Nouveau procès pour Kemi Seba : compte rendu du Cercle des Volontaires
18 juin 2015
Nouveau procès pour Kemi Seba : compte rendu du Cercle des Volontaires
Le militant panafricain Kemi Seba était convoqué ce mardi 16 juin à la 17eme chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris, suite à une plainte pour incitation à la haine raciale déposée par Ahmed Meguini, journaliste proche des néoconservateurs Bernard Henry Lévy et Caroline Fourest. Un seul mot aura suffit à mettre en branle bas de combat la République; dans une lettre écrite alors qu’il était incarcéré à là prison de Fleury-Mérogis en septembre 2014, il qualifiait le journaliste de « collabeur »:
Déterrer en 2014 une pseudo-affaire de violence (que j’ai toujours niée) datant de 2008 faite sur des journalistes proches de Caroline Fourest (j’ai nommé le collabeur Ahmed Meguini et l’ultrasioniste Alexis David)
La plaignant qui avait déposé sa plainte le 2 octobre 2014 au commissariat du 7ème arrondissement de Paris n’était pas présent lors de l’audience. Kemi Seba qui assure avoir appris sa convocation par Twitter, avait fait le déplacement depuis Dakar afin d’assurer lui-même sa défense. Nous avons pu l’interviewer avant le début du procès.
Il convient de noter tout d’abord, que se tenait au même endroit, la même journée, les procès de Robert Faurisson et de Paul-Eric Blanrue. Une manière insidieuse d’amalgamer toutes les paroles non conventionnelles dans un gloubi-boulga idéologique fait de militantisme politique, de négationnisme et d’incitation à la haine raciale, soit la recette parfaite du complotisme en libre accès sur antifa.fr.
Avant le début de l’audience, l’ambiance est détendue, la convocation étant jugée grotesque par Kemi Seba et la cinquantaine de militants venus le supporter, dont Salim Laïbi.
La séance commence par un rappel de faits antérieurs, notamment celui de l’altercation survenue en 2008 avec le plaignant et qui avait entraîné le placement de Kemi Seba à la maison d’arrêt de Fleury-Merogis en 2014. Après avoir répondu aux questions des magistrats, il commence sa plaidoirie en expliquant l’origine du terme incriminé et son utilisation par des français d’origine maghrébine eux-mêmes, réfutant le caractère injurieux et racial de l’emploi du terme « collabeur ». Il s’agit pour lui d’un « qualificatif politique », » un point de vue » sur Ahmed Meguini par rapport à ses travaux et prises de position, rappelant que ce dernier se qualifie lui-même de « beur » sur twitter. S’en suit le réquisitoire du procureur qui gratifie l’assemblée d’un magnifique « point shoah » en insinuant que Kemi Seba serait hostile à BHL à cause de sa judéité. Puis, ramené par le juge à de prétendues paroles négationnistes qu’il aurait tenues par le passé, Kemi Seba ne manque pas de retourner cette invective en déclarant « la shoah j’y crois » sur un ton beaucoup trop enthousiaste pour paraître parfaitement sincère, ne manquant pas de provoquer des éclats de rire dans le public. Ainsi, bien que poli et courtois tout au long de l’audience, « l’afro insolent » ne manque pas de renvoyer la République de Charlie au mensonge originel de sa devise tant martelée « Liberté – Égalité – Fraternité ».
Le Jugement sera rendu le 15 septembre 2015, mais vu l’indépendance de la justice française lors d’affaires à caractère politique, il y a tout lieu de penser que la possibilité d’une relaxe est extrêmement mince.
Baptiste Mannaia