de l’eau.

Il y avait 50 personnes à bord, parmi eux des chirurgiens, des anesthésistes, des généralistes, des techniciens de salle d’opérations, infirmières, et des techniciens d’anesthésie. Tous étaient volontaires du Croissant rouge et voulaient se rendre au Yémen, un pays de la péninsule arabe ravagé par la guerre, et aider le peuple dans le besoin.

Nous sommes partis de Bandar Abbas, un port du sud de l’Iran et avions l’intention d’atteindre Hodeidah, un port sur la côte orientale du Yémen en Mer rouge. Nous n’avons pu accomplir notre mission. Pourquoi ? Une seule raison : le terrorisme saoudien soutenu par les Etats-Unis.

Le 14 mai, le jour prévu pour notre arrivée, les militaires saoudiens ont bombardé le port huit fois en une seule journée. Des dockers furent tués. Au cours de jours suivants, des rapports dans la presse ont décrit Hodeidah comme un endroit « entièrement détruit».

De plus, quinze mercenaires soudanais au Yémen se sont positionnés autour du port ; payés par les Saoudiens, ils étaient en position et lorsque nous sommes arrivés, ils pouvaient tirer sur le bateau avec des roquettes et tuer tout le monde à bord.

Heureusement pour nous, notre bateau étant trop chargé, le moteur chauffait et nous obligeait à avancer à une allure plus modeste que prévue. Du fait que nous naviguions plus lentement, nous n’avons pu débarquer à Hodeidah le 14 mai et donc nous n’avons pas eu à nous confronter avec ce que les Saoudiens nous avaient préparé. Après les évènements du 14 mai, et les négociations à Téhéran, il fut décidé que notre bateau ne pouvait achever sa mission. Nous avons atteint Djibouti, d’où je me suis envolé vers l’Iran.

J’ai été très déçu de ne pouvoir aller au Yémen mais ma déception n’était rien comparée à celle des volontaires de la Croix Rouge islamique. Ils sont les plus braves personnes au monde. Ils sont allés en Irak, en Afghanistan, Nicaragua, Bolivie, Rwanda et dans d’autres régions du monde. Ils ont pris de gros risques pour aider le peuple dans le besoin. L’un d’eux fut capturé en Irak où il est resté captif d’une faction armée pendant des mois.

Les médias occultent une guerre criminelle

Ces volontaires désiraient ardemment se rendre au Yémen car ils sont Iraniens et que la TV iranienne montre ce qui se passe actuellement dans ce pays où les hôpitaux, les écoles, les mosquées, les centrales électriques et les autres infrastructures sont bombardées par le royaume saoudien.

L’Arabie saoudite a la quatrième armée au monde mais elle bombarde le Yémen, le pays le plus pauvre de la région et du monde. Les Iraniens savent tout cela, mais les médias US, eux, ne disent absolument rien. Vous pouvez regarder CNN, MSNBC et FOX pendant des heures et des heures, et ne jamais entendre le mot « Yémen » prononcé une seule fois.

Le silence des médias est d’autant plus choquant que ce n’est pas seulement une attaque saoudienne, mais que le bombardement du Yémen est une opération militaire dirigée par les Etats-Unis. Les avions saoudiens sont ravitaillés par les forces armées US. Les satellites US fournissent les renseignements et dirigent les Saoudiens sur les lieux à attaquer. Les responsables US sont en Arabie saoudite pour discuter de la stratégie et des tactiques avec les militaires saoudiens.

Le royaume d’Arabie saoudite, avec le quatrième budget militaire au monde, achète son armement en priorité auprès des Etats-Unis et les grands fabricants d’armes comme Raytheon, General Electric, Boeing, se remplissent les poches grâce au Yémen.

Le gouvernement des Etats-Unis par l’intermédiaire de l’Arabie saoudite, a déclaré la guerre au Yémen et plus de 4 000 personnes sont déjà mortes dans le silence des médias américains et l’ignorance, pour la plupart des gens, de ce qui s’y passe.

