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22 décembre 2024

Le retour de la France mandataire en Algérie


Le retour de la France mandataire en Algérie

Par Mohamed BOUHAMIDI

30.08.2015

Les choses sérieuses se traitent en aparté.

Nous ne saurons jamais ce que disent nos dirigeants à leurs partenaires étrangers, sauf fuites intéressées ou déclarations intentionnellement dégradantes de Juppé ou de Fabius. Le premier a fait part de l’accord de notre président pour une célébration «retenue» du cinquantenaire de notre indépendance quand tous les cercles liés à l’Etat français travaillaient la propagande des bienfaits du colonialisme depuis 2003 et préparaient l’apothéose du colloque de Marseille, véritable embuscade tendue à la vérité historique pour faire des actions de l’ALN, des opérations terroristes. Avec à la clé, la décision du pouvoir de faire avorter une tentative de loi criminalisant la colonisation. C’est beaucoup de cadeaux aux chansonniers des bienfaits de la colonisation.

Juppé va récidiver en pleine crise libyenne en rapportant publiquement les plates dénégations, du ministre algérien des A.E, Medelci, d’une aide en armement au gouvernement libyen légal et légitime de M. Kadhafi et ses assurances sur les limites de l’accueil de la fille Kadhafi.

Les deux «révélations» de Juppé donnaient l’image d’un ascendant indiscutable de la présidence Sarkozy sur la gouvernance algérienne.

Fabius révèlera à un journal français, en décembre 2012, l’accord algérien pour l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste avant que l’américain Ernest Moniz ne le coiffe sur le poteau en juin 2014.

Le résultat de la «communication» et de la fuite de Fabius est le même : la présidence Hollande a de l’ascendant sur la gouvernance algérienne. Voire même plus d’ascendant au vu des privilèges néocoloniaux concédés par l’Algérie aux entreprises françaises particulièrement Renault et Alstom, vraie star du soutien à la colonisation israélienne.

Comment comprendre le manque de réaction des dirigeants algériens qui se laissent ainsi discréditer et ne réagissent pas à la divulgation d’ententes secrètes dégradantes pour leur image ?

Leur besoin d’un soutien français pour leurs projets secrets ou publics doit être si profond qu’ils ne peuvent que se taire devant l’humiliation.

Arracher notre Etat à son peuple, transférer à la mode Eltsine des centaines de milliards de dollars du patrimoine national industriel et agricole public entre les mains de quelques oligarques, accélérer la mise en place d’une forme monarchique du pouvoir plus adaptée aux nouvelles classes d’affairistes placées au-dessus de la loi et du droit, tout à fait comme les castes féodales à l’ancienne et, enfin, privatiser le pétrole ne peuvent se faire sans un appui externe.

La conduite apparemment indigne des Juppé et Fabius de vendre la mèche des ententes secrètes est, bien au contraire, la démarche logique de mise en place de la relation de nouveau dominant à nouveau dominé, de la relation néocoloniale ratée en 1962. Le néo colonisé doit montrer toute l’étendue de son aliénation et toutes ses capacités d’abandon national et son aptitude à revêtir les costumes des hommes de paille pour que l’aide demandée lui soit assurée.

La «feuille de route» de l’Algérie, selon la belle formulation de Omar Benbekhti, est désormais écrite à quatre mains.

Il reste le décorum culturel du retour d’une France mandataire après les accords ou les silences démissionnaires de notre Etat qui laissent sous son influence hégémonique les secteurs de l’information et de la culture.

C’est par cette influence que le film «El Waharani» allait servir à casser le boycott culturel d’Israël. C’est par cette influence qu’un nouveau financement est en préparation pour son réalisateur.

Le grand décorum pour le retour de la France mandataire sera le Salon International du Livre d’Alger dont elle sera l’invité d’honneur, vers la période d’automne.

Quand on sera en plein baroud.

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