Tarik Hassan a publié dans Le Panafricanisme et la Renaissance Africaine 26 mai, 03:06 En intervenant en Irak sous des motifs mensongers pour défendre leurs intérêts (notamment pétroliers), les USA ont produit un très grave chaos. La chute de Saddam Hussein a laissé libre cours aux clivages ethniques et religieux très anciens qui déchirent aujourd’hui plus que jamais le pays, et elle a permis la montée en puissance d’une force islamique, l’EIL, qui opprime et massacretous ceux qui n’entrent pas dans son cadre religieux sectaire: les chiites, les yazidis, les chrétiens, les sunnites rebelles, les athées (même si ces derniers ne sont jamais mentionnés). Les objectifs de ce groupe, qui se revendique en tant qu’état, sont expansionnistes: ils visent à gagner le Moyen Orient, tous les pays musulmans (dont l’Indonésie et les pays africains) et enfin à établir un califat mondial via le recrutement dejeunes djihadistes dans le monde entier. La place des femmes est sous le voile et à la maison. La gauche anti-atlantiste a produit des analyses de la situation qui font porter toute la responsabilité de ce processus très dangereux aux USA et aux puissances occidentales. Les articles abondent pour démontrer que non seulement les USA ont produit le chaos, mais qu’ils ont modelé un épouvantail, le chef de l’EIL, Abou Bakr al Baghdadi, qui ne ferait qu’obéir à leurs ordres et suivre l’objectif qu’ils lui ont assigné afin de contrôler totalement les ressources énergétiques de l’Irak. Les exils forcés et les massacres des citoyens yazidis, chrétiens, chiites ou sunnites seraient donc imputables aux seuls Américains. De ce fait, dans les fils de discussion de journaux ou de blogs, certaines personnes de gauche ne s’intéressent guère aux aspects humains de la situation, parlent assez peu des victimes (il s’agirait de mensonges, d’exagérations ou depathos de distraction), et quand elles finissent par admettre qu’il y a de vrais morts et non des morts de cinéma, elles se préoccupent surtout des aspects géopolitiques, passant leur temps de réflexion et de discours à dénoncer les Américains avec maintes preuves à l’appui.Si ces analyses géopolitiques des projets américains et occidentaux sont pertinentes, éclairant une partie des choses, elles ne rendent pas compte de l’ensemble des forces actuellement à l’œuvre en Irak, en Syrie, au Moyen-Orient et dans le monde.Elles passent sous silence d’une part l’histoire très longue des pays du Moyen Orient qui existaient et connaissaient des graves conflits, invasions, massacres, guerres, avant la colonisation et lapartition opérées par les pays occidentaux, et d’autre part la spécificité idéologique et politique de l’extrémisme islamiste. Jean-Pierre Filiu, (1) dans un entretien mis en ligne ce matin par la rédaction de Mediapart, apporte un élément intéressant: l’EIL s’appuie sur une eschatologie musulmane, fondée sur des mythes partagés par les sunnites et les chiites. Ces mythes de guerre et de toute-puissance, dans lesquels les musulmans obligent les Antéchrist à se convertir ou à mourir, alimentent l’attrait qu’exercent les »exploits » fort bien médiatisés, vidéos à l’appui,de l’EIL, sur de jeunes musulmans en quête d’idéal et prêts à devenir les martyrs d’une cause transcendantale. Face à cette force destructrice, les pays autour de l’Irak (Syrie, Iran, Turquie) et tous lespays à dominante musulmane (Maghreb, Indonésie) ont tiré la sonnette d’alarme.Car eux connaissent parfaitement les mythes fondateurs de l’EIL, et ils savent de quels chaos et de quelles catastrophes ces mythes sont porteurs, notamment pour tous ces jeunes gens qui, en Occident et en Orient, se sentent humiliés ou niés par les pays où ils vivent. | | | | | | Tarik Hassan a publié dans Le Panafricanisme et la Renaissance Africaine | | | | | | En intervenant en Irak sous des motifs mensongers pour défendre leurs intérêts (notamment pétroliers), les USA ont produit un très grave chaos. La chute de Saddam Hussein a laissé libre cours aux clivages ethniques et religieux très anciens qui déchirent aujourd’hui plus que jamais le pays, et elle a permis la montée en puissance d’une force islamique, l’EIL, qui opprime et massacretous ceux qui n’entrent pas dans son cadre religieux sectaire: les chiites, les yazidis, les chrétiens, les sunnites rebelles, les athées (même si ces derniers ne sont jamais mentionnés). Les objectifs de ce groupe, qui se revendique en tant qu’état, sont expansionnistes: ils visent à gagner le Moyen Orient, tous les pays musulmans (dont l’Indonésie et les pays africains) et enfin à établir un califat mondial via le recrutement dejeunes djihadistes dans le monde entier. La place des femmes est sous le voile et à la maison.La gauche anti-atlantiste a produit des analyses de la situation qui font porter toute laresponsabilité de ce processus très dangereux aux USA et aux puissances occidentales. Les articles abondent pour démontrer que non seulement les USA ont produit le chaos, mais qu’ils ont modelé unépouvantail, le chef de l’EIL, Abou Bakr al Baghdadi, qui ne ferait qu’obéir à leurs ordres et suivre l’objectif qu’ils lui ont assigné afin decontrôler totalement les ressources énergétiques de l’Irak. Les exils forcés et les massacres des citoyens yazidis, chrétiens, chiites ou sunnites seraient donc imputables aux seuls Américains. De ce fait, dans les fils de discussion de journaux ou de blogs, certaines personnes de gauche ne s’intéressent guère aux aspects humains de la situation, parlent assez peu des victimes (il s’agirait de mensonges, d’exagérations ou depathos de distraction), et quand elles finissent par admettre qu’il y a de vrais morts et non des morts de cinéma, elles se préoccupent surtout des aspects géopolitiques, passant leur temps de réflexion et de discours à dénoncer les Américains avec maintes preuves à l’appui.Si ces analyses géopolitiques des projets américains et occidentaux sont pertinentes, éclairant une partie des choses, elles ne rendent pas compte de l’ensemble des forces actuellement à l’œuvre en Irak, en Syrie, au Moyen-Orient et dans le monde.Elles passent sous silence d’une part l’histoire très longue des pays du Moyen Orient qui existaient et connaissaient des graves conflits, invasions, massacres, guerres, avant la colonisation et lapartition opérées par les pays occidentaux, et d’autre part la spécificité idéologique et politique de l’extrémisme islamiste. Jean-Pierre Filiu, (1) dans un entretien mis en ligne ce matin par la rédaction de Mediapart, apporte un élément intéressant:l’EIL s’appuie sur une eschatologie musulmane, fondée sur des mythes partagés par les sunnites et les chiites. Ces mythes de guerre et de toute-puissance, dans lesquels les musulmans obligent les Antéchrist à se convertir ou à mourir, alimentent l’attrait qu’exercent les »exploits » fort bien médiatisés, vidéos à l’appui,de l’EIL, sur de jeunes musulmans en quête d’idéal et prêts à devenir les martyrs d’une cause transcendantale. Face à cette force destructrice, les pays autour de l’Irak (Syrie, Iran, Turquie) et tous lespays à dominante musulmane (Maghreb, Indonésie) ont tiré la sonnette d’alarme.Car eux connaissent parfaitement les mythes fondateurs de l’EIL, et ils savent de quels chaos et de quelles catastrophes ces mythes sont porteurs, notamment pour tous ces jeunes gens qui, en Occident et en Orient, se sentent humiliés ou niés par les pays où ils vivent. | |
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