Les banques rachètent des forêts et des espaces protégés… pour faire de l’argent
8 février 2015
Les banques rachètent des forêts et des espaces protégés… pour faire de l’argent
Publié par wikistrike.com – 8 Février 2015
La nature n’a pas de prix… Eh bien, détrompez-vous, et ruez-vous sur le captivant documentaire « Nature, nouvel eldorado de la finance » d’Arte, disponible ici. Ce film de Sandrine Feydel et Denis Delestrac nous explique, façon thriller, comment la finance et les banques sont en train de mettre petit à petit le grappin sur les ressources naturelles et la protection de la biodiversité.
But — affiché — de la manœuvre ? « Sauver la planète » en adoptant — là où la volonté politique a échoué — une logique de marché.
Concrètement, ça donne quoi ? Des « biobanques » qui achètent des forêts primaires, ou des parcelles peuplées d’espèces menacées, et vendent aux entreprises des « actions marécages », « cactus », « chien de prairie » ou « lézard » ! En clair : nombre d’industriels achètent le droit de polluer, en se donnant bonne conscience. Exemple : la Malua Bank, détentrice d’une jungle de 34 M$ à Bornéo, vend ses « actions jungle » aux producteurs d’huile de palme. Mais en quoi faire payer ceux qui détruisent la jungle sauve-t-il les grands singes ?
Jamais manichéen
Le lien entre les deux semble quelque peu tortueux. Pablo Solon, ancien ambassadeur de Bolivie à l’ONU, démonte point par point ces « permis de polluer ». « C’est une logique perverse, car celui qui a de l’argent peut acheter des certificats et détruire la nature. » Jamais manichéen, et laissant chaque camp développer sa pensée, le film donne aussi la parole à Pavan Sukhdev, gourou planétaire de cette économie de la biodiversité. Calculer la valeur de la nature est devenu le combat de sa vie. Et l’on voit cet ancien banquier estimer — en public — le prix de la barrière de corail — 600 000 $ par km2 (étant donné qu’« elle fournit de la nourriture à un demi-milliard de personnes »). Visiblement, son discours plaît à l’ONU, puisque le représentant pour l’Environnement l’en a nommé ambassadeur. Un ex-banquier pour incarner la protection de l’environnement au nom de toutes les nations ? L’idée peut surprendre, ou inquiéter. Car, comme le dit Pablo Solon, « la croissance a une limite, qui est la capacité de régénération de notre planète Terre, et nous l’avons déjà dépassée ».
La dernière fois qu’il y a eu une crise de biodiversité aussi violente, c’était il y a 65 millions d’années lors de la disparition des dinosaures. Imaginer qu’en se triturant les méninges pour donner un prix — 240 Mds$ — à la pluie amazonienne (qui conditionne l’agriculture sud-américaine) on pourrait régler le problème… est-ce bien raisonnable ?
Documentaire disponible sur news360x.fr
http://news360x.fr/nature-le-nouvel-eldorado-de-la-finance/
