Théorie du complot : comment le « Le Style paranoïaque » fut détourné par les néo-conservateurs (1/2)
30 mai 2015
INVESTIG’ACTION
Théorie du complot : comment le « Le Style paranoïaque » fut détourné par les néo-conservateurs (1/2)
28 avril 2015
Pourquoi Hofstadter, l’auteur du best seller « le style paranoïaque » ne parle-t-il pas des groupes de gauche quand il aborde le sujet ? Tout simplement parce que dans sa démonstration, il y a une condition sine qua non à remplir pour appartenir au style paranoïaque, et donc aux adeptes des théories du complot. L’ennemi est considéré comme étant totalement mauvais, notamment sur le plan des mœurs. Il a pactisé avec des forces démoniaques dotées d’une puissance quasi-surnaturelle. Ce qui nous renvoie par exemple au jargon de George W. Bush et son « Axe du Mal ». Or historiquement les groupes de gauche se sont construits sur une autre théorie, communément appelée lutte des classes.
« The Paranoid Style in American Politics » (Le Style paranoïaque dans la Politique américaine) est un ouvrage de l’historien américain Richard Hofstadter (1916-1970). Très souvent repris pour expliquer les théories du complot de la droite radicale en Amérique, cet essai fit autorité dès sa parution en 1964.
Dans un premier temps, l’historien revient sur une période de l’histoire américaine (1950/1956) qualifiée de « chasse aux sorcières ». Ce terme tient son origine de la campagne de répression anti-communiste qui fut orchestrée par le sénateur Joseph McCarthy qui parlait de la situation des États-Unis, selon lui « périlleuse ». En substance McCarthy s’exprimait ainsi :
« Comment pouvons-nous expliquer notre situation actuelle à moins que nous croyions que les hommes haut placés dans ce gouvernement travaillent de concert pour nous livrer à la catastrophe ? Ceci doit être le produit d’une grande conspiration, une conspiration si ignominieuse que, lorsqu’elle sera mise à jour, ses principaux protagonistes seront à jamais voués aux gémonies par les honnêtes gens. »
Hofstadter réexamine alors à la loupe l’Histoire américaine et nous fait remonter en 1797, année où l’écossais John Robison affirmait avoir les preuves d’une conspiration contre toutes les religions et les gouvernements de l’Europe. Il publie Proofs of Conspiracy, un livre édité à Edimbourg qui plus tard sera réimprimé à New York.
Dans ce livre, Robison développe la thèse d’un complot de la franc-maçonnerie elle-même infiltrée par les Illuminés de Bavière qui seraient les véritables commanditaires de la révolution française. Cette théorie est analogue à celle du prêtre jésuite français Augustin Barruel.
Les théories de Robison et Barruel s’exportèrent vers les États-Unis, à travers la Nouvelle-Angleterre en pleine effervescence. En 1798, le révérend Jedidiah Morse prononce des sermons dans lesquels il soutient le livre de John Robison. Ces sermons ont été imprimés et cette affaire fut suivie par de nombreux journaux. Rappelons que le parti anti-maçonnique (Anti-Masonic party) fut créé en 1828.
Dans son ouvrage, Richard Hofstadter aborde également plusieurs autres théories du complot : Par exemple le complot jésuite, la conspiration des banquiers internationaux, le complot des papes, le complot des catholiques (…). Ses décryptages nous permettent de comprendre comment périodiquement le style paranoïaque réapparaît sous la forme de « groupes de défense » de la droite radicale que Hofstadter qualifie de pseudo-conservateurs.
Le candidat pseudo-conservateur à l’origine du conservatisme moderne
Si l’étude de Hofstadter obtint un succès retentissant en 1964, c’est en grande partie parce qu’elle abordait principalement (80% du livre) l’influence politique d’une des figures incontournables de la droite américaine de l’époque, le sénateur Barry Goldwater, qui se présentait à l’élection présidentielle cette année-là contre le démocrate Lyndon Johnson, déjà président depuis l’assassinat de Kennedy un an plus tôt. Goldwater affirmait que son pays était menacé par les complots de la gauche et pour beaucoup d’observateurs, la campagne profondément anti-New Deal, anti-sociale et anti-communiste que mena Goldwater, servit d’assise au programme économique et social de Ronald Reagan en 1981. L’essentiel des travaux de l’historien fut publié par le magazine Harper en Novembre 1964. Ce premier article servit d’ébauche à l’ouvrage final.