En de rares occasions quand la presse en parle, elle le fait avec des mots ambigus bizarres et difficiles à comprendre. Elle parle de « rebelles houthis » et de « factions tribales » et fait son possible pour rendre les reportages confus ou donner l’impression que cela ne nous concerne pas. Ce qui se déroule au Yémen est clair, simple. Plutôt simple : le peuple yéménite avec ses composantes religieuses, ethniques, ou tribales s’est uni pour demander le contrôle de leur pays et de ses ressources.

Le royaume saoudien, le champ pétrolifère géant de Wall Street, lance toutes ses forces de destruction, tuant autant de gens qu’il peut, afin de mettre un terme à cette demande et garder le Yémen sous sa coupe…(…) …

*Caleb Maupin est un militant politique, journaliste et analyste américain membre du Parti mondial des travailleurs (WWP).

Photo: Caleb Maupin

Texte original: What the war in Yemen means for Revolutionaries in the US

Traduction et Synthèse: Xavière Jardez

Site de Caleb Maupin : http://calebmaupin.info/

Pour en savoir plus sur cette opération humanitaire:

http://www.workers.org/articles/2015/05/12/why-im-aboard-the-rescue-ship-to-yemen/

http://www.reuters.com/article/2015/05/17/yemen-security-iran-ship-idUSL5N0Y804X20150517

http://www.thenational.ae/world/middle-east/iran-aid-cargo-boat-for-yemen-offloaded-in-djibouti-un


Bulletin de vote préconisé par le KKE pour le référendum

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NON

à la proposition

de l’UE-FMI-BCE

 

NON

à la proposition

du gouvernement

 

Rupture avec l’UE

le peuple au pouvoir


SYRIZA – pillage, effondrement prosternation: Quand la «gauche dure» épouse les politiques de la droite dure

par professeur James PETRAS

La Grèce a fait les manchettes de la presse financière internationale durant les cinq derniers mois, alors qu’un parti de gauche nouvellement élu, «SYRIZA», s’oppose ostensiblement aux soi-disant «mesures d’austérité» en confrontant la troïka (le Fonds monétaire international, la Commission européenne et la Banque centrale européenne).

Dès le début, les dirigeants de  SYRIZA, mené par Alexis Tsipras, ont adopté plusieurs positions stratégiques aux conséquences fatales relativement à la mise en œuvre de leurs promesses électorales: d’élever le niveau de vie, de mettre fin à la vassalité envers la «troïka» et de se doter d’une politique étrangère indépendante.

Nous allons procéder en décrivant les échecs systémiques initiaux de SYRIZA et les concessions ultérieures érodant davantage le niveau de vie grec, tout en accentuant le rôle de la Grèce comme collaborateur actif de l’impérialisme étasunien et israélien.

 

Gagner les élections

et céder le pouvoir

La gauche européenne et nord-américaine a célébré la victoire électorale de SYRIZA comme une rupture avec les programmes d’austérité néolibérale et le lancement d’une alternative radicale, laquelle mettrait en place des initiatives populaires en faveur de changements sociaux fondamentaux. Ces initiatives comprendraient des mesures pour créer des emplois, restaurer les pensions, annuler les privatisations et réorganiser   les priorités du gouvernement en    favorisant le paiement des salariés avant le remboursement des banques étrangères. La «preuve» de l’existence du programme de réforme radicale se trouvait dans le «Manifeste de Thessalonique», lequel, promettait SYRIZA, serait le programme guidant ses nouveaux élus.

Toutefois, avant d’avoir été élu et immédiatement après, les dirigeants de SYRIZA ont pris trois décisions fondamentales empêchant toute modification profonde. En effet, ces décisions ont établi un parcours réactionnaire.

En premier lieu, SYRIZA a accepté la dette extérieure de plus de 350 milliards de dollars comme légitime, bien qu’elle ait été approuvée par les kleptocrates du gouvernement précédent, des banques corrompues et des intérêts commerciaux, immobiliers et financiers. Pratiquement aucune partie de cette dette n’a été utilisée pour financer des activités productives ou des services cruciaux qui renforceraient l’économie et la future capacité de la Grèce à rembourser les prêts.

Des centaines de milliards d’euros ont été planqués dans des comptes bancaires et des biens immobiliers à l’étranger ou investis dans des actions et des obligations à l’étranger. Après avoir d’abord affirmé la «légitimité» de la dette illicite, SYRIZA a ensuite déclaré sa «volonté» de payer cette dette. La «troïka» a immédiatement compris que le nouveau gouvernement SYRIZA serait un otage volontaire se soumettant à plus de coercition, de chantage et de paiements de la dette.

