Tunisie: révélations sur les raisons de la détention arbitraire et illégale du Secrétaire-Général du peuple libyen
14 juin 2012
Tunisie: révélations sur les raisons de la détention arbitraire et illégale du Secrétaire-Général du peuple libyen
L’homme chargé du dossier du Secrétaire Général du peuple libyen, détenu depuis 299 jours par l’Etat tunisien.
Le journal Achourouq (Tunis, mercredi 29 mai 2012, page 11) a publié récemment une entrevue avec Sayyid Al-Ferjani, membre du bureau politique du parti Annahda («islamiste») au pouvoir et conseiller du Ministre de la Justice. Ce dernier a été particulièrement mis en cause par des avocats dans l’« affaire » du Dr Al-Baghdady Al-Mahmoody, Secrétaire Général du peuple libyen, détenu arbitrairement et illégalement depuis 299 jours par l’Etat tunisien et finalement menacé d’«extradition» vers la Libye.
Le journaliste (Serhan Chikhawi) évoque d’emblée l’accusation portée contre l’Etat tunisien d’avoir vendu le Secrétaire-Général du peuple libyen dans le cadre d’un marché politique conclu avec le «gouvernement» actuel en Libye
Sayyid Al-Ferjani : « […] La logique montre qu’il y a là [également] des forces opposées et des restes du régime précédent en Libye ou en Tunisie […] La question de la Libye et de sa sécurité nationale est directement liée à celle de la Tunisie. Nous souhaitons la sécurité et la tranquillité pour la Libye et nous voulons nous assurer des objectifs de sa révolution. Nous sommes opposés à tous ceux qui s’en prennent au gouvernement né de la révolution du 17 février. Nous considérons qu’il s’agit là d’une ligne rouge [donc, à ne pas franchir] destinée à ceux qui visent sa stabilité ou bien qui créent des problèmes pendant ou après ladite révolution […] L’affaire Al-Baghdady concerne les deux pays »
Le journaliste évoque l’hypothèse que l’Etat tunisien souhaiterait par là obtenir la libération de Ben Ali (actuellement en exil en Arabie)
Sayyid Al-Ferjani : « […] Tout comme la Libye qui souhaite récupérer l’argent volé, nous désirons la même chose. Deux révolutions géographiquement voisines et récentes ont nécessairement besoin de développer des relations harmonieuses […] Je peux assurer qu’Al-Baghdady a menacé de se suicider à plusieurs reprises et s’est engagé dans une grève de la faim…. »
Le journaliste souligne que de nombreux avocats présentent le Dr Al-Baghdady comme leur client : «Qui le représente légalement et dans les faits?»
Sayyid Al-Ferjani : « Al-Baghdady nous a communiqué un document manuscrit comportant une liste d’avocats qu’il dit ne plus souhaite représenter ses intérêts et dont il ne veut plus recevoir la visite. Parmi ces nom, citons : Azzeddine Al-Arfaoui, Bechir Essid [voir Sources], Mohamed Baccar [voir Sources] , Mahdi Bou-Awwaja, Mabrouk Kourchid, Al-Mountaser et son épouse Amal, Taoufic Wannass. Par contre, il a exprimé son désir de recevoir Maher Oumair, Lilia Mestiri et Mohamed As-Saleh ».
Le journaliste remarque la possibilité de laisser le Dr Al-Baghdady en liberté surveillée
Sayyid Al-Ferjani : « La liberté surveillée n’existe pas dans le droit tunisien. Al-Baghdady doit être emprisonné ou libéré. S’il est libéré, il risque d’être assassiné par ceux qui veulent du mal à la Tunisie ou d’autres parties. Je le lui ai dit un jour et quand Chokri Ghanem a été tué [Note : voir Sources], il m’a dit qu’il s’est soudain souvenu de mes paroles. N’oublions pas qu’il y a actuellement en Tunisie quelque 400 000 libyens, de courants politiques divers. »
Le journaliste se penche alors sur l’accusation, par l’avocat français Marcel Ceccaldi, du fait que Sayyid Ferjani aurait vendu le Dr Al-Baghdady dans le cadre d’un marché avec la partie libyenne
Sayyid Al-Ferjani : « Cet avocat a prétendu représenter Al-Baghdady. En vérifiant ses prétentions, nous avons constaté qu’il était en fait en possession d’un dossier avec les noms de tous les dirigeants et hommes politiques libyens à l’extérieur de la Libye : Liban, France, Algérie, Niger. Nous pensions qu’il se préoccupait de droits de l’homme ou d’un simple détenu. Or, si le but était d’ajouter Al-Baghdady à sa liste, en quoi cela serait utile à la Tunisie ou la Libye ?