The Paranoid Style in American Politics Harper’s Magazine
La préface à l’édition française de 2012 : un détournement
Pour comprendre le détournement opéré depuis les années 1990, revenons sur la trentaine de pages qui composent la préface de l’édition française de 2012. Cette préface est signée Philippe Raynaud. Il y souligne que Barry Goldwater avait pris le contrôle du parti Républicain, et que l’élection de Reagan concrétise le style paranoïaque. Il souligne également que Reagan apporta un soutien sans faille à Goldwater pour la présidentielle de 1964. Jusque-là rien de très original, c’est le point de vue majoritaire. Mais très vite nous comprenons que Raynaud va tout faire pour minimiser l’importance du style paranoïaque dans la politique américaine conventionnelle.
La faute au Tea Party ?
Ainsi Raynaud explique succinctement que les Tea Party sont les principaux dépositaires du style paranoïaque. Avec les Tea Party, Raynaud a « trouvé son grand méchant loup » : il écrit « On peut retrouver les thèses de Goldwater dans les courants autour des mouvements Tea Party« .
Il est donc important de rappeler ici que le Tea Party est bel et bien une composante à part entière du Parti Républicain. Trois exemples significatifs : En 2012 sous l’impulsion de la mouvance du Tea Party, le gouverneur républicain anti-syndicats Scott Walker fut réélu dans le Wisconsin. Lors de la Présidentielle de 2008, le candidat républicain John McCain choisit l’égérie du mouvement des Tea Party Sarah Palin comme colistière pour le poste suprême. Enfin rappelons-nous que Rand Paul, autre figure du mouvement Tea Party, fils du candidat à la primaire Républicaine Ron Paul, a officiellement soutenu Mitt Romney pour l’élection présidentielle de 2012.
Le pseudo-conservatisme aurait disparu avec Goldwater ?
Philippe Raynaud nous explique les choses ainsi : « Dans la perspective de Hofstadter, la révolte pseudo-conservatrice était une pathologie de la démocratie que l’échec de Goldwater avait permis de surmonter« .
Pourtant Hofstadter est très clair et nous dit : « En 1954, à l’apogée de l’ère maccarthyste, j’écrivais qu’il fallait considérer la droite américaine non comme un mouvement néo-fasciste se préparant à la conquête du pouvoir, mais plutôt comme une minorité efficace et persévérante dont la principale nuisance serait de faire naître un climat où la poursuite rationnelle du bien-être et de la sécurité deviendrait impossible« . Donc pour Hofstadter le principal pouvoir de la droite conservatrice est un pouvoir d’influence. Il n’a pas besoin de remporter la Maison Blanche ni même d’obtenir l’investiture républicaine pour s’exercer.
Et n’oublions pas que Goldwater comptait parmi ses soutiens en 1964 un certain Richard Nixon, futur 37e président des États-Unis, mais aussi Gerald Ford, 38e président des États-Unis, Ronald Reagan, 40e président des États-Unis, et enfin et surtout Milton Friedman, l’économiste américain anti-New Deal qui a inspiré Ronald Reagan, Margaret Thatcher, et Augusto Pinochet.
Richard Nixon – Ronald Reagan – Barry Goldwater
La question raciale aux USA sans objet ?
Philippe Raynaud
Sur la question raciale, Philippe Raynaud considère qu’aux États-Unis la lutte contre le racisme n’a plus de raison d’être. Pour preuve, George W. Bush a nommé des noirs à des postes importants : Condoleezza Rice et Colin Powell. Et depuis, Barack Obama a été élu Président en 2008.
Or la dernière étude du site d’investigation ProPublica nous révèle que les jeunes hommes noirs tués par la police sont 21 fois plus nombreux que les jeunes hommes blancs. Le taux de chômage chez les afro-américains est le double de celui des blancs : 13,4% contre 6,7% en 2013 selon l’institut Pew Research Center. C’est même une constante depuis les années 1960 : le taux de chômage des noirs est systématiquement au moins deux fois supérieur à celui des blancs, indique l’Economic Policy Institut.
Et bien que Philippe Raynaud nous rappelle que la réforme de l’assurance santé voulue par Obama fut adoptée par les parlementaires américains, les vrais chiffres sont là pour nous rappeler qu’il ne s’agit que d’une victoire en trompe l’oeil.
Par delà les effets d’annonce, sur la base de statistiques émanant de services sociaux, l’avocate Rebecca Vallas revient sur 10 points qui résument totalement la situation économique et sociale des USA : 1 – Plus d’un demi-million de personnes sont sans-abri. 2 – Un quart des sans-abri sont des enfants. 3 – Des dizaines de milliers d’anciens combattants sont sans-abri. 4 – La violence domestique est la cause principale pour laquelle les femmes se retrouvent à la rue. 5 – Beaucoup sont sans domicile parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer un loyer. 6 – Il y a aujourd’hui moins de locations abordables pour les pauvres. 7 – Ces dernières années, des millions de personnes ont perdu leur maison. 8 – L’état ne fournit pas autant d’aides qu’on le pense. 9 – Un sans-abri sur cinq souffre de maladie mentale grave non traitée. 10 – Les villes criminalisent de plus en plus l’impossibilité de se loger.
