La coupe du monde de football ne se fera pas sans le Pakistan. Classé au 164e rang mondial selon le dernier classement de la FIFA, le pays sera pourtant bien présent pendant toute la compétition qui débute au Brésil ce 12 juin. Il fournira les ballons, utilisés lors des 64 rencontres.
L’information a été dévoilée par le site américain Bloomberg. L’entreprise Forward Sports, basée à Sialkot dans la région du Penjab, à l’Est du pays, a récupéré le contrat proposé par l’équipementier Adidas, deuxième plus grand fabriquant d’articles de sport au monde, pour fabriquer le ballon officiel. Initialement, le « Brazuca » (c’est son petit nom) devait être intégralement produit en Chine. Dumping social oblige, la société allemande préfère confier en partie le marché à un sous-traitant d’un pays voisin. L’une des raisons : des coûts de production moindres, 74 euros/mois par employé pour huit heures de travail par jour, six jours par semaine. Un salaire légèrement inférieur au revenu moyen par habitant. Aujourd’hui, 1 800 ouvriers et ouvrières pakistanaises s’activent et produisent à la chaîne « Brazuca ». Ce qui n’a pas empêché l’ancien joueur international brésilien Cafu, lors de la présentation officielle le 3 décembre 2013, de vanter un ballon « 100% brésilien ». « Il est de toute beauté et a réellement les caractéristiques et les couleurs du Brésil. »
140 euros le ballon
Pour concevoir ce 12ème modèle officiel de la Coupe du Monde, des ingénieurs de l’équipementier allemand l’ont testé pendant deux ans et demi dans dix pays. Plus de 600 joueurs s’y sont frottés, dont Karim Benzema ou encore Lionel Messi. Le budget de conception de cette « petite merveille » n’a pas été communiqué. Alors, meilleur ou non que « Jabulani », son prédécesseur de la Coupe du monde sud-africaine ? Même des ingénieurs de la NASA se sont penchés sur la question. Dans un article proposé par la BBC, le docteur Rabi Mehta, spécialiste en aérodynamique au sein de l’agence américaine conseille aux joueurs « de ne pas frapper aussi fort qu’en 2010 ». La surface du ballon, plus rugueuse, influera fortement sur sa trajectoire.
Adidas espère bien faire de « Brazuca » l’une de ses grandes ventes de l’année. 13 millions de « Jabulani » s’étaient écoulés sur le marché mondial. Selon Bloomberg, la société espère dépasser ce chiffre. Khawaja Hassan Massoud, chef de développement de nouveaux produits de Foward Sports, confie au correspondant du site d’information américain que « [son] entreprise fournira plus de 2 millions de Brazuca de différentes qualités ». L’équipementier a refusé de données la répartition géographique de l’approvisionnement ou le détail des accords commerciaux. Mais des centaines de ballons inondent déjà le marché mondial. Comptez 30 euros pour une réplique de bonne qualité et 140 euros pour le ballon officiel, le double du salaire mensuel des ouvriers pakistanais. Une belle marge en perspective pour Adidas.
Des équipements sportifs pleins de produits chimiques dangereux
Au même moment, dans le cadre de sa campagne Detox [1], Greenpeace a fait analyser plus de 33 équipements sportifs commercialisés dans le cadre de la Coupe du monde 2014 par Nike, Adidas et Puma (qui appartient au groupe français Kering, ex PPR). Des équipements produits principalement en Asie (Chine, Indonésie, Vietnam), mais aussi parfois en Europe de l’Est ou en Argentine. Conclusion ? « La production de ces articles pollue les lacs et les rivières et porte atteinte à la santé des hommes et des animaux. »
La plupart des chaussures et des gants de gardiens de but soumis à ces tests contiennent, parfois à des niveaux importants, des substance telles que des hydrocarbures perforés (PFC) – notamment le PFOA, classé comme « substance extrêmement préoccupante » dans le cadre de la directive REACH de l’Union européenne en raison de sa toxicité et de sa persistance – ou des éthoxylates de nonylphénol (NPE). Le ballon Brazuca contient lui aussi des NPE. « Ce produit chimique se dégrade en nonylphénol qui est toxique pour les organismes aquatiques et perturbe le système hormonal », précise Greenpeace. L’ONG environnementaliste estime que ces résultats montrent que malgré leurs promesses depuis le lancement de la campagne Detox, les grandes marques comme Nike et Adidas ne se sont pas lancés dans une véritable démarche de suppression des produits toxiques dans leur chaîne de production.
Morgane Thimel (avec O. Petitjean pour la dernière partie).
Cet article a été initialement publié, sans les deux derniers paragraphes, par Basta !
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