PARIS (Reuters) – Le procès en appel de « Carlos » pour quatre attentats meurtriers commis en 1982 et 1983 s’est ouvert lundi à Paris en l’absence de ses avocats, récusés par l’accusé, qui dénonce un sabotage de sa défense au plus haut niveau de l’Etat vénézuélien.
Trois avocats ont été commis d’office dans l’après-midi pour assister Ilich Ramirez Sanchez. Leur demande de report de l’audience, afin de se familiariser avec le dossier, a toutefois été rejetée par la Cour.
Condamné en décembre 2011 à la réclusion à perpétuité pour ces attentats qui avaient fait onze morts et près de 150 blessés, Carlos, 63 ans, a indiqué avoir interdit à ses avocats de venir le représenter, à défaut de financement vénézuélien.
« Je n’ai aucune intention de saboter le procès », a dit le natif de Caracas devant la Cour d’assises spéciale de Paris.
« On n’a pas les moyens, mes avocats ne peuvent pas payer de leurs poches les frais, » a-t-il ajouté. « C’est de la faute des traîtres du Venezuela (…) Ils vont payer de leur sang. »
Au cours du week-end, l’avocat de Carlos, Me Francis Vuillemin, avait déjà dénoncé des tentatives de « sabotage » au plus haut niveau de l’Etat vénézuélien après la mort de Hugo Chavez, soutien du « Chacal ».
Les frais de défense de l’ancien ennemi public numéro 1 des années 1970 et 1980, qui a demandé son transfèrement vers son pays natal, devaient être pris en charge par Caracas, disait-il.
Un représentant de l’ambassade du Venezuela, présent à l’audience dans la matinée, s’est refusé à tout commentaire.
« VACANCES PROLONGÉES »
Dans la matinée, Carlos a demandé à ce qu’un avocat, « si possible catholique », soit commis d’office.
Me Francis Szpiner, avocat des parties civiles, a dénoncé les propos de celui qui est surnommé « Le chacal ».
« En France, on ne distingue pas les avocats, ou les magistrats d’ailleurs, par leur origine », a-t-il déclaré, disant ne « rien attendre » de l’accusé, qu’il a qualifié de « praticien habitué de la Cour d’assises. »
Vêtu d’une chemise blanche et d’un costume noir, avec pochette et foulard bleu marine, l’accusé s’est montré souriant et a dit être un « révolutionnaire professionnel ».
« Je suis en vacances prolongées aux frais de l’Etat français », a-t-il ironisé.
Carlos est emprisonné depuis 19 ans en France, où il purge une condamnation à perpétuité prononcée en 1997 pour les assassinats, en 1975 à Paris, de deux policiers français de la DST et de leur informateur.
Le président de la cour, qui l’a repris à plusieurs reprises, lui demandant notamment de retirer les mains de ses poches et d’arrêter d’appeler les avocats par leurs prénoms, lui a conseillé d’éviter la « provocation ».
« Il s’amuse avec la Cour, il s’amuse avec les parties adverses, c’est insupportable », a réagi l’une des victimes.
Carlos répond dans ce dossier de quatre attentats qui ont fait onze morts et près de 150 blessés en 1982 et 1983 : ceux du 29 mars 1982 contre le train Capitole Paris-Toulouse, du 22 avril 1982 rue Marbeuf à Paris devant le siège du journal El Watan, et du 31 décembre 1983 dans un TGV près de Tain-l’Hermitage et à la gare Saint-Charles de Marseille.
Lors de son procès en première instance, il a dit « assumer la responsabilité politique et militaire » de certains attentats, mais pas de ceux jugés, qu’il impute à d’autres groupes.
Carlos dirigeait un groupe d’activistes d’extrême gauche qui fut soutenu, armé et hébergé par le bloc communiste d’Europe de l’Est, notamment la RDA, la Hongrie et la Roumanie, mais aussi protégé par la Syrie, l’Irak, le Yémen. Il s’est fait connaître dans le monde entier avec l’enlèvement, en décembre 1975 à Vienne, de onze ministres de l’OPEP.
Edité par Yves Clarisse