La MINUSTAH, instrument d’ingérence, d’abus et d’oppression en Haïti
7 juillet 2012
La MINUSTAH, l’ONU et toutes ces organisations véritables forces d’occupation font également des dégâts en Haïti
Ginette
Communiqué de presse
Port-au-Prince, le 21 Juin 2012 – Le vendredi 15 juin 2012, des Casques bleus du 2eme bataillon d’infanterie brésilienne de la MINUSTAH (BRABAT 2) effectuaient une patrouille de routine dans une zone proche de la Faculté des Sciences Humaines d’Haïti (FASCH). Cette zone fait partie de l’aire de responsabilité de BRABAT2, dont le mandat est d’assurer la sécurité et la stabilité.
Cherchant à en savoir plus sur cette zone, en vue de faire au mieux son travail, la patrouille s’est dirigée vers la Faculté des Sciences Humaines d’Haiti pour demander certaines informations relatives à cette zone, compte tenu du fait que l’institution est bien connue dans la région en tant que référence.
A l’approche des abords du campus de la Faculté, des étudiants et riverains, aussitôt qu’ils ont aperçu le véhicule militaire, ont manifesté une attitude hostile, entourant la patrouille et l’attaquant à coups de jets de pierre, blessant une personne et fracturant le pare-brise du véhicule de la patrouille.
Conformément aux Règles d’Engagement des Nations Unies, la patrouille a tiré en l’air quatre projectiles non mortels (balles en caoutchouc) et a aussitôt quitté les lieux. Toutes les procédures comprises dans les Règles d’Engagement, relatives à l’usage progressif et gradué de la force, ont été appliquées. Ces actions ont été entreprises non seulement pour assurer la protection du personnel de la MINUSTAH, qui jouit du droit à l’auto-défense, mais aussi dans le but de désamorcer une situation qui risquait d’infliger des dommages ou blessures aux personnes mêmes qui manifestaient un comportement hostile.
Suite à cet incident, à aucun moment la patrouille n’est retournée dans la zone de la Faculté.
Compte tenu des dommages subis par son personnel et ses équipements, la MINUSTAH a aussitôt ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de l’incident.
La MINUSTAH a été déployée en Haïti en 2004. Depuis 2012, la composante militaire de la MINUSTAH effectue près de 1.397 patrouilles par jour à Port-au-Prince, et 1.274 autres en dehors de Port-au-Prince. Au total, près de 75.000 patrouilles sont conduites tous les mois en Haïti. Et il est très courant que les Casques bleus et la population haïtienne entretiennent une communication suivie et travaillent ensemble chaque jour pour la promotion de la sécurité et de la stabilité du pays.
L’incident continue en tous cas à faire l’objet d’une enquête.
Haïti/Université-Minustah : La version de la force onusienne sur le 15 juin, une demi-vérité ?
La version de la mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), sur les faits qui ont perturbé la journée de travail, le vendredi 15 juin 2012, à la faculté des sciences humaines (Fasch) de l’Université d’État d’Haïti (Ueh), suite à la tentative des militaires brésiliens d’y rentrer, ne colle ni avec les témoignages d’étudiants et de professeurs, ni avec ce que plusieurs journalistes ont constaté sur place.
« L’incident » est arrivé, pendant que des militaires brésiliens effectuaient « une patrouille de reconnaissance dans la région pour pouvoir identifier les camps de déplacés, [quand] subitement, ils ont été attaqués à coups de pierres et de tessons de bouteilles par la population locale et des étudiants », explique Eliane Nabaa, cheffe de la communication de la Minustah.
Comme le « convoi a été bloqué, la patrouille a été obligée de tirer 4 balles en caoutchouc en l’air pour essayer de dégager la route », soutient Nabaa.
La faculté des sciences humaines, se trouve au haut d’une petite colline, au bout de l’impasse le Hasard qui est un quartier résidentiel ne disposant d’aucun espace vide pouvant abriter un quelconque camp de personnes déplacées. De plus, l’Organisation internationale pour la migration (Oim) réalise des enquêtes donnant périodiquement des détails sur l’emplacement des camps et le mouvement des personnes déplacées.
Interprétations différentes de ce qui a lieu le 15 juin 2012 à la Fasch
« Je ne comprends pas pourquoi cet incident a été qualifié de toutes sortes de noms, alors que c’est nous qui avons été attaqués et pas le contraire », se plaint la cheffe de communication de la Minustah, comme pour répondre aux étudiants, professeurs et organisations d’étudiants qui ont qualifié l’acte des militaires d’ « agression contre la faculté ».
Nabaa n’est-elle pas en train de démentir plusieurs journalistes de médias de la capitale, qui ont vécu les manœuvres des militaires pour pénétrer l’espace facultaire le vendredi 15 juin 2012 ?
Les agissements des militaires sont tout simplement « inadmissibles », considère le vice-recteur aux affaires académiques de l’Ueh, Jean Poincy, qui invite à une « investigation pour comprendre les éléments qui ont poussé la Minustah à agir de la sorte ».
