Egypte : Sissi l’Empereur donne au monde des leçons de démocratie totalitaire
9 décembre 2014
Egypte : Sissi l’Empereur donne au monde des leçons de démocratie totalitaire
Objet: comprendre, au-delà du discours des experts anti-impérialistes officiels, la simplification (« révolution » par ci, « révolution par là) et par des « re-contextualisations » les arabesques de la politique arabe (ici, Egypte et Tunisie).
Le gouvernement égyptien envisage de faire voter une loi criminalisant ceux qui dénigrent (ihanat) la « révolution » de janvier 2011 (autrement dit, le mouvement de révolte qui renversa Mubarak) et la celle du 30 juin 2013 (autrement dit, le second mouvement de révolte qui renversa le gouvernement « révolutionnaire » de Morsi et des Frères Musulmans)(FM).
Ce dernier était devenu illégitime puisque le peuple était effectivement descendu en masse (jusqu’à 33 millions de personnes)(1) pour dire « non » à la politique intérieure des FM: chômage et vie de tous les jours inchangée et, comme en Tunisie, empirée. Quant à la politique étrangère des FM, elle s’était caractérisée par un alignement progressif sur les Etats-Unis et, surtout, la décision rendue publique (dans un stade de football plein à craquer avec 200 000 personnes) de rompre les relations diplomatiques avec la Syrie.
En effet, selon l’armée, cette démarche fut la « ligne rouge » qui fut dépassée car la question de la Syrie – pour l’Egypte et à la différence d’un Etat comme la Tunisie qui avait également rompu les relations avec la Tunisie-, est liée à celui la sécurité nationale égyptienne.
La nouvelle loi proposée rappelle, bien entendu, celle « contre la « glorification » » de la Jamahiriya dans la Libye du CNT/OTAN. Dans ce dernier pays, les citoyens visés représentaient quand même une grande majorité du peuple, d’où la grande différence avec l’Egypte où la loi de criminalisation vise finalement des individus qui ne sont ni pro-FM ni pro-Sissi.
Il ne serait pas surprenant, quand la situation se dégradera davantage, et compte-tenu de l' »alternance » récente en Tunisie, que le nouveau gouvernement (« laïc » comme en Egypte), ne promulgue une loi similaire de criminalisation de ceux qui « diront du mal » de la « révolution » tunisienne, encore chantée ad nauseam (2) –tant par les « laïcs » de Nida Tounes et autres « communistes » défroqués du Front Populaire que les religieux d’Anne Nahda- par les médias en dépit de quatre ans de turpitudes favorables à l’impérialisme.
En effet, les Tunisiens qui refusent, d’une part, le qualificatif de « révolution » pour les événements du 14 janvier 2011 et dénoncent, d’autre part et à la fois,
-la complicité du président actuel (Moncef Marzouki) (sans parler de son allié Anne Nahda) avec l’impérialisme,
-mais aussi, et SURTOUT, celle du très probable président à venir, le « bourguibiste » Beji Caid Essebsi,
Sont très rares (3).
Source: Al-Manar avec PdT
—
(1) Egypte : Sissi l’Empereur donne au monde des leçons de démocratie directe. 26 juillet 2013
http://mai68.org/spip/spip.php?article5608
« Depuis le 30 juin dernier et jusqu’aux prochaines élections, l’Egypte fait l’expérience de la démocratie directe. 33 millions de gens étaient alors descendus dans la rue pour exiger la démission du parti istislamiste (*) qui avait gagné les élections précédentes avec 51% des voix.
En faisant cela, le peuple égyptien a prouvé que seule la démocratie directe fonctionne d’autant plus qu’il ne faisait plus qu’un avec l’armée, exactement comme dans les systèmes de gouvernement audacieux qui ont expérimenté ce type de démocratie, la Jamahiriya libyenne voisine pour commencer. »
(2) Tunisie-Libye : les dérives télévisuelles nées de la sacralisation ad nauseam d’une « révolution » avortée. 18 janvier 2012.
http://lavoixdelalibye.com/?p=3508
[*] Tunisie: Essebsi, fumiste ex-premier ministre se permet d’insulter publiquement Gaddafi. 25 Jan 2014.
http://www.mathaba.net/news/?x=633953
« Le bombardement de l’OTAN contre la Libye, 7 mois durant (160 000 morts), était impossible sans l’anesthésie préalable du peuple tunisien alors en effervescence comme à l’époque de l’invasion de l’Irak. Le « courageux » Beji Caïd Essebsi, qui y a activement contribué, va même jusqu’à qualifier le Colonel Gaddafi , « a posteriori » et publiquement, de «peste» et de «choléra»… »
[*] Que sont devenus les 25 milliards d’euros promis au mois de mai par Sarkozy/le « G8 » au président tunisien Caid Sebsi ? Cette somme n’était-elle pas destinée à maintenir le peuple tunisien dans l’ignorance totale de ce qui se passait réellement en Libye et à éviter qu’il n’exprime son rejet de la guerre (comme en 2003 dans le cas de l’Irak)?