Sommet du G7 en Allemagne : La réunion des grandes puissances confirme les plans de guerre et d’occupation
20 juin 2015
Sommet du G7 en Allemagne :
La réunion des grandes puissances confirme les plans de guerre et d’occupation
par K. C. Adams
Les dirigeants du Groupe des sept grandes puissances (G7) se sont réunis les 7 et 8 juin à Elmau, en Bavière allemande, dans le cadre de leur sommet annuel. Il s’agit du deuxième sommet depuis que la Russie a été expulsée du Groupe des huit en 2014, en guise de représailles suite au référendum par lequel le peuple de Crimée a décidé de quitter l’Ukraine et de se joindre à la Fédération de la Russie. Les membres restants du G7 sont les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et le Canada. L’Union européenne y est aussi représentée.
Le communiqué final du sommet du G7 de juin ne laisse aucun doute à l’effet que les valeurs et les principes des dirigeants impérialistes sont partagés par tous. Selon le communiqué : « Guidés par nos valeurs et nos principes communs, nous sommes déterminés à travailler en étroite collaboration pour relever les défis économiques et politiques internationaux de notre temps. »
Déclaration finale du G7
Le communiqué énumère les défis qui selon les dirigeants du G7 représentent des obstacles à leurs économies capitalistes monopolistes : « Bon nombre de nos économies fonctionnent en deçà de leur capacité et il faut redoubler d’efforts pour atteindre notre objectif — une croissance solide, durable et équilibrée. Le chômage dans les pays du G-7 est encore trop élevé, même s’il a considérablement diminué au cours des dernières années. Nous demeurons aussi confrontés à des défis tels que la faiblesse prolongée des taux d’inflation, de même que la faiblesse des investissements et de la demande. Mentionnons aussi la forte dette des secteurs public et privé, les déséquilibres internes et externes soutenus, les tensions géopolitiques ainsi que la volatilité des marchés financiers. »
Face à ces défis, les participants au sommet s’engagent à poursuivre la même direction néolibérale « en protégeant les droits de propriété intellectuelle ; en soutenant les investissements privés par l’instauration d’un climat favorable aux affaires, en particulier pour les petites et moyennes entreprises ; en veillant à ce que les investissements publics soient suffisants ; en faisant la promotion de l’investissement dans des infrastructures de qualité pour corriger les lacunes grâce à la mobilisation efficace des ressources en partenariat avec le secteur privé et en augmentant la productivité par la mise en oeuvre de nouvelles réformes structurelles ambitieuses. […] Nous avons établi pour l’avenir les priorités suivantes : une mise en oeuvre complète, cohérente et rapide des réformes convenues sera essentielle pour garantir un système financier mondial qui soit ouvert et résilient. »
Consolidation du droit de monopole à l’échelle mondiale
En réaction aux nombreuses critiques de leurs manigances pour payer les riches et visant à dépanner leurs monopoles préférés à même les fonds publics, les dirigeants du G7 ont convenu de changer le nom des compagnies dites « trop grosses pour faire faillite » en institutions « mondiales d’importance systémique. » Plus particulièrement, au sujet des institutions financières, les dirigeants du G7 ont dit : « Nous restons déterminés à adopter la norme internationale commune proposée sur la capacité d’absorption totale des pertes des institutions d’importance systémique. »
Au sujet des problèmes flagrants dus au parasitisme et à la décadence du système impérialiste par lequel la richesse sociale colossale est échangée mondialement, siphonnant les économies socialisées des fonds nécessaires pour leur développement et pour répondre aux besoins du peuple, les dirigeants impérialistes ont fait valoir l’importance de consolider leur contrôle monopoliste mondial et de combattre tout effort visant à restreindre le droit de monopole. Dans le communiqué, on peut lire : « Afin d’aider à réduire les risques systémiques et à accroître la transparence, nous tenons aussi à souligner l’importance d’une coopération transfrontalière accrue dans le domaine de la réglementation financière pour augmenter l’efficacité des règlements, surtout en ce qui concerne la réforme en matière de redressement et de marchés des instruments dérivés. »
