A l’adresse des candidats du 2nd tour de l’élection Présidentielle du 6 mai 2012.
30 avril 2012
A l’adresse des candidats du 2nd tour de
l’élection Présidentielle du 6 mai 2012.
Paris, le 27 Avril 2012
Monsieur,
A la veille du scrutin qui vous portera peut-être à la Présidence de la République Française, nous avons l’honneur de relayer les préoccupations d’une grande partie de nos concitoyens,résultant des effets conjugués de la crise financière et des guerres coûteuses actuellement menées qui menacent de s’étendre encore.
À
Autant que l’engagement de notre pays parfois au premier rang de ces campagnes guerrières, le contexte national dans lequel elles se déroulent nous alerte, en tant qu’il semble réunir les éléments du scénario tragique que l’histoire nous a maintes fois enseigné.
Plus précisément, la parole raciste libérée et légitimée au plus au niveau de l’état, la montée de l’islamophobie et de l’antisémitisme, l’apologie du colonialisme et les postures contre uneprétendue demande de repentance, sur fond de grave crise économique et dans un paysage médiatique où les espaces de liberté se réduisent au gré des fusions des grands groupes nous font craindre le pire.
Aussi, l’objet des craintes maintes fois formulées par diverses personnalités (H. Védrine, J.
Chirac…) de voir le continent européen et l’alliance atlantique succomber à la tentation
unilatéraliste de l’occidentalisme se confirme de jour en jour.
Notre pays a su, malgré les vicissitudes du passé, les reniements et les pages sombres de son histoire, préserver au moins formellement les principes républicains auxquels ses citoyens restent très attachés. Nous osons espérer que la facilité bien apparente du repli sur soi et de la nostalgie d’une époque révolue ne l’amèneront pas à s’épuiser dans des combats d’arrière-garde.
Le collectif d’associations et de syndicats, « PasEnNotreNom » s’est constitué lors du dévoiement de la résolution 1973 de l’ONU qui recommandait la création d’une zone
d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye et fut interprétée par les pays qui l’ont assurée comme un permis de renversement du régime de Kadhafi et de son exécution. De plus, le Conseil de Sécurité s’était appuyé pour étayer sa décision de protéger une population civile en danger d’extermination sur des informations qui se sont très rapidement révélées plus qu’erronées, volontairement trompeuses.
L
Plus encore, c’est le contexte régional qui s’en trouve affecté avec la purification ethnique des
Libyens noirs, le développement des réseaux terroristes au Sahel, le séparatisme qui menace les
pays de la région et l’exportation du terrorisme jusqu’en Syrie, où les promoteurs des djihadistes
libyens se sont trouvés un nouveau champ de manoeuvre.
Tout semble indiquer que ces ingérences auront un coût exorbitant, payé d’abord par le peuple libyen (plus de 60 000 morts, des centaines de milliers de réfugiés et des milliards d’euros d’infrastructures détruites) et constituent un sacrifice dont les peuples libyen et syrien se seraient bien passés dans leur route vers le développement économique, social, culturel et démocratique.
Plus généralement, nous sommes inquiets de la propension très nette des puissances occidentales depuis la chute du mur de Berlin à vouloir prétendument répandre la démocratie dans les pays tiers en les occupant ou en y installant des conflits armés qui conduisent à des sécessions et des partitions.
Par exemple, la France n’a pas à s’immiscer dans les affaires intérieures syriennes en appuyant
une opposition armée au régime légitime de ce pays indépendant et souverain comme elle ne
supporterait pas pour elle-même que soit portée atteinte à son intégrité.
Quand la France se substitue au Conseil Constitutionnel de la Côte d’Ivoire pour faire proclamer un chef d’État issu d’élections contestées où un simple recompte des voix s’imposait, elle expose la rémanence de sa prétention impérialiste. Si elle continue d’exprimer ainsi que ses anciennes colonies sont encore une de ses extensions naturelles, elle devrait s’interdire de faire la chasse aux migrants Africains.
Le Collectif Pas En Notre Nom demande au futur Président de la République d’engager notre pays à renoncer à la politique de la Françafrique et cautionner les entreprises françaises qui exploitent
les ressources africaines au mépris des populations locales en détruisant leur environnement
social et écologique.
La politique étrangère et de défense de la France est actuellement subordonnée aux décisions
prises au sein d’instances comme l’OTAN. Son engagement militaire sera automatiquement mis
en oeuvre aux côtés des Émirats arabes en raison de traités signés en 2009. Le Collectif Pas En
Notre Nom interroge le candidat à la Présidence de la France s’il lui restituera son indépendance et sa pleine souveraineté en la matière.
Les sanctions économiques et les blocus sont des actes de guerre. Cuba, l’Iran et la Syrie (et
bientôt la Biélorussie) subissent de telles rétorsions de la part de la France. L’Irak et son million
d’enfants morts par manque de nourriture et de médicaments sont la preuve qu’elles affectent
uniquement la population civile et renforcent les régimes qu’elles sont censées punir. Le lCollectif Pas En Notre Nom condamne ces mesures et espère du futur Président qu’il les bannisse pour ce qu’elles sont, une lâche pratique d’agression de civils.