Deuxièmement, en lien avec ce qui précède, SYRIZA a déclaré sa détermination à demeurer au sein de l’Union européenne et de la zone euro, renonçant ainsi à sa souveraineté et à sa capacité d’élaborer une politique indépendante. Le parti a exprimé sa volonté de se soumettre aux exigences de la troïka. Une fois sous l’emprise de celle-ci, la seule politique de SYRIZA consisterait à «négocier», «renégocier» et faire de nouvelles concessions aux banques étrangères de l’UE dans un processus totalement unilatéral. La soumission rapide de SYRIZA à la troïka était la deuxième trahison stratégique de son programme électoral, mais pas la dernière.

Une fois que SYRIZA eut démontré à la troïka sa volonté de trahir son programme populaire, cette dernière s’est montrée plus exigeante et plus intransigeante. Bruxelles a considéré la rhétorique gauchiste de SYRIZA et ses gestes théâtraux radicaux comme de la poudre aux yeux de l’électorat grec. Les banquiers européens savaient que lorsqu’il serait temps de négocier de nouveaux accords de prêt, les dirigeants de SYRIZA capituleraient. Pendant ce temps, la gauche euro-étasunienne a complètement avalé la rhétorique radicale de       SYRIZA sans regarder ses pratiques.

Troisièmement, dès son entrée en fonction, SYRIZA a négocié une coalition avec ANEL (Grecs indépendants), un parti d’extrême-droite, pro-OTAN, xénophobe et anti-immigration, garantissant que la Grèce continuerait à soutenir les politiques militaires de l’OTAN au Moyen-Orient, la campagne brutale de l’Ukraine et Israël contre la Palestine.

Quatrièmement, la majeure partie du Cabinet nommée par le premier ministre Tsipras n’avait aucune expérience dans la lutte des classes. Pire encore, la plupart étaient des universitaires et d’anciens conseillers du    PASOK, sans aucune capacité ou volonté de rompre avec les diktats de la troïka. Leur «pratique» académique était constituée en grande partie de «combats» théoriques mal adaptés à de réelles confrontations avec des puissances impériales agressives.

 

De l’égratignure à la gangrène

En capitulant devant l’UE dès le début, en acceptant, entre autres, de payer la dette illégitime, en s’alliant à l’extrême droite et en se soumettant aux diktats de la troïka, la table était mise pour que SYRIZA trahisse toutes ses promesses et alourdisse le fardeau économique de ses partisans. Les pires trahisons comprennent:

  1. ne pas avoir rétabli le paiement des pensions;
  2. ne pas avoir réinstauré le salaire minimum;
  3. ne pas avoir annulé les privatisations;
  4. ne pas avoir mis fin aux programmes d’austérité;
  5. ne pas avoir augmenté les fonds pour l’éducation, la santé, le logement et le développement local.

La troïka et ses publicistes de la presse financière exigent que         SYRIZA fasse davantage de compression dans le régime de retraite grec, appauvrissant ainsi plus de 1,5 million de travailleurs retraités. Contrairement aux «exemples» bidon des médias sur les pensions généreuses dont jouissent moins de 5% des retraités, les Grecs ont subi les plus importantes réductions de fonds de retraite en Europe au cours du dernier siècle. La troïka a réduit les pensions grecques huit fois au cours des quatre dernières années seulement. La grande majorité des pensions ont été réduites de près de 50% depuis 2010. La pension moyenne est de 700€ par mois, mais 45% des retraités grecs reçoivent moins de 665€ par mois, un revenu se situant sous le seuil de pauvreté. Toutefois, la troïka exige des réductions encore plus importantes.

Celles-ci comprennent la fin des subventions budgétaires pour les retraités vivant dans l’extrême pauvreté, une augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans, l’abolition des dispositions des plans de retraite liées aux travaux dangereux et favorisant les mères au travail. Les mesures régressives antérieures, imposées par la Troïka et mises en œuvre par le régime de coalition d’extrême droite précédent, ont sérieusement épuisé la caisse de retraite grecque. En 2012, le programme de «restructuration de la dette» de la troïka a mené à la perte de 25 milliards d’euros en réserves détenues par le gouvernement grec dans des obligations gouvernementales.

