La prostitution et le trafic d’êtres humains, des femmes en fuite dans un champ en Italie
19 décembre 2015
Alors que des voitures de police patrouillent, plusieurs femmes presque nues s’enfuient en courant à travers champs. Ces images frappantes filmées par la police italienne et la télévision locale montre la situation de migrantes nigérianes en situation illégale dans le pays et obligées de se prostituer pour survivre.
Pieds nus et à peine vêtues, elles courent chercher refuge dans la végétation tandis que les agents inspectent les objets abandonnés dans leur fuite le long de la route qui va de Catane à Syracuse dans le sud-est de l’île.
Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés ces femmes sont un problème chronique en Sicile. Les jeunes migrantes sont vulnérables et par conséquent des proies faciles pour ceux qui veulent les forcer à prostituer.
Tant l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés que la police locale tentent de lutter contre les gangs de prostitution, mais la problématique est extrêmement complexe et trouve souvent sa source dans le pays d’origine de ces femmes, ce qui rend la chasse aux trafiquant beaucoup plus compliquée qu’il n’y paraît, comme l’a démontré une récente enquête menée par la police italienne.
Depuis plusieurs mois une mission spéciale a été lancée pour mieux comprendre et contrôler la prostitution illégale. Très vite, les agents ont constaté une augmentation significative du nombre de prostituées dans les rues mais aussi du nombre de femmes nigérianes seule sur les bateaux de migrants. A ce constat est venu s’ajouter, le 14 février 2015, le témoignage édifiant d’une jeune femme victime du trafic d’êtres humains.
Vaudou
La victime a expliqué aux agents qu’elle avait été forcée de se rendre en Libye après avoir été soumise au vaudou, ou la magie noire traditionnelle.Ensuite, on l’a fait voyager jusqu’en Italie où elle devait contacter une personne dont elle avait du mémoriser le numéro de téléphone.
Par la suite, d’autres témoignages sont venus confirmer cette histoire et ont révélé un réseau à grande échelle opérant au Nigeria et en Libye. Les jeunes femmes étaient soumises la torture psychologique et étaient forcées de travailler comme prostituées en Italie. Des enquêtes plus poussées ont, plus tard, confirmé les histoires de ces filles.
Selon Antonino Ciavola, qui a dirigé les enquêtes à Ragusa, les appels téléphoniques étaient sous écoute et on peut y entendre des concessionnaires parler du prix des filles détenues en Libye et au Nigeria. « Dans nos enquêtes, nous avons constaté que ces femmes, en particulier des femmes nigérianes, n’ont pas été approchées à leur arrivée en Italie mais qu’elles avaient déjà été achetées » raconte-t-il à Reuters. « Nous avons pu identifier les trafiquants, mais il est impossible de les arrêter car ils sont encore au Nigeria. »
« Beaucoup de victimes ont trop peur de se battre pour sortir de ce cercle vicieux« , a déclaré la porte-parole du l’Agence pour les réfugiés Carlotta Sami.
Les femmes, dont beaucoup sont des mineures, sont constamment menacées par une dette, souvent inexistante, aux contrebandiers et elles craignent pour la sécurité de leurs familles restées au pays. « Il existe des réseaux transnationaux de trafic d’êtres humains qui exploitent ces femmes. Nous savons que c’est un problème chronique, très difficile à aborder, c’est donc un grand défis pour les autorités locales et européennes. De plus qu’il y a de très jeunes femmes et des enfants mineurs non accompagnés ». Raconte Carlotta Sami.
Selon le journal le Monde, la jungle de Calais rencontre également de plus en plus de problèmes liés à la prostitution. La police aux frontières, lors du démantèlement de la dernière affaire de la filière de passeurs, lundi 10 août, soupçonnait les membres de ce réseau de proxénétisme. De jeunes migrants albanais étaient contraints de se prostituer auprès d’un gérant de grande surface du Calais, avant un hypothétique passage en Grande-Bretagne. Peut-on lire dans le quotidien.
Selon le Daily Mail les femmes sont souvent victimes de viols dans les camps de réfugiés et beaucoup se prostituent pour 10 euros la passe.
Alors que l’Union est aux prises avec un nombre difficile à gérer de personnes arrivant aux frontières, faire face aux problèmes spécifiques tels que celui de la prostitution n’est pas encore une priorité.