L’avocat a fait du chantage en annonçant qu’il détenait des documents qu’il avait l’intention de transmettre à la Cour Pénale Internationale. Ils concerneraient la Libye et Rachid Ammar [Note : le général de l’armée tunisienne]. Il dit posséder des preuves contre la Tunisie où des gens à la peau noire auraient été victimes de génocide… Il a ajouté qu’il avait des relations au Sénégal et des appuis sénégalais au sein de la Cour Pénale, susceptibles de favoriser l’enregistrement de sa demande.
Cet avocat cherche visiblement à porter atteinte à la respectabilité de la Tunisie en montrant que sa révolution ne respecterait pas les droits de l’homme. Quand je lui ai demandé de consulter ses documents, il m’en a montré une partie et s’est mis à faire du chantage…
Alors, comme citoyen tunisien, j’ai ressenti le besoin de tout mettre en œuvre pour mettre un terme aux agissements de qui veut porter atteinte à la Tunisie et à la respectabilité de sa révolution en s’attaquant notamment à des personnalités de haut rang et de tous bords politiques ».
Le journaliste interpelle le responsable gouvernemental sur les mobiles et le degré de l’accusation portée par Marcel Ceccaldi contre l’Etat tunisien
Sayyid Al-Ferjani : « Le grand mensonge est qu’il a prétendu que j’ai fait pression sur sa personne pour obtenir un gain financier. Or, c’est lui qui cherchait à rencontrer Al-Baghdady afin d’accéder aux codes de comptes bancaires et de coffres connus par Al-Baghdady connus afin de s’en emparer.
Je n’ai jamais fait pression sur lui. Je sais même apprécier Al-Baghdady lequel a rencontré des responsables officiels de Libye à qui il a remis certains codes bancaires et, ce, sans aucune pression. Je lui ai conseillé de ne pas laisser le pays dans en crise et j’ai fait en sorte que le peuple libyen reprenne son argent. Si cela représente une accusation, pour moi, c’est un honneur. »
Le journaliste évoque finalement l’écho rencontré en Tunisie même par les déclarations de Marcel Ceccaldi
Sayyid Al-Ferjani : « Je fais porter à Mabrouk Kourchid la responsabilité de ses outrances et je le poursuivrai en justice. Il m’a décrit comme un suceur de sang ayant conclu un accord sanglant [Note : avec la Libye]. Le but recherché était de porter atteinte au gouvernement. Or, je suis allé en Libye à mes propres frais et sans aucun titre officiel, politique ou partisan : simplement pour discuter avec la partie libyenne de la nécessité du soin à porter à ce dossier. Il n’y a pas en Tunisie de prisonnier qui soit torturé […] Les propos de l’avocat tunisien constituent « un appel clair à m’éliminer ». Or, un certain nombre de brigades d’Al-Gaddafi [Notes : voir « les pro-Gaddafi » ainsi nommés par les médias de l’OTAN durant les 7 mois de bombardement] sont présentes sur le sol tunisien […] »
SOURCES :
Avocats et Pacifistes mobilisés à Tunis pour refuser la «livraison» du Dr Al-Baghdady. Les Pacifistes de Tunis, 27 mai 2012
Shukri Ghanem Dead. 30 April 2012
http://www.mathaba.net/news/?x=630328
« The body of Shukri Mohammed Ghanem was found floating in the Danube river in Vienna where he resided close to his oil buddies headquarters, OPEC. This came after his comments on the situation in Libya recently and his knowledge of the payments to fund the political campaign leading to the victory of French president Sarkozy, among others. Ghanem with background in western economics and oil industry had been a key figure in the deviation of Jamahiriya with appointments over the heads of the people to lead Libya into acceptance by the western capitalist elite. His appointments agreed upon by conspirators had made use of his expertise and contacts to bring Libya into the western sphere […]”.
Tunis: International Lawyers Announce Commission for Defense of Oppressed Libyans & Exiles, Send Communique to UN Secretary-General. 22 May 2012
http://www.mathaba.net/news/?x=630449
تونس تحتضن ندوتين دوليتين من أجل الدفاع عن الليبيين المضطهدين بالداخل والمهجرين
http://www.mathaba.net/news/?x=630448