Les politiques d’austérité de la troïka ont veillé à ce que les réserves de la caisse de retraite ne soient pas renouvelées. Les contributions ont chuté lorsque le chômage a grimpé à près de 30% (Financial Times, 5.6.15, p4). Malgré l’assaut frontal de la troïka sur le régime de retraite grec, «l’équipe économique» de SYRIZA a exprimé sa volonté d’augmenter l’âge de la retraite, de réduire les pensions de 5% et de négocier pour trahir à nouveau les retraités qui font face à la misère. SYRIZA a non seulement manqué à sa promesse de campagne consistant à annuler les politiques régressives précédentes, mais s’est aussi engagé dans ses propres traîtrises «pragmatiques» avec la troïka.

Pire encore, SYRIZA a intensifié les politiques de ses prédécesseurs réactionnaires. SYRIZA:

  1. a promis de geler les privatisations, mais le parti s’engage maintenant à les accroître de 3,2 milliards d’euros et de privatiser d’autres secteurs publics;
  2. a accepté de transférer des ressources publiques limitées à l’armée, dont un investissement de 500 millions d’euros pour mettre à jour l’Armée de l’Air grecque;
  3. a pillé la caisse nationale de retraite et les trésoreries municipales pour plus d’un milliard d’euros afin de payer la dette à la troïka;
  4. a réduit les investissements publics pour la création d’emplois dans des projets d’infrastructure afin de respecter les délais de la troïka;
  5. a accepté un excédent budgétaire de 0,6% au moment où la Grèce a un déficit de 0,7% cette année, ce qui signifie davantage de réductions plus tard cette année;
  6. a promis de réduire la TVA sur les éléments essentiels comme la nourriture, mais accepte aujourd’hui un taux de taxation de 23%.

La politique étrangère de SYRIZA imite celle de ses prédécesseurs. Le ministre de la Défense de SYRIZA, Panos Kammènos, issu de l’extrême droite, était un fervent partisan des sanctions étasuniennes et européennes contre la Russie. Malgré la vague habituelle de fausse «dissidence» face aux politiques de l’OTAN, SYRIZA a totalement capitulé par la suite, afin de maintenir une bonne réputation au sein de l’OTAN. Le régime de      SYRIZA a permis à tous les kleptocrates et fraudeurs fiscaux bien connus de conserver leur richesse illicite et d’augmenter leurs avoirs à l’étranger grâce au transfert massif de leurs «économies » à l’extérieur du pays. À la fin mai 2015, le Premier ministre et le ministre des Finances, Tsipras Varoufákis, ont vidé le trésor public pour effectuer des paiements sur la dette, augmentant ainsi les perspectives que les retraités et les travailleurs du secteur public ne reçoivent pas leurs prestations. Après avoir vidé le Trésor grec, SYRIZA va maintenant imposer la «solution de la troïka» à la masse grecque appauvrie: ou vous acceptez un nouveau plan d’«austérité», réduisant les pensions, augmentant l’âge de la retraite, éliminant les lois du travail protégeant la sécurité d’emploi et les droits de négociation des travailleurs ou les caisses de l’État seront vides, vous n’aurez pas de pensions, le chômage augmentera et la crise économique s’aggravera. SYRIZA a délibérément vidé le trésor public, pillé les fonds de pension et les fonds municipaux pour faire du chantage à la population et la pousser à accepter comme un «fait accompli» les politiques régressives de banquiers intransigeants de l’UE, les soi-disant «programmes d’austérité».

Dès le tout début, SYRIZA s’est plié aux diktats de la troïka, même lorsqu’il simulait leur «résistance de principe». Ils ont d’abord menti à l’opinion publique grecque, qualifiant la troïka de «partenaires internationaux». Ensuite, ils ont menti à nouveau en qualifiant le mémorandum de la troïka pour une plus grande austérité de «document de négociation». Les tromperies de SYRIZA étaient destinées à dissimuler le fait qu’il maintenait le «cadre» très impopulaire imposé par le précédent régime discrédité de la droite dure.

