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23 novembre 2024

Que s’est-il passé il y a 40 ans?


Que s’est-il passé il y a 40 ans?

Le 30 avril 1975 Saigon tombait, les derniers Américains fuyaient le Vietnam, qui était enfin réunifié. La guerre du Vietnam, commencée 30 ans plus tôt lors de la tentative de reconquête française de l’Indochine, se terminait.

Pour les millions de morts de cette guerre, il n’y aura aucune minute de silence, aucune commémoration solennelle, aucun « devoir de mémoire », aucun « plus jamais ça ». C’est vrai qu’il ne s’agissait pas d’un génocide: « simplement » des années de bombardements massifs et de tueries systématiques d’un peuple qui voulait être indépendant. Pourquoi s’en faire pour si peu?

Contrairement au nazisme qui a complètement disparu mais contre lequel on nous « met en garde » tous les jours, le « çà » de la guerre du Vietnam a continué, à travers la politique américaine en Amérique centrale et en Afrique australe et surtout aujourd’hui, au Moyen-Orient. La « guerre à la terreur » a déjà fait plus d’un million de morts et est loin d’être terminée.

Que disent nos grandes consciences morales européennes, celles qui déplorent les morts en Méditerranée par exemple, à ce sujet? Combien d’appels à quitter le navire à la dérive de la politique impérialiste américaine? A faire vraiment la paix avec la Russie et l’Iran? A cesser notre politique d’ingérence perpétuelle et dans laquelle nous ne sommes que les auxiliaires (dans le temps, on disait « laquais ») des Etats-Unis?

A l’époque de la guerre du Vietnam, des dirigeants européens éclairés, comme Olof Palme en Suède et De Gaulle en France prenaient ouvertement position contre la politique américaine. Des intellectuels comme Russell et Sartre mobilisaient l’opinion contre la guerre. Des manifestations avaient lieu même dans des pays comme la France qui étaient éloignés du conflit. Et aujourd’hui? Rien. Lors de la guerre contre le Libye, presque toute l’opinion, en tout cas « de gauche » ou « démocrate » a appuyé cette guerre.

La fin de la guerre du Vietnam fut la fin d’une époque, celle des luttes de libération nationale qui ont constitué sans doute le mouvement politique le plus important du 20è siècle. En Occident, ce fut le début de la reconstruction de l’idéologie impériale, mais sous le couvert des droits de l’homme. La tragédie des boat people au Vietnam et des massacres au Cambodge à l’époque des Khmers rouges, a permis à l’intelligentsia en France et aux Etats-Unis de se draper dans le manteau de la « solidarité » avec les « victimes », d’oublier toute analyse des causes et des effets (les Khmers rouges n’auraient jamais pris le pouvoir sans les bombardements américains sur le Cambodge) et d’inventer le droit d’ingérence humanitaire de façon à détruire le droit international et la Charte des Nations Unies.

Ce fut la BHLisation des esprits et le début de la « nouvelle gauche », plus ou moins héritière de Mai 68, post et anti-communiste qui a, sur le plan international, pris l’exact contre-pied de l’ancienne gauche: alors que celle-ci défendait le droit international et la coexistence pacifique et était hostile à la politique américaine, la « nouvelle gauche » soutient toutes les « révolutions » et tous les « printemps », indépendamment de leur contenu politique et en ignorant les rapports de force sous-jacents. Seuls comptent les « droits de l’homme », du moins de ceux qui sont mis en avant par les médias.

Aujourd’hui, cette nouvelle gauche, ainsi que la politique américaine, à laquelle elle a servi de paravant idéologique, est dans une impasse totale, tant au Moyen Orient que face à la Russie et la Chine. Quarante ans après la libération du Vietnam, on assiste à de nouveaux lendemains qui déchantent et de nouvelles révisions déchirantes s’imposent. Mais qui osera les faire?

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