Du sérieux des propos d’un prétendant au trône
24 juillet 2015
SOLIDARITÉ PALESTINE
Opinion
Du sérieux des propos d’un prétendant au trône
Ahmed Halfaoui
© Ahmed Halfaoui
Jeudi 23 juillet 2015
Depuis qu’il a gravi les échelons de la notoriété, l’image de l’homme n’a jamais été reluisante et a fait le bonheur des caricaturistes. La raison en est qu’en d’autres temps, le peu d’envergure de Nicolas Sarkozy ne lui aurait même pas permis de prétendre aux seconds rôles et c’est porté par une profonde régression politique que le personnage a pu occuper le devant de la scène.
Car l’histoire est ainsi faite qui propulse sur le devant de la scène les profils adaptés aux niveaux d’exigence de chaque époque. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut négliger ce que le bonhomme a dit à Tunis. Libéré des obligations officielles et/ou diplomatiques, il exprime bel et bien des visées réelles sur l’Algérie, un rêve absolu de néocolonialiste convaincu que la conjoncture est propice à une reconquête du terrain perdu, quelle que soit la forme que cela prendra. Nous avons pu voir avec quel entrain il a été l’initiateur de la destruction de la Libye et sa jubilation après l’assassinat de Mouammar Kadhafi, son mécène.
Nous avons pu l’entendre, en tant que président de son pays, faire cette déclaration : « les opérations militaires qui ont été menées par la France en Algérie qui, je le rappelle, appartenait alors au territoire national, ont été engagées par la République française et conduites sous l’autorité de gouvernements légitimes et démocratiquement élus. » Il défendait, bien sûr, avec aplomb l’idée que la guerre de répression menée contre le peuple algérien, les massacres, la torture institutionnalisée, avaient une légitimité.
Il est même allé plus loin quand, aux yeux des pieds noirs et des harkis, il devait justifier l’indépendance algérienne. Sur le sujet, il considère que c’est à son corps défendant que la puissance coloniale a dû se résoudre à la chose, une façon de signifier des regrets et de suggérer que la disponibilité au fait colonial persiste.
Ecoutons-le : « Mais où est la responsabilité de la France ? D’avoir été une puissance coloniale ou d’avoir accepté un processus de décolonisation en Algérie comme toutes les puissances coloniales ont, partout, été contraintes de le faire ? » Alors les propos servis aux Tunisiens prennent toute leur importance et ceux qui doutent de son avenir risquent d’avoir des surprises, parce qu’ils occultent la décrépitude du contexte politique français, la progression fulgurante des courants de pensée les plus rétrogrades et les fortes probabilités que le choix se portera vers ceux qui proposent la haine de l’autre, la sécurité, au prix de la neutralisation de « l’ennemi intérieur », et la restitution de « sa grandeur » au pays. Ceci sans omettre que le pouvoir « socialiste » actuel, comme il l’a démontré, ne doit pas diverger de beaucoup avec le va-t-en guerre Sarkozy.
Rien ne coûte, dès lors, sans paranoïa aucune, de ne pas mépriser ou de minorer les déclarations de ce monsieur, qui ne doivent pas faire office de simple ballon sonde. Même les délires les plus fous peuvent avoir une matérialité, surtout que l’Occident est aux abois et qu’il a prouvé, à maintes reprises, qu’il a inauguré une nouvelle ère où il compte bien remodeler la planète selon ses propres perspectives.
Ahmed.Halfaoui