Le terrorisme se vend et s’achète. Les hommes politiques selon leur chapelle tiennent le discours de convenance. Les medias loin d’être à équidistance des points de vue, développent les thèses de leurs pourvoyeurs de fonds. Les enquêtes journalistiques, ça peut attendre. La propagande a le vent en poupe. Pendant ce temps les terroristes se nourrissent du sang de leurs victimes.
En Afrique, dans le Golfe de Guinée, Boko Haram sème mort et désolation. Outre le Nigeria qui subit la furie de cette secte, le Cameroun est de plus en plus la cible de ce groupe terroriste, qui, à ses trophées, a accroché le Niger et le Tchad. Qu’à cela ne tienne, ces tueurs à la gâchette facile essuient des défaites retentissantes face à la détermination des forces coalisées à protéger la population civile, défendre leur intégrité territoriale, les lois, et institutions nationales.
Techniques et stratégies se conjuguent. Peur et courage font chemin ensemble. Les renseignements et la traîtrise s’entremêlent. Information et propagande sont mises dans la même assiette. Rien n’est épargné.
Shekau aux abois
Traqué sans relâche et souvent mis en déroute par les soldats Camerounais bien avant l’entrée remarquable des soldats Tchadiens expérimentés dans la guérilla urbaine, la guerre de sable et du désert, Abubakar Shekau, chef de bande des terroristes Nigérians a depuis le début de l’année perdu son sang-froid. La peur au ventre, il a menacé, dans une vidéo postée le 5 Janvier sur Youtube, le président Camerounais Paul Biya de s’en prendre par ses actes d’une rare violence au Cameroun. Extrait : “Paul Biya, si tu ne mets pas fin à ton plan maléfique, tu vas avoir droit au même sort que le Nigeria (…) Tes soldats ne peuvent rien contre nous,” avait-il déclaré en langue arabe. Le fanfaron !
Dernières rafales verbales d’un terroriste avant son séjour outre-tombe? Pas si sûr. Shekau avait peur. Mais il était sérieux. La panique d’avoir perdu plusieurs de ses proches dans une opération de l’armée Camerounaise après l’attaque contre Achigashia, localité du nord du Cameroun, fin Décembre 2014, justifiait cet “époumonement.” “Il semblerait,” selon l’Agence Chinoise Xinhua “que beaucoup de ses proches sont morts dans les tirs d’obus le 31 Décembre,” suite aux raids de l’aviation Camerounaise après l’attaque d’Achigashia à la frontalière du Nigeria, le 28 Décembre par Boko Haram. Une correction militaire dont le président Paul Biya s’en était saisie pour appeler les djihadistes à “prendre la mesure de ces lourdes pertes” qui par ailleurs avaient essuyé dans leurs différentes attaques sur le Triangle Camerounais, de lourdes pertes en vies humaines et en logistique de la part des forces armées de ce pays.
Nigeria, Manque d’Engouement
Ce conseil “amical” ou cette menace présidentielle, n’est pas resté dans le creux des vagues. Il est mis en exécution. Plus de répit pour la secte. “Traqués de part et d´autre de la frontière comme des rats palmistes, de milliers de combattants enrôlés dans la secte islamiste Boko Haram soutenue par l´occident se rendent par milliers avec armes et bagages aux forces de défense Camerounaise et Nigériane,” révélait Patrik Mballa dans un article publié le 21 Janvier, intitulé Boko A Rats: La débandade et le désespoir.
Mais la tâche est rude pour les soldats Camerounais dans leurs conquêtes victorieuses. Car le refus du gouvernement de Goodluck Jonathan à Paul Biya de faire campagne contre Boko Haram sur le territoire Nigérian, réduisait l’armée Camerounaise à une force de riposte. Chris Olukolade, le porte-parole de l’armée Nigériane, n’avait pas caché cette volonté Nigériane du respect de leur “souveraineté” territoriale, et l’avait exprimée. “Tout soutien est bienvenu, mais il devra se conformer à nos opérations en cours, car il s’agit de notre territoire,” avait-il dit. Prenant avantage sur cette mesure qui interdisait aux armées étrangères le “droit de poursuite” sur le territoire Nigérian qui serait considéré comme une “violation de souveraineté,” ces extrémistes attaquaient et se repliaient au Nigeria, leur base arrière.