Un impératif dans le système Hofstadter
Lorsque Philipe Raynaud écrit : « Hofstadter n’a jamais prétendu que la droite avait le monopole du style paranoïaque« , il semble très affecté par le fait que la thèse de Hofstadter s’appuie essentiellement sur la croisade anti-communiste menée par Joseph McCarthy et Barry Goldwater. Il confirme d’ailleurs cette impression quelques lignes plus loin où, semblant joindre frustration et mépris il ajoute : « Hofstadter montre qu’il a toujours été étranger au pathos de la gauche radicale. »
Alors pourquoi Hofstadter ne parle-t-il pas des groupes de gauche quand il aborde le style paranoïaque ? Tout simplement parce que dans la démonstration de Hofstadter, il y a une condition sine qua non à remplir pour appartenir au style paranoïaque, et donc aux adeptes des théories du complot. L’ennemi est considéré comme étant totalement mauvais, notamment sur le plan des mœurs. Il a pactisé avec des forces démoniaques dotées d’une puissance quasi-surnaturelle. Ce qui nous renvoie par exemple au jargon de George W. Bush et son « Axe du Mal ».
Or historiquement les groupes de gauche se sont construits sur une autre théorie, communément appelée lutte des classes. Impulsé par Marx, le concept de lutte des classes fut l’élément commun à la totalité des mouvements contestataires de gauche. Rien de religieux, pas non plus de grands complots pour les penseurs de la lutte des classes, seulement une société organisée en classes concurrentes. Et quoi que l’on puisse penser de cette approche, le milliardaire américain Warren Buffett déclarait : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner ».
Bilderberg : attention pas touche
Sur le groupe Bilderberg, Raynaud écrit : « ce séminaire informel de dirigeants politiques et économiques qui, aujourd’hui encore, est l’une des cibles favorites de tous les courants conspirationnistes de droite et de gauche ( … )« .
Inflexibles les néo-libéraux et les néo-conservateurs concernant le Bilderberg : Vous n’avez pas fini de terminer la dernière syllabe que ces derniers vous traitent de « conspirationniste » ! A l’exception de quelques parutions, nous ne connaissons pas grand chose sur le Groupe Bilderberg. Toutefois en 2011 fut publié l’ouvrage « L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie » de l’ancien journaliste du Monde Hervé Kempf. D’après lui, « les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entamées. Dans tous les pays occidentaux, la démocratie est attaquée par une caste« . Calomnié par quelques fantassins de la sphère néo-libérale / néo-conservatrice depuis la sortie de son livre, Hervé Kempf ne parle pourtant pas de complot, mais plus modestement d’un réseau antidémocratique au service de la classe sociale de Warren Buffett.
Et cinquante ans après, l’analyse de Kempf va dans le même sens que les travaux de Hofstadter, ce dernier voyant
le problème ainsi : « On pourrait objecter qu’il a bel et bien existé des actes de conspiration au cours de l’histoire et que ce n’est pas paranoïaque que de prendre acte de leur présence. J’en conviens. Le trait distinctif du style paranoïaque ne tient pas du fait que ses représentants voient des conspirations ou des complots çà ou là au cours de l’histoire, mais au fait qu’à leurs yeux une vaste et gigantesque conspiration constitue la force motrice des événements ourdie par des forces démoniaques. »
Ainsi pour Hofstadter le style paranoïaque revêt du manichéisme mystique qui paradoxalement est proche de la vision apocalyptique des néoconservateurs qui ont depuis longtemps détourné son propos.
Raynaud chez Finkielkraut
On notera tout d’abord que directeur de conscience labellisé néoconservateur Alain Finkielkraut ne se prive pas d’inviter dans son émission Répliques, sur France Culture, son collègue idéologue Philippe Raynaud qui figure en effet parmi les invités les plus fréquents !
Encore sur France Culture dans l’émission « Le Rendez-vous des Politiques » du 23 décembre 2012 animée par Alain Finkielkraut, Philippe Raynaud (en pleine campagne de promotion) confirme son positionnement en minimisant autant que possible l’influence de l’ultra-droite américaine au sein du Parti Républicain. Titre du jour : « Paranoïa politique », avec comme autre invité Véronique Campion-Vincent, auteur de « La Société parano ».
Conforté dans ses positions anti-Chomsky et pro-USA par Véronique Campion-Vincent, Finkielkraut ira jusqu’à dire « les Etats-Unis sont les boucs émissaires« , et il s’offusque de la visite de Noam Chomsky à Paris. Campion-Vincent et Finkielkraut qualifient Chomsky d’écrivain conspirationniste qui a eu l’impertinence et l’audace d’écrire La Fabrication du Consentement : De la Propagande médiatique en Démocratie.
