Le meurtre crapuleux de trois adolescents israéliens n’a évidemment été qu’un prétexte au lancement de la dernière boucherie en date de l’entité sioniste sur Gaza. Il n’y a guère que les abrutis ou les vendus de la presse-Système pour s’interroger là-dessus. Et ce n’est même pas la formation d’un gouvernement palestinien d’union nationale qui a provoqué le déclenchement de l’opération «Bordure protectrice». Tout au plus, l’entente entre le Hamas et le Fatah n’aura fait qu’«accélérer» une tuerie d’ores et déjà planifiée dans le cadre de la stratégie israélienne dite «de la tondeuse à gazon».
Depuis l’intifada Al-Aqsa, l’entité sioniste lance en effet tous les deux ou trois ans en moyenne une opération militaire d’envergure pour «tondre» littéralement les capacités combattives de la résistance: «Bouclier de défense» (2002); «Pluies d’été» (2006); «Plomb durci» (2008); «Colonne de nuages» (2012): «Bordure protectrice» (2014) font toutes partie de cette stratégie criminelle de «containment», d’endiguement.
Voler, voler, voler, toujours voler
L’idée est d’une terrifiante efficacité: il s’agit simplement de maintenir les capacités de nuisances de la résistance palestinienne à un niveau insuffisant pour représenter un véritable danger pour Israël, mais suffisant pour faire perdurer le mythe ridicule de la légitime défense de l’entité sioniste. Et derrière l’écran de fumée ainsi entretenu au travers des so called processus de paix successifs, l’Etat-voyou israélien a tout le loisir de coloniser, de piller, de voler et voler encore toujours davantage de terre palestinienne.
Dans l’intervalle des campagnes militaires, la stratégie appliquée est celle de n’importe quelle puissance occupante depuis l’aube des temps : arrestations et détentions arbitraires, torture, intimidation, meurtres épisodiques et harcèlement: un climat de terreur qui permet de garder le contrôle du territoire en gérant au quotidien le niveau d’asservissement voulu.
Toute initiative des insurgés, toute riposte, sert ensuite de prétexte au passage de la fameuse tondeuse à gazon.
C’est simple, efficace et monstrueusement cynique.
La Palestine, laboratoire d’expériences
Mais le cynisme ne s’arrête pas là.
60 ans d’occupation des terres parlestiniennes ont fini par faire d’Israël l’expert incontesté en matière de contre-insurrection.
Depuis 60 ans, la puissance occupante conduit en effet en Palestine une guerre de basse intensité qui lui permet de tester et de développer un armement et un savoir-faire que les armées du monde entier s’arrachent sans état d’âme.
Il faut dire que l’expérience israélienne est des plus précieuses à l’heure où une révolte généralisée des laissés-pour-compte de la globalisation n’est plus un scénario de science fiction mais bel et bien une probabilité. Elle prouve en effet qu’avec un savant dosage de très haute technicité et de barbarie, il est parfaitement possible d’asservir et de contrôler, dans la plus grande pauvreté, une population gigantesque alors même qu’elle compte de nombreux groupes d’insurgés armés et entraînés.
En d’autres termes, l’expérience israélienne confirme qu’avec les moyens modernes de répression, une minorité de nantis peut survivre et même prospérer au milieu d’un océan de pauvreté et d’hostilité.
De quoi rassurer la capitainerie du Système donc, banksters et prédateurs en tête.
Tout ceci expliquant peut-être, au moins partiellement, l’impunité totale dont jouit l’entité sioniste dans son interminable agression du peuple palestinien.
Une barbarie tellement lucrative
Au fil des ans, des intifadas et des boucheries, les méthodes et produits sécuritaires expérimentés par l’entité sioniste en Palestine sont peu à peu devenus le nec plus ultra de la barbarie répressive. Les téléjournaux du monde entier font la promotion quasi permanente de leur extraordinaire efficacité et ils se vendent donc à prix d’or. On les utilise déjà à large échelle pour la contre-insurrection en Colombie, en Irak ou en Afghanistan bien sûr, mais ils servent aussi à l’édification des villes-bunkers du futur destinées aux riches, comme on en trouve déjà en Afrique du Sud, en Amérique latine ou aux Etats-Unis.
Comme l’explique Yotam Feldman, auteur du documentaire «The lab» sur le complexe militaro-industriel israélien, «Israël offre aujourd’hui un modèle politique complet de guerre asymétrique. (…) Il exporte des missiles Rafael utilisées pour les assassinats [ciblés] à Gaza, des drones IAI, des méthodes de combat et des murs de séparation Magal. Mais il exporte aussi des experts juridiques, des experts en administration des populations sur le modèle de l’administration civile israélienne en Cisjordanie.»
Tant de technique et de savoir-faire rapporte d’ailleurs gros, très gros. Durant la dernière décennie, les exportations militaires israéliennes ont ainsi triplé, passant de deux milliards de dollars par an, au début des années 2000, à sept milliards en 2012. Bon an mal an, l’entité sioniste se situe aujourd’hui entre le quatrième et le sixième exportateur d’armement au monde.
Pour cette minuscule puissance nucléaire de 6 millions d’habitants construite sur une base religieuse, l’exploit a quelque-chose d’effrayant. D’autant que la guerre en Palestine est désormais devenue une nécessité économique qui «fait partie du système de gouvernance israélien».
Heureusement que la fameuse « communauté internationale » est là pour appeler vertueusement à la désescalade…
Une « inculpabilité » affolante
Reste une question affolante lorsque l’on parle d’une puissance nucléaire: celle de l’incapacité totale des Israéliens à éprouver la moindre culpabilité au regard de leurs victimes, au regard des atrocités commises envers les Arabes en général, et les Palestiniens en particulier. Voir des habitants de Sderot se réunir sur les collines alentours pour un dîner spectacle, où l’on rit et applaudit au son des bombes qui déchiquettent les enfants de Gaza, résume tout de l’infamie que représente cette « inculpabilité » nourrie par la haine et le racisme les plus absolus.
Créé lors d’un vote grossièrement manipulé par les grandes puissances à l’ONU, l’Etat sioniste a noyé le peu de légitimité qu’il avait dans le sang de ses victimes. Il n’est plus aujourd’hui que violence et brutalité, inhumanité.
Son histoire est celle d’un échec politique et humain, l’histoire d’une imposture.
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