La nécessité de la création des Etats-Unis d’Afrique
20 novembre 2011
Intervention du Camarade Sidi Tidiane Gueye
Président de la FETAF (Fédération des travailleurs Africain en France)
A la fête de l’Humanité (Paris France)
Dimanche, le 19 septembre 2011
A l’invitation de la plateforme Africaine
De la nécessite de la création des états unis d’Afrique
Un fait s’impose a tout observateur quant a l’état actuel du monde : les pays européens _ dont le développement industriel a surtout bénéficié des différents paramètres de leur système d’asservissement et d’exploitation (traite Negrière, esclavage, colonialisme, néocolonialisme etc.) continuent de profiter des lenteurs, des atermoiements et autres facteurs centrifuges, qui lestent la marche décisive des pays africains vers l’unité, pour imposer, tant bien que mal, leur leadership mondial…
Leadership qui pénalise encore bon nombre de pays dont l’Afrique.
Afrique dont on s’étonne, par ailleurs qu’elle soit encore debout et mieux qu’elle réussisse à enregistrer sur le plan économique des progrès. Progrès encore fragiles, selon nous ; car on peut mieux faire.
Il urge, a l’heure actuelle, de mettre a exécution la vision des hérauts du Panafricanisme devant permettre une approche globale (holistique) des problèmes politiques, économiques, culturels voire spirituels de la problématique d’une présence Africaine a l’échelle planétaire.
Mais le paradoxe, ici est de constater qu’a l’opposer de la tendance lourde d’un monde ou les grands ensembles géopolitiques s’organisent, le leadership africain, quant a lui, de par une sorte de pus et d’égoïsme irréfléchi de la part de certains chefs d’état africains, risque de s’enfermer de plus en plus dans d’assurer la pleine souveraineté africaine en ordre dispersé.
Partant de ce constat, on peut légitimement inférer l’impérieuse exigence de réparer aujourd’hui les dégâts engendres par la calamiteuse balkanisation – Balkanisation jadis vouée aux gémonies par bon nombres de pères des « indépendances des années 1960 », lesquels pères, du moins certains d’eux, n’ont pas évité de par la suite, tomber dans les traquenards.
Mis en place depuis fort longtemps : Conférence de Berlin (1884 – 1885) dépeçage du continent, loi cadre Deferre, dislocation des grands ensembles préétablis par le colonialisme AOF- AEF d’où sont nés des états non viables. Ce constat a quelques nuances prés, et valable pour les autres grands ensembles d’Afrique, en l’occurrence la promotion du Commonwealth…
Un fait indéniable découle d’une telle situation : pais individuellement aucun pays Africains n’est a même de se développer et/ou être en mesure d’assurer sa pleine souveraineté.
La git selon nous, le bien fonde de l’idéologie panafricaine : en effet, comme le souligne Elikia Mbokolo en s’appuyant sur la vision de Kwame Nkrumah, qui soutient que l’ambition de la lutte panafricaine ne saurait se limiter a un simple dialogue ou a une simple concertation entre les Etats issus de la colonisation. Elle doit viser à l’union politique qui surmonte la balkanisation, principal instrument du néocolonialisme et a la promotion de la personnalité africaine, seule capable de faire de l’Afrique un acteur a part entière dans la vie internationale.
A l’examen de la réalité tout sur le plan diplomatique et politique actuels, cette analyse de Nkrumah en guise d’avertissement doit nous convaincre de franchir le Rubicon et accélérer la cadence pour l’unité organique sur le plan régional et/ou continental
Que faire ? Le professeur Cheikh Anta Diop, égyptologue émérite nous invite à tout mettre en œuvre et faire preuve de « persuasion et d’optimisme » pour convaincre les réticents au processus vital d’unification.
En effet pour Cheikh Anta Diop doit rester « optimiste » et d’affirmer que « même l’égoïsme lucide militerait pour une fédération, une intégration…une fédération de l’Afrique (Intervient dans la Tribune Diaspora Africaine No Hors série (22 Mai 1985).
Aujourd’hui, le retour du panafricanisme s’avère urgent, non pour une adoption sans recul nécessaire réévaluation eu égard à l’évolution et autres réalités des pays africains et de sa diaspora.
Faire de l’histoire une source d’identification, voire de développement économique est une œuvre salutaire.
Dans le cadre d’une rapide rétrospective sur la genèse du panafricanisme, force est de reconnaitre en l’homme politique NKRUMAH, le théoricien qui a le plus indiqué les différents modes opératoires pour la concrétisation institutionnelle de l’unite des peuples du continent.
Pour notre gouverne on peut citer ici deux (2) de ses ouvrages qui ont le mieux marque sa maturation politique : « AFRICA MUST UNITE » et « NEOCOLIALISM dernier stade de l’impérialisme ».
Et c’est heureux qu’aujourd’hui que grands penseurs, des hommes politiques, des dirigeants politiques tels que les présidents Alpha Omar Konaré, Abdoulaye Wade se réclamant de l’idéologie panafricaine, laquelle idéologie panafricaine doit beaucoup a NKRUMAH qui a su, si l’on en croit a Mbokolo, « ouvrir la voie en tant qu’idéologie singulière dans l’espace idéologique du XXème siècle, au regard du libéralisme, du socialisme et du communisme..
