Aller à…
RSS Feed

27 décembre 2024

Palestine : Le temps d’une jeunesse


Palestine : Le temps d’une jeunesse

Publié par Gilles Munier

25 Mai 2015,

Catégories : #Palestine

Palestine : Le temps d’une jeunesse

Par Bouchan Hadj-Chikh (revue de presse : Le Soir d’Algérie – 24/5/15)*

Le secrétaire d’état américain, M. John Kerry, a fait cette déclaration à la télévision sioniste le 3 Mai dernier. Une déclaration qui a surpris même les observateurs locaux. Qu’a-t-il dit ? Il a demandé – j’ose à peine l’écrire quoique je me fasse peu d’illusions à ce sujet – que Tel Aviv autorise le gouvernement américain à reprendre sa place au sein de l’UNESCO. Pas moins. Et pourquoi donc ? Parce que, sur recommandation de l’AIPAC – American Israeli Public Affairs Committee, le lobby sioniste auprès de Washington – le Congrès a voté, en 1990, la « Public Law 101- 246 » qui lui interdit de financer l’ONU, ou toute institution spécialisée du système des Nations-Unies, qui accorde à l’Organisation de Libération de la Palestine un siège en tant qu’état membre. Et voici comment et pourquoi les Etats-Unis se trouvent piégé, auto-expulsé de ce forum culturel et scientifique International.

Au cours de cette interview, le secrétaire d’état US a souhaité que l’AIPAC soit incitée à demander au Congrès la levée de cette loi, ou d’en voter une autre qui la rendrait caduque, afin, dit-il, que les Etats-Unis puissent participer aux débats – en renouant avec le financement de l’UNESCO – pour défendre les intérêts américain et de l’entité sioniste.

Le porte-parole de l’ambassade américaine a ajouté ceci à cette occasion : maintenir cette loi c’est permettre aux autres Etats de déterminer où ils peuvent réduire l’influence des États-Unis dans ces assemblées dites universelles, et ce faisant, « rendre beaucoup plus difficile pour les Etats- Unis la poursuite de nos intérêts nationaux ».

Une supplique, en quelque sorte. Qui indique bien qui tient réellement le manche. Cela renvoie à un entretien entre M. Bill Clinton et M. Benyamin Netanyahu. S’entendant dicter les volontés de ce dernier dans la conduire des affaires américaines au Moyen Orient et, dès lors, dans le cours des choses dans le monde, il interrompit son interlocuteur en lui crachant, dans sa frustration, « mais qui est donc la première puissance mondiale ? ». L’histoire ne dit pas si le nouvel élu de Tel Aviv lui a rigolé au nez ou pas.

L’ancien président des Etats-Unis découvrait sur quel pied dansait le monde. Comme le découvre, heureusement pour lui en fin de second et dernier mandat, M. Barak Obama qui, en poursuivant les négociations sur le nucléaire Iranien jusqu’à atteindre « un deal » – non encore définitif et toujours sujet à l’approbation du Congrès – s’attire les foudres de la même entité. Avec, cette fois, un apport de taille. Celui du nouveau roi d’Arabie Saoudite et des Emirs du Golfe. Ces derniers venant en soutien du premier sous le fallacieux prétexte d’une « guerre » Shiites-Sunnites en perspective.

Voilà où en sont les choses. Une collusion d’intérêts assaisonnée de risques d’interventions militaires qui embraseraient le monde.

Toutes ces gesticulations géopolitiques nous font oublier la nature coloniale de l’occupation des territoires palestiniens et les souffrances endurées, depuis 1948, par un peuple embastillé. Ainsi, après le bombardement sans retenue de la bande de Gaza, la haute cour de Tel Aviv a autorisé « le défilé de Jérusalem », à travers les quartiers musulmans de la vieille ville, en dépit des recommandations des Organisations Non Gouvernementales de tous bords. Sous réserve d’éviter des incidents. On nous précise que les « juges » ont pris cette décision « le coeur lourd ». Comme le ridicule et les décisions illégales, scandaleuses, ne tuent plus depuis longtemps, ces mêmes « juges », dans leur mansuétude, précisent, dans leur arrêt, qu’à cette occasion, les arabes auront droit de garder leurs magasins ouverts et d’entrer et de sortir de leurs domiciles. Authentique.