En plus de cette contrainte, le manque d’engouement au combat du Nigeria, et l’opposition à un feu vert autorisant l’armée Camerounaise à livrer bataille sur son territoire, Abuja se rappelait de l’humiliation qui lui avait été infligée par les soldats Camerounais dans la guerre de Bakassi. Permettre à ces mêmes soldats de faire le ménage sur leur sol apparaissait comme une humiliation de trop. Un aveu de faiblesse, pour ce pays considéré comme la puissance économique et militaire du continent. Il fallait du temps à ce “géant” pour digérer sa double défaite militaire et diplomatique face au Cameroun dans le conflit de Bakassi.
Tchad, Baïonnette Ajustée
Les louvoiements du Nigeria et l’expansion des éléments de Shekau au Cameroun font planer une menace sur le Tchad et son économie. Douala étant son principal port de ravitaillement. Deby s’engage et s’explique, à l’occasion de la présentation de ses vœux le 20 Janvier au corps diplomatique. “Le Tchad vit difficilement les crises violentes qui l’entourent. Celle qui sévit au Nigeria en particulier, et qui s’est propagée au Cameroun, nous préoccupe au plus haut point. …Le Tchad ne saurait rester indifférent devant cette escalade de la terreur menée par une horde d’illuminés et de drogués.”
Les troupes Tchadiennes déployées, le porte-parole du gouvernement Tchadien annonce les couleurs. “Nous allons réagir et montrer la force de frappe de l’armée nationale Tchadienne.” Et de préciser, “Nous sommes décidés à en finir avec cette bête-là à côté de nos frères d’armes Camerounais, Nigériens ou tous ceux qui sont engagés dans la lutte contre Boko Haram.” Le ministre Nigérien des Affaires étrangères Mohamed Bazoum qualifie cet engagement “d’évolution positive la plus significative dans la lutte menée contre les islamistes Nigérians.”
Forces Coalisées, Impact
La traque inlassable de Boko Haram par l’armée Camerounais, d’une part, l’entrée en scène sur le théâtre des opérations par le flan terrestre et aérien de l’armée Tchadienne rompue au combat, d’autre part, et la chute lamentable enfin, de Goodluck Jonathan qui pouvait et devrait éradiquer cette secte, mais qui s’était malheureusement montré très docile avec elle, changent la donne sur le plan militaire.
L’ingéniosité militaire de l’armée Tchadienne, la capacité défensive et offensive indéniable des forces Camerounaises, le dévouement au front des troupes Nigériennes, font perdre du terrain aux terroristes. Sans armes ni bagages, ils “fuient.” Ils abandonnent camps, villages, villes, hameaux et les corps des leurs tombés sous des balles antiterroristes. Ainsi, des localités comme Gambaru, au Nord Est du Nigeria, Dikwa, dans l’extrême nord du Nigeria à la frontière avec le Cameroun, Baga, ville stratégique du Nord Est du Nigeria, située sur les rives du Lac Tchad, tout comme Malumfatori, sont reprises à ce gang de “drogués” et “d’illuminés.”
Lorsque l’armée Nigériane qui fait l’objet de nombreuses critiques avait daigné écraser son orgueil et permettre au Cameroun une petite incursion sur son territoire, les villes de Mafa, Mallam Fatori, Abadam, Marte aux mains de ces “dévoyeurs” de l’Islam avaient été libérées lors d’une opération conjointe avec les forces Tchadiennes en Février 2015.
La pression des forces coalisées sur Boko Haram ne lui permet plus d’occuper les localités qu’il attaque. Il se résigne à lancer l’assaut, tuer, piller, et s’enfuir. C’est ce qu’il avait fait lorsque en Février, il a attaqué la ville Nigérienne de Bosso située au sud du pays, à la frontière avec le Nigeria et le Tchad, et séparée du Nigeria que par une rivière, la Komadougou Yobé. Cette ville presque fantôme, avait été désertée à la fois par la population, et les assaillants qui s’étaient retranchés à Malam Fatori, côté Nigéria.
Fotokol, Masques Brisées
Les victoires alliés qui se poursuivent, n’ont pas grisé les autorités de ces pays. Ils ont décidé d’accroître le niveau d’alerte sécuritaire et de renforcer le dispositif opérationnel mis en place pour la sécurisation des localités situées sur les lignes de front. Ce qui n’était pas fait pour faciliter la tâche à Boko Haram. Conséquences, les taupes et les mains ténébreuses sont sorties de l’ombre. Puis entrées en action.
