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19 mars 2024

Doit-on se débarrasser des djihadistes français prisonniers en les envoyant à l’abattoir?


 

France-Irak Actualité : actualités sur l’Irak, le Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak, au Proche-Orient, du Golfe à l’Atlantique. Traduction d’articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne, enquêtes et informations exclusives.

Publié par Gilles Munier sur 10 Mars 2019, 19:19pm

Catégories : #Daech, #Etat islamique, #Syrie, #Irak, #Macron

Par Gilles Munier/

Je ne suis pas favorable au retour en France des djihadistes capturés par les Forces démocratiques syriennes (FDS) ou les Kurdes du Parti de l’union démocratique (PYD) – voire par des Forces spéciales occidentales – comme l’exige quasiment Donald Trump.

Mais, faut-il s’en débarrasser en demandant au PYD – milice satellite du PKK turc, sur la liste des organisations terroristes publiée par l’Union européenne –  de les livrer à la « justice » irakienne?

Un article paru dans l’hebdomadaire Courrier international donne une idée du fonctionnement des tribunaux irakiens :

Les audiences ne durent qu’une poignée de minutes. Les avocats, quand les prévenus en ont, ne sont pas écoutés. Les juges baillent, bavardent’entre eux. Les justiciables nient-ils tous les chefs d’accusation, tentent-ils de faire valoir que leurs aveux leur ont été extorqués sous la torture ? Le procureur les interrompt : “Assez de preuves. Je requiers un verdict de culpabilité.” Souvent, une peine capitale sera prononcée.

En septembre 2018, un journaliste du New Yorker est allé enquêter à la Cour centrale criminelle de Bagdad, une des instances où sont jugés les Irakiens suspectés de terrorisme. Son récit, paru en décembre, est aussi documenté qu’éprouvant. Comme le rapporte la revue américaine : …(…)…

La loi en vigueur ne fait aucune distinction entre ceux qui auraient aidé des terroristes et ceux qui auraient commis des exactions au nom d’un groupe extrémiste. Les familles assistent rarement aux audiences, trop de risques : à plusieurs reprises, les proches de suspects désignés ont été raflés au tribunal par les services de sécurité. “Quiconque qui est soupçonné de liens avec Daech, même minces, même hypothétiques, est tué ou banni de la société”, commente l’hebdomadaire.

Des milliers d’hommes et de jeunes garçons ont déjà été jugés coupables d’appartenance à Daech, et des centaines d’entre eux exécutés par pendaison. Mais selon un cadre des services de sécurité irakien interrogé par le New Yorker, ils représenteraient une triste exception : “Quelques-uns des suspects comparaissent au tribunal, mais seulement pour maintenir l’illusion que nous avons un système judiciaire”, déclare-t-il sous le sceau de l’anonymat. “Nous faisons disparaître des milliers de familles”, confie-t-il encore, faisant notamment référence à des camps dans le désert où les suspects et leurs proches sont privés de nourriture, de soins médicaux et de tout recours. “Ce n’est pas seulement une revanche sur Daech. C’est une revanche sur les sunnites”, ajoute-t-il.

Dans un tel contexte, la coexistence entre une majorité chiite et une minorité sunnite qui avait en partie cédé aux sirènes de Daech semble plus compromise que jamais. Comme le rappelle le New Yorker, “Daech avait toujours tiré une partie de son dangereux attrait de la corruption et de la cruauté de l’État irakien”. Aujourd’hui, “la corruption et la cruauté de la réponse apportée par l’État au problème djihadiste sont susceptibles de faciliter la résurgence du groupe terroriste”, prévient le magazine.

La guerre dite contre le terrorisme

La France s’est engagée, sans en mesurer les conséquences, dans une guerre de religion où elle n’a rien à faire ni à gagner.

Au Proche-Orient, la coalition militaire créée pour défendre les intérêts géostratégiques et pétroliers occidentaux – et Israël – a remporté la bataille contre le proto-Etat islamique au prix de dizaines de milliers de victimes civiles et de destructions considérables, mais pas la guerre dite contre le terrorisme. Loin s’en faut.

Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian (ministre des AE) et Nicole Belloubet (ministre de la Justice) savent très bien quel sort sera réservé aux prisonniers transférés en Irak. Pourquoi, dans ce cas, leur accordent-ils le soutien des services consulaires ? Pour se donner bonne conscience ?

Lors de leurs jugements, Macron et consorts doivent s’attendre – s’ils sont encore au pouvoir – à des émeutes en France – ou pire – dans les quartiers dont les djihadistes sont issus, comme c’est le cas lorsque de petits délinquants perdent la vie dans des opérations de police. Cette éventualité a-t-elle effleuré l’esprit de ceux qui nous dirigent ?

Ne vaudrait-il pas mieux remettre les prisonniers de guerre « daechistes » à un tribunal international constitué pour la circonstance ? Il est encore temps.

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