Le Point.fr : Israël ne veut plus d’Africains.
5 juillet 2012
a)- Politique Israélienne
Campagne d’expulsion
Le Point.fr : Israël ne veut plus d’Africains.
Pour satisfaire la population, le gouvernement israélien s’est lancé dans une campagne d’expulsion des réfugiés africains.
C’est la grande préoccupation du moment en Israël. Il ne s’agit pourtant ni de la menace iranienne encore moins du renoncement de l’Autorité palestinienne à réclamer un État à l’ONU, mais bien du nombre grandissant de clandestins africains présents dans le pays. D’après le ministère israélien de l’Intérieur, ils sont 62 000 « infiltrés » (terme tout d’abord utilisé par Israël pour désigner les terroristes palestiniens, NDLR) à être illégalement entrés en territoire israélien par le biais du Sinaï égyptien. Ils proviennent majoritairement du Soudan, du Soudan du Sud et de l’Érythrée, trois pays marqués par la guerre. « Ce ne sont pas des clandestins, mais des demandeurs d’asile », rectifie YaelAberdam, coordinatrice du projet d’aide aux demandes d’asile de l’ONG AfricaRefugeeDevelopment Center (ARDC) à Tel-Aviv.
En cas d’arrestation sur le territoire, les réfugiés sont envoyés dix jours en prison. À l’issue de cette période, ils sont reconnus par l’État israélien comme « demandeurs d’asile ». Ils reçoivent alors une licence de libération sous condition. Problème, contrairement à la France qui dispose de l’Ofpra pour répondre à leur demande, il n’existe en Israël aucun organisme pour traiter leur dossier. « Le vrai problème est qu’Israël n’a développé aucune politique sur la question des réfugiés », explique au Point.fr YaelAberdam. Ainsi, depuis la création de l’État, seuls 160 Africains ont obtenu le statut de réfugié. Résultat, Israël se retrouve aujourd’hui totalement dépassé par l’afflux massif de migrants africains, dont le nombre a été multiplié par six en quatre ans.
Accumulation de misère
Or, en étant signataire de la convention de Genève sur les réfugiés, Israël ne peut pas se permettre de renvoyer dans leur pays des personnes menacées chez elles. En sortant de l’illégalité, les réfugiés ne se voient toutefois pas accorder de permis de travail, ni aucune autre aide. « Le bus les dépose, sans rien, dans le sud de Tel-Aviv », raconte YaelAberdam. « Ils restent alors en groupe et s’entassent à quarante dans des taudis. » Or, ces quartiers rassemblent déjà les classes les plus défavorisées de la ville. Ce sont elles qui ont dressé des tentes à l’été 2011 pour dénoncer le coût de la vie.
Une accumulation de misère qui ne pouvait que s’enflammer. Il n’a fallu qu’une étincelle – deux accusations de viols – pour mettre le feu aux poudres. Le 23 mai, une manifestation regroupant près d’un millier d’Israéliens contre les immigrés dégénère en violences racistes. Aux cris de « Les Soudanais au Soudan ! », certains des manifestants attaquent et pillent des magasins tenus par des Africains, et endommagent à coups de pierres plusieurs voitures transportant des immigrés. La haine est telle que certains s’en prennent à un Juif éthiopien – donc citoyen israélien -, avant de reconnaître leur « erreur ».
« Nous vivons dans une situation de crainte extrême », témoigne au Point.fr Oscar Olivier, immigré d’origine gabonaise et militant. « L’extrême droite israélienne se livre à l’incitation à la haine contre les réfugiés, en étant appuyée par certains membres du Likoud (le parti du Premier ministre, Benyamin Netanyahou, NDLR) », dénonce-t-il. En effet, parmi les manifestants du 23 mai figurait le député Miri Regec qui a assimilé les clandestins à « un cancer qui prolifère ». Très vite, la provocation fait des émules au sein même du gouvernement.
« Protéger le caractère juif d’Israël » (ministre israélien de l’Intérieur)
Le ministre de l’Intérieur, Elie Yishaï, chef du parti religieux Shass, n’hésite pas à affirmer qu’il faut les « renvoyer chez eux, car ils viennent prendre le travail des Israéliens » et qu' »il faut protéger le caractère juif de l’État d’Israël ». À l’opposé, le maire de gauche de Tel-Aviv, Ron Huldaï, estime que « si le gouvernement permet aux immigrés illégaux de s’installer à Tel-Aviv, il faut leur donner les moyens de vivre en leur permettant de travailler ». Mais la manifestation violente n’est que le point de départ d’autres incidents bien plus graves.
