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20 avril 2024

Analyse : Le Pétrole de l’Afrique et l’Arme de la Chine


Alathée

Il n’y a pas une vérité, mais des vérités

28 Octobre 201

 

Il est inutile de rappeler l’influence et le développement exponentiel de l’Empire du milieu qui s’installe avec assurance, partout dans le monde, à l’aube du 21ème siècle.

Mais si l’on parle souvent des relations entre l’Occident et la Chine, on n’oublie souvent les actions que mène cette dernière sur le continent africain.

Ils reconstruisent les routes, offrent des centres culturels dans toutes les grandes villes, implantent de grandes entreprises, université, commerces, etc.

Officiellement animée des meilleurs attentions, la Chine ouvre la voix au conflit qui brûle le continent.

Assoiffée de matière première, la Chine exploite les sous-sols de l’Afrique.

Conflit d’influence, entre pétrole et arme….


 

Au milieu des années 1990, les Occidentaux – pour ne pas citer la France – abandonne l’Afrique pour délocaliser en Chine et profiter de sa main d’œuvre plus productive. Ironie de l’histoire, c’est à cette époque que les chinois prennent leurs place en Afrique Subsaharienne. Les premiers pionniers achèteront les PME laissés à l’abandon par les français. Depuis lors, la progression chinoise est foudroyante. Les échanges entre l’empire du Milieu et le continent sont passés de 10 milliards de dollars en l’an 2000 à près de 70 milliards en 2007, et devraient atteindre 100 milliards fin 2010. Le double des échanges actuels entre la France et l’Afrique.

Il y aurait aujourd’hui 750 000 Chinois établis en Afrique contre 110 000 Français. Tous les ans, plusieurs centaines de milliers de travailleurs chinois -souvent des condamnés aux travaux forcés dans leur pays- s’installent en Afrique. Ils travaillent dans de grandes entreprises asiatiques pour une bouchée de pain et à une cadence infernale. La main d’œuvre locale est remplacé par des « colons esclaves », violant les droits de l’homme, menaçant l’offre d’emplois des région subissant déjà à un taux de chômage critique.

Ainsi, 900 entreprises chinoises sont déjà installées entre Alger et Le Cap, Dakar et Djibouti. Ces colons d’un nouveau genre animés officiellement des meilleures intentions, ne craignent pas les régions les plus inhospitalières et dangereuses, tels l’Ogaden (Ethiopie) ou le Nigeria, où des rebelles les menacent, les kidnappent ou les tuent.

La Chine, elle, n’a ni complexe colonial, ni préférence linguistique et ne s’assigne pas de mission politique. C’est son atout. Affamée de matière première – pétrole, fer, cuivre, nickel, or, coltan -, les chinois s’installent dans un optique « d’échange » et de commerce qui contribue à l’essor de l’Afrique, en surface, mais la ronge de l’intérieur.

En effet, la Chine n’est pas un modèle en matière de moral et n’hésite pas à financer des groupes armées ou des dictateurs. Pour séduire, la Chine investit et prête, casse les prix, éponge les dettes, opère des dons généreux. Avec son droit de véto sur les décisions votés à l’Onu, elle n’hésite pas ralentir, voir supprimer, les sanctions décidées par les autres pays membres.

Une politique adroite et astucieuse, menée par la Chine. Sorte « d’échange de bon procédé » qui nourrit la Chine en pétrole et l’Afrique d’arme. La France une spectatrice passive. Jamais la France, ni aucun autre pays membre permanent n’a réagit à certain véto, violant les droits de l’homme, et émis par la Chine. La France n’aurait-elle pas intérêts à se taire pour protéger quelques contrats ?

La diplomatie pétrolière au Soudan


Triste constat du Soudan, dont la Chine est le plus important partenaire commercial. CNPC est un géant pétrolier tout-puissant au Soudan qui fournit à lui seul près de 10% des besoins de la Chine en pétrole. La Chine a investi 15 milliards de dollars en dix ans pour construire trois raffineries, un pipeline de 1650 kilomètres, et contrôler 60% des ressources.

