La Russie accuse la Turquie d’être impliquée dans le trafic de pétrole de Daesh
4 décembre 2015
La Russie accuse la Turquie d’être impliquée dans le trafic de pétrole de Daesh
par Darth Walker – jeudi 3 décembre 2015
Plus d’une semaine après la destruction par l’armée turque d’un chasseur-bombardier russe au-dessus de la frontière syrienne, la tension ne retombe pas entre Moscou et Ankara. La Russie accuse aujourd’hui le président turc et sa famille de profiter de la contrebande de pétrole, livré par le groupe Etat islamique.
La charge d’Antonov
Le vice-ministre russe de la Défense, Anatoli Antonov, affirme ce 2 décembre que le président turc Recep Tayyip Erdogan et sa famille sont directement « impliqués » dans le trafic de pétrole avec l’organisation Etat islamique (EI). « Le principal consommateur de ce pétrole volé à ses propriétaires légitimes, la Syrie et l’Irak, s’avère être la Turquie. D’après les informations obtenues, la classe dirigeante politique, dont le président Erdogan et sa famille, est impliquée dans ce commerce illégal », a-t-il déclaré devant plus de 300 journalistes, ajoutant que « le cynisme du gouvernement turc est sans limite ».
Antonov a notamment mis en cause le gendre du président Erdogan, Berat Albayrak, 37 ans, qui a longtemps dirigé le groupe Calik Holding, spécialisé dans l’énergie, et l’un de ses fils, Bilal, à la tête d’un groupe de travaux publics et de transport maritime.
Anatoli Antonov a promis de dévoiler la semaine prochaine aux officiers de l’Otan présents à cette conférence de presse des « camps d’entraînement turcs des bandits » islamistes.
Le ministère de la Défense a diffusé en direct sur son site la conférence de presse destinée aux médias russes et étrangers intitulée : « Forces armées de la Fédération de Russie dans la lutte contre le terrorisme international. Nouvelles données ».
Il a dévoilé les photographies des convois de camions-citernes transportant du pétrole jusqu’à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Après avoir franchi la frontière turco-syrienne, les camions-citernes transportent le pétrole de l’EI vers des ports où l’or noir est ensuite acheminé vers des pays tiers en vue de son raffinage.
Lavrov promet des preuves à l’ONU
De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé, lors de la conférence de presse qui a clôturé sa rencontre avec son homologue serbe, que Moscou allait présenter les preuves du trafic de pétrole de Daesh en Turquie devant l’ONU.
Sergueï Lavrov estime par ailleurs qu’il est prioritaire de travailler à la fermeture de la frontière turco-syrienne afin de mettre un terme à ce trafic de pétrole.
Concernant les déclarations d’Ankara qui affirme avoir proposé de créer une coalition unie contre Daesh, « c’est même pas un double mensonge, c’est un triple mensonge », s’est emporté Lavrov. La Turquie, en effet, n’a même pas utilisé le canal de communication spécial dont elle dispose avec la Russie pour que les deux pays puissent coordonner leurs actions.
Plainte de Bagdad à l’ONU ?
Suite aux révélations russes, Bagdad menace désormais de porter plainte auprès du Conseil de Sécurité des Nations Unies s’il était confirmé que la Turquie est impliquée dans la contrebande de pétrole avec Daech.
Le porte-parole du ministère de la défense irakien, Naseer Nuri, a affirmé que si son gouvernement parvenait à recueillir suffisamment de preuves et de détails concernant cette affaire, il n’hésiterait pas à porter plainte auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU et de toute autre autorité internationale compétente.