Le 4 juin, des inconnus tentent de mettre le feu à un immeuble de Jérusalem où vivent dix-huit immigrants africains, faisant quatre blessés. Sur le mur de l’immeuble est inscrit en hébreu : « Dégagez du quartier ! » S’il condamne les violences, le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, assure toutefois que la clôture de 250 kilomètres qu’Israël construit depuis 2010 le long de sa frontière avec l’Égypte, dans le désert du Sinaï, sera achevée dans les meilleurs délais. En outre, il ajoute que les clandestins seront « bientôt » renvoyés dans leur pays d’origine. « Le Premier ministre israélien joue au pyromane pompier », regrette Oscar Olivier. Et le ministre de l’Intérieur, Elie Yishaï, ne va pas se faire prier pour lancer l’opération « Retour à la maison ».
Tout d’abord, il décide d’appliquer une loi, votée en début d’année par la Knesset (parlement), faisant passer de dix jours à trois ans la période d’emprisonnement des immigrés. Il charge ensuite la police de l’immigration de mener une véritable traque dans les quartiers pauvres de Tel-Aviv, mais aussi dans la station balnéaire d’Eilat (mer Rouge), où les quelque 15 000 immigrés africains constituent un quart de la population locale. En trois jours, 240 étrangers originaires d’Afrique sont interpellés. En parallèle, il lance des mesures incitatives pour tous les volontaires qui seraient disposés à quitter le pays. Israël se dit prêt à financer leur billet d’avion et à octroyer à chaque adulte une somme de 1 000 euros – et de 270 euros pour les enfants. En apprenant la nouvelle, trois cents réfugiés se sont immédiatement livrés à la police. L’offre, précise le ministère de l’Intérieur, n’est valable que pour une semaine.
Centre de rétention dans le désert
Après avoir rejeté le recours de plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, un tribunal israélien autorise l’expulsion de quelque 1 500 personnes originaires du Soudan du Sud, pays avec lequel l’État israélien entretient des liens privilégiés. La mesure est ensuite étendue au cas de 2 000 ressortissants ivoiriens. « Nous avons été frappés par la rapidité de l’expulsion : deux jours », déplore YaelAberdam de l’ARDC. « Ils n’ont même pas laissé les enfants finir leur école. » Signe d’une mission accomplie, le départ des 120 premiers réfugiés à l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv est très médiatisé. Le ministre Elie Yishaï prend soin de se faire photographier au milieu de Sud-Soudanais souriants. Parmi eux figure Peter Andrew, qui vivait en Israël depuis plus de cinq ans, et qui arborait pour l’occasion un tee-shirt proclamant en hébreu « Merci à tous, merci à l’État d’Israël ».
« Ce n’est qu’un début, car il faut défendre les intérêts de l’État d’Israël », prévient le ministre de l’Intérieur. « La prochaine étape est le départ d’Israël de tous les clandestins d’Érythrée et du Soudan. (…) Leur permettre de rester signifierait la fin du rêve sioniste« , estime Elie Yishaï. En attendant, il prévoit de transférer la dizaine de milliers d’immigrés restants vers un énorme centre de rétention en cours de construction et des camps de toile, dans le désert du Néguev (sud du pays). Mais le plus étonnant reste que ces expulsions n’ont soulevé que peu d’indignation au sein de la population.
Si soixante-dix intellectuels et artistes israéliens ont signé une pétition dénonçant la campagne de « dénigrement » menée par le gouvernement contre les immigrés, la majorité de la population est restée silencieuse. « Jusqu’ici, les demandeurs d’asile étaient plutôt bien acceptés par la population, mais les politiciens ont réussi à inciter chez elle la peur », souligne YaelAberdam. « La population n’est pas devenue violente du jour au lendemain. Elle a été préparée à la violence », insiste de son côté Oscar Olivier. « Or, Israël ne mentionne jamais le cas des 200 000 immigrés illégaux blancs présents dans le pays. »
Le Point.fr –
Publié le 19/06
http://www.lepoint.fr/monde/israel-ne-veut-plus-d-africains-19-06-2012-1475352_24.php
Abraham Alu n’ose plus quitter son logement dans le sud de Tel-Aviv. Pourtant ce Sud-Soudanais de 35 ans n’a plus d’argent et ne peut guère se nourrir. Mais la peur de la police empêche ce demandeur d’asile, entré clandestinement en Israël, de s’aventurer au dehors.
