Lors d’une conférence pour les 10 ans du réseau d’information RT, le fondateur de WikiLeaks a estimé que l’humanité devait désormais s’adapter à vivre dans un monde où la surveillance de masse devient de plus en plus à la portée des gouvernements.
C’est via une vidéoconférence depuis l’ambassade de l’Equateur, à Londres, où il est emmuré depuis trois ans, que Julian Assange s’est exprimé lors d’une session organisée à Moscou par RT sur le thème : «Sécurité ou surveillance : le droit à la vie privée et la sécurité anti-terroriste peuvent-ils coexister à l’âge digital ?».
En prenant la parole, il a prévenu qu’il voulait «prendre une position relativement différente, peut-être, que celle que vous vous attendez à ce que je prenne», ajoutant : «je pense que nous devrions comprendre que l’enjeu de la vie privée est perdu. Il est perdu. La surveillance de masse est là pour rester».
Aussi, selon le fondateur de WikiLeaks, la surveillance de masse n’est pas seulement mise en place par les grandes puissances mondiales, mais même par les plus petits pays. «Les accords des Cinq Yeux [l’alliance des services de renseignement de l’Australie, du Canada, de la Nouvelle Zélande, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis] sont tellement évasifs en terme de surveillance de masse des télécommunications intérieures et internationales que, pendant que certains experts parviennent à obtenir dans la pratique une vie privée pour eux-mêmes dans un nombre limité d’opérations, la vie privée est perdue pour le reste des populations», a-t-il expliqué.
Il a ensuite ajouté que celle-ci «ne reviendra pas» car «le coût du lancement d’un processus de surveillance de masse diminue d’environ 50% tous les 18 mois, parce que c’est le coût sous-jacent qui est basé sur le prix des télécommunications». La victoire de l’informatisation et de la surveillance de masse sur l’humanité et les valeurs humaines serait donc inexorable, selon Assange.
Pour cette raison, le véritable enjeu d’actualité ne serait donc plus de savoir comment défendre sa vie privée, mais bien de comprendre quel genre de société sera créé dans ces nouvelles conditions. «Si vous regardez le comportement social dans des sociétés très conformistes, petites et isolées, avec des espaces sociaux réduits, comme la Suède, la Corée du Sud, Okinawa au Japon et la Corée du Nord, alors vous verrez que la société s’adapte. Tout le monde devient incroyablement timide, commence à utiliser des mots codés, fait beaucoup de sous-entendus pour tenter de lancer en cachette des opinions controversées», estime Julian Assange, qui ajoute que le monde moderne évolue en ce moment «vers ce genre de société».