Alors qu’il pillait les ressources du pays pour payer les banquiers,       SYRIZA s’est davantage soumis aux puissances étrangères. Son ministre de la Défense a offert de nouvelles bases militaires pour l’OTAN, dont une base aérienne-maritime sur l’île grecque de Karpathos. Le parti a accru l’appui politique et militaire de la Grèce à l’intervention militaire des États-Unis et de l’UE au Moyen-Orient, ainsi que son soutien aux «terroriste modérés», invoquant le prétexte ridicule de «protéger les chrétiens». SYRIZA, s’attirant les bonnes grâces des sionistes européens et étasuniens, a renforcé ses liens avec Israël, évoquant une «alliance stratégique» avec l’État terroriste pratiquant l’apartheid. Dès les premiers jours de son mandat, Kammènos, le ministre de la Défense de la droite dure, a proposé la création d’un «espace de défense commun» incluant Chypre et Israël, appuyant ainsi le blocus aérien et maritime de Gaza par l’État hébreu.

 

Conclusion

La décision politique de SYRIZA «d’intégrer» à tout prix l’UE et la zone euro, signale que la Grèce continuera d’être un État vassal, trahissant son programme et adoptant des politiques profondément réactionnaires, tout en claironnant sa fausse rhétorique gauchiste et en feignant de «résister» à la troïka. Bien que SYRIZA ait pillé la caisse de retraite nationale et les trésoreries locales, de nombreux gauchistes égarés en Europe et aux États-Unis continuent d’accepter et de rationaliser les décisions du parti qu’ils choisissent de qualifier de «compromis réalistes et pragmatiques».

SYRIZA aurait pu confisquer et utiliser 32 milliards de dollars d’actifs immobiliers détenus par les Forces armées grecques afin de mettre en œuvre un plan d’investissement et de développement différent, soit louer ces propriétés à des ports maritimes commerciaux, des aéroports et des installations touristiques.

SYRIZA a enfoncé la Grèce encore plus profondément dans la hiérarchie dominée par la finance allemande en abandonnant son pouvoir souverain d’imposer un moratoire sur la dette, de quitter la zone euro, gérer les ressources financières, rétablir une monnaie nationale, d’imposer des contrôles de capitaux, de confisquer des milliards d’euros dans les comptes illicites à l’étranger, mobiliser des fonds locaux pour financer la reprise économique et réactiver le secteur public et privé. À plusieurs reprises, le faux «secteur gauche» au sein de SYRIZA a formulé d’impuissantes «objections», pendant que la mascarade Tsipras -Varoufákis procédait à la capitulation ultime.

En fin de compte, SYRIZA a aggravé la pauvreté et le chômage, augmenté le contrôle étranger sur l’économie, érodé davantage le secteur public, facilité le licenciement des travailleurs et réduit les indemnités de départ, tout en augmentant le rôle de l’armée grecque en resserrant ses liens avec l’OTAN et Israël.

Autre fait tout aussi important, SYRIZA a totalement vidé la phraséologie gauchiste de toute signification cognitive: pour ses membres, la souveraineté nationale se traduit par la vassalité aux puissances étrangères, et l’anti-austérité consiste à capituler de façon pragmatique devant une nouvelle forme d’austérité. Lorsque l’accord Tsipras-troïka sera finalement signé et que l’opinion publique grecque prendra conscience des ravages que fera l’austérité dans les prochaines décennies, nous espérons que les trahisons susciteront une répulsion massive. Peut-être que SYRIZA se divisera et que la «gauche» abandonnera enfin ses postes ministériels tranquilles pour aller rejoindre les millions de mécontents afin de former un autre parti.

James PETRAS

——————————————————

[Original: SYRIZA: Plunder, Pillage and Prostration: How the ‘Hard Left’ Embraces the Policies of the Hard Right, publié le 15 juin 2015.]

[Traduction: Julie Lévesque pour Mondialisation.ca]


Contre le Maïdan grec

par kseeath.

Permettez-nous une petite intervention: Nous espérons que l’ancien Premier ministre et chef de l’opposition, Antonis Samaras, qui est intervenu hier à la Vouli (Chambre des députés) ne se référait pas à la guerre, au génocide, au régime fasciste imposé en Ukraine avec l’appui de l’UE, quand il disait «… aujourd’hui il y a des peuples qui angoissent, luttent et livrent des batailles (!) pour entrer dans l’Union européenne.»