Vigilantes, l’armée Camerounaise les a acculées. Et enfin, les masques sont tombés à Kolofata.
Récit. Dans une offensive des soldats Camerounais contre les attaques des fossoyeurs de l’Islam le 12 Janvier, ces derniers ont perdu 140 des leurs. Entre autres 70 assaillants faits prisonniers, huit sont d´origine Européenne. Outre ce butin humain, “Deux chars de guerre, deux avions cargos du type Antonov en provenance du Qatar contenant des munitions et armes lourdes ont été également saisis,” avait ébruité le journaliste et écrivain Hubert Etoundi. Mais aussi les “armes d’assaut” et “du matériel de transmission ultram.” Boko Haram apparaissait donc comme la main visible de la déstructuration du Golfe de Guinée. Ce que confirma le ministre Tchadien de la Communication, Jassan Sylla Ben Bakari le 4 Mars en visite de travail à Yaoundé, capital Camerounaise, en explicitant que “40% des armes saisies par les forces armées du Tchad aux combattants de Boko Haram sont de fabrication Française.”
A sa suite, son homologue Camerounais Issa Tchiroma rappela “qu’aucun pays Africain ne fabrique des armes. Tous les pays Africains achètent des armes auprès des pays comme la France, la Russie, les Etats-Unis.” Un langage subtile mais clair pour indiquer les origines de ces armes, et sûrement les probables fournisseurs de Boko Haram.
France, Réactions Epidermiques
Comme il fallait s’y attendre, l’ambassadrice de France au Cameroun, Christine Robichon, sort de sa grotte, se masturbe dans un communiqué et éructe. “Selon plusieurs rapports, une grande partie des armes de Boko Haram a été prélevée à l’armée Nigériane, une autre provient de trafics illégaux dans la région.” Personne, sauf les Français et leurs alliés peuvent croire à ce discours cousu de mensonge. D’ailleurs Fréderic Schneider lui apporte une contradiction impitoyable. “Certains observateurs doutent que le commerce des otages, raison officielle avancée le plus régulièrement, suffise pour armer et entretenir l’armée rebelle.” C’est dit!
Mais comme pour enfoncer plus loin le clou, Afrique Media TV dans son émission Le Débat Panafricain du 18 Janvier, révèle qu’“un container frappé du sceau des Nations Unies avait été saisi au Nord du Cameroun.” Ce colis diplomatique contenait “des armes et matériels militaires en direction de Boko Haram.” La France par l’ONU interposée, n’était pas à sa première expérience de convoyage des armes sur le territoire Camerounais. Au temps fort des disputes électorales en Côte d’Ivoire, les autorités sécuritaires du Cameroun avait mis la main, le 4 Mars 2011 sur trente containers d’armes estampillés du sceau de cette organisation plus mafieuse qu’humanitaire, en provenance du Tchad, transitant par Garoua-Boulai, dans le Lom et Djerem, pour ravitailler les rebelles de Alassane Ouattara. Ceux qui avaient craché sur Gbagbo à l’époque des faits, reçoivent aujourd’hui leur propre crachat sur le museau.
Mineurs, Bombes Humaines
Pressurisé, Boko Haram bat de l’aile. L’idée de renverser le gouvernement de Yaoundé, déstabiliser le Cameroun, porte d’entrée dans le Golfe de Guinée, par la mécanique militaire, ne fleurit plus. Le parrain, la France, met en marche une nouvelle stratégie. Les attentats-suicides. Du Nigeria au Cameroun, en passant par le Niger et le Tchad, les artificiers de Boko Haram chosifient les mineurs, les minent, et les font exploser à distance dans des lieux publics.
Plusieurs attentats suicides sont alors perpétrés au Nigeria où, des bombes “artisanales” placées sur des supports humains explosent et déchiquettent plusieurs centaines de personnes innocentes. Cette autre forme de guerre asymétrique, s’abat sur le Niger. Le Tchad, tête de proue de la contre-offensive face à Boko Haram passe à la trappe. Deux attaques simultanées contre le Commissariat central et l’Ecole de police de N’Djamena font 24 morts et une centaine de blessés le 15 Juin 2015. Le président Deby de retour du 25e sommet de l’Union Africaine tenu à Johannesburg déclare, “la main invisible et ses commanditaires viennent de nous frapper durement. Et c’est avec une très grande tristesse que nous avons appris cette nouvelle bouleversante.” Cependant, le président Tchadien n’était pas surpris par ces actes de terreur. “Je ne suis pas trop surpris puisque depuis notre engagement le 17 Janvier 2015 aux côtés des pays qui sont menacés par les terroristes –Nigeria, Niger, Cameroun–, j’ai continuellement dit au gouvernement de ne pas baisser la garde.”