Le coordonnateur de la faculté, Hancy Pierre, a qualifié ce qui s’est passé de « visite délinquante et inopportune ».
Dans une note conjointe, datée du lundi 18 juin 2012, les organisations d’étudiants basées à la Fasch – association des communicatrices et communicateurs populaires (Akp), le cercle Gramsci et le cercle d’études et d’intervention en travail social (Ceits) – ont « dénoncé et condamné ces actes terroristes de la Minustah, qui durent depuis 8 ans sur la population ».
la teneur de cette note, qui retrace le fil des événements de la journée du 15 juin 2012, concorde avec les informations relayées dans les médias de la capitale.
Dans le même sens, l’association haïtienne des étudiants en communication sociale parle d’ « acte d’intimidation de la force d’occupation ».
L’association des étudiants de psychologie (Psy-Connaissances) estime que dans « un espace facultaire, il ne saurait avoir d’accès pour des experts en viols, en crimes contre l’humanité (en référence au choléra ».
Pour sa part, le collectif de mobilisation pour le dédommagement des victimes du choléra (Comodevic) « s’indigne de la tentative de débarquement « tèt kale »de la Minustah ».
Le mandat de la Minustah n’est pas de semer des troubles…
La cheffe de communication de la Minustah rejette les assertions des différentes associations d’étudiants.
« Les casques bleus ont un mandat de sécurisation et de stabilisation. Mais pas pour semer des troubles ou rentrer dans des écoles et déranger les écoliers et étudiants en cours », tient là souligner Eliane Nabaa.
Pourtant, ce qui est arrivé à la Fasch le vendredi 15 juin 2012 a perturbe les activités académiques. Panique générale. Pare-brises de voitures brisées, étudiants blessés, cours et activités perturbés ont été constatés. Lors de la troisième « visite » des soldats, des étudiants ont été vus agrippés à leurs cellulaires, tentant de rejoindre leurs proches, étant donné le scepticisme sur les intentions véritables des soldats onusiens.
Arguant qu’elle relate « exactement ce qui s’est passé », selon « un rapport » qui lui a été fait, Eliane Nabaa déclare qu’il « n’a pas eu de manœuvres qui ont été reprises. Une fois qu’ils [les militaires] ont pu se dégager, ils [les militaires] sont partis. Il n’y a pas eu de manœuvres ni aucune tentative de vouloir pénétrer l’enceinte de l’université ».
Ce qui contraste avec les déclarations des responsables, de professeurs, d’étudiants de la faculté et avec les comptes-rendus des journalistes présents sur les lieux.
« Il n’y a aucune raison pour que Brabat (bataillon brésilien) essaie de rentrer à l’université. Ce n’est pas du tout dans leur culture, dans leur tradition, de vouloir occuper des espaces qui sont interdits pour eux », soutient Nabaa, jointe par AlterPresse.
Ce qui s’est passé le 15 juin 2012 à la faculté des sciences humaines reflète « un agissement naturel de la Minustah », aux yeux du collectif de mobilisation pour le dédommagement des victimes du choléra (Comodevic), qui évoque quelques faits enregistrés ces dernières années.
Le 24 mai 2010, les soldats brésiliens ont violé l’espace de la faculté d’ethnologie (Fe), puis ont tabassé l’étudiant Frantz Mathieu Junior avant de le « séquestrer » dans une base de la Minustah où il a été « forcé de se désaltérer dans une cuvette de toilettes ».
Le 21 janvier 2009, Jean Willy Bellefleur, étudiant de l’école normale supérieure a été sévèrement battu par des soldats onusiens.
Le 20 janvier 2009, Don Camelo, l’étudiant/artiste très connu du groupe rap « Masters of Haïti », a été tabassé par des soldats de la Minustah dans l’enceinte de l’école nationale des arts (Enarts).
En attendant de voir clair dans cette situation, étudiants, professeurs, membres du personnel de la faculté des sciences humaines sont encore sous le choc. [efd kft rc apr 21/06/2012 0:59]
Des organisations dénoncent des répressions de la Minustah sur des entités de l’université d’état
Le collectif de mobilisation pour le dédommagement des victimes du choléra et l’union nationale des normaliens haïtiens (UNNOH) ont dénoncé des tentatives de violation de l’espace de la faculté des Sciences humaines par des agents de la Minustah le vendredi 15 juin 2012.
Les organisations ont déploré le fait que des casques bleus de la Minustah lourdement armés ont tenté de pénétrer l’enceinte de la faculté des sciences humaines pour agresser les personnes qui s’y trouvaient.
Selon Jean Willy Beltis, un responsable de communication de l’UNNOH, l’université d’état semble l’une des principales cibles de la Minustah qui a déjà agressé plusieurs étudiants dans différentes entités de l’UEH .
Ces organisations appellent donc les différentes forces vives de la société à collaborer pour obtenir le départ de la Minustah qui, selon elle, est responsable de plusieurs forfaits dans le pays.