Une cinquantaine de cultivateurs cambodgiens ont décidé de mener une action en justice contre deux sociétés du groupe français Bolloré. Ces derniers accusent le géant français de massacrer leur terre en pratiquant une culture massive d’hévéas.
Ils vivent dans un petit village à l’est du Cambodge, Bousra, situé à plus de 10 000 kilomètres de Paris. Des paysans pauvres qui viennent pourtant d’assigner en justice le groupe Bolloré et ses 10,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014 .
Expropriations, déplacements de populations, perte de revenus, insécurité alimentaire, perte de la biodiversité, déforestation et destruction de forêts sacrées: voici les griefs portés par cette cinquantaine de requérants cambodgiens auprès du Tribunal de Grande Instance de Nanterre. Une plainte qui vise deux entreprises du groupe Bolloré (la société Bolloré et la Compagnie du Cambodge) accusées de gérer dans la région de Bousra, via une joint-venture Socfin-KCD, la culture massive et destructrice d’hévéas, cet arbre à caoutchouc servant notamment dans la fabrication de pneus.
Dénonçant «la perte de leurs ressources économiques, la destruction de leurs lieux de culte et la dégradation de leur environnement», les habitants de Bousra réclament donc la «restitution des terres et des indemnisations».
Des attaques que réfute le géant français, surtout connu dans l’hexagone pour ses activités dans les transports et la communication. Contactée par l’AFP, le groupe Bolloré a ainsi affirmé «n’être qu’un actionnaire minoritaire et financier (à 39%) dans Socfin, qui est géré et contrôlé par la famille belge Fabri, [quant à] la Compagnie du Cambodge, [elle] n’a plus de plantations au Cambodge depuis un demi-siècle».
Cela fait des années maintenant que Cambodgiens et associations de protection de la nature dénoncent ces déforestations massives (au profit des arbres à caoutchouc), opérées par des multinationales ayant légalement obtenu des cessions de terres de la part du gouvernement.
Un problème latent qui ressurgit également dans d’autres parties du globe. Ainsi, des paysans camerounais ont mené une action identique devant la justice en avril dernier. Ils visaient également le groupe Bolloré. Des révoltes locales qui commencent à inquiéter les grands de l’automobile, soucieux de leurs images de marque.