Enfin, parmi les pays engagés au front, le Cameroun va essuyer en l’espace de quatre jours, les 22 et 25 Juillet, trois attentats suicides. Celui du 25 avait été perpétré par une kamikaze adolescente faisant au moins 20 morts dans la ville de Maroua, déjà frappée quelques jours plutôt, le 22, par une double attaque meurtrière faisant 13 morts. Ces trois derniers attentats bouclaient une série de cinq attentats-suicides commis au Cameroun en deux semaines. Puisque le 12 Juillet, deux femmes kamikazes s’étaient fait exploser à Fotokol, localité frontalière du Nigeria, tuant dix civils et un soldat Tchadien.
Blanc Comme Neige
Ces porteurs de mort ne sont pas seulement nègres malgré les démentis répétés de Robichon qui s’activait entre autres à monter Musulmans contre Chrétiens. Même quand son patron, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères avait contacté Yaoundé pour exiger la libération et le rapatriement des huit soudards Français capturés par les soldats Camerounais, elle ne l’a pas bouclé en dépit des évidences. Fabuis n’ignorait pourtant pas que le Cameroun a une juridiction et des lois anti-terroristes, lui permettant de juger les terroristes sur son territoire. Tout simplement aveuglé par l’esprit paternaliste Français à l’ égard de l’Afrique. Malheureusement pour lui, Yaoundé n’est pas Abidjan. Et Biya loin d’être Ouattara.
Néanmoins, la France décide de boire la coupe jusqu’à la lie. Ainsi, avant l’arrivée le 5 Juillet, au Cameroun du président Français Hollande, qui avait aussi au menu de sa rencontre avec le président Biya la question de la libération de huit de ses compatriotes terroristes, “douze blancs lourdement armés avaient été arrêtés à Mvomeka,” divulgua Jean De Dieu Ayissi, chef d’antenne Radio Tiemeni Siantou à Yaoundé. Le 25 Juillet, pendant que certains se faisaient exploser, l’Equipe Spéciale d’Intervention Rapide –Police– arrêta un homme de race blanche en possession des explosifs au quartier Briqueterie à Yaoundé.
Les preuves des affaires terroristes en territoire Camerounais s’accumulent contre la France. Banda Kani, homme politique et analyste politique Camerounais dévoila qu’un “hélicoptère avait été intercepté au Nord Cameroun déposant des armes, des munitions et des dollars” à Boko Haram. Une manne sur laquelle les populations se sont ruées, “se sont servies sur les dollars, avant de fuir leur village de peur des représailles de Boko Haram qui devaient arriver prendre leur butin déposé par cet hélicoptère.”
Khalifat ou Pillage
Ni l’un de l’autre. Aucun pays au sein des forces coalisées, ni le frileux Nigeria, ne permettra à Shekau et ses complices d’installer un Khalifat aussi petit qu’il soit, sur la plus infirme portion de son territoire. Le président Pascal Lissouba disait qu’“il n’est pas interdit de rêver.” Shekau et ses maîtres qui sont passés du rêve au cauchemar peuvent toujours sortir de leur cauchemar et re-rêver.
Autant il n’y aura pas de Kalifat pour Shekau, c’est aussi vrai que l’occident ne pourra jamais vaincre la détermination des Camerounais, clef de voûte du Golfe de Guinée, pour entrer en possession du plus grand gisement d’uranium au monde récemment découvert dans ce pays, ni l’or, le diamant, ni la nappe mer du pétrole de Doba au Tchad qui se trouve au nord Cameroun. Ils ne pourront donc pas par le Cameroun, étendre leur système de pillage aux pays alentours.
Les dés sont jetés. Il ne leur reste plus qu’à les lire. Car, il n’y aura pas de second jet.
Dr. Feumba Samen, Galena, Ohio, USA