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22 novembre 2024

Aïcha Kadhafi, «Jeanne d’arc du désert»?


 

Aïcha Kadhafi, «Jeanne d’arc du désert»?
By admin On 4 mar, 2012 At 10:51 | Categorized As International |

Fille unique du guide déchu Kadhafi, Aicha, la «Claudia Schiffer du désert», telle que se plaisait à la surnommer la presse italienne, suggère qu’elle est bien plus. Peut-être une «Jeanne d’arc du désert.»

La Libye somme les pays voisins de livrer à Tripoli tous les partisans de l’ex-« dictateur » libyen ayant trouvé refuge dans ces États. L’Algérie, qui a accueilli Aïcha Kadhafi, est naturellement visée. L’Algérie refuserait l’extradition de la famille Kadhafi, rapporte le site Marrakech.

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Mise à jour du 2 février: La Cour pénale internationale (CPI) a refusé aujourd’hui que la fille du défunt leader libyen Mouammar Kadhafi, Aïcha, intervienne dans le cadre de la procédure devant la Cour contre son frère Seif al-Islam, a-t-elle annoncé. Aïcha Kadhafi avait affirmé vouloir fournir des informations « concrètes » à la Cour pénale internationale (CPI).

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«Votre grand leader va bien, il porte les armes et combat sur les fronts avec ses fils. Le peuple libyen doit se soulever à ses côtés, contre les traîtres du CNT». Cette sortie médiatique inattendue de la fille unique du guide libyen déchu, le 24 septembre dernier sur la chaîne de télévision koweitienne Errai, est intervenue moins d’un mois après son accouchement dans le désert algérien. Dans la douleur? Réfugiée en Algérie, avec d’autres membres de sa famille depuis le 29 Aout dernier, pour des raisons humanitaires, Aïcha Kadhafi, ne s’est pas donné le temps de souffler. A peine remise sur pied dans un hôpital aux fins fonds du Sud algérien, cette élégante et belle femme au regard droit a repris le flambeau de la Contre-Révolution.

D’une voix sereine et solennelle, échappant à la vigilance du dispositif sécuritaire qui l’entoure en Algérie pour appeler cette chaîne de télévision, elle s’est adressé à son peuple et a surtout provoqué un malaise diplomatique en Algérie qui reconnaissait du bout des lèvres le CNT, deux jours auparavant. La réaction de l’Algérie officielle ne s’est pas fait attendre. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, qui se trouvait au même moment à New York, a vite condamné ses déclarations. Mais le coup est parti. Fille unique de Mouammar El Kadhafi, pugnace et fragile à la fois, calme mais résolue sous ses petits foulards qui masquent à peine des mèches blondes colorées, Aïcha Kadhafi, surnommée la Claudia Schiffer du désert par la presse italienne, reste un paradoxe presque troublant. Qu’est ce qui anime justement cette avocate de 35 ans qui faisait déjà partie du collectif de défense du dictateur irakien Saddam Hussein, l’amour ou la guerre?

Cri de guerre en donnant la vie

Le 30 août 2011, un cortège blindé traverse à toute allure les frontières désertiques algéro-libyennes, alors sous très haute surveillance. À bord de ces 4×4 furtifs qui arrivent à se frayer un chemin dans le chaos libyen, une femme sur le point d’accoucher. Aïcha est enceinte jusqu’au cou et entre en territoire algérien avec ses enfants, ses deux frères Hannibal et Mohamed et leur progéniture, sa mère Safia et une dizaine d’accompagnateurs. L’arrivée d’une partie du clan Kadhafi est alors justifiée du côté de l’Algérie, toujours hostile au CNT, par des «raisons humanitaires». L’hôpital de Djanet, petite ville touarègue nichée sous une imposante falaise du Tassili Ajjers, est vite ceinturée pour que naisse la fille de Aïcha Kadhafi. La petite dernière de la grande tribu des Kadhafi voit le jour, prénommée Safia-Djanet, Safia «la pure», du prénom de sa mère, Djanet pour la ville d’accueil. Pourtant, la pureté originelle se dissipe très vite dans les rumeurs. La polémique s’intensifie et fait tourner toutes les têtes. Vers le Nord d’abord, où certaines voix affirment que la famille Kadhafi est logée à Alger. Puis vers l’Ouest, d’autres affirment qu’ils sont à présent à Oran, près de la frontière marocaine. Aucune information officielle pour trancher, les rumeurs gagnent alors l’origine même de sa venue, avec sa famille, en Algérie.

Un pur simulacre?