Aussi, afin de consolider leur ingérence dans les affaires d’autres pays, de contrôler leurs transactions financières et d’espionner leurs activités, les dirigeants impérialistes du G7 déclarent : « Nous nous engageons à promouvoir fortement l’échange automatique de renseignements sur les règles fiscales internationales. Nous nous réjouissons en outre de la mise en oeuvre rapide de la nouvelle norme mondiale pour l’échange automatique de renseignements d’ici la fin de 2017 ou 2018, y compris par tous les centres financiers qui doivent suivre les procédures législatives nécessaires. Nous exhortons également les administrations qui ne l’ont pas fait encore, ou l’ont fait de manière insuffisante, à se conformer rapidement à la norme internationale sur l’échange de renseignements sur demande. »
L’évasion fiscale et la corruption rampante des riches est une arme permettant d’étendre leur contrôle sur les autres et d’imposer leurs sanctions et leurs blocus économiques contre tous ceux qui s’opposent à eux. Voilà pourquoi les dirigeants du G7 écrivent : « Nous reconnaissons l’importance de la transparence en matière de propriété effective pour lutter contre l’évasion fiscale, la corruption et les autres activités qui génèrent des flux financiers illicites. »
La promotion du libre-échange comme fer de lance économique de la mondialisation impérialiste pour attaquer les droits des nations et des peuples partout
En dépit de l’opposition massive de tous les pays concernés, y compris le Canada, les dirigeants du G7 ont réitéré leurs opinions néolibérales sur le libre-échange en tant que moyen de consolider le droit de monopole mondialement et d’attaquer les droits souverains des nations de développer leurs propres économies comme elles le jugent nécessaire, de restreindre le droit de monopole et de servir l’intérêt public :
« Favoriser la croissance économique mondiale en réduisant les obstacles au commerce demeure impératif et nous réaffirmons notre volonté de préserver l’ouverture de nos marchés. Nous demeurons engagés à réduire les obstacles au commerce et à améliorer la compétitivité en prenant des mesures unilatérales visant à libéraliser nos économies. Nous nous félicitons des efforts en cours pour conclure de nouveaux accords de libre-échange (ALE) bilatéraux et régionaux, à la fois ambitieux et rigoureux, et nous nous réjouissons à l’avance des progrès rapides dans les négociations plurilatérales, y compris l’Accord sur le commerce des services (ACS), l’élargissement de l’Accord sur les technologies de l’information (ATI) et l’Accord sur les biens environnementaux (ABE). Nous saluons les progrès accomplis dans le cadre des grandes négociations commerciales en cours, notamment le Partenariat transpacifique (PTP), le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI) ainsi que l’accord de partenariat économique UE-Japon. Nous nous félicitons de la conclusion des négociations sur l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne et attendons avec intérêt sa rapide entrée en vigueur. Nous ferons en sorte que nos ALE bilatéraux et régionaux appuient l’économie mondiale. »
Les pays du G7 ont clairement annoncé qu’ils allaient tout faire pour continuer leur domination des affaires économiques du monde et faire obstacle au droit d’être des nations et des peuples. Ils se sont engagés à avoir encore davantage recours à leurs institutions politiques, militaires et économiques existantes y compris l’OTAN, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et les Banques centrales. La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, et le secrétaire général de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), Angel Gurria, ont participé au sommet. Ils ont réaffirmé leur détermination à mener à bien les sanctions, les embargos, les blocus et la pression militaire contre tous les pays qui osent défier la volonté du G7.
Les pays qu’on compte harceler
Les pays ciblés spécifiquement par le G7 pour harcèlement sont, selon le communiqué, la Chine, la Russie, l’Iran, la RPDC, la Libye, la Palestine et la Syrie.
Les dirigeants du G7 ont pointé du doigt la Chine parce qu’elle ne respecterait pas le « système fondé sur les règles dans le domaine maritime » ni « l’utilisation légale, libre et sans entraves des océans du monde » et parce qu’elle attiserait « les tensions qui prévalent dans les mers de Chine orientale et méridionale » et aurait recours à « l’intimidation, à la coercition ou à la force, ainsi qu’à l’imposition unilatérale de mesures qui cherchent à renverser le statu quo, comme une mise en valeur territoriale à grande échelle ».
Les forces armées des États-Unis, appuyées avec enthousiasme par le Japon militariste occupé par les États-Unis, ont mis en place en tant que « pivot vers l’Asie » 60 % de l’actif militaire des États-Unis autour de la Chine et de la péninsule coréenne. Ce pivot militaire sert aussi à mettre en oeuvre la vieille tactique coloniale de « diviser pour régner » en attisant les tensions entre la Chine et ses voisins et en minant de façon active tout effort visant à développer des relations amicales entre les peuples d’Asie.