Partie 2 https://www.youtube.com/watch?v=ri3…
Basés sur cette imposture de rhétorique, les néoconservateurs placardent les mots « paranoïaques », « complotistes » ou encore « conspirationnistes » sur tout ce qui obstrue leur suintement idéologique. Conspirationniste ? Étienne de La Boétie quand il rédige le Discours de la servitude volontaire ? Conspirationniste ? Honoré de Balzac lorsqu’il écrit « Derrière chaque grande fortune il y a un crime » ? Conspirationniste ? Victor Hugo pour cette citation : « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches » ?
Mais alors Alain Finkielkraut est paranoïaque quand il écrit : « Les noirs et les arabes ont la haine de la France » ? Ou « les Antillais vivent de l’assistance de la métropole » ? Ou encore « l’équipe de foot de France est ’black-black-black’, […] elle est devenue la risée de toute l’Europe » ?
Se référer à Alain Finkielkraut oula nouvelle pureté nationale.
Daniel Pipes, le propagandiste ultra sioniste à l’origine du détournement
Daniel Pipes
Daniel Pipes fut l’un des premiers néo-cons sionistes à contrefaire les travaux de Richard Hofstadter, et cela dès le début des années 1990. Pour Pipes, les historiens « hofstadteriens » sont devenus obsolètes ; Pipes qui précise : « Jusqu’à présent, la paranoïa dans la société américaine était à droite, mais aujourd’hui elle s’est écartée de sa maison traditionnelle pour migrer vers la gauche. »
Si dans un souci de cohérence, Hofstadter s’applique à partir d’un point A pour aller vers un point B, avec Pipes nous entrons dans une nouvelle ère, celle des intellectuels néo-cons beaucoup plus enclins à la propagande qu’à la rigueur scientifique. Ainsi sans vergogne Pipes distille des rapports douteux par l’intermédiaire du « Middle East Forum », son média personnel. Par exemple : « L’enfance musulmane de Barack Obama ». Pas la moindre ligne directrice dans les billets de Pipes, seulement un martelage islamophobe en boucle. Il évoque ad nauseam les délires arabes, ou encore « le conspirationnisme et l’antisémitisme des palestiniens« .
Daniel Pipes, figure emblématique du néoconservatisme, entouré par Michel Zerbib, directeur de l’information à Radio J, et Christian Malard, chroniqueur politique sur la chaîne israélienne i24news, lors d’une remise de « Prix de la Liberté » décerné par l’Institut Gatestone à Jeanette Bougrab.
Il faut dire que pour Pipes, soit les arabes se soumettent, soit l’occident doit les écraser. Ce belliciste acharné considère par exemple que l’état d’Israël « manque de fermeté vis-à-vis des Palestiniens« . A propos des professeurs, Chomsky en tête, qui s’opposent à la guerre que Bush mena en Irak, Pipes intitule l’une de ses chroniques « Profs qui haïssent l’Amérique » . La consécration, Pipes l’obtient à la suite des événements du 11-Septembre. Dès lors il est l’homme que les médias s’arrachent, il interviendra dans 110 émissions de télévision et 450 émissions de radio. Il est une source d’inspiration principale pour les néoconservateurs et autres extrémistes français comme Taguieff et son disciple Rudy Reichstadt pour qui Pipes est « auteur d’un ouvrage remarquable sur le phénomène conspirationniste« .
Plusieurs des pseudos études de Pipes sont disponibles en français (Conspiracy theories). Toutes les théories et analyses de Pipes ont pour tronc commun d’inciter systématiquement le lecteur à s’en tenir aux discours officiels, surtout quand le récit est favorable à la gloire des Etats-Unis et d’Israël, cela va de soi.
Le Middle East Forum que préside Daniel Pipes a financé la défense de Geert Wilder, leader de l’extrême droite néerlandaise, poursuivi pour incitation à la haine raciale. Geert Wilder comparait le Coran à Mein Kampf, et appelait les musulmans à se conformer à la « culture dominante » ou à s’en aller. Il sera relaxé en 2011.
En 2002, le Middle East Forum lance Campus Watch, un programme de délations dans lequel est établie une liste noire de professeurs aux déclarations jugées « anti-israéliennes ». Les méthodes de type « chasse aux sorcières » employées par Campus Watch seront largement condamnées par la presse. Pour l’hebdomadaire américain The Nation, Kristine McNeil décrit Pipes comme un propagandiste « anti-arabe » qui a construit sa carrière sur une distorsion de la réalité. On constate cette déviance avec le détournement de l’analyse de Hofstadter pour servir l’idéologie néo-conservatrice.
A suivre dans la partie 2…
Source : https://anticons.wordpress.com/2015…