Pendant ce temps, la guerre au Darfour éclate toujours. Les entreprises chinoises détiennent et contrôlent 40% des concessions pétrolières dans le Darfour. Cette crise du a débuté en 2003. Les Nations Unies estiment à 200 000 le nombre de victime mortes à cause des combats et à 2,5 millions le nombre de personnes déplacées dans des camps de réfugiés. Mais la Chine n’est pas du genre à s’embarrasser de principes moraux, et continue son exploitation prospère. Même mieux, elle apporte son soutien au régime militaire de Khartoum, dirigé par Omar El-Béchir (lui même poursuivit par un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre et contre l’humanité). Ayant une absolue nécessité de se fournir en matière énergétique, Pékin protège le régime de Khartoum au siège du Conseil de Sécurité de l’ONU en utilisant son droit de veto dans la crise du Darfour. Le boycott de vente d’arme au Soudan a quand même fini par être adopter en 2005.Mais la Chine fournit toujours des armes au régime de Karthoum, en contre partie de cette or noir.

Toujours plus hypocrite, Qin Gang, porte parole du ministère chinois des affaires étrangères, a récemment saluer l’accord entre le gouvernement soudanais et un mouvement rebelle pour « que les parties concernées et la communauté internationale puissent poursuivre le processus politique au Darfour, afin de tendre vers une résolution appropriée du problème et d’assurer le maintien de la paix, la stabilité et le développement au Soudan. »

Pourtant, en 2007, le ministre de la défense chinois et le chef de l’armée soudanaise, présent en Chine signaient un accord visant à renforcer les liens militaires entre les deux pays.

Toujours en 2007, Amnesty International confié à France Info que « le gouvernement chinois fournit des armes en mains propres aux milices Jenjawid liées directement au gouvernement soudanais. Ces milices sont responsables de milliers de morts civils au Soudan, dans le Darfour. Ce traffic, sous embargo de l’ONU pourtant, se fait via des avions privés, des hélicoptères, souvent camouflés de manière à ce qu’on puisse croire qu’il s’agisse d’avion des Nations-unies par exemple. »

Officiellement, Pékin s’est toujours défendu de ne pas avoir livré d’arme ayant servi contre les soldats de la mission des nations unies au Darfour. En tous cas pas directement aux groupes armés mais au gouvernement. Khartoum soutient les groupes armées, ce n’est pas un secret.

Le gouvernement chinois a toujours tenté de s’opposer à la publication d’un rapport rédigé par un panel d’experts chargé de surveiller l’embargo « officielle » de 2005 sur les armes envers le Soudan. Cela fait des mois que les experts alertent sur le fait que Khartoum contourne l’embargo. Mais l’Onu ne se presse pas car il a besoin de l’appui chinois pour éviter une guerre entre le Nord et le Sud soudanais, à l’approche du référendum sur l’indépendance du Sud. Le 20 octobre, un rapport a quand même été présenté devant la commission des sanctions de l’Onu. Selon ce texte les forces soudanaises utiliseraient de nombreux types de munitions chinoises contre les rebelles du Darfour. Et des douilles de fabrication chinoise ont été retrouvées après des attaques contre des casques bleus.

L’histoire n’est pas terminée. Les diplomates chinois ont donc tenté mercredi d’empêcher que le rapport soit débattu au niveau du Conseil de sécurité. Mais manifestement Pékin n’est pas la seule à être soupçonnée. Les experts onusiens ont en effet retrouvé des munitions israéliennes entre les mains des rebelles darfouris. Munitions qui selon Israël avaient été achetées par l’Etat tchadien. Le Soudan s’est aussi procuré des dizaines d’avions de chasse et d’hélicoptères russes sans que cela n’émeuve quiconque.

Les débats et les enquêtes de l’Onu ne sont pas prêts de se terminer.

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