Si c’était bien le cas, nous rétorquerons, que dans le passé un peuple frère a été conduit à la guerre civile, ses villages et ses villes bombardés, ses citoyens emprisonnés et tués pour leurs opinions, le fascisme et le nationalisme émergeant comme idéologie officielle et leur économie plongée dans le chaos, précisément pour avancer les desseins de l’UE. Nous lui rappelons également que son gouvernement démocratiquement élu a été renversé par un coup d’État au début de 2014 et que l’UE n’a pas dit mot, comme elle n’a dit un mot pour les 50 antifascistes assassinés à Odessa, comme elle n’a dit mot pour la violation systématique des droits de l’homme par le gouvernement ukrainien actuel qui «bataille», pour entrer dans l’UE. Pour finir, nous notons que si M. Samaras rêve d’un «Maïdan» grec, il ferait bien de réfléchir à nouveau parce que le mouvement antifasciste en Grèce, ayant l’expérience des événements en Ukraine ne permettra pas la mise en place de plans criminels de ce type. L’alliance des néolibéraux/fascistes qui prend une raclée au Donbass aura le même sort partout.

Campagne antifasciste pour l’Ukraine


Proposition du groupe parlementaire du KKE concernant le contenu du référendum

27 juin, 2015

Le gouvernement propose au peuple grec un référendum avec comme question l’approbation ou de rejet de la proposition d’accord de l’Union européenne, du Fond monétaire international et de la Banque centrale européenne.

Le groupe parlementaire du KKE estime que les questions qui doivent être soumises au peuple grec sont les suivantes:

  1. NON aux propositions d’accord de l’UE-FMI-BCE, et NON à celles du gouvernement grec
  2. Rupture avec l’Union européenne – Suppression de memoranda et de tous leurs décrets d’application antipopulaires

Athènes 27 Juin, 2015

Le Groupe parlementaire du KKE

KOUTSOUMBAS Dimitrios

PAPARIGA Alexandra

VARDALIS Sakis


déclaration de la Convention Patriotique des Forces de Gauche à propos de la nomination de Lionnel ZINSOU

CONVENTION PATRIOTIQUE DES FORCES DE GAUCHE (CPFG)

PCB, CDP, PSD-Bélier, CSTB, FESYNTRA-Finances, UNSEB, UNAPEEB, ANADEC, ODHP, CCUMAB, CPCM, MFLPP

DECLARATION

A PROPOS DU DERNIER REMANIEMENT MINISTERIEL

Après avoir échoué à se donner une majorité à l’Assemblée Nationale et conquérir la présidence de son bureau à la suite des élections législatives d’avril 2015, Boni YAYI a fini par publier son nouveau gouvernement le 18 juin 2015. Composé de 28 ministres, ce nouveau gouvernement se distingue de tous les précédents par un certain nombre d’éléments. Si le nombre de dignitaires au sein de ce gouvernement dépasse toute mesure, (un premier ministre, un vice-premier ministre et trois ministres d’Etat), c’est surtout la nature du premier ministre en la personne de Mr Lionel ZINSOU qui fait la caractéristique de ce nouveau gouvernement et qui suscite de vives réactions dans les milieux populaires et patriotiques. Face à cette situation, la Convention Patriotique des Forces de Gauche publie la déclaration dont la teneur suit :

  1. Selon tous les témoignages, Mr Lionel ZINSOU est né en France, a vécu en France où il a exercé et où il exerce jusqu’à sa nomination. S’il est originaire du Bénin de par son père, il ne connaît pas, dans son intimité, le pays dont il vient de prendre la charge de la direction des plus importantes affaires. En tant que citoyen français, Mr Lionel ZINSOU a exercé dans les cabinets ministériels français, en l’occurrence dans le cabinet de l’ex-premier ministre Mr Laurent FABIUS dont il déclare « être la plume » c’est-à-dire celui qui rédige les discours et déclarations que lit Fabius. Ce dernier, actuel ministre des affaires étrangères et 3ème personnage du gouvernement français lui a adressé, dans un communiqué officiel « ses chaleureuses félicitations et souhaité plein succès dans l’accomplissement de cette mission au service de son pays. » Par ailleurs, Mr Lionel ZINSOU, membre du parti socialiste français et très proche de Hollande, dirigeait l’Association AfricaFrance1 dont le rôle est de renouveler la FrançAfrique dont l’image est par trop ternie auprès des peuples africains.

