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28 mars 2024

Libye : Idriss Séby accuse


Libye : Idriss Déby accuse

idriss deby
Le 17 décembre 2014

Ces propos peu diplomatiques ont fait faire la grimace aux représentants de la France présents au Forum.

C’est un assez joli pavé qu’Idriss Déby, président de la République du Tchad, a jeté dans la mare consensuelle du premier Forum international pour la paix et la sécurité en Afrique, réuni à Dakar au début de la semaine.

Le parcours et la personne de M. Déby ne sont certes pas irréprochables. Longtemps compagnon de route du sinistre Hissène Habré, aujourd’hui réfugié au Sénégal et toujours sous la menace d’une éventuelle comparution devant la Cour de justice internationale, Idriss Déby fut de ceux qui, avec le soutien de la Libye de Kadhafi, renversèrent Goukouni Oueddei et mirent la main sur le pays en 1980. Dix ans plus tard, c’est avec l’aide de la France et de la Libye que Déby, après avoir échappé de justesse aux tueurs de Habré, détrôna et remplaça son parrain. Il y a maintenant près de vingt-cinq ans qu’il gouverne le Tchad d’une main de fer, et ce n’est que grâce à l’intervention militaire de la France qui, par deux fois, lui a sauvé la mise et mis en déroute les rebelles, comme lui venus de Libye et comme lui armés et télécommandés par Kadhafi, qu’il règne toujours sur N’Djamena.

Tel quel, Idriss Déby est en première ligne, à nos côtés, dans la guerre qui oppose les gouvernements des pays du Sahel aux différents groupes djihadistes qui ont bien failli instituer un État islamique au Mali il y a près de deux ans, et l’armée tchadienne est la seule force africaine sur laquelle peuvent compter et s’appuyer nos soldats dans ce pays.

C’est donc en homme qui connaît le terrain et le sujet que le président tchadien, devant ses collègues sénégalais, mauritanien, malien, et en présence de notre ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, a dénoncé sans prendre de gants la responsabilité occidentale dans la déstabilisation de la Libye et du Sahel. « C’est l’intervention de l’OTAN et la chute de Kadhafi, a-t-il rappelé, qui sont à l’origine du chaos qui a gagné toute la région. La Libye est devenue l’arsenal où se sont approvisionnés et armés tous les groupes salafistes que nous combattons. L’OTAN a assuré le dépannage mais pas le service après-vente. Or, elle dispose seule des moyens qui lui permettraient de finir le travail. C’est ce que nous attendons d’elle. »

Ces propos peu diplomatiques, mais néanmoins irréfutables et applaudis par le public africain, ont fait faire la grimace aux représentants de la France présents au Forum. Mais ce n’était rien à côté de ce qui suivait. « L’intervention de la France et de la Grande-Bretagne, a déclaré le président Déby, avait pour seule raison d’être et pour seul but d’assassiner Kadhafi ».

Ainsi, à en croire une des personnes les mieux informées sur ce glorieux épisode dont les protagonistes ont depuis quelque temps cessé de se vanter, ce ne serait pas seulement par pure humanité, dans le louable souci de sauver Benghazi et sa population rebelle, ni même pour les beaux yeux de Bernard-Henri Lévy que M. Sarkozy et M. Cameron se seraient ingérés dans l’urgence et par la force dans la guerre civile libyenne.

Connaîtrons-nous un jour la vérité sur cette affaire, si compromettante qu’elle puisse être pour tous ceux, de tous bords et de tous pays, qui y ont été mêlés ? Les paroles de M. Déby sont comme un éclair dans les profondes ténèbres qui entourent à ce jour l’origine, le déroulement, l’issue de l’opération franco-britannique et les circonstances troublantes de la mort de Kadhafi.

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