Tout se brouille, un journal algérien affirme que le bébé s’appelle en réalité Amel, un autre affirme qu’il s’agit d’un garçon, précisant qu’il a été inscrit à l’état civil de Djanet sous le nom d’Ahmed Abou Menyar Kadhafi. D’autres sources soulèvent un problème de timing, Aïcha aurait déjà accouché d’une fille, en février dernier, soit huit mois avant, d’autres encore rappellent qu’elle-même avait parlé de son bébé mort sous les bombardements libyens, en mars. Comment aurait-elle pu avoir un enfant six mois plus tard? Pour une partie de l’opposition algérienne, l’annonce de son accouchement serait un pur simulacre pour masquer la mollesse de la diplomatie algérienne, qui n’aurait trouvé que cet alibi humanitaire pour exfiltrer la famille Kadhafi. Pourtant, des témoignages des habitants de Djanet assurent qu’elle a réellement mis au monde cet enfant née au paroxysme de la crise libyenne. A mesure que les informations la concernant se font et se défont, la diva guerrière gagne en mystère. On admire parfois sa combativité mais on condamne d’autant plus son hypocrisie.

Une femme engagée?

Sa luxueuse propriété pillée en août par les rebelles a justement dévoilé le faste dans lequel vivait cette ancienne ambassadrice de bonne volonté de l’ONU depuis 2004, ce titre lui a été retiré en février 2011, au déclenchement de l’insurrection libyenne. Statues en or massif, sauna, piscines, les images du luxe dispendieux dans lequel elle vivait avant que n’éclate la révolution libyenne contraste cruellement avec la noble mission de l’organisme de lutte contre la faim en Afrique, qu’elle présidait par l’intermédiaire de sa fondation Waattassimou. Engagement sincère ou impérialisme tiers-mondiste à la Kadhafi? Aïcha reste ambigüe, d’autant que les rebelles qui ont saccagé et pillé sa maison en août dernier n’ont pas manqué de diffuser sur internet un de ses albums photos dans lequel aucun voile ne recouvre ses cheveux blonds et où la retenue dont elle fait preuve lors de ses apparitions médiatiques laisse place à une attitude presque sulfureuse.

La touchante fille à papa

Foulard rose pâle, qui laisse échapper des cheveux clairs tombant élégamment sur ses épaules, le geste lent, la parole mesurée, Aïcha a versé dans un lyrisme presque attendrissant le 30 juin dernier, dans l’entretien exclusif qu’elle a accordé à la chaîne France 2. Le tout pour accuser la France de crime contre l’humanité, cette France qu’elle dit avoir aimé plus que tout autre pays parce qu’elle y a fait ses études de droit et a pris le temps «d’aimer ses odeurs, sa lumière et ses gens.» Et qui a tué «mes frères, mon enfant [mort sous les bombardements] et mon peuple», souligne-t-elle, les larmes aux yeux. Touchante et fascinante face à la journaliste qui lui pose des questions en Français, qu’elle maitrise parfaitement, elle répond en Arabe, à l’adresse des peuples de sa région. Aucune question pourtant sur la plainte qu’elle vient de déposer quelques jours avant, le 10 juin au parquet de Paris contre l’OTAN, les militaires français, Sarkozy et son ministre de la défense pour avoir tué son fils dans les bombardements. La plainte est d’ailleurs classée sans suite, le 30 juin, et Aïcha se retire, pour l’une des ses dernières apparitions publiques. La chute est dure, avant l’insurrection libyenne, sa côte était au plus haut, sa montée en puissance sur le plan international et sa nomination comme ambassadrice de bonne volonté à l’ONU en 2004 lui valent une popularité telle en Libye qu’on la pressentait pour la succession de son père à la tête du pays et aurait de fait été la première femme d’État arabe.

Mais qui se cache derrière Aïcha Kadhafi?

Des médias à sensation italiens relayés par d’autres organes de presse occidentaux qui affirment que Berlusconi était tombé sous son charme et envisageait une aventure plus ou moins légale avec elle, avec Kadhafi dans le rôle du beau-père. Belle et farouche, elle occupe les médias, rejoint le collectif d’avocat de Saddam Hussein en 2004, milite contre la violence faite aux femmes pendant que son mari, un cousin de son père, demeure pratiquement inconnu. En 2008, elle court défendre son frère Hannibal aux prises avec la justice suisse qui l’accuse de maltraiter ses domestiques. Elle écrit une thèse «Le tiers-monde face à la légalité des actes du Conseil de Sécurité»possède un site internet et une fondation contre la faim en Afrique.Aujourd’hui, Aïcha n’a plus rien mais est toujours en Algérie, bien que sa localisation précise ne soit pas connue. Le nom de sa fondation, Waattasimou, était en tous cas prémonitoire. En arabe, Waattassimou signifie «cherchez un refuge». Aïcha, la fille unique du Colonel Kadhafi, aura trouvé le sien, même si la guerre en Libye n’est pas terminée.

Chawki AmariShare on Facebook

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