Dans le pire des systèmes, en dehors de la période nazie, on n’a assisté à tant de provocations, tant de discriminations, tant de risques pour la paix mondiale. Et ainsi va le monde vers le précipice.

Ce redoublement de férocité, selon les termes de la Charte des Nations Unies, relèverait des plus sévères sanctions. Et de mise au ban de la communauté internationale. Reste à se demander si cette communauté internationale existe vraiment.

Paradoxalement, elle existe. Les écrans de fumée de les trompe pas. Jusqu’à ce jour, elle murmure. Le vote d’intégration de la Palestine au sein de l’UNESCO en est un. Les navires battant pavillon suédois se dirigent vers Gaza dans le silence total des medias. Ils sont chargés d’aides et de produits alimentaires. Le mouvement mondial de boycott de l’entité sioniste en est un autre. A l’intérieur même des territoires occupés, des hommes et des femmes qui ont participé aux exactions commises à Gaza dénoncent leur hiérarchie. Quand cette jeunesse ne préfère pas quitter ces territoires usurpés pour choisir l’exil. Et cette reconnaissance diplomatique de l’Etat Palestinien par le Vatican qui vient à point nommé.

Qu’en est-il, pendant ce temps, dans le monde supposé arabe, si peu enclin à montrer une solidarité nécessaire et un comportement d’êtres humains ? Ses dirigeants ont autre chose à faire. Comme se massacrer. Se dévorer. Combiner. A jouer petitement pour la survie de leurs systèmes. En somme, à sous-traiter ce qui est inscrit dans l’agenda des maitres de la région et du monde. Pas toujours américains.

Je comprends fort bien, dès lors, ceux qui se demandent ce que nous, Algériens, faisons dans ce four, et s’il ne nous faudrait pas claquer la porte pour sortir respirer un peu de fraicheur. Mais le voudrions nous que cela nous serait difficile. Nous ne disposons pas des moyens pour agir ni dans un sens ni dans l’autre, en d’autres termes en pesant sur cette machine ou en se permettant de l’abandonner. Alors nous sommes devenus aphones.

Il fut un temps où, afin de défendre l’idée de l’indépendance de l’Algérie, des pays arabes montaient au créneau, enflammaient les tribunes des Organisations Internationales. Il fut un temps où l’Irak incluait, au vu et au su de toutes les nations du monde, dans son budget national, l’aide attribuée au peuple algérien. Il fut un temps où la dignité de l’homme concernait tous les peuples de la région, où la victoire de Dien Bien Phu, en 1954, était celle de tous les peuples de la planète, où l’agression anglo-française et le contrôle de Port Saïd, en Egypte, en 1956, furent stoppés net et les forces d’invasion contraintes à rentrer armes et plier bagages. Il fut un temps où les Barbudos entraient victorieux à la Havane, en 1958. Où les Moudjahidine, descendus des maquis en 1962, et les Moussebiline, agissant à visage découvert dans les villes et villages, libérées, fêtaient la victoire saluée par la planète Justice. Un temps où un Président – que Dieu, le tout puissant, ait son âme – défendait un « nouvel ordre économique mondial » de la tribune des Nations-Unies. De cette tribune d’où un certain Yasser Arafat appela la communauté des Nations à ne pas le laisser abandonner la branche d’olivier, de paix, pour l’obliger à faire le choix de la kalachnikov, du combat.

Un temps que les jeunes de vingt ans, à travers le monde, vont forcément redécouvrir pour éviter le chaos en guise d’héritage.

PS :

J’aime bien cette chanson dont je vous livre les paroles :

« Ce monde je l’ai fait pour toi, disait le père,

Je sais, tu me l’as dit déjà, disait l’enfant.

Je n’en demandais pas tant ».

Photo : Yasser Arafat à l’ONU

*Le Soir d’Algérie (24/5/15) (p.7)

Partager

Plus d’histoires deLibye