Abraham avait l’habitude de vendre des bottes en plastique sur le trottoir dans le sud de Tel-Aviv. Il a préféré tout arrêter jeudi dernier lorsqu’un tribunal israélien a donné le feu vert à l’expulsion des clandestins sud-soudanais.
La police a lancé sa traque trois jours seulement après la décision du tribunal alors que les autorités avaient promis d’accorder un répit d’une semaine aux membres de cette communauté pour quitter Israël de leur plein gré.
Selon des ONG de défense des droits de l’Homme, les illégaux originaires du Soudan du Sud sont quelque 700, hommes, femmes et enfants. Le gouvernement israélien parle de plus du double.
Abraham Alu partageait son studio avec 12 autres compatriotes. Mais comme beaucoup de Sud-Soudanais ils ont cessé de travailler de peur d’être pris par la police, leur nombre est passé à vingt dans l’unique pièce de l’appartement.
Des pigeons pour manger
« Parfois, on reste assis deux jours sans manger. On boit de l’eau et du thé, cela nous suffit », raconte-t-il. Certains de ses compagnons d’infortune attrapent des pigeons pour les cuisiner.
Abraham n’avait que sept ans lorsqu’il a vu ses parents tués par des miliciens. Il a fui ensuite son village avant de se retrouver au Caire en 2005.
Quand la police égyptienne a lancé un raid dans son camp de réfugiés, tuant 27 Africains dont un bébé, il a décidé, traumatisé, de prend de nouveau la fuite. Il parvient à s’infiltrer au début 2006 en Israël.
« Mais maintenant j’ai perdu tout espoir », soupire-t-il.
Un de ses camarades retourné au Soudan du Sud après l’indépendance de l’été dernier a été tué lors d’affrontements frontaliers.
Abraham ignore où sont les membres de sa famille ou même s’ils sont encore en vie. Rien ne l’attire plus dans son ancien pays et il dit craindre pour sa vie.
William Chol, 32 ans, père de quatre enfants, a lui aussi fui seul le Soudan du Sud enfant. Au nord, au Soudan, il a travaillé comme domestique. Mais son patron ne lui permettait pas de quitter la maison et refusait de le payer. « Comme de l’esclavage », raconte-t-il.
Il s’est enfui en Egypte en 2002. Sept ans plus tard, il est passé en Israël avec son épouse et leurs enfants.
« Je ne suis pas un criminel »
Malgré la crainte de la police de l’immigration, il a choisi de ne pas se cacher. « Je ne suis pas un criminel », explique-t-il.
A la suite d’une récente flambée de violences anti-africaines dans certains quartiers de Tel-Aviv et des menaces d’expulsion, il n’envoie plus ses enfants à l’école où, selon lui, ils ont été agressés par des enfants israéliens.
« J’ai l’impression que nous sommes en guerre avec Israël », dit-il
Tout comme Abraham, Emanuel Kel Bol Yok, 52 ans, ne travaille plus. « Je ne peux plus payer mon loyer et d’ici deux à trois jours je vais me retrouver à la rue », se plaint-il.
Surmontant son appréhension, il est allé supplier la police de permettre à ses cinq enfants, âges de 2 à 18 ans, de terminer l’année scolaire.
SigalRozen, de l’ONG « Hotline for Migrant Workers », explique que les arrestations n’ont fait que renforcer la peur au sein de la communauté sud-soudanaise déjà en butte à l’hostilité croissante des Israéliens.
Des familles sont brisées: la police arrête le père s’il est d’origine sud-soudanaise, mais elle laisse libre les épouses venues d’autres contrées.
Depuis dimanche, environ 300 clandestins ont été arrêtées, en majorité des Sud-Soudanais.
