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22 novembre 2024

Liban : « Que restera-t-il du pays ? » s’interroge le Cardinal Rai


Liban : « Que restera-t-il du pays ? » s’interroge le Cardinal Rai

Publié par Gilles Munier

25 Mai 2015,

Catégories : #Liban

Liban : « Que restera-t-il du pays ? » s’interroge le Cardinal Rai

Revue de presse : Aide à l’Eglise en détresse (AED) – 5/5/15*

Le cardinal Bechara Boutros Rai, patriarche maronite, s’inquiète de l’équilibre religieux au Liban remis en cause par l’arrivée massive de plus de 1.5 million de réfugiés syriens (sur 4 millions d’habitants). Lors de cet entretien accordé à une délégation de l’AED réunie au siège même du patriarcat à Bkerké, le chef de l’Église maronite s’est également exprimé sur la guerre en Syrie, fustigeant le rôle de la Communauté internationale.

« À long terme, c’est une bombe à retardement. »

Selon le Cardinal Rai, la grande difficulté actuelle du Liban n’est pas tant la coexistance entre musulmans et chrétiens souhaitée par la majorité des libanais mais plutôt l’arrivée massive des réfugiés syriens. » Il s’agit de plus de 1,5 million de personnes. Bien entendu, c’est une obligation humanitaire de les aider. Et l’Église fait beaucoup. Mais la plupart d’entre eux sont des sunnites. Sur le plan politique et religieux, ils peuvent être exploités par les sunnites libanais, » affirme le cardinal Bechara Boutros Rai. « Nous avons déjà fait la même expérience avec les Palestiniens. Dans les années 1970, c’était eux qui avaient déclenché la guerre civile contre les Libanais et l’armée libanaise. À l’époque, les sunnites libanais s’étaient ralliés à eux. Cela pourrait se reproduire aujourd’hui. L’année dernière, lors de la première confrontation entre l’armée libanaise et l’EI (Etat islamique), l’armée a été attaquée par des sunnites armés syriens. À long terme, c’est une bombe à retardement. La guerre en Syrie et en Irak doit cesser afin que les gens puissent retourner dans leur pays. Le temps qui passe ne joue pas en notre faveur. »

Le cardinal a également déploré les conséquences économiques désastreuses pour le Liban. « Les Syriens travaillent à des tarifs inférieurs à ceux des Libanais. Ils ouvrent des magasins où les prix plus intéressants que les magasins libanais.» Par ailleurs, les conséquences sociales et culturelles sont graves. « À long terme, que restera-t-il du Liban et de la culture libanaise, si plus de 1,5 million de Syriens vivent dans notre pays ? », s’inquiète le patriarche. « Évidemment, ces changements ne restent pas sans conséquences pour les chrétiens du Liban. Les chrétiens veulent la liberté et une vie normale. C’est pour ça qu’ils vendent tous leurs biens et émigrent. Le risque s’accroît que tout le Proche-Orient perde lentement sa présence chrétienne. L’Occident doit prendre conscience de la gravité de la situation. »

« Au nom de la démocratie, l’Occident n’accepte pas la démocratie ! »

Le cardinal a invité l’AED à attirer l’attention de la politique de l’Occident sur la situation des chrétiens du Proche-Orient. « Les responsables politiques doivent comprendre que la guerre en Syrie doit s’arrêter. La communauté internationale doit cesser de fomenter la guerre et de l’alimenter. Le trafic des armes doit cesser. Ils devraient faire fi de leur fierté et tous s’asseoir autour d’une table pour trouver une solution politique. Mais leur fierté le leur interdit. En effet, cette fierté dissimule des intérêts économiques qui visent le gaz naturel et le pétrole. » Des groupes extrémistes islamiques tels que l’EI, Al Qaïda et Al-Nusra ont été créés par des États occidentaux et arabes et soutenus par de l’argent et des armes pour être utilisés pour leurs intérêts économiques et politiques, pense le cardinal Rai. « Ils ne sont tout de même pas tombés du ciel, non ? Mais maintenant, ils représentent une arme contre le monde entier. » (…)

La suite : https://www.aed-france.org/actualite/liban-que-restera-t-il-du-pays-sinterroge-le-cardinal-rai/

(l’entretien avec l’AED et le Patriarche a eu lieu à Bkerké au Liban le jeudi 19 mars 2015)

Photo : Monseigneur Bechara Boutros Rai, patriarche maronite

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