Daech en Libye – Patrick Haimzadeh : « L’OEI est bloquée dans ses enclaves et tente de déstabiliser »
10 décembre 2015
ASSAWRA
Site du Mouvement Démocratique Arabe
موقع الحركة العربية الديمقراطية
« Extirper le sionisme de Palestine » (Al Faraby)
mardi 8 décembre 2015
Daech en Libye – Patrick Haimzadeh : « L’OEI est bloquée dans ses enclaves et tente de déstabiliser »
Quant à Syrte, il y a effectivement une présence des milices de l’OEI dans la ville même et jusqu’à 150 km à l’est. Or c’est une route quasi déserte. Ces milices contrôlent de fait un pan désertique du pays. Dès lors, qu’est-ce que cela signifie que de contrôler militairement un désert de 150 km avec 300 hommes. Je ne suis pas d’accord non plus avec le chiffre avancé par l’ONU de 23 % du territoire libyen contrôlé par l’OEI. La Libye est un vaste pays de 1,5 million de kilomètres carrés. Ces milices sont réellement implantées dans quelques quartiers de Benghazi, à Syrte et dans la banlieue est de Derna. En aucun cas cela ne représente au total 23 % du territoire.
Quelle est la genèse de la présence de l’OEI en Libye ?
Pourquoi la ville de Syrte fait-elle figure de bastion de l’OEI ?
Qui sont les combattants étrangers de l’OEI en Libye ?
Vous dites que le local prime sur le national en Libye. Mais, avec cet élément exogène et international qu’est l’OEI, est-ce que cela ne va pas faire bouger ces lignes et obliger à dépasser ce niveau local ?
Est-ce que la Libye a une dimension particulière dans la stratégie de l’OEI. Dans un de ses communiqués, elle faisait référence à sa présence « en terre musulmane libyenne au sud de Rome » : est-ce la Rome actuelle ou une Rome symbolique ?
L’ONU craint que la Libye ne devienne une tête de pont (« hub ») vers la secte islamiste nigériane de Boko Haram, qui se fait désormais appeler l’État islamique en Afrique de l’Ouest, mais aussi vers l’Algérie, le Mali… Le risque est-il réel d’une jonction des djihadismes africains via la Libye ?
La septième réunion des États voisins de la Libye vient d’avoir lieu à Alger en attendant une conférence sur le même sujet libyen à Rome le 13 décembre prochain. À Alger, le Maroc était absent, pourquoi ? Ensuite, l’Algérie semble privilégier la solution politique, refusant toute idée d’intervention et organisant même une médiation au Sud entre les Toubou et les Touareg. L’Égypte, également invitée à Alger, a bombardé en février dernier l’OEI dans la ville de Derna. Ces approches différentes des pays de la région vous semblent-elles cohérentes ?
On parle déjà d’intervenir pour combattre l’OEI en Libye…
Propos recueillis par Hassina Mechaï
* Auteur de l’ouvrage Au cœur de la Libye de Kadhafi, éditions Jean-Claude Lattès, 2011