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25 avril 2024

Mali : Déception et désillution


Déception et désillusion

10 April 2012

Une fois encore, en choisissant le Mnla pour mener sa croisade contre les intégristes islamistes, la France a misé sur le mauvais cheval. Aujourd’hui, déçu et désabusé par l’échec d’un premier plan, les responsables politiques français persistent et signent.

Jeudi, des hommes, armés jusqu’à la barbe, ont fait déguerpir des éléments du Mnla qui assuraient la « garde » du consulat de leur amie, l’Algérie pour enlever le consul et six collaborateurs. La revendication viendra quelques jours plus tard du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao).
Le même jeudi, Ansar Eddine fait savoir au Mnla que son chef suprême, Iyad Ag Ghaly, a émis le souhait de venir officier à Gao la grande prière du lendemain vendredi, et qu’il ne souhaiterait pas voir les indépendantistes, ces pouilleux mécréants, trainer en ville. Le message aurait été entendu cinq sur cinq car à l’heure dite, selon plusieurs sources concordantes, on ne voyait plus que les barbus dans les rues de Gao. Les éléments du Mnla se seraient barrés vers les zones périphériques.

En quelques jours d’occupation seulement, les groupes intégristes (AQMI, Mujao, Ansar Eddine et Boko Haram) auraient mis les indépendantistes sur la touche. Ces mêmes individus étaient reçus avec les honneurs, il y a peu, au ministère français des Affaires étrangères. C’est à partir de Paris qu’ils font la plupart de leurs déclarations propagandistes et provocatrices. Ils ont un bureau politique avec pignon sur rue à Nouakchott où ils bénéficieraient de la bienveillante protection et assistante du président putschiste. Ils se pavanent en Algérie. A ces trois pays, ils ont tenu la promesse de débarrasser le nord malien de la présence des terroristes, narcotrafiquants, vendeurs d’armes, preneurs d’otage et autres contrebandiers.

Aujourd’hui, la déception et la désillusion doivent être totales chez leurs commanditaires qui se rendent compte de jour en jour que leur Mnla ne contrôle rien et que les vrais maîtres de la situation sont leurs ennemis irréductibles. Pendant que leurs protégés en sont réduits à violer des petites filles pour apaiser leur libido libidineuse, à commettre des larcins pour survivre, à faire encore illusion sur France 24 et RFI, les islamistes font la loi et assurent le service d’ordre. Et le plus comique dans tout ce scénario, c’est que ces islamistes sont en train de se faire des sympathies au sein de la population. Parce qu’ils protègent les habitants contre les excès des bandits touaregs. Parce que ces habitants préfèrent de loin être convertis à l’islam que de subir la présence de ceux qui sont venus les libérer.

Il est vrai que la France, aujourd’hui déçue et désabusée, ne brille pas beaucoup par le sens du bon discernement ni le choix judicieux de ses amis. Le passé très récent de son attitude vis-à-vis du printemps arabe est là pour le rappeler. Mais l’administration Sarkozy, loin de tirer les leçons nécessaires et évidentes de ses errements au Maghreb, et de son erreur de jugement sur la question du nord, semble encore s’accrocher à la solution Mnla. Selon plusieurs analystes, il n’est pas exclu que dans des salons feutrés de Paris un plan foireux soit en train d’être concocté.

Le schéma d’un Mnla opérationnel est encore présent dans le crane de quelques naïfs politiques occidentaux. Pour preuve, plusieurs de ces acteurs politiques, dans bien de pays occidentaux, affirment à qui veut l’entendre que la question touarègue ne peut se régler que par une solution politique. Contrairement à la question d’Aqmi qui requiert une solution militaire.

C’est compréhensible, quand on sait que le seul véritable et principal objectif de la France est et demeure la neutralisation des bandes terroristes qui menacent l’Europe: cartels de drogue, preneurs d’otages occidentaux. Et le démantèlement des camps d’entrainement des islamistes qui existent dans le vaste Sahara.

Seulement la France, qui a déjà fait une mauvaise affaire en s’acoquinant avec le Mnla, serait en train de persister et de ne signer son soutien à la force d’intervention de la Cedeao qu’à condition que les bandits touaregs soient associés à l’entreprise. Connaissant les relations de dépendance économique et de vassalité politique qui existent entre la France et les pays africains, on est tenté de croire qu’elle aura gain de cause.

Pourtant, la Cedeao gagnerait beaucoup à mener un combat contre tous ceux qui occupent illégalement le territoire d’un de ses membres. En particulier contre le Mnla qui donne ainsi le mauvais exemple d’une tentative de sécession dans une région instable et fragile. Les chefs d’Etat ouest-africains ne doivent pas perdre de vue que le Sénégal est confronté depuis des décennies à des velléités séparatistes de la Casamance, que le nord du Niger, l’est et le sud de la Mauritanie, et le sud algérien sont convoités par des groupes armés touaregs qui rêvent d’un vaste Azawad dont le nord malien ne serait que le point de départ.

Ils ne doivent pas perdre de vue non plus que compte tenu des rapports de force sur le terrain, un Etat azawadi ne pourrait profiter qu’aux réseaux de terrorisme internationaux et de crimes transfrontaliers organisés qui seront forcément sous le contrôle d’Al-Qaeda. Et auxquels participent depuis longtemps des Touaregs, et pas des moindres. Qu’on se le rappelle : ils fournissent les terroristes en otages, ils font l’intermédiation pour le paiement des rançons, ils assurent le ravitaillement en vivres et produits divers des terroristes cantonnés dans les montagnes, ils servent de convoyeurs et d’éclaireurs au convoi de drogue.

Oui ! La France a un curieux sens de ses responsabilités et de ses intérêts.

Cheick Tandina

source : maliweb

Mohamed Diarra. Secretaire général de la Section France du parti Sadi  tel: 0674426505                                                                                                                                                                                       ————————————————————————————————————————————–
“Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.”.
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