  1. Ce que perçoivent et dénoncent les masses populaires dans la nomination de Mr Lionel ZINSOU en tant que premier ministre au Bénin ne relève pas essentiellement « d’un certain racisme ». Un peuple digne a le droit d’exiger que ses plus hauts dirigeants ne soient pas de double nationalité afin de s’assurer de leur pleine loyauté à sa cause et de pouvoir exercer en retour sur eux sa pleine et unique souveraineté. Un peuple digne a le droit d’exiger que ses plus hauts dirigeants aient une connaissance vécue de ses mœurs et coutumes, de ses pulsations intimes aux fins d’une meilleure gouvernance. Enfin et surtout, un peuple digne a le droit d’exiger que ses plus hauts dirigeants ne soient pas des membres des cabinets étrangers. Mr Lionel ZINSOU ne connaît pas le Bénin, est membre de l’establishment gouvernemental français. Sa mission au Bénin, négociée avec le Président français et les autorités françaises relève plus d’un plan de la France pour le Bénin (contre le Bénin devrait-on dire)

  1. Ce plan est la suite de toute la politique passée et récente de l’impérialisme français au Bénin et en Afrique : la reconquête coloniale et la consolidation du pacte colonial. Au Bénin, le pouvoir de Boni YAYI a servi à cette mission. Le pays a été vendu aux grands groupes français. Le groupe Bolloré est le plus emblématique avec ses hold-up sur le port, les chemins de fer, sa domination sur l’information avec Canal+, ses ambitions sur l’énergie. Le groupe BOUYGUES est dans les coulisses pour la téléphonie mobile et les grands travaux. L’impérialisme français qui tient en tutelle toute l’économie avec le franc des Colonies Françaises d’Afrique (franc CFA) se bat contre vents et marées, multiplie les interventions armées, essaime ses bases militaires pour cette conquête. Mr Lionel ZINSOU qui se dit spécialiste de la monnaie est connu comme un ardent défenseur du maintien du franc CFA et sous la tutelle de l’impérialisme français et ce dans tous les débats publics. La nomination de Mr Lionel ZINSOU à un poste de premier plan au Bénin réalise une mission pour la consolidation de la présence française en Afrique et au Bénin. Il s’agit d’une mission de nature coloniale et les masses ont raison de dénoncer le nouveau Colonel DODDS.

  1. Les compétences avérées de Mr Lionel ZINSOU dans le domaine financier n’en font pas automatiquement un avantage pour le Bénin. Aujourd’hui, on peut même dire le contraire. Les plus grands groupes financiers, comme ceux dans lesquels Lionel ZINSOU est compétent, se sont montrés aujourd’hui les bourreaux des peuples, ceux qui font payer aux travailleurs et aux peuples le pillage des gouvernants, des grands et hauts bourgeois ; comme on l’a vu avec les ajustements structurels en Afrique, comme on le voit avec la Grèce, l’Espagne. Au Bénin, les collègues et homologues financiers de ZINSOU, les YAYI, KOUPAKI, de SOUZA, GBIAN, DOSSOU, tous du secteur financier qu’il assistait en tant que conseiller spécial de 2006 à 2011, ont plongé le pays dans le gouffre dans tous les domaines. La compétence des financiers au Bénin a conduit à la ruine du pays.

  1. Mr Lionel ZINSOU ne reconnait d’ailleurs pas la responsabilité de Boni YAYI et de ses équipes dans cette ruine. Pour lui, YAYI continue d’être un démocrate. Les scandales, c’est autre chose dit-il dans une interview au journal la Nouvelle Tribune en date du 22 juin 2015; et d’ailleurs, poursuit-il « Je ne pense pas quand on compare le Bénin à beaucoup d’autres pays que nous soyons un pays si mal gouverné que le pense une partie de l’opinion béninoise. Je les invite à regarder le monde entier ». Ainsi, notre nouveau premier ministre renvoie du revers de la main toute la critique de la mauvaise gouvernance de Boni YAYI au Bénin. Les scandales, la mauvaise gouvernance servent des intérêts précis de groupes et de gens qui en profitent. Lionel ZIINSOU en prend la défense.