Confronte aux réalités du monde actuel, une approche holistique (globale) du développement du continent sur tous les plans doit constituer le substrat principal du panafricanisme en actes – un panafricanisme adossé aux réalités tumultueuses de l’histoire des peuples d’Afrique précoloniale, coloniale et aux impératifs d’un monde ou prévaut, bon an mal an, un multilatéralisme qui en souligne l’interdépendance…
Sous ce rapport, le panafricanisme, loin des idées reçues et des mauvaises interprétations, ne peut conduire a un repli en soi – Il est d’essence humaniste, progressiste et pluriel dans sa volonté intrinsèque de parachever l’unité des peuples d’Afrique et de sa Diaspora – érigée en une sixième région du continent – Œuvre de parachèvement de l’unité jadis entamée par l’organisation de l’Unité Africaine. (Décolonisation, lutte contre l’Apartheid) et aujourd’hui Union Africaine (U.A), nonobstant les forces centrifuges en œuvre et les hésitations enregistrées des différents sommets de l’organisation continentale…
Aux partenaires internationaux il faut faire œuvre de pédagogie et affirmer urbi et orbi que le panafricanisme n’est guère antinomique avec la nécessaire coopération internationale, indispensable à l’heure actuelle pour le développement harmonieux d’un monde de Paix, d’égalité et de justice !
Les échecs, voire les sabotages qui ont jadis scandent les tentatives de mises en place de fédérations (Etats Unis d’Afrique centrale par Boganda), Fédération du Mali (Modibo Keita), gouvernement continental hic et nuye (NKRUMAH) ne doivent plus être d’actualité.
La vigilance s’impose pour réduire au maximum les capacités de nuisance d’où qu’elles se manifestent.
Les défis à relever pour le 3eme millénaire sont de taille.
L’Afrique pour vraiment jouer sa partition dans la scène internationale doit identifier les problèmes cruciaux qui s’imposent à elle et tenter de les résoudre à l’aune d’une démarche panafricaine qui s’appuie sur les peuples.
Le mode opératoire doit d’envisager, la résolution des problèmes des jeunes, de la démographie, de l’Agriculture, de la technologie, de la Paix et de la sécurité, a l’échelle du continent.
Lors du séminaire de l’Organisation de l’Unité Syndicale Africaine (OUSA) tenu a Khartoum (Soudan) le 13 mai 2011, le Docteur Vladimir Antin-Danso du Ghana, nous apprenait que sur 1,2 milliards de jeunes âgés de 15 a 24 ans dans le monde (soit 18% de la population mondiale) environ 200 millions de jeunes vivent en Afrique (soit 20% de la population Africaine…).
Et il faut noter que ce chiffre va surement augmenter, car 42% de la population actuelle est âgée de 15 ans.
Par ailleurs, ces jeunes qui représentent 40% de la population active en Afrique constituent 60% des chômeurs en Afrique.
Avec des taux de chômage pouvant atteindre 83%, 68%, 66% dans certains pays Africains- Et ces jeunes vivent pour la plupart avec moins de US$2/jour.
Il se suppose la un aspect du problème démographique.
Tous les experts prévoient une transition démographique lente, ne devant se stabiliser qu’en 2050. Nul doute donc pour Danso que cela constitue des enjeux primordiaux sur le plan fiscal, politique, social et des conséquences subséquentes en matière de dépenses pour l’éducation, la sante et éventuellement des risques d’agitation sociales.
Et c’est ici que se joue le sort de la gouvernance en Afrique autour des notions de Démocratie, stabilité et développement.
On peut inférer après ce constat fait de la non intégration effective du continent que tous ces problèmes n’ont aucune chance d’être résolus dans le cadre d’un seul pays Africain – la question qui se pose est de savoir si « l’Afrique est non démocratique, parce que elle est sous-développée ? »
Sans vouloir exonérer tel ou tel dirigeant dont les turpitudes ont pu pénaliser cruellement le peuple, il n’est pas faux d’affirmer que une meilleure mutualisation des efforts, mais mieux une réelle coordination en amont des efforts pour telle ou telle cible est la meilleure garantie pour relever progressivement les défis.
Au lieu de cela eu égard au caractère extraverti de son économie, l’Afrique ou plus exactement les pays Africains pris individuellement vont devoir adopter les mesures prescrites par les «gestionnaires externes» FMI et Banque Mondiale.
Nous avons tous en tête les ravages causées par les plans d’Ajustement structurel (PAS) avec ses cortèges de licenciements et de fragilisation des secteurs publics…
Il importe d’indiquer en partant de tout ce constat, la voie à suivre. Les différents segments des populations africaines au nombre desquels on peut citer les syndicats ont un rôle majeur à jouer.
La valse hésitation de certains dirigeants, compréhensible dans une certaine mesure, n’a plus de raison d’être si l’on s’en réfère au fait que les masses africaines affranchissent volontiers des frontières artificielles léguées par les puissances tutélaires.
En effet, de part et d’autre de ces frontières, vivent effectivement des populations jointives- Et ce sont ces populations jointives qui peuvent, si on leur demande leur avis, nous permettre de fermer les fermeture-éclairs de ce « manteau d’Arlequin » dont parle le professeur Ki ZERBO a propos du continent morcelé !
L’initiative lancée pour la promotion de la Confédération des partis politiques Africains (COGEPPA) en ce que cela constitue comme une unité en actes est un levier important pour doter le mouvement panafricain d’une orientation politique dont l’objectif Numéro un est la CREATION DES ETATS UNIS D’AFRIQUE.