Les impérialistes étasuniens occupent toujours le Japon et la Corée du Sud, y ayant implanté une multitude de bases militaires et s’ingérant ouvertement dans leur vie politique. Leurs sous-marins armés d’ogives nucléaires et leurs armadas dotées de porte-avions sillonnent les océans d’Asie, se prêtant sans arrêt à des exercices de guerre dirigés contre la Chine et la RPDC mais aussi contre les peuples du Japon et de la Corée du Sud. Les impérialistes étasuniens ne démordent pas en dépit de l’évidence grandissante à l’effet que le principal obstacle à la paix et aux relations saines entre les peuples d’Asie est précisément la présence et les activités sinistres des forces armées étasuniennes.
Le G7 attaque la Russie
Les dirigeants du G7 tiennent la Russie responsable du coup d’État fasciste en Ukraine et de la guerre du régime du coup de Kiev contre son propre peuple vivant dans les régions est et sud du pays. Les pays du G7 ont spécifiquement exprimé leur mécontentement devant le fait que le peuple de Crimée avait résisté au coup fasciste du régime de Kiev et voté massivement lors d’un référendum de quitter l’Ukraine et de se joindre à nouveau à la Russie, affirmant ainsi son droit démocratique. En réponse à cet acte de rébellion de la part du peuple de Crimée, et en tant que stratégie à long-terme visant à imposer un changement de régime en Russie, les grandes puissances du G7, dirigées par les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, ont laissé libre cours à leur colère en imposant des sanctions à la Russie et en rapprochant davantage des contingents des forces armées de l’OTAN des frontières de la Russie.
Les monopoles et les institutions du G7 telles le FMI et surtout les monopoles des États-Unis, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne, se cachent derrière le coup fasciste du régime de Kiev pour consolider leur contrôle des terres, des ressources et de l’économie générale de l’Ukraine. Ils veulent se servir d’une Ukraine fasciste et annexée en tant que base pour subjuguer et contrôler non seulement les anciennes républiques soviétiques mais la Russie elle-même avec ses énormes ressources naturelles.
Les contradictions au sein du G7 n’ont pas tardé à se manifester alors que le premier ministre italien, Matteo Renzi, selon les médias de masse, a « chaleureusement accueilli » le président Poutine pendant la visite de celui-ci les 10 et 11 juin à Milan et à Rome. Le président Poutine a parlé de sa « relation spéciale » entre la Russie et l’Italie, tandis que le premier ministre italien s’est engagé à intensifier la coopération économique et a salué la Russie en tant que « grand pays » avec lequel le dialogue ne doit pas être abandonné. (« En Italie, Poutine est accueilli par des mots chaleureux, une autre victoire pour lui », Christian Science Monitor)
Les impérialistes du G7 poursuivent leur guerre économique contre l’Iran
Les grandes puissances du G7 ne cessent de miner l’indépendance et la souveraineté de l’Iran et d’imposer un changement de régime. L’attaque consiste en partie à s’en prendre au droit de l’Iran d’avoir recours à l’énergie nucléaire et à se défendre. Tandis que les impérialistes étasuniens sont armés jusqu’aux dents, brandissant toutes sortes d’armes de destruction massive et se servant de leurs bases militaires et de leurs embargos économiques dans toutes les régions du monde pour attaquer, intimider et dominer le peuple, les grandes puissances du G7 déforment totalement la réalité en exigeant que l’Iran collabore « pleinement avec l’Agence internationale de l’énergie atomique à la vérification de ses activités nucléaires et de régler toutes les questions laissées en suspens, y compris celles concernant d’éventuelles dimensions militaires » sans quoi il subira les conséquences des sanctions économiques et de la pression militaire.
