Par Xavière Jardez /
Basé sur une vaste et sérieuse documentation collectée jusqu’à 2003, le livre « La Libye révolutionnaire dans le monde »*, de Françoise Petitdemange, veut offrir au lecteur une image corrigée de celle qu’ont taillée à Gaddafi les médias occidentaux, celle d’un homme qui, depuis la date de sa prise de pouvoir en 1969, jusqu’à sa mort, a voulu lutter contre l’impérialisme et ses composantes, l’injustice, l’exploitation des classes inférieures, encourager la résistance des peuples face à une « minorité détentrice des armes les plus sophistiquées ». Voilà comment le décrivait Maria Graeff-Wassink, épouse de l’ambassadeur de France en Libye de 1982 à 1985 : «On ne rencontre, de ce côté de la Méditerranée, qu’antagonisme, incompréhension et hostilité. Mais qu’en est-il en Libye même ? Interrogez les femmes :… beaucoup d’entre elles rendent grâce « au frère Muammar, libérateur de la femme ». Ou encore le professeur aux Universités Edmond Jouve, « … Le colonel a fait un Etat révolutionnaire…il a entrepris des réformes gigantesques pour restructurer le pays…. » .
Et, comme le livre le démontre, Gaddafi a œuvré à l’émancipation de la femme libyenne, à l’émancipation du peuple libyen vers une démocratie directe progressive, à l’amélioration du niveau de vie, faisant de ce peuple pauvre en 1969 un peuple disposant, dès 1974, d’un taux de croissance de 18, 2% et d’un PNB de 5 200 dollars per capita , puis a lancé le projet de « la Grande Rivière Artificielle » en 1984 pour répondre à la pénurie d’eau sur les bords libyens de la Méditerranée et parvenir à l’autosuffisance alimentaire.
Certes, cette politique ne s’est pas réalisée sans susciter, des principales puissances, et de leurs alliés arabe et israélien, haine, hostilité, provocations, agressions. Sont décrites et décryptées les différentes phases des provocations étatsuniennes, les bombardements, les intrusions dans les eaux libyennes correspondant aux critères du capitalisme : l’humanitaire, la finance et le militaire et, des sanctions sur vingt ans.
Pour Gaddafi, l’Afrique était un champ d’action politique incontournable. Il fut l’instigateur du concept d’Etats-Unis d’Afrique dans le cadre de l’Union Africaine, succédant à l’Organisation de l’Union Africaine, qui serait dotée d’un gouvernement fédéral, d’une banque, d’un marché commun, d’une monnaie, de ministères des affaires étrangères et du commerce et même d’une armée. On peut comprendre ainsi qu’à cette dynamique gaddafienne, certains dirigeants africains utilisèrent, par peur des réactions occidentales, la force de l’inertie, car, de 1999 à 2007, rien ne se fit.
« En dehors de la menace venant du camp occidental, une ombre plane sur l’Afrique… Celle des groupes islamistes : « l’islamisme apparaît comme une menace potentielle sérieuse pour le projet d’Union Africaine… ». Gaddafi avait déjà eu un avant-goût de cette réalité en Libye avec ses groupes d’opposants dont Al-Qaïda. La guerre de 2011 du nom de « Protecteur unifié » dirigée par l’ONU et son bras armé, l’OTAN avait pour but de donner corps au renversement du régime comme conseillé par Henri Schuler, dès 1992 et même 1981, auprès de James Baker. Cette guerre a jeté le pays dans le chaos le plus total, pays qui repose sur une structure tribale composée d’environ 30 tribus principales regroupant 2 200 groupes tribaux et que le dirigeant libyen avait toujours maintenue.
Si on veut comprendre ce qui se déroule en Libye actuellement, il faut posséder les données et les documents qui ont marqué les 42 ans de la République Arabe Libyenne, puis de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste que l’on trouve dans cet ouvrage.
*La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011), par Françoise Petitdemange, (Edit. Parole Vives) – 520 pages – 29 euros