Le premier avion qui doit les ramener dans leur pays est prévu dimanche.
Le ministre israélien de l’Intérieur Eli Yishai a prévenu que la vague d’arrestations actuelles n’était que le « début » d’une opération visant à se débarrasser de quelque 60.000 Africains installés illégalement en Israël.
14.06.
Ainsi, trois jours après qu’un tribunal israélien ait autorisé l’expulsion d’environ 1.500 Sud-Soudanais en situation irrégulière, Yishai sur Channel 2 se félicite : « L’opération d’expulsion est en cours. Nous commençons le travail ».Selon le Jerusalem Post qui cite l’autorité de l’Immigration, 22 personnes ont déjà été arrêtées dimanche: huit Sud-Soudanais, trois Nigerians, trois Ghanéens, deux Ivoiriens, troisSrilankais et trois Roumains.
Plusieurs centaines de migrants africains sont aussitôt descendus dans la rue dans le sud de Tel-Aviv pour protester, certains appelant l’ONU à intervenir, a indiqué la Chaîne 2. « Un Africain est un être humain », ont ils scandé selon des images de la manifestation.
Pour l’heure, seule l’organisation HumanRights Watch a dénoncé cette situation au combien xénophobe.Concernant cette loi votée en début d’année, qui autorise à détenir 3 ans durant sans qu’ils soient jugés, les immigrants clandestins en « Israël », l’organisation HumanRights Watch a appelé dimanche l’entité sioniste à l’amender.
Cette loi « punit ceux qui recherchent l’asile en pénétrant illégalement en « Israël », en contravention avec les droits fondamentaux » de l’Homme, affirme l’organisation basée à New York dans un communiqué. La loi, qui permet « l’arrestation d’immigrants clandestins et leur détention sans jugement ni la possibilité d’être représentés par un avocat pour une période indéfinie », doit « être immédiatement amendée », insiste HRW.
11/06/2012
http://www3.almanar.com.lb/french/adetails.php?fromval=1&cid=18&frid=18&eid=67989
« Leur nombre menace l’identité juive d’Israël », affirme le ministre israélien de l’Intérieur.
Le ministre israélien de l’Intérieur Eli Yishaï a affirmé vendredi qu’il espérait commencer bientôt le transfert de dizaines de milliers d’immigrés illégaux africains en Israël vers un centre de rétention en cours de construction et des camps de toile.
Jeudi, un tribunal israélien a autorisé l’expulsion d’environ 1.500 Sud-Soudanais en situation irrégulière après avoir rejeté un recours d’organisations de défense des droits de l’Homme.
M. Yishaï a déclaré à la radio publique qu’il comptait aussi obtenir le départ de 40.000 soudanais et Érythréens. « Il y a encore environ 15.000 soudanais et 35.000 immigrés d’Érythrée. Pour le moment je ne suis pas autorisé à les faire sortir ».
Selon lui, les obstacles légaux devraient être levés et le gouvernement va proposer de verser une somme d’argent à ceux qui accepteraient de partir volontairement. « Leur expulsion de gré ou de force est proche. Leur nombre menace l’identité juive » d’Israël, a ajouté le ministre.
Dans un premier temps, ils seront interpellés et transférés vers un centre de rétention en cours de construction dans le sud d’Israël pour un coût estimé à 67 millions de dollars. « Dès que cette installation sera prête de même que les camps de toile, dans quelques mois, nous commencerons à y transférer les immigrés ».
Le ministre faisait allusion aux camps de toile pouvant accueillir de 20.000 à 25.000 immigrants illégaux, selon les médias. L’objectif est de s’assurer que ces immigrants seront directement transférés dans ces camps de toile et dans le centre de rétention où ils resteront pour de longues périodes et éviter ainsi qu’ils ne se dispersent dans les villes israéliennes.
Israël érige une clôture de 250 km le long de la frontière égyptienne pour tenter d’empêcher des infiltrations. Selon la radio militaire, 170 km de l’ouvrage sont déjà construits et le projet devrait être achevé d’ici la fin de l’année.
La présence en Israël de quelque 60.000 immigrés clandestins, la plupart Soudanais et Érythréens entrés par le Sinaï égyptien, a provoqué en mai des violences racistes et une vive polémique.
08/06/2012