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28 mars 2024

Contribution – Bernard-Henri Lévy et la supercherie du dogme d’antisémitisme


Bernard-Henri Lévy Crif Licra

Bernard-Henri Lévy s’exprimant à l’ONU. D. R.

Youcef Benzatat – Les quatre millions de Charlie descendus dans les rues le 11 janvier 2015 pour défendre «leurs valeurs», revendiquaient le droit universel de caricaturer le Prophète de l’islam, en faveur de la liberté d’expression et contre l’intégrisme religieux, même lorsque celle-ci peut heurter les sensibilités. Soit.

Dans ces conditions, il est tout de même curieux de voir comment l’utilisation d’une caricature, celle «des vampires qui ne se nourrissent pas du sang des leurs», puisse mettre en branle tous les Charlie médiatiques et communautaires de l’Hexagone, en concert, contre son auteur au prétexte qu’elle est antisémite.

A ce que l’on sache, l’usage de la métaphore vampirique n’est répertorié nulle part comme une variante d’antisémitisme, aussi fantasmé et galvaudé soit-il jusqu’à l’hystérie. Elle apparaît plutôt comme un poncif de la littérature occidentale depuis l’avènement du génie des Carpates et en faire usage dans un esprit critique est le propre de l’intelligence humaine.

S’attaquer aux appels récurrents à la guerre de Bernard-Henri Lévy en s’appuyant sur une métaphore, le choix du vampire caricatural s’impose de lui-même, le sang étant son aliment de prédilection. D’autant que Bernard-Henri Lévy s’y prête par son rang social, la figure du vampire présente des traits aristocratiques persistants dans l’imaginaire collectif et Bernard-Henri Lévy est un fortuné du club restreint des milliardaires. De toute évidence, il n’y a là aucun caractère antisémite. Il faut reconnaître que chaque fois que Bernard-Henri Lévy est allé dans un pays, le sang a coulé. S’opposer à ses prises de position ne fait pas de nous forcément des antisémites. Il aurait pu s’appeler Mohamed, Issa, être chrétien ou musulman, cela ne changera rien à cet avis.

Et la liberté d’expression ? Elle ne s’applique apparemment qu’aux musulmans et à l’islam et lorsque l’on dénonce ce deux poids et deux mesures, Charlie monte au front : «C’est en ce sens que ce texte constitue à la fois une ignominie antisémite et, par-là, une attaque grave contre l’esprit républicain». Lorsqu’on les dénude publiquement, vous remarquerez toujours le recours à ce mot, répété sans cesse et associé à toutes les sauces. On comprend toute la supercherie de la création de ce dogme d’«antisémitisme». Faut-il encore préciser que la liberté d’opinion et d’expression vaut aussi pour les propos non consensuels ? Dans le cas contraire, elle ne serait pas universelle, elle ne serait même pas une opinion, mais seulement de la propagande.

Tout citoyen du monde a le droit et l’obligation morale d’exprimer une critique contre l’activisme guerrier qu’un individu comme Bernard-Henri Lévy mène sans mandature légitimée par le suffrage universel. Celui d’activer des leviers qui ont détruit des pays entiers et fait couler beaucoup de sang d’innocents, allant jusqu’à provoquer la mort d’un chef d’Etat en exercice, lynché puis exécuté d’une balle dans la tête sans aucune autre forme de procès, et on n’a pas le droit de le critiquer !

Il faut admettre qu’elle est intrigante l’hystérique défense de Bernard-Henri Lévy par le Crif, la Licra et leurs amis dont les appels publics récurrents à la guerre sont indéfendables publiquement du fait qu’ils sont contraires au droit international. Ce qui nous amène à conclure que le Crif, la Licra et leurs amis soutiendraient et valideraient les partis pris va-t-en-guerre de Bernard-Henri Lévy. Qu’ils seraient, dès lors, des partisans actifs de l’appel public à l’intervention militaire dans des pays tiers et de l’assassinat de leurs chefs d’Etat. Qu’ils seraient une instance de censure du débat public en France, dès lors qu’est utilisé une métaphore littéraire pour critiquer cette posture va-t-en-guerre.

Leur réponse médiatique et partisane sous forme de censure ne peut représenter une aspiration à la paix et à la tranquillité des citoyens français de confession juive. Elle se présente plutôt comme pourvoyeuse de l’exacerbation de l’antisémitisme.

La désaffiliation évidente de Bernard-Henri Lévy et du lobby «qui n’existe pas» avec l’aspiration de la majorité des Français, clairement en faveur de la paix, est très compréhensive. Leurs interventions dans le champ politique et médiatique dépassent les bornes de la décence et de l’hypocrisie en se cachant derrière les bons sentiments et les bonnes intentions pour dénoncer des atrocités dont ils sont eux-mêmes les initiateurs. Ainsi, personne ne fait autant de mal à la communauté juive que certains juifs eux-mêmes. De sorte que le mal ne vient pas directement des «antisémites», mais de ceux qui suscitent ce genre de réaction. Si Bernard-Henri Lévy critiquait et incitait la communauté internationale à agir contre les exactions d’Israël sur les territoires palestiniens et que toutes les personnes qui le soutiennent en faisaient autant, il n’y aurait plus «d’antisémitisme».

Les musulmans ont cohabité sans animosité avec les juifs pendant plus d’un millénaire, ils les ont même secourus lorsque Torquemada leur dressait des buchers et les Européens les jetaient à la mer.

Y. B.

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