J’accuse le FMI
6 mai 2013
J’accuse le FMI
Quand le FMI maintient mon pays dans le sous-développement
J’accuse les émissaires du FMI de tenir des discours qui participent à maintenir mon pays dans la misère et une dictature au pouvoir opprimant le peuple.
J’accuse le FMI de véhiculer, à travers le discours de ses émissaires dans les mass-médias publics de mon pays, et du monde, des informations qui induisent en erreur les populations et confortent les mauvais droits de leurs gouvernants.
J’accuse les différents émissaires du FMI en Mauritanie de tenir des discours qui ignorent complètement les réalités économiques de mon pays au détriment d’objectifs structurels dictés par leur organisation à nos gouvernants.
J’accuse les mandataires de ces émissaires à Washington et ailleurs de jouer avec la destinée du peuple mauritanien au nom d’engagements pris par des gouvernants qui pillent les ressources publiques et que le FMI conforte dans leur forfait par ses satisfécit publics de leur gestion publique.
J’accuse le FMI de jouer sur les notions d’équilibres économiques pour continuer à maintenir les politiques publiques de mon pays dans un infantilisme qui hypothèque tout développement.
J’accuse les différents émissaires du FMI en Mauritanie de prendre des positions manifestes et publiques hautement médiatisée sur les niveaux de croissance d’agrégats économiques de mon pays, sachant pertinemment qu’ils ne reflètent nullement l’état réel de l’économie ni son niveau de développement.
J’accuse le FMI de continuer à ignorer ce qui advient réellement de ses prêts à facettes multiples quand ils tombent dans l’escarcelle de nos dirigeants et à continuer à les soutenir dans des plans structurels toujours autrement composés et chèrement reconduits.
J’accuse le FMI de continuer à publier dans les travaux de ses experts sur la Mauritanie ce que ses émissaires ne disent pas, maintenant par ses satisfécits annuels nos populations de la misère.
J’accuse le FMI de continuer à multiplier ses mécanismes de prêts, à les diversifier pour soutenir contre toute raison humaine des équilibres macro-économiques qui satisfont sa philosophie économique mais détruisent tout espoir de développement social et humain en Mauritanie.
J’accuse le FMI de continuer à proposer à des pays pauvres et démunies, comme la Mauritanie, des prêts concessionnels, des facilités de crédit, des crédits rapides en misant sur des croissances fictives et des chiffres officiels douteux contribuant à maintenir ces pays dans un endettement structurel sans fin.
J’accuse le FMI, d’avoir démarré depuis plus d’un quart de siècle, des programmes d’ajustement structurel et autres mécanismes subséquents, imposant restrictions et suggestions macro-économiques à mon pays, la Mauritanie, qui est encore, aujourd’hui, pauvre parmi les pauvres.
J’accuse le FMI de continuer d’accompagner par ses satisfécits et prêts concessionnels, les stratégies d’autorités publiques irresponsables et budgétivores spécialisées dans l’utilisation des mécanismes de l’endettement pour « pomper » les moyens du FMI et ceux de la nation.
J’accuse le FMI d’avoir appuyé la Mauritanie dans des programmes d’ajustement structurels, depuis 1985 à nos jours (Plan de redressement économique et financier –PREF-, le Plan de consolidation et de relance- PCR- Plans d’investissements publics (PIP), cadres de lutte contre la pauvreté – CSLP- , des Cadres des dépenses budgétaires à moyen termes –CDMT et autres Budget consolidés d’investissement –BCI- etc. ) avec les résultats qui se reflètent catastrophiquement dans les Indices du développement humain (IDH-PNUD) du pays.
J’accuse le FMI de continuer à féliciter les dirigeants de mon pays pour la « performance » de leur gestion alors que de 1980 et 2012 l’IDH de la Mauritanie n’a augmenté que de 0.5% par an, passant de 0.340 à 0.467 aujourd’hui, ce qui place mon pays au 155ème rang sur 187 pays.
J’accuse le FMI de continuer à féliciter nos dirigeants pour leur gestion publique à travers l’exhibition de taux de « croissance » erronés puisqu’exprimant une exploitation géologique (revenus d’extractions minéralières) constitutive d’une rente financière pour des dirigeants corrompus.
