La loi des outlaw!

La loi des outlaw!, par Karim Mohsen
Par Karim MOHSEN – Jeudi 02 Mai 2013

Sommes-nous revenus à la dure loi du Far West quand celui qui dispose du pistolet impose son droit? La loi des hors-la-loi (outlaw) et des cow-boys de l’Ouest américain a-t-elle fait tache d’huile au point où ce sont ceux qui disposent des armes de dissuasion conventionnelles ou nucléaires (armes de destruction massive, ADM), qui imposent au monde leur lecture des faits et des événements? C’est le cas de le penser face à l’inénarrable évolution que connaissent les relations entre les nations. En fait, ce concept du cow-boy a pris désormais une dimension planétaire quand un quarteron d’Etats décide de ce qui est bon ou non pour la communauté des nations. En fait, les enjeux stratégiques sont tels que les grands Etats sont prêts à tout pour conserver leur monopole de la puissance. Cette évolution a été constatée dès le début du dernier quart du XXe siècle, suite à l’effondrement du bloc communiste et au démantèlement de l’ex-Union soviétique. Ces événements ont contribué à l’avènement d’une puissance monopolistique: les Etats-Unis. Cela a induit une grave perte de repères dès lors que ce sont ceux qui détiennent la puissance (militaire, économique et financière) qui imposent leur loi et leur lecture des événements. Même le droit dit «international» a subi un décryptage biaisé, selon les intérêts de ces puissants. La soudaine apparition d’Al Qaîda participe à ce contexte de domination de quelques Etats qui entrent de plain-pied, outre dans le concept d’outlaw (les hors-la-loi qui créent un abcès de fixation et induisent le besoin de les combattre) mais aussi – surtout – à l’avènement du Nouvel ordre mondial auquel travaillent les Etats-Unis qui y mettent leur puissance (politique, militaire, financière et économique). Les bouleversements qu’a connus le monde ces dernières décennies, ont changé les valeurs qui fondaient les relations entre les nations, aujourd’hui gravement démonétisées, qui ont perdu de leur signification première. Atteindre des objectifs stratégiques a ainsi plus d’importance pour ces puissances que le respect des lois telles qu’elles les comprennent et telles que conçues par la Charte fondatrice des Nations unies. Ainsi, les Etats-Unis et le Royaume-Uni n’ont pas hésité à user de gros mensonges pour détruire l’Irak qui détenait, selon eux, des armes de destruction massive. Il a été démontré qu’il n’en était rien. Or, Américains et Britanniques ont atteint l’objectif auquel ils aspiraient au prix de la mort de dizaines de milliers d’Irakiens. Paieront-ils pour ce génocide? On en doute fortement, car qui osera dénoncer le duo George W. Bush-Tony Blair (celui-ci ayant même été récompensé par l’octroi de la présidence du Quartette pour le Moyen-Orient) qui portent l’entière responsabilité des crimes commis par leurs armées en Irak? Bien sûr, la CPI est faite pour Omar El Bechir, Mouamar El Gueddafi, Bachar al-Assad et autres chefs d’Etat «menu fretin». Or, malgré que l’antienne de la détention par l’Irak des ADM est apparue – avec le temps – sans fondement, elle n’en est pas moins reprise – dans les mêmes conditions et avec le même ton alarmiste qu’en 2003 – contre la Syrie qui aurait – selon les mêmes accusateurs de Baghdad – usé d’armes chimiques dans son combat contre les rebelles armés et financés par ce même Occident. En fait, cet oukase des puissants prend tout son sens avec ledit printemps arabe désormais pris en charge par les puissances occidentales sus-citées en plus de la France et éclaire sur la nature des rapports qu’elles veulent imposer au monde. Cela sans revenir sur la façon unilatérale et spécieuse avec laquelle l’Occident envisage la question du nucléaire en Iran et en Corée du Nord. C’est ce même Occident qui, assidûment, met en avant les droits de l’homme, la démocratie et les libertés d’expression. Mais ce principe des droits conférés aux hommes s’arrête au seuil des intérêts (bien compris) de ceux qui y font constamment référence. Il suffit, toutefois, que ces intérêts soient mis en équation pour que les droits de l’homme perdent leur vérité et seraient solubles dans la stratégie des puissants. Cette notion est parfaitement illustrée par le recul américain sur la question des droits de l’homme au Sahara occidental, malmenés par l’occupant marocain. Après avoir mis à nu les exactions du Maroc contre les Sahraouis, Washington met un bémol à ses exigences, dès lors que ses intérêts sont entrés en jeu au Maroc. Ce qui démontre que la démocratie et tout ce qui l’accompagne ne sont qu’un artifice que l’Occident brandit à la face de ses contradicteurs. Dans notre monde, ce sont les puissants qui donnent le «la» et imposent leurs seules lectures des événements. Cqfd!