Aller à…
RSS Feed

27 décembre 2024

Avec Netanyahou, la terreur a de beaux yeux


Avec Netanyahou, la terreur a de beaux yeux

par Morice – Samedi 9 mai 2015

Sonnez trompettes, résonnez buccins (ou plutôt chophars*) : Israël a un nouveau gouvernement. Pas de quoi parader en fait : pour arriver à en faire un, l’heureux élu, frère du seul soldat décédé à Entebbe (Yoni) qui conserve depuis un ressentiment qu’il n’a jamais beaucoup caché, a choisi de s’associer au parti du millionnaire Naftali Benett. Si vous ne vous doutez pas de ce que ça implique, ne retenez qu’une seule phrase de cet individu : il y a deux ans, lors d’une réunion, l’homme, alors ministre de l’économie, a dit « J’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie. Et il n’y a aucun problème avec ça »… Voilà qui augure mal dans cette région où l’on vient de découvir des changements de comportement inquiétants dans l’armée…

On ne s’attendait pas à autre chose, à vrai dire, au soir de l’élection israélienne : le retour de Benjamin Netanyahou n’augurait rien de bon, on le sait. Coincé, ne disposant pas d’assez de voix pour faire une majorité (il était donné perdant à la veille des élections, mais quelques têtes coupées par Daesh mises en scène, où celle d’un arabe israélien ** ont fabriqué un sentiment de peur entretenu là-bas par les extrémistes, vite mis en ligne par SITE – tenue par une autre furie manipulatrice, Rita Katz ***-, si preste à mettre en avant ces horreurs), il devait s’associer avec un des groupuscules extrémistes qui jalonnent le paysage politique israélien. Les huit petites voix obtenues par le micro-parti de Benett lui ont permis de fabriquer un gouvernement sur le fil, au dernier moment. Au milieu de ce dernier figure Ayelet Shaked (ici à droite), au poste de ministre de la Justice. C’est l’ancienne directrice de cabinet de Netanyahou, informaticienne de formation (venue de Texas Instruments), très active sur Facebook, mais dans un style particulier disons, pour rester poli.

Dans le genre, ça donne en effet ça : »Un jour avant le kidnapping et le meurtre du jeune palestinien Mohammad Abou Khdeir par des extrémistes juifs, Ayelet Shaked posta un message sur Facebook citant les propos du politicien Uri Elitzur : « Tout le peuple palestinien est notre ennemi ». Elle ira plus loin en postant qu’« Israël devrait déclarer la guerre à l’ensemble du peuple palestinien, ce qui inclut leurs personnes âgées et leurs femmes, leurs villes et leurs villages, leurs biens et leurs infrastructures » ». » Nous rappelle Wikipedia. Mais la furie n’a pas écrit que cela : « Derrière chaque terroriste se tiennent des douzaines d’hommes et de femmes, sans qui il ne pourrait pas s’engager sur la voie du terrorisme. Ils sont tous des combattants ennemis et ils devraient mourir. Ceci concerne aussi les mères de ces martyrs, qui les envoient à une mort certaine avec leur bénédiction. Elles devraient donc subir le même sort que leurs fils, rien ne serait plus juste. Elles devraient mourir et les maisons dans lesquelles elles ont élevé ces serpents devraient être détruites. Sinon, d’autres petits serpents y seront élevés après. » Voilà donc celle qui va conduire la « justice » en Israel dans les mois à venir. Je mets des guillemets, car je ne vois pas comment faire autrement avec quelqu’un qui souhaite tuer les mères de terroristes, même si on lui aurait imposé des « pouvoirs limités » tant on craint… son extrémisme. Une dame particulièrement retors : pour se défendre d’avoir prononcé ses propos plus que malencontreux, elle avait attaqué le journaliste Gideon Resnick, qui les avait relatés, en évoquant… une erreur de traduction. Ici en photo, deux soldats israéliens en train de battre le cousin de Khdeir.