  1. Enfin, on constate que pendant que les masses dénoncent les desseins de l’impérialisme français avec la nomination de Mr Lionel ZINSOU, les hauts bourgeois et leurs partis sont particulièrement muets. DJOGBENOU et Mme ZANOU, interrogés à propos du remaniement ne parlent que d’un « remaniement de gratitude » et considère la nomination de Mr Lionel ZINSOU comme d’une possibilité d’impliquer la diaspora. Il est clair que tous les hauts bourgeois, français par nationalité ou par intérêts, ne peuvent que se taire. Ensuite et le plus important, cette nomination est bien ressentie comme la sanction par le maître impérialiste français du discrédit de toute la haute bourgeoisie et de ses partis au Bénin dans sa pratique depuis 1990. Déjà ce discrédit avait été développé dans un article publié par le politologue BANEGAS et rediffusé par le journal la Nouvelle Tribune en septembre 2013. Toute la pratique de veulerie et de corruption aggravée de la haute bourgeoisie au pouvoir au Bénin depuis 1990 sont bien connues face à un peuple et une jeunesse qui n’ont de cesse de lutter pour leurs aspirations. Les dernières élections ont étalé à la face du monde la corruption et la veulerie de cette haute bourgeoisie avec la fraude généralisée, l’achat massif des électeurs et les tripatouillages, le spectacle public d’achat et de vente des députés qui ne dédaignent de donner des procurations de vote contre espèces sonnantes et trébuchantes provenant de « télécommandes » et ce, quel que soit le camp. Or les télécommandes elles-mêmes dépendent d’un chef, d’un maître, l’impérialisme français qui a besoin d’homme plus sûr, plus fidèle pour ses intérêts tel un Lionel ZINSOU. Le maître l’a promu, les agents ici se taisent, laissant encore une fois le peuple mener le combat.

  1. Mais les patriotes ne peuvent se taire devant ce qui constitue une atteinte à la dignité de notre peuple. Déjà, devant la faillite des partis de la haute bourgeoisie dans les années 60, l’impérialisme français avait tenté d’imposer Maître BOISSIER-PALUN comme président. La levée des démocrates et patriotes a déjoué le complot. Aujourd’hui, on se retrouve devant le même complot où devant la faillite des partis hauts bourgeois et l’exigence de partout d’une nouvelle gouvernance, l’impérialisme français débarque un de ses pions aux commandes de notre pays. Cette nomination met en relief les défis à relever par le peuple : la nécessité du renforcement de la lutte patriotique, la nécessité du renversement de la haute bourgeoisie pourrie et corrompue dans une révolution pour une nouvelle gouvernance.

  1. La Convention Patriotique des Force de gauche, dénonce par conséquent la nomination de Mr Lionel ZINSOU comme un nouveau DODDS2 pour parachever la vente totale du Bénin à l’impérialisme français et à ses groupes, Bolloré et consorts. Elle soutient les protestations populaires contre cette nomination infamante pour notre peuple. Elle exige la démission de Mr Lionel ZINSOU. Elle appelle tous les démocrates, tous les patriotes, les travailleurs, la jeunesse à poursuivre leurs protestations et leurs luttes pour l’émancipation et la souveraineté de notre pays.

Cotonou, le 23 juin 2015.

Pour la CPFG

Philippe NOUDJENOUME

Président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche et de l’Alliance pour une Nouvelle Gouvernance.

1 Proposée par un groupe de travail réunissant Hubert Védrine, Lionel Zinsou, Tidjane Thiam, Jean-Michel Severino et Hakim El Karoui, l’association AfricaFrance a été entérinée lors du Sommet Paix et Sécurité de l’Elysée en décembre 2013 puis officiellement lancée en février 2015 lors du Forum franco-africain pour une croissance partagée, par les chefs d’Etats africains et français.

2 Dodds, c’est ce Colonel métis franco-saint-louisien (du Sénégal) débarqué à la tête des troupes françaises pour vaincre Béhanzin en 1894.


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