La RPDC visée
Les grandes puissances du G7 ont imposé des sanctions draconiennes contre la RPDC dans leurs efforts visant à nier son droit d’être. Les impérialistes étasuniens refusent de signer un traité de paix qui mettrait fin à la guerre d’agression et d’occupation contre la Corée et menacent sans arrêt la RPDC en menant des exercices de guerre sur ses frontières terrestres et maritimes ainsi que toutes sortes de provocations. Avec une hypocrisie la plus profonde le communiqué déclare, comme si les peuples du monde n’avaient pas le droit d’être : « Nous condamnons fermement la volonté de la Corée du Nord de poursuivre le développement de ses programmes de missiles nucléaires et balistiques. »
Le G7 poursuit sa guerre économique contre l’Iran
Après avoir détruit le régime anticolonial de Kadhafi en Libye, les impérialistes du G7 versent des larmes de crocodile pour la situation horrible qu’ils ont eux-mêmes créée par le biais de l’agression ouverte de l’OTAN contre un pays souverain sous la fausse bannière de la « responsabilité de protéger ». Selon le communiqué : « En Libye, nous sommes gravement préoccupés par la menace terroriste croissante, la prolifération des armes, le passage de clandestins, les souffrances humaines et l’épuisement des biens de l’État. À moins de la conclusion d’un accord politique, l’instabilité constante risque de prolonger la crise dont les plus lourdes conséquences frappent le peuple libyen lui-même. Les Libyens souffrent déjà des tentatives des groupes terroristes de s’immiscer dans les zones non gouvernées, ainsi que des réseaux criminels qui exploitent la situation en facilitant la migration clandestine par la Libye. »
Suite au démantèlement violent de l’État anticolonial de la Libye, qui était l’un des plus avancés de toute l’Afrique avec une importante infrastructure matérielle et sociale, les dirigeants du G7, de la façon la plus hypocrite qui soit, déclarent : « Nous serons prêts à offrir un important soutien à ce gouvernement inclusif et représentatif dans ses efforts pour bâtir des institutions étatiques efficaces, y compris des forces de sécurité, ainsi que pour restaurer les services publics, agrandir l’infrastructure, renforcer, reconstruire et diversifier l’économie et débarrasser le pays des terroristes et des réseaux criminels. »
La guerre contre la terreur — prétexte pour la guerre impérialiste contre les peuples du monde
La police attaque les manifestants contre le sommet du G7.
Les grandes puissances du G7, notamment les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui se sont affairées à détruire les structures d’État de tant de pays par leurs agressions et leur ingérence politique, ont créé un climat d’anarchie et de violence à l’échelle mondiale. Elles refusent de mettre un terme à l’exploitation des peuples et au vol de leurs ressources naturelles. Il est dans leur nature de piller plutôt que d’engager des relations amicales et civilisées et de pratiquer le commerce pour l’avantage et le développement réciproque.
Les grandes puissances qui forment le G7, en particulier les États-Unis et la Grande-Bretagne, sont responsables de la croissance des groupes qui tuent à qui mieux mieux et imposent la violence et l’anarchie. Ceux-ci servent les visées néfastes de ceux qui les financent et les organisent mais échappent parfois leur contrôle ou perdent leurs faveurs et mordent la main de ceux qui les ont nourris. Tournant une fois de plus la vérité à l’envers, les dirigeants du G7 écrivent:
«À la lumière du phénomène des combattants terroristes étrangers, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent doit rester prioritaire pour l’ensemble de la communauté internationale. Dans ce contexte, nous saluons les efforts continus de la Coalition mondiale pour contrer l’EIIL/Da’esh…La lutte contre le terrorisme et le financement terroriste est une priorité pour le G-7.»
Les idéaux proclamés de la lutte mondiale contre le terrorisme sont utilisés pour imposer le changement de régime et l’anarchie et la violence afin de perpétuer l’exploitation à laquelle se livre l’impérialisme américain, détruire les concurrents et attaquer les droits des peuples des pays du G7. Sous le manteau de la lutte contre le terrorisme, les pays du G7 et le monde entier versent dans l’illégalité et la loi du plus fort.
L’expansion de l’exploitation et de la concurrence impérialistes
pour les ressources des océans
Les grandes puissances qui forment le G7 considèrent que les grands fonds marins leur appartiennent et que les monopoles les plus puissants ont le champ libre pour s’accaparer des ressources qu’on retrouve dans les eaux internationales. Le communiqué du Sommet mentionne que «Nous, les pays du G-7, prenons note de l’intérêt croissant pour l’exploitation minière en mer dans des régions ne relevant pas de compétences nationales et pour les possibilités qu’elle offre…Les priorités sont la mise en place d’une réglementation offrant une plus grande certitude et une meilleure prévisibilité pour les investisseurs ».
Le problème des changements climatiques reporté au siècle prochain
Une des plus sinistres blagues à provenir du Sommet du G7 a été le bruit qui a été fait sur les changements climatiques. L’approche des dirigeants du G7 de «mesures concrètes pour lutter contre les changements climatiques» c’est de reporter toute reddition de comptes à la fin du 21e siècle! Évidemment, dans l’intérim, les monopoles du G7 veulent qu’on multiplie, transforme en marchandises et échange les «produits dérivés du marché du carbone» pour pouvoir soutirer encore plus de richesse sociale des économies du monde.
Note
1. « In Italy, Putin hears warm words — and chalks up a win, » Christian Science Monitor, 11 juin, 2015.