L
À cet égard, le Collectif vous interroge sur les moyens que vous allez emprunter pour faire
avancer le dossier déjà trop ancien de la souveraineté du Peuple Palestinien sur sa terre. Les
relations commerciales et militaires avec Israël comme la commande récente de drones élaborés
conjointement par Dassault et des entreprises israéliennes impliquent au premier plan la France
qui ne peut laisser un peuple occupé dans un face-à-face avec son occupant.
Nous sommes vigilants à ce que notre pays n’enfreigne pas la loi première qui fonde le droit
international tel qu’élaboré dans la Charte de l’ONU, celle de l’autodétermination des peuples et
du respect de la souveraineté des nations. Ce n’est qu’en garantissant l’inviolabilité de cette règle
contre toute ingérence que la France participera au maintien d’un ordre mondial où ne prévaudra
pas la loi du plus fort.
Par ailleurs, c’est aussi notre crédibilité en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies, garant de la paix mondiale et de la souveraineté des peuples, qui est entamée.
Nous avons tous soutenu avec enthousiasme le « printemps arabe » et l’aspiration de ces
peuples à la liberté et la justice. Des décennies d’hypocrisie et de cynisme ont été ruinées par
la chute de nos principaux alliés, labellisés « modérés », dans cette région. Par la force des
choses, nous avons dû procéder à notre aggiornamento et nous incliner devant cet état de fait.
Mais la prise de conscience aura été de courte durée.
N
Les ingérences salafistes de nos alliés saoudo-qatari, accompagnées des interventions formelles (en Libye, Syrie, au Yémen, au Bahreïn) et conjuguées à la répression au royaume d’Arabie Saoudite et sont dénoncées par les patriotes, les démocrates et les militants de droits de l’homme de Tunisie, d’Algérie et d’Égypte.
L’attelage de fortune constitué avec les pétro-monarchies pour « apporter la démocratie » aux nations arabes, ne trompe personne et constitue une imposture qui aura heurté plus d’un parmi vous.
Nous ayant habitués à plus de discrétion, c’est avec perplexité que nous observons ces monarques s’improviser en promoteurs de la démocratie sur la scène internationale. Le sens, à terme, de cette présence récente au sein du nouvel ordre mondial reste encore à définir.
Les effets de la crise économique mondiale suscitent le plus l’angoisse chez nos concitoyens. Au fil de ces années, ils ont découvert les implications de la libération monétaire, de la financiarisation de la dette publique et le glissement vers une privatisation de notre monnaie et, peut-être , vers une suspension de notre démocratie.
L
De la même manière, les ruptures avec la tradition républicaine que constituent une sorte
d’externalisation de notre diplomatie et de notre défense nationale. Elles sont critiquées par une partie des corps institutionnels concernés et s’illustrent par notre actualité en Afrique et en Orient.
Ceci donne le sentiment d’une nation qui n’aurait plus le contrôle démocratique de sa politique et se retrouverait ainsi acculée en dernière instance.
Ces pratiques, largement éprouvées dans le monde anglo-saxon avec les déviances inéluctables
qu’elles impliquent ; ne sont pas toujours forcément le meilleur garant de l’intérêt national, l’État
ayant ses lignes de conduite et ses raisons…
Dans le contexte de crise économique et de guerre exacerbée pour le contrôle des ressources de
la planète, il importe de revenir aux fondamentaux de toute nation, d’assurer la préservation des acquis des générations passées et la protection de ses richesses pour le bien du peuple contre l’appétit féroce des transnationales et autres banques d’affaires supranationales et leurs désormais obligés États surendettés que nous sommes devenus.
Notre conviction est que notre pays ne manque pas d’atouts pour relever ces défis, en restant
fidèle à son identité, sans succomber aux pédagogies du renoncement aux valeurs
républicaines, à l’oeuvre.
Les candidats à la représentation parlementaire feront l’objet d’une initiative de même nature, aux
compétences qui leur incombent dans le cadre de la campagne des législatives.
Le Collectif PasEnNotreNom est indépendant et non partisan. Il milite pour le règlement pacifique et démocratique des conflits. Il souhaite rassembler le plus largement possible dans le soutien aux peuples en lutte pour leur dignité et la défense du droit international, garant de la souveraineté des peuples et de la paix.
En vous remerciant de l’intérêt que vous aurez porté à nos préoccupations et des réponses
que vous pourrez apporter nous vous prions d’agréer, Monsieur , nos respectueuses
salutations et nos voeux de réussite dans votre engagement pour le bien commun de nos
concitoyens.
Le Collectif PasEnNotreNom
www.pasennotrenom.org
collectif.pasennotrenom.org
contact@pasennotrenom.org
Convergence des Causes, NordSud-PatrimoineCommmun, AFA « Appel Franco Arabe », Association Panafricaine deFrance, Collectif GTT « Les patriotes malgaches », Cités2000, CODESCI « Comité de Défense des Institutions et de la Souveraineté de la Côte d’Ivoire », « Le pont de la Méditerranée », International Solidarity Movement, C.R.C. Coordination Régionale des Cités, M.S.A Mouvement Syndical Associatif, Communauté des syriens en France, FSC« Front Syndical de Classes », « Si l’union africaine se faisait maintenant… », Cercle des Volontaires, CPLA , Coordination pour la Paix en Libye Africaine (liste ouverte)