Une ministre qui utilise les horreurs de Daesh, qui, comme je l’ai déjà dit, fabriquent le terreau de l’extrémisme en réponse (elle ne servent qu’à ça, en fait, à se demander vraiment qui est derrière véritablement). « Une semaine plus tôt, alors que Mohammed Abu Khudair avait été enlevé et brûlé vif, juste avant ces 17 ans, Shaked avait écrit : « ce n’est pas une guerre contre le terrorisme, et non une guerre contre les extrémistes, et même pas une guerre contre l’autorité palestinienne. La réalité est que ceci est une guerre entre deux personnes. Qui est l’ennemi ? Le peuple palestinien. Pourquoi ? Demandez-leur, ils ont commencé.  » avait relevé Mira Bar Hillel dans The Independent, souhaitant, par la même occasion rendre sa carte d’identité israélienne, pour ne pas devenir une supportrice de celle qui a tenu de tels propos. Une dame qui avait de la mémoire, ce dont semble démunie totalement la nouvelle pasionaria israélienne aux yeux verts, car la phrase, mais Shaked ne le savait pas, provient en effet d’un vocabulaire bien précis ; « Elle m’a fait penser à la sœur de ma mère Klara et ses trois petits enfants qui vivaient à Cracovie en 1939, quand les Allemands l’ont envahie. Ils ont décidé que les Juifs – tous les Juifs – étaient l’ennemi et evaient être éliminés, pas moins les femmes et les petits serpents qu’ils portaient « Pourquoi ? Demandez-leur – ils ont commencé « , c’est ce que les nazis lui avaient dit. Je n’ai jamais rencontré Klara ou ses enfants qui ont péri en 1942. J’ai rencontré mon oncle Romek, qui a survécu en travaillant dans l’usine d’Oskar Schindler, et son épouse Yetti, qui a survécue parce qu’elle parlait bien l’allemand et qu’elle avait été en mesure de prétendre qu’elle était une femme allemande qui avait chassé son mari juif polonais, lorsqu’ elle souriait gentiment à chaque nazi qu’elle rencontrait »…

En 2008, ici-même, j’avais écrit que des néo-nazis (très peu « néo », à voir leur lever de bras droit et les tags qu’ils étaient allés peindre jusque dans une synagogue) avaient envhai la société israélienne. La plupart venus de russie, comme l’autre faucon Lieberman, ce petit Mussolini en puissance. Mon article s’intituait « l’antisémitisme de l’intérieur » (****) et parlait d’un néo-nazi en passe d’être arrêté qui pour éviter la justice, s’était engagé dans l’armée israélienne, grâce à un programme de réhabilitation appelé « Ofek ». Les pro-israéliens avaient bloqué le site, par un assaut massif de posts coordonnés. Bloqué, avec un appel contre un texte taxé d’antisémitisme, alors qu’il le décrivait et le dénonçait !!! On n’avait pas le droit de dire, ici, comme ailleurs, il y a sept ans, que la société israélienne était malade. Malade d’un fascisme rampant, malade d’idées extrémistes importées ou non, malade de ne pas savoir tendre la main. Avec l’arrivée au pouvoir de la nouvelle harpie, qui parle comme les nazis sans même s’en apercevoir, on peut tout craindre. Je ne donne pas cher de la situation dans le mois à venir, qui ne pourra, hélas, que dégénéner… Benett avait exigé la défense ou les affaires étrangères. On peut tout craindre, en effet. Bientôt, un nouvel « été pluvieux » (*****) à redouter à Gaza ?

(*) http://fr.wikipedia.org/wiki/Chophar

(**) réalisée par un enfant, au geste dicté par le beau-frère de Mohamed Merah, Sabri Essid, celui qui l’avait enseveli à Toulouse et qu’on a laissé s’envoler pour la Syrie, vai une filière pourtant connue depuis plus de dix ans…

(***) « Ainsi, en septembre 2014, notait le journal israélien Yediot Aharonot, « les médias internationaux découvraient la vidéo de l’horrible exécution du journaliste américano-israélien Steven Sotloff ». Peu de temps après, l’EI « publiait une étrange mise au point » : la vidéo, expliquait-elle, avait « fuité par erreur » sur Internet. « Ce que l’EI ne savait pas, c’était qui se cachait derrière cette fuite », poursuit Yediot, avant de présenter « Rita Katz, l’expat israélienne qui a fait fuiter des vidéos d’exécutions de l’EI ». En réalité, reprend Italia Oggi, si Site n’existait pas, il est fort probable que « les vidéos des décapitations barbares commises par l’EI ne seraient jamais arrivées jusqu’en Occident. Sans Rita Katz, nous aurions risqué de ne rien savoir – ou presque – du califat et de ses objectifs, en somme, de sa propagande » écrit Courrier International… si les journaux israéliens le disent eux-mêmes…

(*****) « Mivtza Gishmey Kayitz » en hébreu. Ou « Opérartion Summer Rains », la pluie de bombes sur Gaza.

Partager

Plus d’histoires deLibye