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18 novembre 2024

La déchéance morale par Ahmed Halfaoui


La déchéance morale

http://www.lesdebats.com/editions/091111/les%20debats.htm
Que deviendront, adultes, ces enfants qui vivent et grandissent dans un environnement aussi malsain ? Pourquoi les puissants de ce monde cultivent-ils le mensonge et détruisent-ils les derniers vestiges de ce que l’Humanité a édifié de valeurs pour la société des hommes ?

Pourquoi sont-ils si hypocrites et aussi cyniques ? Vers où nous mènent-ils ? Ils ne savent pas, eux-mêmes. Parce que nous avons atteint le stade où la ploutocratie internationale s’est accaparée les ultimes espaces de décision.

Il n’y a plus que des hommes et des femmes de main chargés de la sale besogne de servir le marché. Le temps est définitivement révolu où les politiques pouvaient imposer un minimum de décence, où l’intelligence intimidait la cupidité et où les principes moraux avaient cours.

Désormais, ce n’est plus que la brutale avidité qui s’exprime et rien d’autre. Ce qui signifie qu’il n’y en a plus que pour le profit débarrassé des oripeaux dont il se paraît pour se montrer discret. Pour preuve, il n’y a qu’à observer la désertification culturelle qui s’étend et il n’y a qu’à constater l’inflation de ‘’philosophes’’ fast-food, de ‘’spécialistes’’ en tout genre et ‘’d’intellectuels’’ que les télévisions consacrent, alors que les rares voix ou écrits réfractaires sont étouffés.

L’objectif étant celui de décérébrer suffisamment de gens pour en faire, au moins, des consommateurs de la nouvelle imagerie du monde. Des consommateurs, au moins passifs, du spectacle qui se joue pour que soient aplanis les derniers obstacles qui s’érigent devant la libre-entreprise et les flux de capitaux spéculatifs.

Pour la mise en scène, on prendra comme langage ce qui a été produit de plus noble. On parlera de liberté et de justice pour tuer et prendre sans culpabilité, ni honte. On agressera en se faisant passer pour l’agressé et on fera des ‘’révolutions’’ à la place et malgré les peuples.

Sinon, comment peut-on plastronner devant sa victime, quand elle n’avait aucune chance de se défendre ? Comment peut-on tirer gloire d’une victoire qui était prévue avant même que la guerre ne soit déclenchée ? Barak Obama a fait les deux, il a plastronné et s’est vanté de ce qu’a subi la Libye. Le comble est atteint quand il déclare fièrement qu’aucun soldat de l’Alliance atlantique n’a trouvé la mort.

Le fameux ‘’zéro mort’’ a été réalisé et le prix Nobel de la paix des cimetières en trémousse de joie. Il n’a pas un mot sur ces Libyens morts par dizaines de milliers, pas un mot non plus sur cette chair à canon à bon marché qui a servi à faire croire à une ‘’révolution’’. Devant un parterre de courtisans, le premier président noir des Etats-Unis, qui avait peut-être un doute sur la puissance de feu de l’OTAN, a aussi tenu à dire que l’aventure libyenne en a prouvé la force.

Le G8 est content (pour les 12 qui en font un G20, on ne sait pas), c’est ce qui comptait pour notre coq de village.

L’Histoire se rappellera ce sordide discours. Car il sera ressorti, lorsque les temps seront venus, pour illustrer le résultat de la déchéance des valeurs humaines et l’indécence des princes du moment, promus sur les cadavres de peuples désarmés. On ne peut pas en dire plus.
Par Ahmed Halfaoui

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