J’accuse le FMI, de continuer à applaudir la « croissance » d’un PIB mauritanien qui n’exprime rien sinon le revenu d’une surexploitation de ressources naturelles non renouvelables et en voie d’épuisement.
J’accuse le FMI de se féliciter, pour mieux appuyer nos gouvernants, d’une croissance dont on sait pertinemment qu’il s’agit d’un « revenu national », détourné par avance, jamais équitablement distribué et qui n’exprime nullement la somme des valeurs ajoutées des unités économiques du pays (s’exprimant par des variations du Produit Intérieur Brut (PIB) réel (corrigé de l’inflation) ou nominal (exprimant la valeur marchande des biens et des services produits par un pays.)).
J’accuse le FMI de continuer à bâtir ses déclarations de satisfaction à l’intention des gouvernants de mon pays sur la variation quantitative d’un agrégat économique (croissance du PIB), alors qu’il n’est pas, loin de là, synonyme de développement.
J’accuse le FMI de justifier ses interventions d’appui et d’endettement de mon pays sur l’appréciation d’une croissance sans développement.
J’accuse le FMI, d’avoir expérimenté avec la Mauritanie, en tant que PVD, PMA et PPTE, tous les circuits de son assistance et que mon pays est aujourd’hui, pauvre, endetté et gouverné dans l’illégalité et l’illégitimité.
Au nom de tous les mendiants qui peuplent les rues de mon pays, de son infrastructure tant industrielle, économique et sociale inexistante, de ses quatre-cinquièmes de la population qui vivent dans la misère et le dénuement complets, de son chômage, lot de toute une jeunesse, de sa capitale qui croule sous l’indigence de ses responsables et le poids de ses quartiers malfamés ; au nom du pays profond qui vit sous le seuil de pauvreté sans les moindres infrastructures de base, son enseignement, faire-valoir de la misère de l’élève, de l’étudiant et de l’enseignant, sa corruption qui gangrène le pays au vu et au su de tout le monde, ses détournements de biens public, commun de la gestion publique, son taux de mortalité (enfant et adultes), l’un des plus élevés du monde, j’accuse le FMI dont les responsables et émissaires en Mauritanie osent déclarer :
« J’ai félicité les autorités pour leur gestion macroéconomique avisée qui a contribué à nourrir le rebond de l’activité économique en 2012, à maîtriser l’inflation et à conforter les marges de manœuvre budgétaire et extérieure. » (Christine Lagarde- Nouakchott- Le 9 janvier 2013)
« Mon séjour m’a permis d’évoquer les excellentes conditions économiques en Mauritanie et les énormes efforts déployés pour le renforcement du niveau de la croissance qui a atteint 7% environ au cours de l’année 2012 ». (Mme Mercedes Vera Martin conduisant une mission du Fonds Monétaire International (FMI)- Nouakchott- jeudi 2 mai 2013)
J’appelle le FMI à revoir à l’égard de mon pays, et certainement de tous les pays dans une situation similaire, ses méthodes et son approche médiatique, celle de ses émissaires afin de ne pas continuer à induire en erreur l’opinion publique dans nos pays.
J’appelle le FMI, à demander à ses émissaires dans mon pays de ne pas conforter par leurs déclarations publiques nos gouvernants dans leur gestion économico-sociale et financière catastrophique.
J’appelle le FMI à remplacer son appréciation publique de la croissance liée au niveau d’un agrégat économique (PIB) non expressif du niveau de développement, par une appréciation de la croissance réelle, celle la somme des valeurs ajoutées des unités économiques du pays à travers leurs exportations de biens (industriels, manufacturés) et de services (issus d’un savoir-faire, de la recherche et développement) et de leur maîtrise technologique et scientifique.
J’appelle le FMI à lier ses appréciations de la Croissance à l’évolution effective de l’indicateur de développement humain (IDH) en Mauritanie pour juger de l’efficacité de son intervention et de l’inefficacité de nos gouvernants.
J’appelle le FMI a ne pas se conforter dans l’appréciation d’équilibres macro-économiques dont il veut forcer la réalisation dans la sphère financière de mon pays à coup de missions d’experts et de prêts concessionnels et de satisfécits, mais de comprendre que depuis plus d’un quart de siècle qu’il intervient en Mauritanie, des générations entières en ont souffert et qu’il aura probablement à rendre compte aux générations futures.
Pr ELY Mustapha